7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 21:16

 

    Pendant 12 heures le Grand Palais s'est transformé en cantine servant gratuitement de la soupe. Il s'agissait d'une performance artistico-culinaire de l'artiste Rirkrit Tiravanija. Sur de longues tables de bois, les convives dégustaient une soupe thaï servie par des bénévoles d'Emmaüs dans des bols recyclables. Il y avait là des touristes entrés par hasard, des visiteurs de l'expo Helmut Newton juste à côté, des bobos et fort peu de SDF. Sans internet et les articles culturels des journaux, les SDF n'ont pas eu accès à l'information. Ils auraient pourtant apprécié un bol de soupe et n'ont pu profiter de l'aubaine, artistique ou non.


 

 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 5Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija  au Grand Palais

 

 

 

   Sous la verrière, les comptoirs chargés de bols, de cuillères et de faitouts, les tables et les bancs paraissaient bien petits, perdus dans cet espace immense. Mais que se passait-il vraiment? Une fête populaire ou une installation d'art contemporain, une sculpture vivante, dont les visiteurs constituent l'oeuvre?

 


 

 

 


Soup : no soup, performance de Rirkrit Tiravanija par Palagret

 

 

 

 

 

   "Et l'art dans tout ça ? Tiravanija est l'un des représentants du courant que le critique Nicolas Bourriaud a théorisé en 1995 sous le label "Esthétique relationnelle". Manière de rassembler des artistes très variés derrière une même ambition : faire de l'art un lieu d'échange et de dialogue. Ou "l'art comme un état de rencontre". Tiravanija en est peut-être le plus bel exemple. Il a par exemple transformé un de ses espaces d'exposition en studio de musique où n'importe quel amateur pouvait venir répéter. Il a aussi fondé au nord de son pays, près de Chiangmai, une terre d'utopie appelée The Land : entre deux rizières, les plus grands artistes du monde sont invités à créer des cabanes idéales où vivre en communauté. Sans compter, on l'a dit, ses nombreux dîners. Où le "relationnel" se bornait souvent au réseautage du petit milieu de l'art, élite qui s'incrustait pour "socialiser" et disserter sur les dernières expositions visitées à New-York ou Sao Paulo.

   Pour la première fois, la "Soup/No Soup" du Grand Palais s'ouvre réellement à tous." 1

 


 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 8Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija  au Grand Palais


 

 

 

Dossier de presse: Soup/No Soup, Rirkrit Tiravanija

 


   "En pré-ouverture de La Triennale 2012, Rirkrit Tiravanija est invité à transformer la Nef du Grand Palais en un gigantesque banquet festif dont le menu consistera en une soupe Tom Ka. De midi à minuit, le Grand Palais est gratuitement accessible au public afin de partager une soupe préparée et offerte par l’artiste et son équipe. Généreux mais modeste, collectif mais singulier, Soup/No Soup se veut un grand rassemblement où chacun pourra vivre une expérience immatérielle, basée sur la rencontre et la générosité."



 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 1Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija, nef du Grand Palais

 

 

 

 

   "En créant et recréant des micro-communautés l’artiste puise toute l’énergie artistique dans les liens et les relations qui se nouent entre les participants dans ses projets. De spectateur passif, le visiteur devient acteur d’une œuvre en devenir. Fondé sur l'altérité, le nomadisme et le déplacement des signes et des contextes, le travail de Rirkrit Tiravanija est le plus souvent composé de points de rencontre, de communication et d'échange."



 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 6Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija  au Grand Palais

 

 

 

    "Cherchant à abolir la frontière entre l’art et la vie, l’artiste défie constamment les attentes, le statut et la forme de l’œuvre d’art. La production artistique originale, protéiforme et inclassable de cet artiste cosmopolite est acclamée sur la scène internationale depuis une vingtaine d’années. Ayant depuis longtemps renouvelé les codes de l’exposition et de l’espace, Rirkrit Tiravanija a rendu obsolète la dichotomie entre installation, sculpture et performance."

