20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 18:28


   Devant une cheminée de marbre surmontée de quatre vases  délicatement décorés se tient une machine élévatrice jaune tenant au bout de son bras métallique un lustre ancien. Oh la belle installation, se dit le visiteur de "Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau", une exposition d'art contemporain au château de Fontainebleau.



Vases décorés et machine élévatrice au château de Fontainebleau



     L'oeuvre est située dans les appartements du Pape, une suite meublée en style Second Empire pour la venue de Pie VII en France lors du couronnement de Napoléon en 1804.  Après avoir vu, dans la cour d'honneur, les faux travaux de "Entrée pour le centre de la terre" accompagnée d'un bande-son de marteau-piqueur, le visiteur s'étonne de ne rien entendre. Cette oeuvre là est muette.



"Entrée pour le centre de la terre"

au château de Fontainebleau



     Il n'y a pas de pancarte non plus près du lustre décroché. L'oeuvre serait-elle une intervention des "Anonymes de passage"? La gardienne des appartements nous détrompe: non, à sa connaissance, ces objets ne font pas partie de l'exposition d'art contemporain. Il s'agit seulement de travaux, des travaux réels cette fois. Dommage, l'idée était belle et plus parlante que les austères paravents de Fabrice Gygi qui "protègent et dissimulent la dimension politique de ce lieu de pouvoir". 1



Paravents de Fabrice Gygi, 1999

au château de Fontainebleau



    On aurait pu proposer d'écrire dans le catalogue que le lustre décroché est "une métaphore de l'obscurité ou de la recherche d'un équilibre précaire dans un monde à la dérive". Mais non, c'est juste une photo prise pendant la pause déjeuner des ouvriers.



Vases décorés, lustre et machine élévatrice au château de Fontainebleau



    Un peu plus loin, une autre installation non autorisée attire le regard dans le salon de François Ier. A côté des "noces de Venus et d'Adonis", la fresque du Primatice, des pans de plastique gris et bleus créent une installation tout à fait intéressante où l'exhubérance des sphinx, des nymphes et des satyres de stuc blanc et le plafond à caissons dorés dialoguent  avec la froideur des matériaux modernes.



Travaux dans le salon de François Ier au château de Fontainebleau


 

    Hélas, une fois de plus, il ne s'agit que de travaux bien concrets. Le rythme crée par le lettrage des bâches opposé à la surcharge ornementale du salon est le fruit du hasard et non un inventif trompe-l'oeil. Ici point de méditation romantique sur la fragilité des chose ou d'ironique contrepoint. Juste de nécessaires travaux de restauration.   

   


Voir l'éléphant de Daniel Firman à Fontainebleau




Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber...
Du 7 septembre au 17 novembre 2008



Catherine-Alice Palagret



1- in dossier de presse
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