1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 18:16


DES CANARDS MAUDITS ?


    En vain, Aristide Sauveterre a attendu qu’un de ces fabuleux petits canards jaunes veuillent bien s’échouer à ses pieds, sur le littoral de l’Angleterre. Sur la foi du "Daily mail" du 24 juillet 2006, il espérait trouver quelques rescapés blanchis par les eaux. Hélas, pas le moindre palmipède ou castor en vue, pas la moindre tortue. Aristide est revenu bredouille et la presse anglaise ne parle plus de l’odyssée des canards jaunes. Alors, existent-ils vraiment ces jouets naufragés? Où trouver des documents authentifiés, des photos incontestables ? Il faudrait découvrir le nom de la compagnie d’assurance, le manifeste de bord, la déclaration d’accident, si elle existe. On ne sait même pas le nom du bateau qui a perdu sa cargaison dans l’océan. Ni le nom de l’affréteur, ni le nom du Capitaine. Quant à son âge ! Ces canards sont-ils réels ou ne s’agit-il que d’une nouvelle légende urbaine ou plutôt d’une nouvelle légende océano-urbaine.

 

 


  Canard de bain jaune (floatee)

 

 

    Comme jadis le Capitaine Van der Decken à bord du "Hollandais Volant" pris dans une terrifiante tempête, les canards en plastique, sont à la merci de la mer déchaînée. Et comme ce capitaine du dix-septième siècle, les canards ont-ils eux aussi maudit Dieu de leur funeste destin ? Au lieu de jouer avec des tout-petits dans une paisible baignoire, les voilà perdus au milieu des vagues en furie.

    Un dieu courroucé par leur blasphème, a-t-il condamné les petits canards jaunes à une errance éternelle sur les trois océans, telle une dérisoire armada de vaisseaux fantômes? Nos ratisseurs de plage d’aujourd’hui espèrent-ils voir passer dans la brume ces nouveaux "Hollandais Volants" ?

 


 

Canards jaunes à la dérive

 

 

    Aristide Sauveterre ne sait trop que penser. Déçu mais non découragé, il s’est consolé en dénichant chez un brocanteur de Falmouth une boîte de thé en fer à l’effigie du Capitaine Van der Decken. Assez semblable à celle de son ami le Collectionneur, cette merveille trônera bientôt dans une des vitrines de son cabinet de curiosités. Il a aussi trouvé un petit canard de bois qui aurait appartenu au Capitaine James Cook. Le brocanteur lui a affirmé que Cook était célèbre pour sa passion des jouets en bois. Pourquoi pas? Afin de ne pas revenir bredouille, Aristide a emporté ce canard daté du XVIII siècle. Après un dernier coup d'oeil à la mer, ne voyant ni "Hollandais Volant" maudit, ni innocent canard jaune surgir de la brume, Aristide est reparti dans son mas du Languedoc pour s'occuper de sa collection.

 


 

boîte de thé en fer à l’effigie du Capitaine Van der Decken

 

 

Suite de l'aventure des canards perdus

Un canard jaune échoué sur le quatrième piédestal, performance d'Antony Gormley

Un canard géant sur la Tamise à Londres, street-marketing nautique  


Catherine-Alice Palagret
archéologie du quotidien
novembre 2006

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