2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 12:56

 

 

    Loin des jeux de mots et des slogans politiques des artistes utilisant le néon, Dan Flavin crée une oeuvre minimaliste moins bavarde. Il dispose de simples traits de lumière colorée contre un mur ou dans un angle, un espace d'exposition rarement utilisé. Les néons 1 se reflètent sur toutes les surfaces de la pièce créant un espace poétique proche du rêve. Fragile et mouvante la lumière nous entoure. Parfois la sculpture dissimule des tubes de couleurs différentes dont on ne voit que le mélange avec la couleur frontale.


          Installations de Dan Flavin
untitled (to the innovator of Wheeling Peachblow) 1966-68
pink out of a corner (to Jasper Johns) 1963


 
      L'oeuvre est faite non seulement des tubes lumineux, apparents et cachés, mais aussi de leur reflet sur les murs et le sol. Elle dépend aussi de notre regard puisque, quittant une oeuvre pour une autre, notre oeil garde l'impression du halo précédent, ce qui ajoute à notre incertitude. Les sculptures de lumière aux contours flous, sont impalpables, presque immatérielles. Les limites de la pièce se dissolvent dans une légère brume colorée, troublant notre perception du réel. Que voyons nous vraiment?



Reflets de tubes fluorescents oranges et jaunes de Dan Flavin

     Dan Flavin ne voit aucune spiritualité dans sa démarche. Il ne s'agit que du jeu de la lumière et de l'espace.  En conséquence, chaque exposition est différente, unique en fonction du lieu où elle se déploie. L'art de Dan Flavin est "situationnel". Les oeuvres de Daniel Buren ou de Richard Serra sont "in situ", elles ne doivent se voir que dans le site où elles ont été crées. même s'il y a des exceptions. Les oeuvres de Dan Flavin voyagent et se renouvellent à chaque exposition.



tubes fluorescents orange vert et blanc de Dan Flavin


 
        Sa première oeuvre de néon date de 1963. Intitulée "the diagonal of May 25,  (to Constantin Brancusi)", c'est un simple tube de lumière jaune posé en diagonale contre le mur. Les tubes fluorescents ont une durée de vie limitée donc celui que nous voyons n'est pas d'origine. En faisant d'un banal tube industriel une oeuvre d'art, Dan Flavin suivait la voie montrée par Marcel Duchamp et ses ready-made. Il rompait avec la tradition mais en même temps il citait Constantin Brancusi, créateur de la colonne sans fin.



the diagonal of May 25, 1963 (to Constantin Brancusi)
Dan Flavin



     Dan Flavin n'utilise que des tubes fluorescents achetés dans le commerce, de tailles et de couleurs standards destinés aux enseignes publicitaires. Dans une grande économie de moyens, avec de simples tubes colorés qu'il combine, Dan Flavin interroge l'espace et la perception. Ses séries de lignes, grilles ou couloirs lumineux constituent une oeuvre émouvante et belle. La beauté n'est pas un concept très souvent utilisé à propos de l'art contemporain, on y parle plus souvent d'ironie, de distance ou de critique. Ici pourtant les mots de beauté ou de séduction s'imposent.




Lumières fluorescentes circulaires
Dan Flavin

    Dan Flavin est un artiste américain (1933-1996) minimaliste proche de Mark Rothko, Carl Andre, Donald Judd et Sol LeWitt.

Dan Flavin, une rétrospective
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris,
11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris.
Du 9 juin au 8 octobre 2006




    Un autre plasticien utilisant le néon de manière moins séduisante et plus intellectuelle: Joseph Kosuth expose "ni apparence ni illusion" au Louvre en 2009.
 



 
Liens sur ce blog:


 Palagret
art contemporain
décembre 2008


1- Dans le langage courant, on utilise abusivement le terme néon pour désigner tous les tubes fluorescents. Seuls les tubes jaunes oranges sont des néons. Voir les néons publicitaires.


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