 

 

 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 9Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija, la cantine du Grand Palais

 

 

 

 

   "Précédées par les travaux d'autres artistes contemporains engagés dans le domaine du culinaire, comme "Food" (1971-73), le restaurant de Gordon Matta-Clark, les oeuvres de Tiranavija créent un riche dialogue avec ce que Marcel Mauss désignait comme l'inéliabilité du don, ou, en d'autres termes, la possession, le don, la réception d'objets. En outre, bien que Tiravanija privilégie les recettes thaï dans ses repas, il évite les associations simplificatrices de l'exotisme, soulignant plutôt les dimensions intangibles et interpersonnelles de l'expérience partagée."

 

 

 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 2Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija  au Grand Palais

 

 

 

 

   "Avec Soup/No Soup, la Triennale déclare d'emblée son désir de fédérer toutes ses énergies autour d'un projet artistique à la fois ambitieux et ouvert à tous. Au-delà de cette version considérablement augmentée de Soup/No Soup, La Triennale 2012 présentera, au Palais de Tokyo, un autre projet de Rirkrit Tiravanija."


 

 

Grand Palais Soup Rirkrit TIRAVANIJA 7Le cuisinier et Rirkrit Tiravanija

 Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija  au Grand Palais

 

 


 

Grand Palais, Paris

Soup / no soup, performance de Rirkrit Tiravanija

 samedi 7 avril 2012, de midi à minuit

accès gratuit

 

 

Intense proximité
Du 20 Avril au 26 Août, 2012
 Palais deTokyo

 


 

 

Palagret

cuisine et art contemporain

photos Palagret Creative Commons

avril 2012

 

 

Source:

1- in Le Monde,  Emmanuelle Lequeux

 


 


 

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 11:58

 

   Les new-yorkais verront-ils un jour l'improbable spectacle d'une locomotive grandeur nature pendue à une grue, sifflant de la vapeur au milieu des gratte-ciels?

 

 

 

Koon train NYsimulation du Train de Jeff Koons près de la High Line  à New-York

 


 

"La puissance et la dynamique du Train représente l'énergie éphémère qui irrigue la Cité chaque jour.” 1



      Voilà cinq ans que le Lacma (Los Angeles County Museum of Art) a présenté le mirifique projet de locomotive suspendue de Jeff Koons. La réplique grandeur nature d'une locomotive à vapeur Baldwin 1943 devrait être suspendue à une grue haute de 49 mètres. Une réplique très réaliste, en acier et fibre de carbone, avec des roues qui tournent, de la vapeur et un puissant sifflet. Un projet estimé à 25 millions de dollars.


 

 



 

    La crise est passé par là et les donateurs nécessaires à la réalisation du projet se font plus rares.  Le directeur du Lacma Michael Gowan reconnait que les études de faisabilité ont montré que le train est sans danger, possible mais beaucoup plus compliqué qu'on pouvait l'imaginer. Carlson & Co, auteur de l'étude avant de faire faillite en 2010, comparait la locomotive à une attraction pour Disneyland à cause de sa complexité.

 


"Pour être honnête, nous avançons pas à pas ... Le conseil d'administration du musée ne s'est jamais engagé à construire le train. Il s'est engagé à étudier le projet." déclare Gowan.


 

 

Maquette du projet de Jeff Koons pour le LACMA: locomotive suspendue à une grue

   

 


        Pendant que le Lacma traîne, New-York est intéressé par le projet de Jeff Koons, à côté de la High Line. La High line, une voie ferroviaire aérienne désaffectée, a été transformée en jardin suspendu, comme la promenade plantée de Reuilly sur le viaduc des Arts à Paris, sur l'ancienne ligne de Vincennes.

 

    Pour Robert Hammond, fondateur des Amis de la High Line, le train serait un signal fort au-dessus de la ligne ferroviaire disparue qui surplombait Chelsea à Manhattan. Un train vertical dans une cité verticale, croisant l'horizontal des rails serait un rappel historique des convois de marchandises qui passaient là, un symbole du passé industriel de la ville. L'oeuvre de Jeff Koons pourrait être située entre la 30ème et la 34ème rue, près du West Side Highway.

