17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 00:37

   Gargouilles modernes, sentinelles ou espionnes, les sculptures d'Antony Gormley regardent le ballet incessant des new-yorkais dans la rue, quelques mètres ou centaines de mètres plus bas.

    Event horizon, le projet du sculpteur anglais, est constitué de sculptures  modelées sur son propre corps. 27 hommes nus en fibre de verre sont peu à peu installés sur les toits de Manhattan.

      Les grecs et les romains de l'Antiquité décoraient leurs toits avec des statues de dieux et de héros. A l'époque moderne, seuls les super-héros des comic-books rôdent sur les toits. Moins flamboyants que Superman, Bateman ou Spiderman, sans costume théâtral, les hommes nus de Gormley sont  bien démunis. Ils sont impuissants à sauver des demoiselles en détresse, encore plus à éradiquer le crime de Gotham City. Le regard baissé, immobiles, ils se tiennent juste au bord du vide comme des candidats au suicide.
 

Gormley-New-York-2.jpgStatue d'homme nu au bord du vide sur un toit de Manhattan
Antony Gormley, Event Horizon, 2010


   "Isolées près du ciel, ces sombres figures regardent l'espace devant eux et se demandent: comment l'humanité s'insère-t-elle dans ce schéma?" 1


Gormley-New-York-3.jpgStatue d'homme nu au bord du vide sur un toit de Manhattan
Antony Gormley, Event Horizon, 2010


   Pour éviter l'affolement des passants qui pourraient ne pas comprendre qu'il s'agit d'une installation d'art contemporain, une campagne d'explications permettra de rassurer les New-Yorkais. Si les gens téléphonent à la police pour signaler une épidémie de suicides, les standards de la police risquent de sauter.


Gormley-New-York-1.jpgStatues d'homme nu au bord du vide sur un toit de Manhattan
Antony Gormley, Event Horizon, 2010


    Antony Gormley veut faire réfléchir les citadins à leur place dans la ville, dans un paysage aussi minéral que Manhattan. Bâtiments bas et gratte-ciels, y compris l'Empire State Building à 380 mètres de haut, seront le théâtre éphémère de cette nouvelle intervention urbaine. Cinq statues seront aussi placées au sol.

    Antony Gormley a créé Event Horizon une première fois à Londres à la London’s Hayward Gallery, pendant l'exposition Blind Light de 2007. Les sculptures étaient installées sur les toits, les ponts et les rues le long de la rive sud de la Tamise. Il n'y a pas eu de panique alors.

   "A Londres, je me suis beaucoup amusé à voir des individus, ou des groupes, le doigt pointé vers le ciel reproduisant une pose de la sculpture classique. Le transfert de l'immobilité de la sculpture à l'observateur était très intéressante." 1


Gormley-Event-Horizon-Londres.jpgEvent Horizon, Antony Gormley, Londres
Photo Cristopher Hawkins

    Mais comment réagiront les new-yorkais en découvrant des silhouettes prêtes à sauter dans le vide? Le souvenir du 11 septembre où de nombreuses personnes, prises au piège du feu et des gaz toxiques dans les Twin towers, ont sauté dans le vide les empêchera peut-être d'apprécier l'installation artistique d'Antony Gormley. Ou alors ils s'amuseront à trouver les hommes nus dont certains seront difficilement visibles du sol.

   Comme un démiurge, Antony Gormley multiplie les statues à son image. En 1997, il investit la plage de Crosby en Angleterre avec cent statues moulées d'après son corps.




    En 2009, il organise One & Other, une performance très médiatisée où des anglais se tiennent pendant une heure sur un piédestal. Pendant cent jours, les londoniens, spectateurs et acteurs, se sont bien amusés avec les statues vivantes de Trafalgar square. Le défilé d'excentriques de toutes sortes a constitué un portrait de l'Angleterre.


Gormley-Steveplatt-London-ART.jpgBut is it art?
Steve pose des questions sur le quatrième piédestal
One & other, Antony Gormley, Londres



Event horizon, Antony Gormley
Du 26 mars au 15 août 2010
Autour de Madison Square Park
New-York, USA

Liens sur ce blog:

Antony Gormley: excentriques sculptures vivantes à Trafalgar square, Londres

Le quatrième piédestal d'Antony Gormley, zoo humain à Trafalgar square
Le site d'Antony Gormley


Palagret


1- in dossier de presse

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