29 août 2008 5 29 /08 /août /2008 00:14


    Les affiches vides de publicité se décollent, les affiches publicitaires aussi. Ici des images de tranches de jambon s'affaissent mollement sous le soleil et la pluie.


Affiche publicitaire pour du jambon en tranche


Affiche publicitaire pour du jambon en tranche


Affiche publicitaire pour du jambon en tranche

   En se décollant l'affiche fait des plis très élégants, digne d'une sculpture abstraite.


Affiche publicitaire pour du jambon en tranche


Affiche publicitaire pour du jambon en tranche


voir les affiches noires, un clin d'oeil à Soulages?
       les affiches bleues
       les affiches blanches
     
vie et mort d'une affiche vierge de publicité


Catherine-Alice Palagret



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20 août 2008 3 20 /08 /août /2008 12:23
 
    Un dessin d'architecture géant dissimule un échafaudage rue de Valois. L'épure tracée à la règle reproduit de manière simplifiée l'immeuble qu'elle recouvre: le ministère de la Communication et de la Culture.

Bâche de travaux rue de Valois

Bâche de travaux rue de Valois
Détail des pierres de taille


    Le croquis en noir et blanc de la rue de Valois est d'une grande simplicité. C'est une variation sur la notion de trompe-l'oeil.

Bâche de travaux rue de Valois

Bâche de travaux rue de Valois

    C'est très tendance pour les bâches de travaux de donner à voir les façades qu'elles cachent. La plus élaborée, avenue Georges V, était un
trompe-l'oeil inventif se réclamant du surréalisme urbain: le bâtiment semblait fondre comme les montres molles de Dali.

Le trompe-l'oeil de l'avenue George V
Une façade prise de convulsions

    Place Vendôme,
la bâche de travaux simule une aquarelle. Rue du Colisée, l'hôtel Bristol se dissimule derrière un monumental dessin d'architecture peint de délicates couleurs.

Trompe-l'oeil de l'hôtel Bristol rue du Colisée

    Les bâches de travaux les plus simples sont cependant des toiles blanches qui emmaillotent complètement l'édifice à rénover. L'église Saint-Pierre de Montrouge, place d'Alésia, ressemble à une intervention de Christo. L'église de style "romano-byzantin", construite par l'architecte
Émile Vaudremer entre 1860 et 1870, est heureusement soustraite à notre vue. Malheureusement elle devra bien être dévoilée un jour!

Eglise Saint-Pierre de Montrouge
emmaillotée comme une intervention de Christo


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13 août 2008 3 13 /08 /août /2008 13:30

 

    Sur les pentes minérales du lac du Salagou apparaissent d'étranges messages. Presque rien ne pousse sur cette terre ingrate, à part la vigne et des phrases sybillines. Faites de cailloux blancs ou de pierres grises recouvertes de lichen, les lettres se détachent sur la ruffe friable.


message au bord du Salagou: un coeur de petits cailloux blancs


   Le lac bleu et  les ondulations du sol rouge, saturé d'oxyde de fer, créent un paysage étonnant aux couleurs changeantes. La terre friable passe du rose à l'ocre puis au rouge brique et au rouge sang.  Joyeux sous le soleil, le paysage se fait austère par temps gris. Par temps de pluie, les chaussures se colorent de boue rouge.


Les terres rouges du Salagou ornées de lignes


 
   Pour proclamer leur amour, certains gravent l'écorce des arbres de coeur et de prénoms, d'autres sèment des petits cailloux. Ici, les amoureux et les poètes inscrivent leurs rêves sur les flancs ravinés du Salagou. En dehors des points de baignade, il y a peu de monde. Quelques randonneurs le nez sur la boussole laissent leurs empreintes brouillés; des pêcheurs équipés de matériel sophistiqué fixent leurs lignes posées en éventail, sans impatience. Les scripteurs travaillent en toute quiétude, composant une mosaïque de tesselles blanches en forme de lettres, sans fioriture.


