3 mars 2009
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Face à l'immeuble d'où le Bébé Cadum a disparu, des tags multicolores sont apparus. A la même hauteur, sous les toits de Paris, les bombages et l'angélique bambin ont dû cohabiter pendant quelques temps, par dessus la tête des passants trop pressés pour lever le nez.
Tags sous les toits
D'un côté, une publicité murale du début du vingtième siècle au dessin classique, de l'autre un lettrage stylisé né à la fin du siécle. La ville est envahie de tags tandis que les murs peints traditionnels s'effacent. Deux styles différents, deux époques différentes. Une modernité succède à l'autre.
Bébé Cadum est l'icône de la publicité naissante, une image utilitaire peinte sur les murs pour convaincre les jeunes mères de choisir le savon à l'huile de cade pour la fragile peau de leur bébé. Il le vaut bien!
Publicité murale Bébé Cadum
Souvent le bébé est représenté avec sa mère, en référence à la vierge et l'enfant. Racoleuse, reproduite sur de nombreux murs aveugles, cette publicité a marqué les esprits de nombreux écrivains. Robert Desnos dans La liberté ou l'amour! fait de Bébé Cadum le héros d'une parodique épopée. L'enfant bouclé affronte une autre icône publicitaire, Bibendum, le bonhomme-pneu de Michelin.
"A l'âge de vingt-et-un an Bébé Cadum fut de taille à lutter avec Bibendum. ... La rencontre eut lieu dans une plaine désertique. Bébé Cadum rieur se détachait sur le ciel bleu ardent et sur le sol rougeâtre. Les pneus s'enroulèrent autour de lui comme un reptile et l'immobilisèrent."
Dans ce poème surréaliste, Bébé Cadum échappe au monde de la réclame pour vivre dans l'univers fictionnel.
Tags sous les toits
Dans le monde marchand, Bébé Cadum vend l'hygiène et la douceur. L'art urbain des tags ne vend rien. Des individus ou de petits groupes décident librement de taguer les murs, pour rien, pour s'amuser, par défi. Les tags sont aussi une révolte contre la marchandisation de l'espace public.
tags colorés sur des piliers de pont
menant à l'usine Renault démolie
Si les tags ne vendent aucun produit, ils vendent quand même le graffeur dont le nom constitue le dessin. Les tags sont apparus dans les friches, les hangars désaffectés, les piliers de ponts et les wagons. Ils sont maintenant au coeur de la ville, jusque sur les immeubles haussmanniens. Les signatures sont volontairement difficiles à lire et les tags arrondis, style bubble, deviennent, quand ils ont réussis, un motif décoratif qui tranche sur les façades grises et beiges de Paris.menant à l'usine Renault démolie
Tags sous les toits
Si les murs peints publicitaires étaient autorisés, les tags sont illégaux. Ils sont apposés clandestinement, souvent la nuit, sans aucun respect pour l'oeuvre des autres. Les rideaux de fer peints sont tagués ainsi que les fresques artistiques qui ont remplacées les publicité murales. Sur les toits, des barbelés interdisent l'accès aux barbouilleurs, sans grand succès. Le défi fait partie de la culture street-art et les barbelés ne peuvent qu'attirer les artistes. Ils risquent des amendes ... avant de se retrouver exposés dans les galeries!
La disparition de Bébé Cadum, mur peint publicitaire
L'histoire du mur peint Bébé Cadum
Les murs peints publicitaires Hoover et Cinzano Bianco
Mur publicitaire peint Petit-Beurre Lu
Le mur publicitaire disparu de la place de la Bastille
Les pochoirs de la rue de l'ourcq
La fresque murale de la rue de Thionville, pochoirs et tags
Palagret