 


 

NY High line project 2Maquette de la High Line transformée en promenade à New-York


 

   Les Amis de la High Line n'ont pas les fonds pour construire et entretenir une oeuvre si complexe. Ils espèrent un généreux donateur. Et si le Lacma et New-York joignaient leur forces pour diminuer les coûts et avoir un train géant des deux côtés de l'Amérique, comme un hommage à la ligne transcontinentale? Les discussions sont ouvertes et Jeff Koons ne s'y opposerait pas mais le train en deux exemplaires aurait-il autant d'attrait? Deux Tour Eiffel ou deux Tour Orbit auraient-elles moins d'impact sur le public?


NY-High-line-project.jpgMaquette de la High Line transformée en promenade à New-York

 

 

 

 

   Originellement prévue pour le musée de François Pinault sur l'île Seguin puis à Los Angeles, la locomotive de Jeff Koons se posera-t-elle enfin à Los Angeles, à New-York ou dans les deux villes?


 


Train-crane-steam-Koons.jpgMaquette animée du Train de Jeff Koons: les roues tournent et la vapeur fait siffler la locomotive

    Les coûts d'installation et de maintenance d'oeuvres géantes en plein air sont énormes mais de tels projets démesurés sont rentables car ils attirent les touristes. The Gates, les magnifiques portes de Christo à Central Park, ont coûté 21 millions de dollars mais ont rapporté environ 254 millions de retombées économiques.



 Train-crane-Koons.jpgJeff Koons devant la maquette du Train pour le LACMA


Palagret
art monumental pop
mars 2012

Liens sur ce blog:

La locomotive suspendue de Jeff Koons bientôt à Los Angeles

La locomotive de Jeff Koons déraillera-t-elle avant d'être lancée?

La visite de l'atelier de Jeff Koons mise aux enchères

Rabbit, le lapin de Jeff Koons, à la parade de Macy's

L'art contemporain et Jeff Koons à Versailles

Seize sculptures de Jeff Koons bientôt à Versailles

Sources:

1- Jeff Koons

High Line on street-view

L.A Times

NY Times

 


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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 22:57

 

   Car casse modulable et participatif, Multiplicars, le projet de Benoist Buttin, s'est effondré comme prévu dimanche soir au Point Ephémère. Illustration ludique de la folie consumériste, les petites voitures empilées se sont éparpillées sur le sol. Les contributeurs ont choisi les plus belles pièces pour les photographier et envoyer le cliché à Benoist Buttin. 

 

 

Multiplicars Benoist Buttin 6333Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère


 


Multiplicars, Benoist Buttin au Point Ephémère... par Palagret

 

 


 

Multiplicars Benoist Buttin 6334Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère

 

 

Multiplicars Benoist Buttin 6329Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère


 

Multiplicars Benoist Buttin 6340

Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère

 

 

 

Voir explications dans l'article précédent


 

 

Multiplicars Benoist Buttin RER 5Multiplicar en voyage

 

 

 

 

Multiplicars de Benoist Buttin

Co-conception Alexandre Diner

Dans le cadre du festival "Ici et demain 2012"

Entrée gratuite

Du vendredi 9 mars au dimanche 11 mars 2012

samedi de 12h à 2h, dimanche de 12h à 21h

Point Ephémère, 200 quai de Valmy, Paris

01 40 34 02 48

 

 

 

 

Lien sur ce blog:

Point Éphémère: auto-stop fantasmé au bord du canal Saint-Martin

 

 

Photos des voitures dans Paris


 

 

 

Palagret

archéologie du quotidien

mars 2012


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 17:40

 

 

   Des serpents, ou des vers géants, aux couleurs acidulées occupent le sol de la galerie Emmanuel Perrotin. Un vivarium ludique et poétique où les boudins de tissus piqués de perles et d'épingles ne contiennent que du sable.

 


Estève Perrotin serpents1sans  titre, 2011, détail, Lionel Estève

 

 

 

 On reconnait les queues effilées des reptiles, les ventres gonflés mais pas les gueules ni les langues fourchues. Des simulacres de reptiles inoffensifs ou des boudins de porte pour arrêter les courants d'air. Des sculptures tout simplement.


