8 octobre 2008
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Installés juste à l'entrée de la Galerie des Glaces, Bear and the Policeman, l'ours et le policier, dynamitent l'esprit de sérieux des lieux. C'est comique de voir un couple si ridicule dans le salon de la Guerre à Versailles. Le policier, représentant de la civilisation et de l'ordre, est sous l'emprise de l'Ours, représentant de la force sauvage alors que Versailles est la glorification du pouvoir de l'homme, du Roi, sur la nature.
Ressemblant à un bibelot kitsch démesurément agrandi ou à un dessin de livre pour enfant, la sculpture de Jeff Koons détonne dans le salon tout à la gloire de Louis XIV. Au milieu des dorures et du marbre, l'ours et le policier, dans leur simplicité plastique, révèlent la démesure et la boursouflure du décor versaillais. Les tableaux, les sculptures, les tapisseries, les plafonds peints célèbrent le souverain en Apollon, en héros romain ou en homme de son siècle. Toute cette luxueuse ornementation a un rôle politique. Le programme iconographique de Versailles, basé sur la mythologie, devait éblouir les courtisans du royaume et les nobles visiteurs étrangers.
Dans les appartements royaux, tout est pompeux, révérencieux, théâtral. Comme pour les dirigeants communistes, le culte de la personnalité est une manière d'affermir le pouvoir, de dominer le peuple ... ou les nobles. Au contraire Bear and the Policeman sont complètement irrévérencieux et leur présence loufoque fait ressortir l'incroyable idôlatrie que Louis XIV a conçu pour domestiquer une noblesse turbulente. 1
Il ne reste plus de souverain à aduler ni de grands hommes. Le programme iconographique de Jeff Koons est fait de dérision. Avec ironie, il glorifie des objets tout à fait banals, triviaux, manufacturés par millions: des lapins gonflables, des bouées, des chiens ballons. Ces objets prosaïques de la société américaine valent quelques dollars. Jeff Koons réussit le tour de magie d'en faire des oeuvres d'art valant des millions de dollars.
L'ours et le policier sont reproduits grandeur nature; Jeff Koons s'est inspiré d'une image populaire, faite pour amuser, comme ces bibelots de grenouille lisant un journal ou de bouledogue jouant du violon. C'est d'abord une plaisanterie bon enfant.
En y regardant de plus près, la sculpture n'est pas si innocente. Il y a quelque chose de trouble dans l'attitude protectrice de l'ours et le regard fasciné du policier. Sous un doux sourire, l'ours est un prédateur et le policier au visage d'enfant est la proie, inconsciente du danger qui la guette. L'ours tient le sifflet, il y a toujours des allusions sexuelles évidente chez Koons, et s'apprête à siffler pour charmer sa future victime.
Avec "Pink Panther" et "Michael Jackson et Bubble" c'est la troisième oeuvre exposée à Versailles qui associe un humain et un animal. L'ours et le policier faisait partie de l'exposition "Banality show" en 1988. La sculpture en bois polychrome a un aspect lisse et séduisant comme un personnage de conte pour enfant. Le couple est posé dans un angle du salon de la Guerre, sans vitrine, seulement protégé par un cordon. On ne peut pas tourner autour mais on la voit assez bien. Le dos de l'oeuvre se reflète dans un miroir. Ce couple inquiétant nous amène à la Galerie des Glaces ou est installée Moon, une énorme bouée aux reflets bleus.
Un exemplaire de Bear and the Policeman sera présenté à Moscou par la maison Sotheby's du 16 au 19 octobre avant les ventes aux enchères de Londres et New York, cet automne. Le prix de départ est de 8 à 12 millions de dollars.
