Crise de la publicité, affiches vides et palimpsestes dans le métro parisien

    On voit toujours des affiches vides de toute publicité dans le métro et dans la rue. Les publicitaires protestent contre le nouveau RLP de Paris qui va les obliger à démonter leur panneaux 3X4 mais ils n'ont même pas de quoi les remplir.

Composition abstraite, affiche vide de publicité au métro Mairie d'Issy

    Recouverts de bleu, jaune ou vert, les champs vides sont souvent tagués ou arrachés. Dans les stations en cours de rénovation, des bandes de couleur couvrent en partie la surface devenue inutile. Ces bandes sont posées de manière semble-t-il aléatoire. Le camouflage est imparfait.

Composition abstraite, affiche vide de publicité, quai métro Mairie d'Issy

   Le colleur d'affiche n'avait peut-être que des restes de papier de diverses couleurs. Ou il a eu un petit coup de fatigue, ou il avait oublié son échelle et n'a masqué que le bas du panneau d'affichage. Autre hypothèse plus joyeuse, le colleur est un artiste méconnu et il crée d'intéressantes compositions graphiques sur les murs du métro, jouant avec le hasard des dévoilements et l'application de formes géométriques. 

Composition abstraite et lettres, affiche vide de publicité, quai métro Mairie d'Issy

   Sur un panneau d'affichage, on distingue encore le haut d'une affiche annonçant la rénovation de 250 stations pour un métro plus beau. En bas, des bandes bleues vertes et blanches forment un motif géométrique; en haut, le papier arraché et les cercles jaunes donnent un motif plus dynamique.

Composition abstraite et lettres, affiche vide de publicité, quai métro Mairie d'Issy

      Les couches de papier ont été grattées, déchiquetées, occultées mais il reste des débris encore identifiables. Le mur devient un palimpseste où se lisent différentes histoires, masquées et révélées à la fois. 

Palimpseste, composition abstraite et lettres, affiche vide de publicité, quai métro Mairie d'Issy

   L'absence de publicité sur de nombreux panneaux affiche la crise économique, ce qui n'est pas très rassurant. Cependant, la crise nous prive d'affiches le plus souvent agressives et banales, vantant ad nauseam des smart phones, des voitures et des fringues, ce qui est plutôt positif. 

Palimpseste, composition abstraite et lettres, affiche vide de publicité, quai métro Mairie d'Issy

    Le vide libère "notre temps de cerveau disponible" (1) et nous rend à nos rêveries. L'absence de communication commerciale sur les emplacements dédiés permet de découvrir des images non marchandes, des images pour rien, nées du hasard, de la fantaisie d'un colleur d'affiche et des arrachements des passants. Des oeuvres collaboratives et éphémères à découvrir au hasard des voyages dans le réseau souterrain.

composition abstraite et lettres, affiche vide de publicité, quai métro Mairie d'Issy

Minuscule saga des affiches vides de publicité 

C'est le printemps, les affiches vertes vides de publicité refleurissent dans le métro

X - Affiches noires en deuil de la publicité dans le métro londonien

IX- Décoration monochrome sur les quais du métro en manque de publicité

VIII- Affiches sans publicité dans le métro, champs de couleurs reposants

VII- La crise s'affiche

VI- L'affiche verte

V- Vie et mort d'un affiche vierge de publicité

les affiches blanches

III- les affiches bleues, le blues de la publicité

II- Affiches noires, suite

I- les affiches noires, crise de la publicité ou hommage à Pierre Soulages

Palagret

le vide publicitaire

décembre 2011

1- in  "Les dirigeants face au changement", Patrick Le Lay (alors PDG de TF1), Editions du Huitième jour, 2004

" Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).

Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ... ."