28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 17:44

   On se souvient de la bâche en trompe-l'oeil qui masquait l'immeuble du "39 avenue George V". La façade haussmanienne semblait se tordre sous l'effet d'une intense chaleur. Les fenêtres, les balcons et les corniches, perdant toute horizontalité, ondulaient et dégoulinaient dans un délire joyeux.


Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

    La bâche a été mise aux enchères chez Drouot le lundi 26 janvier 2009. Dans l'immense toile déposée, Pierre Delavie a sélectionné 25 morceaux. Les fenêtres et les balcons convulsés sont devenus de sages tableaux signés par l'artiste. Ainsi un travail de communication visuelle devient oeuvre d'art.

Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

    La bâche de travaux, accrochée sur l'immeuble en réfection, était perturbante, déstabilisante, jouant sur les lois de la perception et de l'illusion.

bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V

bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V

    C'était un trompe-l'oeil de la façade cachée mais un  trompe-l'oeil  irréel  et inventif, déformant l'architecture haussmannienne en clin d'oeil aux montres molles de Dali. La bâche prétendue surréaliste était devenue une attraction touristique.
 
Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

    Numérotées et situées sur une photo du trompe-l'oeil, les pièces rescapées sont exposées dans la salle des ventes de l'avenue Montaigne.


Situation des morceaux découpés dans la bâche trompe-l'oeil
du 39 avenue George V


     A l'origine, la bâche de travaux était constituée de grandes photos imprimées sur toile, cousues ensemble et accrochées à l'échafaudage qu'elles dissimulaient. Hors contexte, les morceaux d'architecture molle, tendus sur chassis, perdent leur force et leur pouvoir de surprise. Ils ne nous font plus tourner la tête.

Salle d'exposition du trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie


    Le dépeçage est à la mode cette saison. Au rond-point des Champs-Elysées, c'est le paquebot France, ou ce qui en reste, qui est mis aux enchères. Le fragment, qu'il provienne d'escaliers vétustes de la Tour Eiffel, du mur de Berlin ou maintenant d'une bâche de travaux, est le témoin de ce qui n'est plus et en devient précieux. Vouée à la destruction ou au recyclage la toile éphémère est soustraite au cours du temps et se transforme en oeuvre pérenne.

Salle d'exposition du trompe-l'oeil du 39 avenue George V

    Construit en 1913 par l'architecte Auguste Perret, le théâtre des Champs-Elysées est le premier théâtre parisien construit en béton, une technique novatrice à l'époque. La façade est recouverte de marbre blanc et décorée de métopes d'Antoine Bourdelle. La salle des ventes Drouot Montaigne occupe le vaste fumoir du théâtre depuis 1988.

Drouot Montaigne à côté du théâtre des Champs-Elysées
Sculpture d'Antoine Bourdelle

    Bleecker, l'agence Athem et Drouot s’associent pour mettre aux enchères la toile « 39 George V » au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. La vente caritative, dirigée par Georges Delettrez, président de Drouot Holding, s’inscrit dans le cadre de la 20ème édition de l’opération « Pièces Jaunes  ».


Le trompe-l'oeil du 39 avenue George V
Photos du démontage du trompe-l'oeil


Texte et photos:
Palagret
janvier 2009

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