23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 00:49

Daniel Buren à la galerie Kamel Mennour


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Oeuvre de Daniel Buren: Dx carrés de couleur et deux rayés


    Comme Jean-Pierre Raynaud qui voit son cube de céramique blanche détruit la semaine où il propose une nouvelle exposition, Daniel Buren, peu après son cri d'alarme sur l'état lamentable des "deux plateaux" (les colonnes rayées noires et blanches du Palais Royal), présente ses dernières installations à la nouvelle galerie de Kamel Mennour, rue Saint-André des arts à Paris. Après les Anneaux à la Biennale de l'estuaire à Nantes et l'arche du pont de Bilbao, Daniel Buren continue son travail in situ, cette fois à l'abri des murs d'une galerie.


C'ETAIT, C'EST, CE SERA, Travaux situés in situ


undefinedOeuvre de Daniel Buren: Une vitre jaune et une vitre bleue encadrées de rayures blanches et noires. Vue à travers.


undefinedOeuvre de Daniel Buren: Une vitre jaune et une vitre bleue encadrées de rayures blanches et noires


In situ, les transparences, les ombres et les reflets des néons font vivre les installations quand on se déplace.
Petite précision: l'échelle ne fait pas partie des travaux "situé in situ".
Daniel Buren et Jean-Pierre Raynaud utilisent tous deux des couleurs franches et des formes simples. L'un fait des carrés, l'autre des ronds.



Communiqué de presse:


Habitué à concevoir des projets pour de nouveaux lieux, c'est néanmoins la première fois que Daniel Buren se retrouve à construire pour un espace qui est lui-même en construction. D'où une appréhension qui s'est faite d'après les plans et surtout grâce à une anticipation nourrie d'expérience: “l'espace du lieu me donne certaines routes, certaines visions. Ici, j'ai eu la sensation que ce qui pourrait exister par la suite dans un autre lieu resterait en partie attaché à ce lieu-ci. C'est, ce sera.“ (1)

En effet, quand on pense au travail de Daniel Buren, c'est avant tout l'indiscociabilité entre l'oeuvre et l'espace qui s'impose. Reconnaissable entre tous par ses rayures verticales dont la largeur est invariablement de 8,7 cm, Daniel Buren s'est singularisé dès la fin de 1967 en créant la notion d'oeuvre in situ: “un travail prenant en considération le lieu dans lequel il se se montre/s'expose [qui] ne pourra être transporté autre part et [qui] devra disparaître à la fin de l'exposition.“(2)  Par exemple, Les Deux Plateaux dans la cour d'honneur du Palais Royal à Paris (1986). ...


undefinedOeuvre de Daniel Buren: Un carré jaune devant la fenêtre


Pour son exposition au 47, rue Saint-André des Arts, Buren formule pour la première fois la notion d'oeuvre située in situ .... Ainsi, explique-t-il, “on peut imaginer que tous les éléments qui se trouvent dans cette exposition pourraient se trouver ailleurs mais tronqués, agrandis... avec des éléments en plus et en moins“. (4) En effet, ces travaux sont “situés“ car ils répondent à une règle (leur définition est relative à l'espace) mais ils sont également in situ: ils se modulent pour s'adapter au nouveau lieu, et pour ceci - grande première - des éléments peuvent être soit ajoutés soit retranchés... à condition bien sûr de conserver l'identité de l'oeuvre. Ainsi, “elle  peut changer de façon drastique à cause du nouveau lieu d'accueil“, ce qui fait rupture avec les “cabanes éclatées“ dont le nombre d'éléments est absolument invariant. L'intervention dans la première salle de la galerie combine, à ce propos, des éléments in situ qui seront détruits à la fin de l'exposition (les adhésifs directement collés sur les murs), des parties qui peuvent être transportées, multiples et disposées d'une autre façon (les caissons de bois) et d'autres éléments qui devront être refaits comme celui qui s'adapte à la banquette d'accueil de la galerie et qui fait partie de la salle pour le temps de l'exposition.


Avec la notion d'oeuvre “située in situ“, le titre de l'exposition (C'était, c'est, ce sera) prend tout son sens. “C'était“ renvoie à la pensée de Buren, pour qui “les expositions sont des suites de travaux précédents“ (5).
...
 “C'est“ renvoie à  l'exposition telle qu'elle se donne présentement à voir tandis que le “Ce sera“ contient en germe d'autres propositions visuelles que pourrait générer l'oeuvre dans des contextes différents, si elle trouve toutefois un nouveau lieu d'accueil.
Ainsi, on peut penser qu'une pièce pourrait être refaite sans la présence de l'artiste, mais seulement en suivant le programme inscrit au coeur de celle-ci. On mesure donc le parcours accompli depuis la notion d'in situ.

 En effet, dans un nouveau contexte, l'oeuvre “située in situ“ fera mentir la formule de Verlaine. Elle ne sera pas “Ni tout à fait la même/Ni tout à fait une autre“ (6) mais comme Daniel Buren l'affirme, “la pièce sera donc la même et complètement une autre“.

Marie-Cécile Burnichon, novembre 2007

(1), (4), (5)  Entretien avec l'artiste le 3 novembre 2007
(2) Daniel Buren, in “catalogue raisonné thématique volume 2, cabanes éclatées 1975-2000 - “Notes sur le travail en rapport aux lieux où il s'inscrit, prises entre 1967 et 1975 et dont certaines sont spécialement récapitulées ici“. Studio international, 190, printemps 1975
(6) Mon rêve familier, Verlaine, Poèmes saturniens, 1866



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Exposition du 6 novembre 2007 au 19 janvier 2008.

Galerie Kamel Mennour, 47 rue Saint-André des Arts - 75006 Paris.
Tél.: 01 56 24 03 63.

Ouverture du mardi au samedi de 11h à 19h.








L'ancien hôtel particulier du 47 rue Saint-André des Arts. Au fond de la cour, la galerie Kamel Mennour


La galerie est installée dans un ancien hôtel particulier du XVII èmé siècle. Aménagée par Aldric Beckmann et Françoise N'Thépé, elle offre 300 m2 d'exposition.

Au rez-de-chaussée, un bel espace lumineux investi par les plasticiens les plus connus de la scène contemporaine, au sous-sol, la cave voutée appelée  le "tube" est un espace expérimental. Kamel Mennour y voit une « tête de pont entre l'art contemporain et d'autres formes artistiques ».

Damien Odoul, dont c'est  la première exposition personnelle y présente "Virtual fight et lymphatique".


Liens: Dan Flavin, un minimaliste américain qui travaille aussi in situ




Photos Catherine-Alice Palagret


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