 

Estève Perrotin serpents 1sans  titre, 2011, détail, Lionel Estève

 

 

   L'installation poétique de Lionel Estève est bien loin de la démesure de Joana Vasconcelos, autre artiste travaillant le textile.



 

Estève Perrotin serpents détailsans  titre, 2011, détail, Lionel Estève

 

 

Dossier de presse

   Le mystère est selon Lionel Estève le statut le plus enviable d’une œuvre d’art : anonyme, sans date et à l’origine incertaine. Il avait d’ailleurs élaboré un graphisme au sol (« myope et amnésique », CAC Brétigny, 2005) en résonance avec les immenses et inexpliqués dessins Nasca. A l’occasion de sa troisième exposition à la Galerie Perrotin, Lionel Estève développe un environnement, empirique et sensuel, constitué de sculptures longues de 10 à 15 mètres. ...


 

Esteve-Perrotin-serpents-fausse-porte.jpgPassage(bleu), fausse porte et détail de sans titre, Lionel Estève

 

 


  Quelques portes en trompe-l’oeil schématisées par de grosses poignées en verre et une ligne sur le mur inventent désormais une autre circulation à travers un espace mental imaginaire et inaccessible.


 

 

Estève Perrotin cailloux tableaux 8Une ligne / a line, 2011, 113 pierres, aquarelle, vernis acrylique,

Frontières, quatre tableaux, Lionel Estève

 


    Lionel Estève reproduit librement la vision panoramique d’une voûte céleste composée de perles multicolores — tels ses mobiles fragiles en mouvement qu’il a précédemment montrés à la Galerie et ailleurs (Art Unlimited/Art Basel, 2005 ; Fondation Hermès, La Verrière, Bruxelles, 2011). Au pied de ce ciel étoilé, un paysage de pierres en partie peintes à l’aquarelle évoque le lit d’une rivière, l’espace d’exposition se métamorphose en site du Land Art.



Estève Perrotin caillouxUne ligne / a line, 2011, détail, 113 pierres, aquarelle, vernis acrylique, Lionel Estève


 

Estève Perrotin tableauFrontière, détail, Lionel Estève

 

 


    La troisième salle est recouverte de grands dessins aux motifs géométriques blanc sur blanc. Ces images fantomatiques fugitives convoquent l’art cinétique mais aussi le mouvement De Stijl (Theo van Doesburg, El Lissitzky) par leur économie de moyens et leur motifs à la fois dynamiques et aériens.

 

 

Estève Perrotin serpents 9sans  titre, 2011, et passage (rouge) 2012, Lionel Estève

 

 

  Hors du réel, le lieu de l’exposition devient un espace intérieur hanté par des phobies à la fois attirantes et contradictoires. Les œuvres énigmatiques de Lionel Estève enveloppent le visiteur de leur secrets fantasmés, recréant un univers fictionnel proche de ceux de Lewis Carrol ou Magritte.

 

 


Lionel Estève

Du 14 janvier au 3 mars 2012

Galerie Emmanuel Perrotin

76 rue de Turenne, 75003 Paris

 


 

Liens sur ce blog:

Joana Vasconcelos, contamination textile à Versailles en juin 2012

L'art brut de Judith Scott: cocons multicolores et totems au Collège des Bernardins

 

 

 

Palagret

art contemporain

mars 2012

 


 

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 23:22

 

   4000 petites voitures de carton empilées formeront une voiture, de la taille d’une demi-voiture « réelle », qui finira sans doute par s'écrouler. Multiplicars interroge la société actuelle autour de la production et de la consommation de masse. 

 


 

Multiplicars Benoist Buttin Ephémère 8Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère


 

 


Multiplicars de Benoist Buttin par Palagret

 

 

    Multiplicars est un projet participatif de Benoist Buttin, étudiant à l'Ecole Spéciale d'Architecture de Paris. Chacun peut venir au Point Ephémère, au bord du canal Saint-Martin, pour participer à cette expérience ludique. Il suffit de décorer et de plier une petite voiture, ou plusieurs, et de les ajouter aux autres. L'écroulement possible de cet entassement symbolisant le consumérisme est prévu dimanche soir.

