Santa Claus tient d'une main une cloche et brandit de l'autre un curieux arbre de noël aux formes simplifiées, comme un Brancusi. Il s'agit plutôt d'un sex toy géant, un butt plug démesuré, objet du scandale.
En occident, Santa Claus est un symbole consensuel de joie et de sentimentalité dégoulinante mais aussi le symbole du délire consumériste qui possède les consommateurs à l'approche des Fêtes. D'une manière crue, assumant complètement le mauvais goût, Paul McCarthy fait voler en éclats ce contentement béat en dotant le Père Noël, personnage plutôt asexué, d'un jouet sexuel qui lui enlève toute innocence. L'innocence bafouée est un sujet récurrent chez Paul McCarthy et, pour l'artiste américain, l'obscénité est autant dans la société actuelle que dans ses oeuvres. Il montre ce que la société réprouve, les excréments, les fluides, la sexualité non traditionnelle dans un style souvent grand-guignolesque et trash. En comparaison d'autres oeuvres, ce Père Noël lubrique est assez sage.
Croisement entre le Père Noël et un nain de jardin (de forme phallique), la provocante statue est aussi un clin d'oeil à la Statue de la Liberté. Ici à Rotterdam en Hollande, le Père Noël n'accueille pas les immigrants mais les passants de la place Eendrachtsplein, à l'intersection de la Nieuwe Binnenwegrue, une rue commerçante.
Il va sans dire que depuis son achat par la municipalité en 2005, le monumental nain lubrique a causé pas mal de scandale et a dû être déplacé plusieurs fois avant de trouver sa place définitive en novembre 2008. Santa Claus attise le débat sur l'utilisation de l'argent public et la place de l'art contemporain dans la ville. A défaut de plaire, le gnome impudent choque et attire des visiteurs outragés avant de devenir, avec le temps, la sculpture la plus célèbre de Rotterdam.
Liens sur ce blog:
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Source:
www.e-flux.com/shows/view/6119