Les graffeurs et colleurs urbains sont liés à une ville, à un territoire. Quand ils voyagent, ils en profitent pour investir les murs étrangers mais leurs déplacements sont forcément limités. "Street-art without border" (sans frontière) est un collectif qui permet de faire voyager les collages des artistes, sans les artistes, à travers le monde.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
Les street-artists envoient leurs oeuvres sur papier à Eric Maréchal et hop, les voici affichées à Sao Paulo, Salvador de Bahia, Séoul, Tokyo, Chicago ou Paris. Voici un exemple de collage à l'angle de la rue Quincampoix et de la rue Aubry la Boucher à Paris.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
Un pochoir sur papier peint à petit motif de Sr.X, un espagnol. Parodie des publicités des années cinquante où l'achat d'une machine à laver ou d'un rasoir électrique dernier cri garantissait au consommateur l'accès à un monde idyllique.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
L'épouse, ou la girlfriend, tient un révolver sous sa gorge et le mari ou le boyfriend, s'apprête à avaler une lame de rasoir. Souriant, ils se font face, illustration parfaite du togetherness, du bonheur conjugal, du bonheur obligatoire.
Kill yourself and your best friend de Sr.X, "Street-art without border"
Pacte de suicide enjoué intitulé "Kill yourself and your best friend" (Tuez vous et votre meilleur ami aussi), le collage reprend les codes de la publicité avec les accroches traditionnelles "Only 19,99 €, Buy now" (seulement 19.99€, achetez maintenant) "Be cool, call now" (soyez cool, appelez maintenant), "Seen on TV" (vu à la télé). Petite touche d'humour supplémentaire: "also available for pets" (aussi disponible pour les animaux de compagnie). Ici, il ne s'agit pas de consommer mais de mourir, une satire qui ridiculise toutes les réclames qui veulent nous faire acheter n'importe quoi, tout de suite.
photo noir et blanc découpée
Le street-art est avant tout l'acte d'investir un territoire, d'apposer sa marque sur les murs de la ville. C'est un acte local, personnel. Avec « Street-art without border », l'excitation de commettre un acte illégal, le sentiment d'urgence et de danger ne sont plus éprouvés par l'artiste de rue mais par un tiers. De plus, ce n'est plus l'auteur qui choisit l'emplacement. De ce collage lointain, il ne garde qu'une photo et non les émotions liées à l'intervention sur les murs de la ville, une ville qu'il ne connaîtra peut-être jamais.
Un collage urbain a-t-il la même valeur quand il est collé par quelqu'un d'autre? Est-ce une banalisation d'une démarche radicale ou l'occasion de voir des oeuvres du monde entier?
Certains artistes contemporains comme Jeff Koons ou Damien Hirst, ne mettent pas beaucoup la main à la pâte et délèguent la fabrication de leurs oeuvres à un atelier. Ils restent quand même les auteurs de leurs peintures et sculptures.
Interview et photos d'Eric Maréchal sur Photograff collectif
Liens sur ce blog:
Street-art: les papiers collés de FKDL, silhouettes dansantes
Publicité contre street-art au coin des rues Quincampoix et Aubry le Boucher
Palagret