 


 

Multiplicars Benoist Buttin Ephémère 3Patrons de petites voitures à construire

Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère

 

 

 

    Vendredi après-midi, il y avait encore peu de voitures pliées mais durant tout le week-end, les visiteurs vont fabriquer les modèles réduits et, couche après couche, une grande voiture stylisée prendra forme. 

 


 

Multiplicars Benoist Buttin Ephémère 6Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère

 

 

 

Multiplicars Benoist Buttin Ephémère 7Décoration des modèles

Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère

 

 

 

Multiplicars Benoist Buttin Ephémère 2Multiplicars de Benoist Buttin au Point Ephémère

 

 

      voir la suite de l'empilage et son écroulement

 

 

 

Multiplicars de Benoist Buttin

Co-conception Alexandre Diner

Dans le cadre du festival "Ici et demain 2012"

Entrée gratuite

Du vendredi 9 mars au dimanche 11 mars 2012

samedi de 12h à 2h, dimanche de 12h à 21h

Point Ephémère, 200 quai de Valmy, Paris

01 40 34 02 48

 

 

 

 

Lien sur ce blog:

Point Éphémère: auto-stop fantasmé au bord du canal Saint-Martin


 

 

 

Palagret

archéologie du quotidien

mars 2012

 

 


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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 00:21

 

   Une belle chouette effraie, ailes déployées, est prise au piège d'une cage faite de fils tendus où sont accrochées des mouches et des graines. Elle se reflète sur une surface polie noire. Le temps est suspendu. Avec Here is the End of All Things (Ici est la fin de toutes choses) Claire Morgan expose la plus belle oeuvre de Bêtes off à la Conciergerie.


 

 

Bêtes off Claire Morgan end chouette 4Here is the End of All Things - 2011 - Graines de pissenlit, mouches, une chouette empaillée

nylon, plomb, acrylique - 4 cubes chacun 240 x 150 x 150 cm 

Claire Morgan à la Conciergerie

 

 

 

 

    Here is the End of All Things, la sculpture installation de Claire Morgan est à la fois ample et minutieuse, solide et fragile, poétique et mathématique. La dame blanche arrêtée en plein vol, oiseau empaillé défiant la gravité, introduit le chaos dans les fils rigoureusement tendus à égale distance qui forment quatre cubes. Le souffle de l'air anime les centaines de mouches et de graines ébourrifées.



 

 

Bêtes off Claire Morgan end chouette 8Here is the End of All Things, 2011

Claire Morgan à la Conciergerie


 

  Dans ce grand reliquaire, la chouette empaillée incarne la vulnérabilité de toutes choses, elle parle de vie et de mort. Légère comme un rêve et angoissante comme un cauchemar.

 


 

Bêtes off Claire Morgan end chouette grainesDétail des graines, Here is the End of All Things, 2011

Claire Morgan à la Conciergerie

 

 

 

«Beaucoup trouvent mon travail féminin, sans doute à cause des fils tendus autour des animaux captifs. L'équation classique : fil, couture, femme ? Je suis sculpteur, c'est peut-être plus masculin. Sans être agressive, je recherche une présence forte, une certaine puissance qui attire l'œil du public et le fasse penser. Je ne travaille pas dans le petit, le délicat, le mignon. En suspendant des objets dans l'espace, j'anticipe un changement, entre le statique et le mouvement.» déclare Claire Morgan. 1 


 

 

Bêtes off Claire Morgan end chouette mouchesDétail des mouches, Here is the End of All Things, 2011

Claire Morgan à la Conciergerie

 

 

    "Mon oeuvre parle de notre relation avec le reste de la nature à travers les notions de changement, du temps qui passe et le côté éphémère de tout ce qui nous entoure. Pour moi, la création de structures apparemment solides ou de formes à partir des milliers d'éléments individuellement suspendus a une relation directe avec mon expérience de ces forces. Il y a un sentiment de fragilité et un manque de solidité qui chemine à travers toutes les sculptures. Elles se situent quelque part entre mouvement et immobilité, et donc en possession d'une certaine énergie." 2