message au bord du Salagou: coeur de cailloux blancs et Allo Lolotte


Octon et Salasc indiqués sur une ancienne borne de directions
Le lac artificiel du Salagou



    Bénédict Ravenol, documentariste, enregistre régulièrement les messages du Salagou, en photo et video, car ils sont éphémères. Certains textes écrits très près de la route sont vite détruits par les nouveaux venus. Trop paresseux pour aller ramasser des cailloux, ils défont les textes existants pour écrire le leur.


message au bord du Salagou: Nous

    Bénédict relève des noms (Lolotte, David, Emeric, Quentin), des messages d’amour, des messages de haine, des messages obscurs. A chacun d’en déchiffrer le sens ou d'identifier les citations littéraires:


message au bord du Salagou: Ici la boue est faite de nos pleurs




message au bord du Salagou: L'aube flageolante


      message au bord du Salagou: derrière la muraille




Notes du  petit carnet noir de Bénédict Ravenol:
“Ici la boue est faite de nos pleurs”
"RV réveillon 00 chez Ur"
“Derrière la muraille”
“Allo Lolotte”
“Les indécelables se cachent”
“T'es mort”
" Non aux OGM"
“Le minotaure rumine à tort”
“Lulu et Nadia”
“Ici la boue est faite de nos fleurs”
" Androïde casse toi"
 
 

 
message au bord du Salagou: spirale de pierres


  
   Sur les hauteurs, des spirales et des lignes très élaborées sont faites de  grosses pierres. Simples dessins géométriques ou signes ésotériques, ces assemblages demandent du temps et de l'obstination. Couvrant parfois plusieurs ondulations de ruffe, ils sont plus proches du Land art que le banal "Allo Lolotte". Difficiles d'accès, les signes monumentaux peuvent durer plusieurs années. La tramontane souffle fort autour du lac mais pas assez pour disloquer les dessins. Les animaux et les vandales sont plus à craindre.



serpent de pierre sur les pentes du Salagou


    Il y a aussi beaucoup de coeurs et de prénoms, laissés par les amoureux. En continuant sa collecte dans les vallonnements rouges, Bénédict découvre une phrase surprenante.


Catherine-Alice Palagret
Texte et photos
août 2008

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5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 12:20

 

   Le bitume des trottoirs et des rues s'orne de signes poétiques ou utilitaires dont la signification est obscure au profane.


Signes et lettres jaunes attendant un traducteur

 

    La belle saison est propice à leur apparition.Tracés à la bombe, à la craie ou au pochoir, certains signes servent aux égoutiers, aux électriciens et aux employés du téléphone. 


Couvercles de la compagnie des eaux entourés de craie bleue

 Bientôt le bitume désigné est éventré au marteau-piqueur avec fracas, dévoilant les entrailles de la ville.
 


Flèche jaune sur le trottoir en préparation de travaux

   Conduites de gaz et d'eau, gaines electriques et téléphoniques, fibres optiques, tout s'entremêlent.



Bouche d'égout et instructions techniques




Repère jaune sur le sol


Liens sur ce blog:




Palagret
archéologie du quotidien
août 2008


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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 11:22

Suite de la minuscule saga des affiches
publicitaires, IV


    On a vu apparaître au détour des rues des affiches noires, bleues, blanches, vierges de toute publicité. Il ne s'agit pas d'une action commando des mouvements anti-pub mais seulement de la diminution des budgets publicitaires liée à une économie morose et au ralentissement estivale.
 

panneau publicitaire recouvert d'une affiche noire sans publicité
dégradation progressive


     On voit maintenant des panneaux déroulants mal entretenus où les affiches  se coincent dans le mécanisme et se replient sur elle-même.



caisson lumineux publicitaire en panne


    Sur une affiche de boisson, le jeune visage au maquillage multicolore se retrouve pris au piège; la main aux ongles rouges, prisonnière du cadre, se crispe sur le papier déchiqueté. Fin du rêve. Le message de jeunesse et d'insouciance ne passe plus.