voir: Jeff Koons et l'art rigolo
` Rabbit à Versailles
Visite de l'atelier de Jeff Koons aux enchères
Le projet de locomotive suspendue
L'art contemporain et Jeff Koons à Versailles
Split-rocker dans le parterre de l'Orangerie à Versailles
Jeff Koons à Berlin
"Jeff Koons Versailles"
Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
1- La société de cour. Norbert Elias
Bear and Policeman, l'Ours et le policier
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
Ressemblant à un bibelot kitsch démesurément agrandi ou à un dessin de livre pour enfant, la sculpture de Jeff Koons détonne dans le salon tout à la gloire de Louis XIV. Au milieu des dorures et du marbre, l'ours et le policier, dans leur simplicité plastique, révèlent la démesure et la boursouflure du décor versaillais. Les tableaux, les sculptures, les tapisseries, les plafonds peints célèbrent le souverain en Apollon, en héros romain ou en homme de son siècle. Toute cette luxueuse ornementation a un rôle politique. Le programme iconographique de Versailles, basé sur la mythologie, devait éblouir les courtisans du royaume et les nobles visiteurs étrangers.
Portrait de Louis XIV à Versailles
Dans les appartements royaux, tout est pompeux, révérencieux, théâtral. Comme pour les dirigeants communistes, le culte de la personnalité est une manière d'affermir le pouvoir, de dominer le peuple ... ou les nobles. Au contraire Bear and the Policeman sont complètement irrévérencieux et leur présence loufoque fait ressortir l'incroyable idôlatrie que Louis XIV a conçu pour domestiquer une noblesse turbulente. 1
L'Ours et le Policier à l'entrée de la Galerie des Glaces
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
Il ne reste plus de souverain à aduler ni de grands hommes. Le programme iconographique de Jeff Koons est fait de dérision. Avec ironie, il glorifie des objets tout à fait banals, triviaux, manufacturés par millions: des lapins gonflables, des bouées, des chiens ballons. Ces objets prosaïques de la société américaine valent quelques dollars. Jeff Koons réussit le tour de magie d'en faire des oeuvres d'art valant des millions de dollars.
L'Ours et le Policier dans le salon de la guerre
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
L'ours et le policier sont reproduits grandeur nature; Jeff Koons s'est inspiré d'une image populaire, faite pour amuser, comme ces bibelots de grenouille lisant un journal ou de bouledogue jouant du violon. C'est d'abord une plaisanterie bon enfant.
En y regardant de plus près, la sculpture n'est pas si innocente. Il y a quelque chose de trouble dans l'attitude protectrice de l'ours et le regard fasciné du policier. Sous un doux sourire, l'ours est un prédateur et le policier au visage d'enfant est la proie, inconsciente du danger qui la guette. L'ours tient le sifflet, il y a toujours des allusions sexuelles évidente chez Koons, et s'apprête à siffler pour charmer sa future victime.
L'Ours et le Policier
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
Bois polychrome, Jeff Koons 1988
Avec "Pink Panther" et "Michael Jackson et Bubble" c'est la troisième oeuvre exposée à Versailles qui associe un humain et un animal. L'ours et le policier faisait partie de l'exposition "Banality show" en 1988. La sculpture en bois polychrome a un aspect lisse et séduisant comme un personnage de conte pour enfant. Le couple est posé dans un angle du salon de la Guerre, sans vitrine, seulement protégé par un cordon. On ne peut pas tourner autour mais on la voit assez bien. Le dos de l'oeuvre se reflète dans un miroir. Ce couple inquiétant nous amène à la Galerie des Glaces ou est installée Moon, une énorme bouée aux reflets bleus.
Moon de Jeff Koons
Galerie des Glaces, château de Versailles
Galerie des Glaces, château de Versailles
Un exemplaire de Bear and the Policeman sera présenté à Moscou par la maison Sotheby's du 16 au 19 octobre avant les ventes aux enchères de Londres et New York, cet automne. Le prix de départ est de 8 à 12 millions de dollars.
voir: Jeff Koons et l'art rigolo
` Rabbit à Versailles
Visite de l'atelier de Jeff Koons aux enchères
Le projet de locomotive suspendue
L'art contemporain et Jeff Koons à Versailles
Split-rocker dans le parterre de l'Orangerie à Versailles
Jeff Koons à Berlin
"Jeff Koons Versailles"
Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
Catherine-Alice Palagret
1- La société de cour. Norbert Elias