 

 

Bêtes off Claire Morgan end chouette 5Les quatre cubes de Here is the End of All Things, 2011

Claire Morgan à la Conciergerie

 

 

 

 

   "Les titres des oeuvres sont importants et font référence à la l'histoire ou à la culture populaire contemporaine. ... Bien que les phrases aient une histoire spécifique, le choc entre le titre et la forme peut apporter une ambiguité voulue en créant une confusion volontaire." 2

 

  Le titre "Here is the End of All Things" se réfère à  "Hic terminus Haeret" un vers de l'Enéide de Virgile. Didon, abandonnée par Enée supplie les dieux de le punir. 


 

 

Bêtes off Claire Morgan end chouette 9Here is the End of All Things, 2011

Claire Morgan à la Conciergerie

 

 

 

 

    "Hic terminus Haeret" est aussi la devise de Claude Gouffier, grand écuyer de France de François I à Charles IX, marquis de Caravas. Dans son château d'Oiron, où Claire Morgan a exposé, la devise latine est présente partout, dans la pierre, la céramique, les entablements. La devise est ambigüe. Elle peut vouloir dire ce château est une merveille et ne pourra pas être surpassé, ou ici tout se termine car j'ai atteint mon but, ou ici tout ce termine car Oiron est ma retraite et j'y mourrai. Terminus est un dieu romain, protecteur des limites, des bornes, des champs des territoires humains.

 

   Les oeuvres de Claire Morgan forment tout un bestiaire: oiseau (the fall), écureuil, rat, taupe, papillon, héron posé sur un piédestal, renard (while you where sleeping, fantastic Mr Fox), lapin, mouette (gone withe the wind). Elle trouve dans la campagne des animaux morts et les empaille elle-même.


 

 

Bêtes off Claire Morgan end chouette mouches 8

 

 

 

 

 


 

"Les processus nécessaires au travail sont laborieux, il y a des milliers d'éléments impliqués mais la clarté de la forme est de la plus haute importance. Je ne souhaite pas que les animaux fournissent un récit mais plutôt qu'ils introduisent un élément de mouvement, ou d'énergie, ou une sorte de réalité; qu'ils animent ou interagissent avec les plus grandes formes architecturales." 2


 

 

 Claire Morgan fluidFluid de Claire Morgan

 

 

 

 « J'ai de l'aide pour mesurer les fils ou tenir les carrés de métal qui servent de lest. Je déteste l'idée de faire faire. Je taxidermise moi-même mes animaux, j'ai appris toute seule. Je m'en sers comme modèles pour dessiner, et comme matières premières que j'applique sur la feuille, des reliques. Je ne m'imagine pas commander la mort d'un animal pour faire une sculpture.» 2



   

Claire Morgan garden Garden de Claire Morgan



 

 

 

Bêtes Off

Conciergerie, 2 boulevard du Palais, Paris 2è

Du 16 novembre 2011 au 11 mars 2012 
Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h

sauf le 25 décembre et le 1er janvier

Dernier accès 45 minutes avant la fermeture.


 

 


 

Liens sur ce blog:

Bêtes off à la Conciergerie, la violence faite aux licornes: Xue Sun, Renaud-Auguste Dormeuil, Maïder Fortuné

Bêtes off à la Conciergerie: dépouille fabuleuse, le tatou de Huang Yong Ping

 

 

 

Palagret

art contemporain

février 2012  

 

 

Source:

1- in Le Figaro

2- site de Claire Morgan

Photos des oeuvres de Claire Morgan

Hic terminus haeret

 


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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 16:11

 

    Joana Vasconcelos contaminera les jardins et le château de Versailles en juin prochain. Contamination est le titre de l'oeuvre géante exposée à la Biennale de Venise en 2009. Dans l'atrium du Palazzo Grassi, une prolifération de boudins, de tentacules et de peluches colorés s'accrochait aux murs et aux arcades du palais vénitien. Mêlant crochet, tricot et couture, des activités traditionnellement féminines, la plasticienne portugaise crée un univers étrange, ludique et un peu inquiétant.