Main aux ongles rouges et zeste d'orange sur une affiche repliée
  

   L'envers du décor laisse
voir les néons blancs et le moteur du caisson lumineux.


Néon et moteur du caisson déroulant


     Inutile d'accuser les anti-pub de tels forfaits. Les affiches sont placées trop haut, il faudrait une grande échelle ou un camion-grue pour les atteindre! Il s'agit juste d'oubli, de négligence, négligence criminelle pourraient dire les annonceurs dont les réclames sont si mal traitées.



Une affiche se décolle et se replie sur elle-même cachant la publicité


L'affiche bleue révèle une ancienne affiche violette


     On voit des affiches se décoller, laissant voir  leur envers monochrome. On voit la pub disparaître, laissant voir ... son absence.


Le message se brouille et disparaît


     Ces petits ilôts de non-communication dans un océan de communications publicitaires omniprésentes sont peu de choses. Quelques rectangles monochromes par-ci par-là, quelques plages de silence que bien peu remarque.


Panneau déroulant en mal de maintenance


   Pourtant, si c'était là l'amorce d'une tendance durable, le paysage urbain changerait radicalement. La prolifération des espaces publicitaires est telle que si seulement un dixième était abandonné, nos villes auraient un air désolé. Jusqu'à ce qu'on se décide à abattre les grands panneaux publicitaires délabrés, devenus inutiles.


Lavage de cerveau


    Pour l'instant, les « sucettes », ces panneaux sur pied qui envahissent les trottoirs, ne manquent pas de publicité. Mais peut-être un jour, ce "mobilier urbain" encombrant pourrait lui aussi rejoindre le cimetière du marketing flamboyant. On garderait juste quelques "sucettes" que les annonceurs s'arracheraient. Quelques affiches suffiraient alors à nous tenir informé des nouveautés merveilleuses qui illumineront notre vie. Et les anti-pub continueraient à coller leurs affichettes de protestation.


sticker anti-pub sur une affiche de parfum
"la pub c'est là qu'elle attaque"




voir
les affiches noires
       les affiches bleues
       les affiches blanches
     
   vie et mort d'une affiche vierge de publicité
         L'affiche verte

Catherine-Alice Palagret

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22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 20:17

Les murs peints à l'effigie de Barack Obama


    Depuis le début de la course à l'investiture démocrate, les rues des villes américaines s'ornent de fresques soutenant Barack Obama. Opposé à Hillary Clinton, qui partait gagnante, Obama l'a finalement emporté. Il est le candidat démocrate à l'élection présidentielle et affrontera le républicain John McCain en novembre 2008.


Affiche de Barack Obama sur la grille
de la Maison Blanche

"Hope", espoir. Photo: 35


     Le temps d'une photo, une affiche de Barack Obama est posée devant la Maison Blanche à Washington. S'il est élu, Obama sera le premier président noir, ou plutôt métisse, des Etats-Unis d'Amérique.

 
Fresque au croisement de Carlton Avenue et de Dean Street
Brooklyn, New York.
Photo: threecee



    A New-York, au croisement de Carlton avenue et de Dean street, on pouvait lire à coté du nom d'Obama un phrase anti-Hillary Clinton: "La seule maison qui compte pour Hillary Clinton c'est la Maison Blanche." Le slogan accusait la sénatrice de l'état de New-York de ne s'intéresser qu'au pouvoir au contraire de Barack Obama qui n'est pas un vieux renard de la politique et peut encore être crédité de plus de sincérité.


Drapeau blanc et rouge pour soutenir Barack Obama.
"Yes we can"
Photo: threecee


    Deux posters, inspirés du style Warhol, crées par Shepard Fairey sont reproduits sur de nombreux murs à travers les Etats-Unis. Le peintre, issu du street art, soutient officiellement le sénateur de l'Illinois.



