"Je vois les choses comme des sculptures, comme des formes qui occupent un espace". Robert Mapplethorpe
La confrontation des modelages de Rodin (1840-1917) et des photographies de Robert Mapplethorpe (1946-1989) montre des correspondances dans leur démarche. Les images se répondent à près d'un siècle de distance.
Auguste Rodin, Mercure avec draperie et Torse de l’Âge d’airain drapé, vers 1895, plâtre, au fond, Robert Mapplethorpe, gaze
"Chez les deux artistes, le tissu est un élément de théâtralisation du sujet. En véritable metteur en scène, Mapplethorpe utilise le drapé comme une matière première de sa composition, déployant des effets recherchés. De son côté, Rodin modèle ses nus avant de les draper dans des tuniques trempées dans du plâtre afin que l'architecture du corps soit perceptible sous les vêtements.
Robert Mapplethorpe, gaze
Rodin donne au drapé une consistance plastique et le dispose souvent de façon à produire un effet dramatique: il enveloppe le buste de l'Age d'Airain à la manière d'une vierge à la tête couverte, alors que la tunique tombant sur les bras de Jean de Fiennes accentue l'effet de désarroi du jeune homme face au destin tragique qui l'attend.
Photos de Robert Mapplethorpe
au fond, plâtre de Jean de Fiennes, Rodin
Mapplethorpe a recours aussi bien au voile fin, à la gaze médicale qu'au tissu fluide et soyeux. Rodin se contente le plus souvent du tissu qu'il a à portée de main, fin ou grossier, allant du rideau à la toile de jute la plus épaisse, qu'il peut fixer sur ses sculptures, à l'aide d'ajouts de plâtre, dans des mouvements aériens.
Les bourgeois de Calais, Jean de Fiennes, variante pour la deuxième maquette, Auguste Rodin, vers 1895
Dossier de presse:
Tout semble opposer ces deux personnalités même si Mapplethorpe n’a eu de cesse de sculpter les corps à travers son objectif et que la photographie a accompagné Rodin tout au long de sa carrière.
Robert Mapplethorpe est à la recherche de la forme parfaite, Rodin tente de saisir le mouvement dans la matière. Rien n’est spontané, tout est construit chez Mapplethorpe alors que Rodin conserve les traces de l’élaboration de l’œuvre et cultive celles de l’accident. L’un fut attiré par les hommes, l’autre par les femmes et tous deux jusqu’à l’obsession. Cela n’a pas empêché Mapplethorpe de photographier des nus féminins et Rodin de modeler de nombreux corps masculins.
Etude pour Honoré de Balzac, plâtre, Auguste Rodin
au fond, photographie de Robert Mapplethorpe
Sept thèmes ont été retenus par les commissaires, servant de fil rouge aux rapprochements qui sont à la fois formels, thématiques et esthétiques. Mouvement et Tension, Noir et Blanc/Ombre et Lumière, Erotisme et Damnation sont quelques-unes de ces grandes problématiques traversant l’œuvre des deux artistes.
Etude pour Mercure avec draperie, plâtre, Auguste Rodin
au fond, photographies de Robert Mapplethorpe
Cette exposition est une invitation à questionner le dialogue établi par les commissaires et à faire sien les rapprochements. Cette vision "sculpture et photographie" est inédite au musée Rodin car jamais un tel face à face n’avait été réalisé, renouvelant le regard sur la photographie comme sur la sculpture." in 1
Drapé de Robert Mapplethorpe et
Balzac drapé d'Auguste Rodin
Mapplethorpe Rodin
du 8 avril au 21 septembre 2014
Musée Rodin, Paris
Exposition organisée en collaboration avec la fondation Robert Mapplethorpe, New York
L'art contemporain au musée Rodin:
Dewar et Gicquel chez Rodin, neuf jeunes sculptures de béton
Wim Delvoye, des bonbones de gaz décorées à l'antique au musée Rodin
Wim Delvoye, une tour gothique en acier découpé au laser au musée Rodin
Urs Fischer, Marguerite de Ponty, Zizi, Miss Satin, sculptures molles et lourdes au Musée Rodin
Etienne Bossut au Musée Rodin: Laocoon(s), le monstre sans la proie
Palagret
photo et sculpture
mai 2014
Source: 1- dossier de presse