 


 

Vasconcelos contamination by Marco PompeiContamination exposé à Sao Paulo, Joana Vasconcelos

photo Marco Pompei


 

 

 Joana Vasconcelos s'est fait connaître avec "a noiva" (The bride, la jeune mariée) en 2005 à la Biennale de Venise. La sculpture haute de 5 mètres représente un lustre fait de 25000 tampax. Vasconcelos joue avec la grande taille de ses sculptures et la minutie des détails. Elle associe le chandelier, signe de richesse ostentatoire, et les tampons le plus souvent cachés, signe de féminité. Le blanc virginal parle de sang.


 

 

Vasconcelos Noiva 104 399A noiva, Joana Vasconcelos au 104

 

 

 

 

 Comme les Nouveaux Réalistes, Joana Vasconcelos s'approprie des objets du quotidien qu'elle agglutine et transforme. Non sans humour, elle recouvre des chats, des crabes, des pianos, des téléviseurs ou des statues de crochet. Le crochet, un art traditionnel portugais, est plus souvent associé aux petits napperons qu'aux installations gigantesques d'art contemporain.


 

 

Vasconcelos contamination 2 Palazzo GrassiContamination au Palazzo Grassi, Joana Vasconcelos


 

   Joana Vasconcelos est la dernière invitée à Versailles de Jean-Jacques Aillagon. Celui qui avait fait venir, non sans polémique, Jeff Koons, Xavier Veilhan, Murakami et Bernar Venet dans le domaine du Roi-Soleil a été remplacé par Catherine Pégard. Une nomination controversée puisque Mme Pégard, ancienne journaliste et conseillère politique du Président Nicolas Sarkozy n'a aucune compétence culturelle particulière pour ce poste.


 

 

Vasconcelos-Versailles-Royal-Walkyrie-Galerie-des-Batailles.jpgJoana Vasconcelos

 

 

   Les sculptures textiles de Joana Vasconcelos devraient se répandre dans les appartements et les jardins du château de Versailles en juin prochain. Comme des entrailles sortant d'une blessure, Contamination est en perpétuelle expansion, l'oeuvre change selon les lieux et les trouvailles de la plasticienne. Contamination sera-t-elle exposée à Versailles? Il y aura des oeuvres anciennes et des oeuvres nouvelles. Une tapisserie de 23m2 sera crée pour l'occasion.

 

   Avant d'exposer à Versailles, Jeff Koons avait réalisé un portrait de Louis XIV en aluminium, Bernar Venet avait dessiné des croquis du jardin en y plaçant ses sculptures, Murakami, comme beaucoup de japonais, grâce au manga "La rose de Versailles", s'intéressait au château. Pour sa part, Joana Vasconcelos a intitulé en 2007 une de ses statues recouvertes de crochet "Madame du Barry".


 

 

Art Paris Joanna Vasconcelos Suzette sculpture 2180Suzette de Joana Vasconcelos, 200 x 45 x 40, 2010

ciment, acrylique, crochet, globe en plastique, ampoule

 

 

 

    Comme Louise Bourgeois, Yahoi Kusama et Tracy Emin, Joana Vasconcelos démontrent que les travaux d'aiguille transfigurés par la taille ou l'ironie deviennent des oeuvres d'art.

 

 

 

 

 


Sculptures Joana Vasconcelos par Snap



 

 Née à Paris, Joana Vasconcelos vit et travaille à Lisbonne au Portugal.