Fresque de Barack Obama sur un mur de la 6è rue  à Brooklyn
"Progress" Photo: Althouse



poster d'Obama de Shepard Fairey et parodie avec Hillary Clinton.
Photo:
Jeff Poskanzer



Barack Obama sur un mur à Houston, Texas
"Hope" .Photo: Zelda


    Les mots "progrès" et "espoir" sont reproduits sur les murs, les affiches, les T-shirts, les stickers. Le sénateur de l'Illinois a réussi à mobiliser les jeunes qui jusqu'ici votaient peu en utilisant largement l'internet.


Un mur peint de Barack Obama à Bushwick, Brooklyn
Photo: Erica


Rideau de fer peint à l'effigie de Barack Obama
à Williamsburg, Brooklyn
Photo:
Shira Golding

     "C'est notre moment" proclame le rideau peint.


Sur un banc, portrait et citations de Barack Obama
Chicago. Photo:
incendiarymind


     "J'ai une vision
différente de notre futur. Au lieu de dépenser 12 billions de dollars par mois pour reconstruire l'Iraq ..... il est temps de d'investir dans nos routes, nos écoles, nos ponts et de commencer à reconstruire l'Amérique... nous avons besoin d'un changement qui marche pour les américains."


Affiche d'Obama à côté d'une fresque de Keith Haring
au croisement de Houston et Bowery à New-York
Photo: urban gazelle


Barack Obama, peinture à Houston, Texas
Photo: rhaaga


    Alors que les photos de murs peints à la gloire d'Obama sont nombreuses on n'en trouve pas sur le net représentant le candidat républicain John McCain. Son électorat conservateur est sans doute peu porté à la peinture murale!


Fresque représentant Barack Obama et le slogan
"no more Irak war"

A Seattle. Photo: Slightlynorth


     Les murs peints non commerciaux se sont developpés aux Etats-Unis à partir des années soixante. Le mur du respect, peint en 1967 à Chicago est un des plus célèbres. La fresque représentait des héros noirs.  Issu des communautés noires, les murs peints engagés se sont répandus dans tous les quartiers deshérités puis plus tard dans les quartiers en rénovation.


Mur peint politique sur le thème de l'unité raciale
"We have a future" Photo: Sojourn




Liens:
les parodies et détournements de l'affiche de Barack Obama
les murs peints publicitaires
Obama, style Warhol
SarkObama, l'affiche détournée de Shepard Fairey



Catherine-Alice Palagret


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Après avoir remporté le 4 novembre 2008,l'élection présidentielle contre le républicain John McCain, avec 52,9 % des voix et 365 grands électeurs, Barack Obama entre en fonction le 20 janvier 2009.
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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 19:32

Blanc couleur d'absence


Minuscule saga des affiches vides de publicité IV

    C'est la nouvelle mode de l'été. Après les panneaux publicitaires couverts d'affiches noires et bleues voici le blanc, un blanc couleur d'absence, de manque. Un manque à gagner pour les afficheurs. Ces rectangles vides de tout message masquent les publicités dont la durée d'affichage se terminent. Elles ne sont pas remplacées par de nouvelles.



Panneaux d'affichage vides de publicité,
recouverts de blanc



    D'habitude, quand le nombre de campagnes publicitaires diminuent en période creuse, des campagnes pour des ONG les remplacent. Cette année, place aux monochromes. Chaque compagnie d'affichage semble privilégier une couleur. Verrons nous des verts, des roses ou des jaunes?


