18 novembre 2008
2
18
/11
/novembre
/2008
20:12
ART CONTEMPORAIN ET PATRIMOINE
A Fontainebleau, l'oeuvre la plus frappante est l'éléphanteau de Daniel Firman intitulé "Würsa" (à 18000 km de la terre). Présenté la première fois au Palais de Tokyo dans un grand espace blanc, il est aujourd'hui présenté dans le décor somptueusement surchargé de dorures de la galerie de Diane, au château de Fontainebleau.
Les visiteurs, bloqués par une barrière, ne peuvent tourner autour de la bête, ils n'ont donc qu'un seul point de vue du pachyderme empaillé se tenant sur sa trompe, comme figé dans une acrobatie périlleuse. Jouant sur la notion de gravité et le détournement, cet improbable pied de nez (ou plutôt pied de trompe) surprend et amuse. L'animal de cirque est une femelle de 3 tonnes, Würsa, morte à 23 ans. Hyperréaliste, l'éléphant semble, à première vue, naturalisé. En réalité c'est une sculpture en polyester de 350 kilos crée par Daniel Firman et enveloppée d'une vraie peau préparée par le taxidermiste belge Jean-Pierre Gérard.
L'éléphantesque silhouette se détache sur les boiseries et les plafonds peints de thèmes mythologiques. Il introduit un peu de déséquilibre dans la bibliothèque si bien ordonnée de Napoléon III. Daniel Firman fait sans conteste partie de l'art rigolo. Il est facile de trouver des raisons à la présence de l'éléphanteau dans ce lieu chargé d'histoire. L'éléphant est un des symboles de François 1er, incarnant la sagesse et la royauté. Il est représenté sur une des fresques de la galerie de François 1er, au milieu des scènes mythologiques qui se réfèrent au règne du roi sans qu'il soit vraiment possible aujourd'hui de les comprendre.
Daniel Firman dialogue ainsi avec les artistes italiens de la Renaissance auquel le roi fit appel pour décorer cette aile dans un goût nouveau. En dépit de ces justifications, l'éléphanteau, aussi d'un goût nouveau, surprend nombre de visiteurs peu familiers des facéties de l'art contemporain.
L'exposition Tokyo-Fontainebleau au château de Fontainebleau présente aussi:
- Jardinage d'Etienne Bossut, un trou en trompe-l'oeil sur la pelouse.
- un faux chantier avec une bande-son de bruits de travaux.
- Odd couple de Jonathan Monk, deux horloges se faisant face.
- Beginnings of space travel de Werner Reiterer, un cadavre de chat collé au plafond de l'escalier de la Reine.
- Heaven de Jeremy Deller, une video de thé dansant dans l'anti-chambre de l'Impératrice.
- To lower the mountains de Lucas Francesconi, des pierres dans la chapelle Saint-Saturnin.
- Mason massacre de Dewar et Gicquel, une voiture en marbre, cassée en plusieurs blocs, symbole de la violence routière
etc ...
Après le Louvre et le ver géant de Jan Fabre, après le château de Versailles et le homard suspendu de Jeff Koons, après les écuries de Louis XIV et les cagettes de bois de Tadashi Kawamata, l'éléphant de Daniel Firman et le chat collé au plafond de Werner Reiterer nous semblent presque évidents.
L'année 2008 aura été riche en surprises. Désormais, l'art contemporain se confronte aux lieux historiques. C'est une manière d'attirer le public et de donner à voir ces lieux solennels d'une manière différente. Les puristes peuvent gémir, ces expositions provocantes sont provisoires et ne nuisent en rien aux ors des châteaux. Elles apportent un peu d'humour à des lieux figés dans le passé.
On attend avec impatience Paul McCarthy, le maître de la provocation trash, au musée d'Orsay!
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber...
