21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 17:35


     En bronze recouvert d'une patine d'or blanc, le triptyque, "La vie du Christ" de Keith Haring, représente la montée de Jésus vers les cieux.


"La vie du Christ", triptyque de Keith Haring
à l'église Saint-Eustache à Paris

offert par la Spirit Foundation



   Le bébé rayonnant, figure iconique de l'oeuvre de Keith Haring, est un symbole d'énergie et d'innocence.  L'enfant incarne le Christ adulte. Sur le panneau central, se tient un ange aux douze bras tentaculaires, surmonté d'une croix. Deux bras enserrent délicatement Jésus, le bébé rayonnant. Un troisième bras offre un anneau de lumière à la foule qui se presse les bras levés vers l'enfant s'élevant vers les cieux. Une pluie miraculeuse, ou des larmes, unissent la terre et le ciel, le divin et le profane.



"La vie du Christ", triptyque de Keith Haring
à l'église Saint-Eustache à Paris



      Sur chaque panneau latéral, deux anges acrobatiques survolent la foule extatique. L'image est simple et dynamique. Le bronze monochrome se détache des sombres peintures classiques qui l'entourent.

      Le triptyque luit doucement dans une chapelle peu éclairée de l'église Saint-Eustache à Paris, la chapelle des Charcutiers. Il en existe 7 exemplaires dans le monde dont trois dans des lieux consacrés: Saint-Eustache à Paris, la Grace Cathedral à San Francisco et la cathédrale Saint-John the Divine, à New York.



"La vie du Christ", triptyque de Keith Haring à l'église Saint-Eustache à Paris



    L'exemplaire de Paris a été offert par par la Spirit Foundation fondée à New-York en 1978 par John Lennon et Yoko Ono.

    La présence d'une oeuvre de Keith Haring dans une église a pu choquer certains, l'artiste n'était pas connu pour sa vie pieuse, en accord avec les canons de l'Église! Aude de Kerros 1compare les multiples bras de la figure centrale à des phallus, les larmes à des gouttes de sperme. Pour elle l’anneau au centre du triptyque, est « « l’image schématique d’un “pied” qui atteint une “cible” en forme de soleil, code habituellement employé par Keith Haring pour évoquer crûment les ébats homosexuels ». C'est une interprétation possible mais qui ne tient pas compte de la complexité humaine.



Panneau gauche
"La vie du Christ"
triptyque de Keith Haring à l'église Saint-Eustache à Paris



    De nombreux artistes ont mené des vies « dissolues » ce qui ne les a pas empêché de recevoir des commandes de l'Église. Leonard de Vinci ou Michel-Ange n'était pas des modèle de vertu mais nul ne conteste la valeur spirituelle de leurs oeuvres! Pour Keith Haring, son triptyque "La Vie du Christ" était un universel symbole d'espoir. Il est mort du sida en 1990, à l'âge de 28 ans, avant de voir son bronze achevé.


Panneau droit
"La vie du Christ"
triptyque de Keith Haring à l'église Saint-Eustache à Paris


    Les multiples bras du personnage central font penser aux dieux et déesses hindous dont les quatre ou huit bras servent à manifester leur nombreux pouvoirs symbolisés par des objets tandis qu'ils gardent une main libre pour bénir la foule des dévots.


     Avec Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, Keith Haring incarne la bad painting new-yorkaise. Au cours de sa courte carrière de street-artist, il travailla dans la rue, les couloirs de métro ou les chantiers abandonnés avant d'exposer dans les plus grandes galeries.



Mur peint à New-York, Keith Haring
Photo superk8nyc



     En 1983 Keith Haring crée le "bébé rayonnant" ("radiant baby"), un tag qui devient sa signature.  Ses silhouettes stylisées, corps dansants innocents ou non, aux couleurs franches, sont inspirées des bandes-dessinées. Simplicité des formes entourées d'un trait noir tracé à main levée,  les oeuvres de Keith Haring sont aisément reconnaissables. Pour lui, l'art devait s'adresser à tous et non à quelques privilégiés, par l'éducation ou la fortune.
Liens sur ce blog:
Palagret
art religieux
juin 2009



Grace cathedral
Le site de Keith Haring




1- Aude de Kerros, in "L’art sacré de la fin du millénaire (III). Nuit de Noël à Saint-Eustache : la vie du Christ de Keith Haring", in Liberté politique, No 19, 2002.


 

Partager cet article
Repost0

commentaires