Panneau d'affichage déroulant vide de publicité


Panneau d'affichage déroulant vide de publicité
avec tubes de néon


Chapitres de la minuscule saga des affiches vides de publicité:
VIII- Champs de couleur reposant
VII- La crise s'affiche
VI- L'affiche verte
V- Vie et mort d'un affiche vierge de publicité
III- les affiches bleues, le blues de la publicité
II- Affiches noires, suite
I- les affiches noires, crise de la publicité ou hommage à Pierre Soulages


Vie et mort d'une tranche de jambon ... de papier

L'envahissante publicité Nike recouvre le quai du métro
Numéri-flash, une affiche nous espionne dans le métro





Catherine-Alice Palagret

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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 18:12

Minuscule saga des affiches vides de publicité III

   Après les affiches noires sans publicité voici les affiches bleues. Ce tableau d'un bleu monochrome  aperçu par hasard au détour d'une rue n'est bien sûr pas une oeuvre d'Yves Klein. Son IKB, "International Klein Blue", est plus profond, plus violent. Ici la couleur bleue est pâle, couleur de ciel, apaisante. C'est une petite touche de douceur succédant, bien involontairement à la cacophonie publicitaire habituelle. La communication est devenue muette.


L'affiche bleue, panneau publicitaire sans publicité, à Paris





     Sur un autre rectangle bleu à Paris les papiers se décollent et laissent voir de la couleur: des affiches collées à l'envers?


Une autre affiche bleue, panneau publicitaire sans publicité, à Paris


    Au mois de mai, des panneaux publicitaires s'étaient couverts d'affiches noires dans le RER et le métro. Une couleur funèbre, en deuil de la publicité? Depuis, certains panneaux ont retrouvé des clients, d'autres sont toujours désespéremment vides, dédaignés par les vendeurs de voiture, de travail temporaire ou de dosettes de café.


L'affiche noire, panneau publicitaire sans publicité
dans le métro


    La désertion des camelots laisse le champ libre aux artistes anonymes.  Les déchireurs, eux, aiment enlever une petite bandelette à chaque passage. Ainsi, jour après jour, le tableau se modifie.

   
Nous sommes ainsi passé des affiches noires style Soulage à un style moins minimaliste laissant voir des déchirures roses, traces d'une ancienne affiche. La détérioration continuant, on arrive à des tableaux proches de Villéglé ou de Raymond Haines. Les tagueurs eux-aussi s'attaquent aux affiches monochromes, un trop bel espace pour être ignoré.


affiche noire, panneau publicitaire sans publicité
sur un quai de RER
déchirure rose


    Les spots lumineux continuent d'éclairer les panneaux vides, accentuant le vide et l'absence de communication (commerciale). Les temps sont durs pour les afficheurs, ils peuvent avoir le blues. L'économie stagne, le pouvoir d'achat diminue. Les budgets publicitaires sont revus à la baisse et internet en prend une part de plus en plus grande.


affiche noire, panneau publicitaire sans publicité
sur un quai de RER

progression de la déchirure rose


    Maintenant nous sommes en juillet, les parisiens partent en vacances. Traditionnellement l'été est une période creuse pour les publicitaires et les afficheurs. L'affiche bleue est alors moins surprenante.

    Les hedomaires eux aussi sont à la diète; ils perdent environ un cinquième de pages; on peut lire un article sans être distrait par de belles pages en quadrichromie nous invitant à acheter tout et n'importe quoi. C'est reposant.


affiche noire, panneau publicitaire sans publicité sur un quai de RER
ombre des spots lumineux qui n'ont rien à éclairer


   Quelques semaines de répit avant le retour en force, à la rentrée de septembre, du harcèlement publicitaire.


champ bleu, panneau publicitaire
sans publicité
, à Paris






Catherine-Alice Palagret

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5 juillet 2008 6 05 /07 /juillet /2008 18:40

Quelqu'un a-t-il des nouvelles des canards jaunes?


    Voici presqu'un an que l'armada des petits canards jaunes perdus en mer 1 est attendue sur les côtes de Cornouaille et voilà presqu'un an qu'il ne se passe rien. Un canard a été retrouvé par Mrs Penny Harris en 2007, sur la plage de  Woolacombe, mais son authenticité n'est pas prouvé. Depuis pas le moindre caneton à l'horizon. Existent-ils encore ou la corrosion du sel, la chaleur, le froid et le mouvement des vagues les ont-ils réduits en microscopiques débris qui empoisonnent les poissons.  


