Cocon irradié prêt à accoucher, Léviathan d'Anish Kapoor est double. A l'intérieur la sculpture est rouge utérin, obscure, intime, enveloppante, délimitée. A l'extérieur elle est rouge aubergine, baignée de soleil, colossale, impossible à cerner. Simultanées, les deux réalités ne correspondent pas, ni intellectuellement ni spatialement. Il faut ressortir du ventre de Léviathan par la porte tambour pour accéder à la nef du Grand Palais. Là, le ballon monumental et ses excroissances se déploient dans le transept comme une expansion figée, prisonnière sous la verrière.
Léviathan d'Anish Kapoor sous la verrière du Grand Palais, Monumenta 2011
Pour Anish Kapoor, (comme pour Richard Serra et Christian Boltanski), l'immensité de la nef du Grand Palais, sa lumière écrasante sont de vrais défis. Comment habiter ce vaste espace, comment rivaliser avec sa décoration chargée? Kapoor répond avec une sculpture monumentale, un monstre, insaisissable par son énormité.
Léviathan d'Anish Kapoor sous la verrière du Grand Palais, Monumenta 2011
Il faut tourner autour de Léviathan, passer sous les ballons ancrés au sol par des rivets, monter sur la mezzanine, revenir sur ses pas pour essayer de le voir en totalité.
Quand nous sommes devant un bâtiment, nous ne percevons jamais la structure en entier et cela ne nous gêne pas. Or ici il s'agit d'une oeuvre d'art, d'une sculpture et nous nous attendons à la voir en entier, à pouvoir la mesurer. Nous sommes intrigués, frustrés de ne pouvoir l'appréhender en totalité. Léviathan, par sa démesure, nous échappe et reste mystérieux.
Léviathan d'Anish Kapoor sous la verrière du Grand Palais, Monumenta 2011
Comme Promenade, les stèles monumentales de Richard Serra, Léviathan change avec la lumière du ciel parisien. Le jeu des nuages et du soleil projette sur le monstre l'entrelacs de la verrière formant une dentelle noire qui s'harmonise avec les piliers de fer et les balustrades ouvragées.
Léviathan d'Anish Kapoor sous la verrière du Grand Palais, Monumenta 2011
Tout en gardant le secret de l'oeuvre finale, il a fallu, en une semaine, monter Léviathan in situ: assembler les morceaux, les river au sol et gonfler la fine membrane de PVC. Selon Anish Kapoor ses 72.000 m³ en font probablement la plus grande structure gonflable au monde.
Léviathan d'Anish Kapoor, sous la verrière du Grand Palais, Monumenta 2011
Monumenta 2011
Léviathan, Anish Kapoor
Du 11 mai au 23 Juin 2011
Tous les jours sauf le mardi
de 10h à 19 h le lundi et mercredi
De 10h à minuit du jeudi au dimanche
Grand Palais, Paris
Liens sur ce blog:
Video: Anish Kapoor explique Léviathan
Leviathan, dans le ventre du monstre boursouflé d'Anish Kapoor, Monumenta 2011
Anish Kapoor, Cement Works, proto-architecture auto-générée aux Beaux-Arts
Orbit, la tour tordue d'Anish Kapoor, s'élève vers le ciel londonien
Monumenta 2010, Boltanski: Personnes, l'absence, la présence et le hasard
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Palagret
art monumental
mai 2011