La fenêtre de Ahae s'ouvre sur un petit bois d'érables, une prairie, un étang. Un paysage bucolique banal mais préservé de l'urbanisation. Sous l'objectif du photographe, le microcosme devient un univers paisible mais frémissant de vie.
4 photos de chevreuil. De ma fenêtre, Ahae, jardin des Tuileries
De l'aube au crépuscule et du printemps à l'hiver, Ahae photographie un monde simple où les herbes ploient sous le vent ou le passage d'un chevreuil. Un héron cendré s'envole poursuivi par une nuée d'oiseaux, les canards mandarins troublent à peine la surface de l'étang, les chevreuils paissent paisiblement et les nuages défilent dans le ciel, inlassablement.
Salle des paysages. De ma fenêtre, Ahae, jardin des Tuileries
Ahae, né en 1941, est un entrepreneur coréen, un inventeur, un producteur de thé bio en Corée et de lavande en Californie, un maître en arts martiaux, un défenseur de l'écologie et un millionaire. Il y a deux ans Ahae a décidé de se consacrer à la photographie dans son atelier rural à 100 km de Séoul. Pour lui pas besoin de voyages en avion dans des pays exotiques; dans son refuge, le monde est à ses pieds. Il suffit d'ouvrir les yeux.
L'eau, salle ovale. De ma fenêtre, Ahae, jardin des Tuileries
Pendant deux ans, à raison de 2000 à 4000 photos par jour, soit environ un million de clichés pris d'une seule et même fenêtre, Ahae a capturé les variations de lumière du soleil levant, le jeu de la pluie sur les feuilles, la torpeur de midi, avec différents appareils photos asiatiques et européens dont des télé-objectifs haut-de-gamme. Pour ne pas troubler la vie sauvage, Ahae n'utilise qu'un savon neutre, sans odeur et ne s'autorise ni chauffage ni air conditionné lorsqu'il ouvre sa fenêtre sur son théâtre de nature.
Salle des paysages. Aufond, oiseaux et chevreuils
De ma fenêtre, Ahae, jardin des Tuileries
La fenêtre du photographe est reproduite dans l'exposition, aux dimensions exactes. Elle ouvre sur le jardin des Tuileries et de nombreux visiteurs, prenant exemple sur Ahae, photographient les arbres qui bougent dans le vent. Il n'y a hélas pas de vie sauvage à observer mais les promeneurs se hâtant sous la pluie créent l'animation.
Reproduction de la fenêtre d'Ahae s'ouvrant sur le jardin des Tuileries
L'exposition "De ma fenêtre" s'organise par thème. Deux salles ovales, en référence à la salle des Nymphéas de Monet, présentent des images d'eau et de nuages. La salle centrale présente des paysages dont deux impressionnants caissons lumineux géants devant lesquels les spectateurs s'asseoient, méditant sur la beauté du monde. Sur les côtés, à droite les saisons et à gauche les oiseaux et chevreuils des marais. La scénographie est de Guy Olivier et Charles Matz.
Caisson lumineux de 5x10 mètres, le lac sous la neige
Après Grand Central Terminal à New York, Kew Gardens à Londres, Prague, Moscou, Florence et Venise, Ahae expose « De ma fenêtre », 101 photos, dans le Jardin des Tuileries. Pas à l'air libre dans le Jardin, comme aux jardins botaniques de Kew, mais dans un pavillon éphémère en bois situé près de la Seine, côté Concorde.
Le pavillon éphémère accueille l'exposition photographique de Ahae
Une des premières photos de l'histoire de la photographie prise par Nicéphore Nièpce représente un paysage vu de sa fenêtre. Ahae, dont le nom signifie enfant en coréen, retourne à ces origines enregistrant sans aucun trucage le réel devant ses yeux. Mais le réel est toujours modifié par l'observateur, par le cadrage, la focale de l'objectif, pas si objectif, et surtout le regard du photographe.
Affiche de l'exposition "De ma fenêtre" de Ahae dans le jardin des Tuileries
Les images d'Ahae deviennent une métaphore d'une nature idéale intouchée, où l'empreinte de l'homme est si légère qu'on ne la remarque pas. Une nature d'aujourd'hui ou d'hier, intemporelle, mais une nature menacée.
L'eau, salle ovale. De ma fenêtre, Ahae, jardin des Tuileries
Avant son exposition à Paris, Ahae s'est fait remarquer en achetant un hameau abandonné à Courbefy dans la Haute-Vienne. Son projet est "environnemental, artistique et culturel". Le photographe souhaite y appliquer son concept de "style de vie organique" c'est-à-dire "l'interconnexion entre la protection de la nature, l'agriculture biologique et la santé". La nature devrait s'y développer harmonieusement.
L'eau, salle ovale. De ma fenêtre, Ahae, jardin des Tuileries
Ahae, de ma fenêtre
du 27 juin au 23 juillet 2012
jardin des Tuileries côté Seine
10h - 22h, entrée libre
Lien sur ce blog:
Ahaé à l'orangerie de Versailles: nature à profusion, une fenêtre sur l'extraordinaire
Le photographe milliardaire Ahae est un escroc recherché par le FBI
Palagret
photographie naturaliste
juillet 2012