Petits canards jaunes servant d'appâts


   Sous la direction d'une ethnologue, Alix de la Liquière-Engueyrade (A.L.E), un groupe de ratisseurs de plage, basé à Vanuatu, expérimente depuis le printemps une nouvelle technique pour attraper les petits canards à la dérive depuis 16 ans. Cette nouvelle technique est en fait très ancienne puisqu'il s'agit de se servir d'appâts. Ayant observé divers rituels de pêche en Océanie, l'ethnologue les a adaptés. Elle a disposé des petits canards de bain, semblable à ceux de la cargaison tombés à l'eau en 1992, sur la plage, au bord des vagues. La marée les chahute, les emportant au large ou les repoussant sur le sable. Tout près, des joueurs de tambour traditionnel scandent un rythme obsédant. La vibration se transmet aux jouets en plastique. Un adolescent venu de Nova-Esperanza psalmodie un chant ancestral. Sous l'oeil hilare ou perplexe des passants, Alix et son équipe réitère ce cérémonial à chaque pleine lune.

Jusqu'ici sans succès.




Petits canards jaunes servant d'appâts


Toute information sur les canards perdus sur l'océan est la bienvenue!


Un canard jaune échoué sur le quatrième piédestal, performance d'Antony Gormley


Catherine-Alice Palagret

1- quackus latexus, rubber duckies, floatee


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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 00:52



    En Inde du sud, le spectacle de la rue est un tourbillon de couleurs, tantôt violentes, tantôt pastels. Les maisons et les saris des femmes sont roses, vertes, rouges, jaunes, bleu canard, safran. Au milieu de cette symphonie visuelle, les rayures verticales rouges et blanches sont presque sévères. Elles signalent un lieu sacré: un bassin, un temple, un autel. Tous les dieux du panthéon hindou, Vishnou, Shiva, Ganesh ou le dieu local Aiyanar (ou Ayyanar ou Ayainar) s'annoncent par des rayures rouges et blanches. Ce motif binaire obsédant rythme le paysage des villes et des campagnes indiennes.



Clôture aux rayures rouges et blanches
temple du dieu villageois Aiyanar ou Ayainar ou Ayyanar, au Tamil Nadu


    A Varanasi (Bénarès), dans l'état d'Uttar Pradesh, les marches du ghat de Kedar sont peintes alternativement de rouge et de blanc. Le pélerin, après avoir fait ses ablutions rituelles dans le Gange, le fleuve sacré, remonte vers les temples recouverts de rayures verticales.




Le ghat de Kedar à Varanasi au bord du Gange.
Rayures rouges et blanches, horizontales et verticales.



    Le blanc est une absence de couleur qui signifie le retrait du monde et de ses plaisirs, c'est la couleur de la mort. C'est aussi la couleur de la pureté et de la paix.



Nandi le taureau blanc, le véhicule de Shiva



Bakthis, pélerins de Shiva vêtus de rouge


    Le rouge au contraire est dynamique, violent, il signifie la rupture de l'ordre et la vie. C'est la couleur du feu, du piment. Les murs du temple de la déesse Durga sont peints en rouge. Elle combat les démons de l'ignorance. Khali la féroce guerrière tire une langue rouge pour effrayer ses ennemis et la paume de ses mains est rouge.



Réserve d'eau et temple à Maduraï, au Tamil Nadu

    Ces deux couleurs franches aux significations opposées sont peintes alternativement sur les clôtures des temples, répétées hypnotiquement sur plusieurs mètres. Elles mettent en garde le passant. Les rayures rouges et blanches signalent une limite, un seuil. Si vous franchissez ce seuil vous entrez dans un autre univers, l'univers sacré. Vous pénétrez dans un espace de recueillement et de ferveur, le sanctuaire des dieux.


 
Mur d'un temple aux rayures rouges et blanches
et rayures noires et blanches délimitant un terre-plein central.

