La Cour Européenne des Droits de l'Homme estime que la France a violé la liberté d'expression de l'homme brandissant une pancarte "Casse-toi pov'con" en le condamnant pour offense à Nicolas Sarkozy.
"Casse-toi pov'con" Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit, affiche du Front de gauche
La Cour juge "disproportionné" le recours à une sanction pénale, qui risque, selon elle, d'avoir "un effet dissuasif sur des interventions satiriques qui peuvent contribuer au débat sur des questions d'intérêt général".
"Casse-toi pov'con" Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit, affiche du Front de gauche
Le 28 août 2008, Hervé Eon, ancien conseiller général socialiste passé au Parti de gauche, avait brandi un écriteau devant le président de la République de l'époque en visite à Laval. Ce militant reprenait en fait une phrase prononcé par Nicolas Sarkozy lui-même au Salon de l'Agriculture. Un visiteur avait refusé de serrer la main du Président en disant: "ah non, touche-moi pas". Sarkozy avait répliqué par un "Casse-toi pov'con" fort peu protocolaire. La scène filmée avait aussi tôt fait le tour de la toile.
Alors que le délit d'offense au chef de l'état était tombé en désuétude ( ni Giscard, ni Mitterrand ni Chirac ne s'en était servi), Hervé Eon avait été interpellé par la police et poursuivi pour offense au chef de l'état Nicolas Sarkozy. Il avait été condamné en novembre 2008 à une "amende de principe" de 30 euros avec sursis.
"Casse-toi pov'con" Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit, affiche du Front de gauche
pochoir de Nemo montrant la sortie
La Cour Européenne des Droits de l'Homme déclare que la phrase était certes "littéralement offensante à l'égard du président de la République", mais ne constituait pas pour autant "une attaque personnelle gratuite". Il s'agissait plutôt d'une critique "de nature politique", à laquelle un homme politique s'expose "inévitablement et consciemment". Le militant avait choisi "le registre satirique" en reprenant une phrase du Président lui-même.
"Casse-toi pov'con" Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit, affiche du Front de gauche
Hervé Eon sera-t-il indemnisé pour sa condamnation abusive? Après cette condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, Jean-Luc Mélanchon demande l'abrogation du délit d'offense au président de la République, "cette survivance absurde du crime de lèse majesté". Cette loi sur la liberté de la presse date de 1881. Un contrevenant encourt aujourd'hui 45 000 euros d'amende. Mais qui aurait encore le ridicule de s'en servir?
Edicule recouvert d'affiches du Front de Gauche à Paris
Après le mémorable dialogue du Salon de l'Agriculture, le Front de Gauche s'était délecté à coller des milliers d'affiches rouges reprenant l'iconique "Casse-toi pov'con" en lettres blanches, suivi de "Et c'est Nicolas Sarkozy qui le dit". Retour à l'envoyeur.
Perdre son sang-froid pour un homme politique, surtout sous le regard de la caméra, n'est jamais très malin. Jacques Chirac lui avait fait une belle démonstration d'ironie. Interpellé par un agressif "Eh Ducon", il avait répliqué "Enchanté, moi c'est Jacques Chirac.
Militant brutalement expulsé par le Service d'ordre, "Monsieur Hollande, elles sont où les promesses, elles sont où?"
Le 11 mars en visite à Dijon, François Hollande est resté serein sous la critique. Son service d'ordre cependant est peut-être, comment dire, un peu trop nerveux. Deux hommes ont brutalement trainé hors de la foule un manifestant qui criait: "Monsieur Hollande, elles sont où les promesses, elles sont où?". Il y avait plein de caméra pour enregistrer cette monumentale erreur de communication.
Monsieur Hollande, elles sont où les promesses, elles sont où?
Lien sur ce blog:
Affichage sauvage contre la crise: 1- le Parti de Gauche, affiches politiques
Palagret
mars 2013
"Sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur."
Beaumarchais, Le mariage de Figaro.