26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 17:54

   Les grands hommes morts plaisent beaucoup aux publicitaires même si les valeurs qu'ils défendaient n'ont rien à voir avec avec les produits qu'on leur fait vendre. Ainsi Gandhi qui prônait l'ascétisme se retrouve à vendre des stylos Montblanc hors de prix, de la Vodka, des ordinateurs Apple, des téléphones ou une entreprise de travail temporaire.


Gandhi dans une affiche publicitaire d'Apple "Think different"


     Apple se sert d'une image en noir et blanc du Mahatma surmonté du texte "Think different". Même s'il est abusif de se servir des morts pour une campagne publicitaire, le slogan n'est pas trop choquant. Gandhi comme les autres personnages mobilisés par Apple (Einstein, Martin Luther King, Picasso) étaient des innovateurs. Si I'ordinateur et internet avaient existé, il est certain que Gandhi, se serait servi du réseau pour organiser ses campagnes de désobéissance civile.


Telecom Italia - Gandhi


      En 2004, l'image de Gandhi a été utilisée dans une publicité italienne "Telecom Italia". L'orateur, en noir et blanc, est incrusté dans l'image en couleurs sur un écran de cinéma, d'ordinateur et de téléphone. Son discours résonne au-dessus de la foule aux visages levés, comme dans 1984 le roman de George Orwell. Prenant habilement le contre-pied du monde totalitaire décrit par Orwell, l'exhortation de Gandhi, au lieu d'asservir les hommes et les femmes, les libère. Le message est généreux: "I believe in one world", "Je crois en un seul monde (uni)". Il y a adéquation entre le produit, la communication, et la parole de Gandhi. Bien sûr, ce n'est qu'une campagne commerciale. Mêler l'apôtre de la non-violence à une publicité pour les téléphones portables et leurs abonnements n'est peut-être pas très respectueux. A défaut de respect, le clip vidéo est inventif.
 

Affiche publicitaire Adecco avec Gandhi


   La campagne publicitaire d'Adecco avec Gandhi et Coluche est carrément insultante pour un homme qui s'il avait choisi l'asétisme n'aurait certainement pas défendu la précarité. Voir article.


Affiche publicitaire pour la vodka Smirnoff avec le nom de Gandhi


   Sur une bouteille de vodka Smirnoff, le slogan annonce "Be whoever you want", Soyez qui vous voulez. Sur la gauche, des traits indiquent ce que vous allez devenir en buvant la vodka: un premier verre vous transforme en Mahatma Gandhi. puis verre après verre vous serez Sigmund Freud, David Hasselhoff, Brad Pitt, James Bond, Rambo! Videz la bouteille et vous serez Superman. Inutile d'essayer, ça ne marche pas, c'est de la publicité mensongère. Mêler le nom de Gandhi à une publicité pour de la vodka est bizarre vu qu'il ne buvait pas une goutte d'alcool.

   Quant à commémorer la naissance de Gandhi avec un luxueux stylo en édition limitée, c'est encore plus bizarre. Le stylo "Mahatma Gandhi Limited Edition 241" est un stylo en or 18 carats valant 25 000 $. Pourquoi 241?
Lors de la marche de protestation contre la taxe des Anglais sur le sel, le Mahatma Gandhi parcouru 241 miles. Le stylo Montblanc est destiné à une clientèle de nouveaux riches indiens. La publicité a été mal reçue par beaucoup d'indiens qui vénèrent Gandhi comme un dieu. De même la vente des ses lunettes aux enchères avait fait scandale. Voir article.

   
La société de consommation récupère l'image d'un combattant qui pratiquait la décroissance. L'associer a un univers bling-bling est contradictoire mais peu importe si le nom de Gandhi fait vendre. Gandhi, Martin Luther King ou Che Guevara, eux aussi très sollicités par les marques, deviennent des caricatures dans l'univers publicitaire. Leur message est inaudible et ils ne sont plus que des images affadies et consensuelles qu'on retrouve sur des T-shirts, des mugs ou des posters à côté de Madonna, de l'idole du jour ou de sportifs. Tout est égal et les fantômes ne peuvent pas protester.



Gandhi, Coluche et les ressources humaines
Mise aux enchères des lunettes de Gandhi
Les grands hommes dans le métro enrôlés par le Stif
Citroën, John Lennon et Marilyn Monroe: les publicitaires font parler les morts, encore

Palagret


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