Du 7 septembre au 17 novembre 2008
voir le bestiaire de Jeff Koons
Soulages au Louvre: outrenoir et maîtres italiens de la Renaissance
"Würsa" de Daniel Firman dans la galerie de Diane
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Les visiteurs, bloqués par une barrière, ne peuvent tourner autour de la bête, ils n'ont donc qu'un seul point de vue du pachyderme empaillé se tenant sur sa trompe, comme figé dans une acrobatie périlleuse. Jouant sur la notion de gravité et le détournement, cet improbable pied de nez (ou plutôt pied de trompe) surprend et amuse. L'animal de cirque est une femelle de 3 tonnes, Würsa, morte à 23 ans. Hyperréaliste, l'éléphant semble, à première vue, naturalisé. En réalité c'est une sculpture en polyester de 350 kilos crée par Daniel Firman et enveloppée d'une vraie peau préparée par le taxidermiste belge Jean-Pierre Gérard.
Würsa de Daniel Firman dans la galerie de Diane
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
L'éléphantesque silhouette se détache sur les boiseries et les plafonds peints de thèmes mythologiques. Il introduit un peu de déséquilibre dans la bibliothèque si bien ordonnée de Napoléon III. Daniel Firman fait sans conteste partie de l'art rigolo. Il est facile de trouver des raisons à la présence de l'éléphanteau dans ce lieu chargé d'histoire. L'éléphant est un des symboles de François 1er, incarnant la sagesse et la royauté. Il est représenté sur une des fresques de la galerie de François 1er, au milieu des scènes mythologiques qui se réfèrent au règne du roi sans qu'il soit vraiment possible aujourd'hui de les comprendre.
L'éléphant, symbole de François I
Château de Fontainebleau
Château de Fontainebleau
Daniel Firman dialogue ainsi avec les artistes italiens de la Renaissance auquel le roi fit appel pour décorer cette aile dans un goût nouveau. En dépit de ces justifications, l'éléphanteau, aussi d'un goût nouveau, surprend nombre de visiteurs peu familiers des facéties de l'art contemporain.
Jardinage, Etienne Bossut 1984
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
L'exposition Tokyo-Fontainebleau au château de Fontainebleau présente aussi:
- Jardinage d'Etienne Bossut, un trou en trompe-l'oeil sur la pelouse.
- un faux chantier avec une bande-son de bruits de travaux.
- Odd couple de Jonathan Monk, deux horloges se faisant face.
- Beginnings of space travel de Werner Reiterer, un cadavre de chat collé au plafond de l'escalier de la Reine.
- Heaven de Jeremy Deller, une video de thé dansant dans l'anti-chambre de l'Impératrice.
- To lower the mountains de Lucas Francesconi, des pierres dans la chapelle Saint-Saturnin.
- Mason massacre de Dewar et Gicquel, une voiture en marbre, cassée en plusieurs blocs, symbole de la violence routière
etc ...
Mason massacre, Dewar et Gicquel 2008
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Après le Louvre et le ver géant de Jan Fabre, après le château de Versailles et le homard suspendu de Jeff Koons, après les écuries de Louis XIV et les cagettes de bois de Tadashi Kawamata, l'éléphant de Daniel Firman et le chat collé au plafond de Werner Reiterer nous semblent presque évidents.
L'année 2008 aura été riche en surprises. Désormais, l'art contemporain se confronte aux lieux historiques. C'est une manière d'attirer le public et de donner à voir ces lieux solennels d'une manière différente. Les puristes peuvent gémir, ces expositions provocantes sont provisoires et ne nuisent en rien aux ors des châteaux. Elles apportent un peu d'humour à des lieux figés dans le passé.
On attend avec impatience Paul McCarthy, le maître de la provocation trash, au musée d'Orsay!
Vidéo de l'installation de l'éléphanteau au château de Fontainebleau
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber...
Du 7 septembre au 17 novembre 2008
voir le bestiaire de Jeff Koons
Soulages au Louvre: outrenoir et maîtres italiens de la Renaissance
Catherine-Alice Palagret