10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 23:04

  

    Comme sortis d'un album de famille trouvé au grenier, les stickers de Leo et Pipo ont un air suranné. Ces photos d'un autre siècle montrent des personnages dont on a oublié le nom, des anonymes en costumes désuets: Homme à la cape et haut de forme, Elégant à lavallière et au canotier, Zouave, Militaire.

 

Leo & Pipo sticker timbreL'homme à la cape, sticker arraché de Leo & Pipo sur une boîte à lettre



   Depuis 2008, les inconnus de Leo et Pipo sont partout; sur les boîtes à lettres, sur les tuyaux, sur les panneaux de signalisation, sur les vitrines. La multiplication de ces petites photos en noir et blanc semblent attirer les collectionneurs de street-art. Elles sont cependant très difficiles à décoller et les arracheurs ne repartent le plus souvent qu'avec un petit morceau déchiré, une tête, un bras, une jambe.

 

  Leo & Pipo sticker unijambiste

L'homme à la cape, sticker unijambiste de Leo & Pipo sur un magasin

 


     Ainsi déchiquetés, démembrés, décapités, les stickers mutilés de Leo et Pipo résistent vaillamment aux outrages des passants tant la colle utilisée est forte.


 

Leo & Pipo sticker décapitéL'homme à la cape, sticker décapité de Leo & Pipo

sur un panneau de signalisation


 

      Ces personnages sévères au regard droit, le menton levé, la moustache lissée, posent fièrement devant l'objectif. La séance chez le photographe est un rite bourgeois auquel ils se plient avec plaisir, à une époque où la photographie n'est pas encore banalisée. Ils ont revêtu leur plus bel habit, leur impeccable uniforme, pour faire honneur à leur famille, pour montrer à la société comme ils sont respectables.


Leo---Pipo-sticker-Elegant.jpg

L'Elégant à la lavallière, sticker décapité de Leo & Pipo

sur une boîte à lettre



     Aujourd'hui cependant ces personnages endimanchés nous semblent ridicules, tellement éloignés de nos codes vestimentaires, de nos propres conventions; nous en oublions qu'is furent un jour bien vivants avec un métier, des projets, des convictions. Ils furent peut-être heureux peut-être malheureux, avant de participer aux boucheries de 1870 ou de 1914 où beaucoup y laissèrent la vie.

 


     Ces hommes ne sont plus aujourd'hui que des images livrées à notre regard amusé.

 

 

     

à suivre

 


Liens sur ce blog:

Paella Chimicos: tracts collés dans la ville, street-art contestataire

Street-art: Kafka, Rita Hayworth, Louise Brooks par Rue Meurt d'Art

 

 


Entretien avec Leo & Pipo sur brain magazine

 



Palagret

archéologie du quotidien

juin 2010


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