31 mai 2008
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Les néons utilisés dans l'affichage publicitaire ont très tôt attiré les artistes contemporains. Ils y ont vu un nouveau média et ont détourné ces tubes colorés à la lumière vibrante qui se travaillent facilement. Au lieu de reproduire la lumière avec leur pinceau, au lieu de l'imiter, ils l'intègrent directement au centre de leur oeuvre.

installation au néon de Joseph Kosuth
La pulsation de la lumière devient sculpture. Les installations au néon, comme les oeuvres cinétiques ou les vidéo ont besoin d'électricité pour fonctionner. Les oeuvres sont liées à la technique et elles en dépendent.

installation de néons d'Alberola, collège des Bernardins
Citons quelques plasticiens français travaillant le néon: Alberola, Martial Raysse, François Morellet, Claude Lévêque, Pierre Huygue, Pierre Bismuth, Daniel Buren. Quelques anglo-saxons: Dan Flavin, Bruce Nauman, Joseph Kosuth, Tracy Emin, Cerith Wyn Evans, Jeff Koons, Alfredo Jaar. L'italien Mario Merz, le belge Carsten Höller etc ...

En finir avec ce monde irréel, néon de Claude Lévêque, 2006

Certains plasticiens du néon jouent avec des chiffres et des nombres, d'autres composent des mots et des phrases avec les lettres lumineuses de la publicité mais le message est perverti: l'injonction, philosophique, absurde, obscure ou politique, n'incite plus à consommer mais à réfléchir ou à sourire.

fun from rear"
néon de Bruce Nauman, 1972
Dans une approche coloré, Bruce Nauman écrit "RUN FROM FEAR - FUN FOR REAR" en inversant les lettres comme dans une contrepétrie. Ou il oppose les mots NEED-DESIRE, HUMAN-DREAM, HOPE-HUMAN en diverses couleurs.

néon de Bruce Nauman
L'artiste conceptuel Joseph Kosuth aligne les expressions: "modus operandi", "self described and self defined". Il écrit, non sans humour: "No one could see it" (Personne peut le voir) ou "I'am only explaining language, I'm not explaining anything" (J'explique le language, je n'explique rien). Il répète les mêmes phrases en différentes couleurs. A la biennale de Venise 2007, il a couvert les murs de l'église de l'Isola di San Lazzaro degli Armeni de néons jaunes formant des phrases en lettres cursives.

Installation au néon de Joseph Kosuth
En 2006, Cerith Wyn Evans expose une couronne de néon épelant en lettres blanches "In Girum Imus Nocte et Consumimur Igni". La citation latine est un bel exemple de palindrome: la phrase peut se lire de gauche à droite ou de droite à gauche. Cerith Wyn Evans dispose ses lettres en cercle suspendu au plafond comme un lustre, au-dessus de nos têtes. Peu importe le sens de lecture, il n'y a plus de direction, tout fait sens et rien ne fait sens. "Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu!"
"In girum imus nocte et consimimur igni", néon de Cerith Wyn Evans
Plus le message de néon est long, moins on le lit. Seul reste l'impact visuel des lettres en cursive ou en majuscules. Fatigué de devoir lire des textes hermétiques ou ennuyeux, notre regard ne perçoit plus que des formes et des couleurs souvent poétiques et picore un mot par ci, un mot par là.
à suivre: 2- Néon et art contemporain, lumière vibrante: formes
Stricto sensu, les néons n'émettent qu'une seule couleur: le rouge orangé. Dans le langage commun cependant, tous les tubes fluorescents sont appelés néons, même s'ils fonctionnent avec d'autres gaz inertes comme l'argon ou l'hélium.
Catherine-Alice Palagret
mai 2008
art contemporain