Sur la route de Gingee, au Tamil Nadu

    Cette structure répétitive envoie un double message qui se trouve dans la mythologie indienne: recueillement et combat, méditation et action. Les dieux sont souvent des guerriers plus que des sages ou les deux à la fois. Comme dans la mythologie grecque, les dieux et déesses ont des relations amoureuses dignes d'un soap bollywoodien, faites de rivalités, de traitrise et de jalousie. Leur généalogie, compliquée par leurs diverses incarnations est très complexe. Brahma est le créateur, Vishnou maintient l'ordre du monde et Shiva est le destructeur mais aussi la puissance reproductrice. Ces trois dieux ne font qu'un dans la trimurti hindoue (la trinité), ils coexistent et sont complémentaires.



Chariot de cérémonie devant le temple de Tiruchirapalli.
Rayures rouges et blanches verticales et concentriques



    A Tricky (Tiruchirapalli), le temple est entouré de sept enceintes. Une partie de l'une d'elles est peinte de bandes rouges et blanches alternées. Le chariot de cérémonie et ses lourdes cordes de chanvre reste là en attendant la prochaine procession. Ses roues sont ornées de cercles concentriques et de triangles rouges et blancs.



Marches rayées de rouge et blanc descendant vers le bassin sacré
dans le temple de Kanchipuram


    A Madurai, au temple de Meenakshi, soeur de Vishnou et épouse de Shiva, les murets et les marches du grand bassin sont ornés de rayures. A Tanjore (Tanjavu) dans l'enceinte du temple de Brihadishwara, un petit temple porte des rayures délavés.



temple de Brihadishwara



Muret de séparation pas encore peint dans une rue de Varanasi



Peinture en rouge et blanc d'un muret de séparation
dans une rue de Varanasi

    Dans les lieux profanes, les rayures sont souvent de différentes couleurs: jaunes et noires le long des trottoirs. En occident aussi, les rayures signalent un seuil à ne pas dépasser sous peine de danger. Sur les routes ou les parking, les zones interdites ou à éviter sont zébrées de jaune, de noir ou de rouge et blanc.



Barrière de sécurité à Paris



    Les rayures rouges et blanches des temples hindous sont proches du motif obsessionnel de Daniel Buren.


Enceinte d'un temple au Tamil Nadu


    En Europe au moyen-âge 1, les étoffes rayées étaient une marque d'exclusion ou d'infamie. Ceux que la société chrétienne réprouvait en portaient: jongleurs, musiciens, bouffons, bourreaux, prostituées, condamnés, juifs, musulmans. On soupçonnait tous ces gens d'être des hérétiques et d'avoir commerce avec le Diable.
 

    A l'époque romantique, les jeunes gens acquis aux idées nouvelles de liberté et de progrès affirmaient leur indépendance en portant des vêtements rayés qui offusquaient le bourgeois.


    A l'époque moderne, les nazis ont repris les codes du moyen-âge en  imposant aux déportés des camps de concentration un uniforme rayé gris et blanc. Les rayures sont négatives avec l'uniforme des bagnards et des prisonniers ou les costumes à larges rayures des souteneurs. Les rayures des maillots des sportifs et celles des drapeaux sont positives. En mode, elles ne sont jamais passe-partout. Les larges rayures des robes de Courrèges  proclamaient la libération de la femme. Maléfiques ou bénéfiques, les rayures sont toujours remarquables, elles sont là pour être vues, pour désigner celui qui les porte, pour symboliser un état. Elles ne sont jamais anodines.




Ghat de Varanasi (Bénarès). Rayures rouges et blanches horizontales sur les marches et images des dieux dont Hanuman


    En Inde, les rayures encerclant les temples et les bassins sont soigneusement repeintes après chaque mousson. Après les pluies diluviennes qui apportent la vie aux terres asséchées mais aussi le chaos, il faut remettre de l'ordre, rétablir les limites.



Liens:

Catherine-Alice Palagret
juin 2008
archéologie du quotidien

1- L'Étoffe du diable - une histoire des rayures et des tissus rayés. Michel Pastoureau.


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