 

Joana Vasconcelos à Versailles

Du 19 juin au 30 septembre 2012

 

 

 

Lire aussi:

Mary Poppins à Versailles, sculpture molle hallucinatoire de Joana Vasconcelos

Joana Vasconcelos: la noiva (la mariée), un lustre d'une blancheur virginale au 104

Patrimoine et art contemporain à Versailles: esprit de sérieux et dérision avec Koons, Murakami, Vasconcelos, etc

Tracy Emin, Love is what you want, un impudique journal intime à la Hayward Gallery

Yayoi Kusama et l'obsession des petits pois (dots) à La Villette

L'araignée géante de Louise Bourgeois aux Tuileries

Infinity, la toile d'araignée de Chiharu Shiota à la galerie Templon

Journée des femmes: Agnès Thurnauer réécrit l'histoire de l'art au féminin

 

 

 

site de Joana Vasconcelos

Joana Vasconcelos au travail

 

 

 

 

 

Palagret

art contemporain et patrimoine

février 2012

 

 

 

 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 21:12

 

   Une immense toile d'araignée a envahit la galerie Templon. Tissée par l'artiste japonaise Chiharu Shiota, le réseau de fil de laine noire va du sol au plafond. Quelques lampes jaunes éclaire Infinity par intermittence. La pulsation de la lumière fait vivre la toile.

 


Shiharu Shiota Templon Infinity 0Infinity de Chiharu Shiota, installation in situ

ampoules électriques, laine noire, pièce unique, dimensions variables 


 

    L'installation est une oeuvre in situ, elle n'existe telle qu'elle qu'à la galerie Templon. Infinity peut être installée ailleurs mais elle sera différente. L'oeuvre coûte 40 000€ non compris les frais de production.

 

 

Shiharu Shiota Templon Infinity 2Infinity de Chiharu Shiota, installation in situ

 

 

 

Dossier de presse

 

   L’œuvre de Chiharu Shiota, mêlant performance, body art et installation, place le corps au centre de sa pratique sculpturale. L’artiste a été l’élève de Marina Abramovic à Hambourg dans les années 1990. Son langage artistique s’est nourri des influences des précurseurs Louise Bourgeois, Eva Hesse, ou Ana Mendieta, tant au niveau de l’expérimention physique et du travail sur l’inconscient qu’à travers le choix de matériaux délicats et traditionnellement liés à la féminité – tissus, fils.


 

Shiharu-Shiota-Templon-Infinity-8.jpgInfinity de Chiharu Shiota, installation in situ

 

 

 

 

   Avec sa série d’installations en fils entremêlés, débutée en 1996, Chiharu Shiota transforme l’œuvre d’art en extension de son propre corps absent - à l’image de la toile d’araignée produite par l’insecte.


    L’artiste tisse de vastes environnements en fils de laine noirs qui emprisonnent des objets évocateurs - instruments de musique, robes de poupées, chaussures, lits. Ces objets, flottants, libérés de leur utilité première, nous renvoient à des visions poétiques et émouvantes. Ils convoquent des souvenirs, soulignent des absences.


« J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de commun entre le silence du piano brûlé et le silence sur le trajet qui me ramène chez moi, et que cela est profondément enfoui dans mon cœur » révèle l’artiste.

 


 

Shiharu Shiota Templon Infinity 9Infinity de Chiharu Shiota, installation in situ

 

 

 

    Le réseau graphique qui connecte les éléments évoque la puissance des liens interpersonnels, l’inévitable dépendance du sujet à ses racines, autant de relations mises à mal par l’individualisme de la culture occidentale contemporaine.


 

 

Shiharu Shiota Templon Infinity 6Infinity de Chiharu Shiota, installation in situ


 

 

« Les fils sont tissés l’un dans l’autre. Ils s’enchevêtrent. Ils se déchirent. Ils se dénouent. Ils sont comme un miroir des sentiments » écrit Chiharu Shiota.


 

 

Shiharu Shiota Templon Infinity 1Infinity de Chiharu Shiota, installation in situ


 

 

   Née à Osaka au Japon en 1972, Chiharu Shiota vit et travaille à Berlin depuis 1997. Elle a suivi des études à l’Université des Arts de Berlin puis à l’Université des Beaux Arts d’Hambourg et a travaillé dans l’atelier de Rebecca Horn. Chiharu Shiota a performé et exposé, notamment, au Domaine de Kerguéhennec en 1997, au Kunstmuseum de Bonn en 2000, à l’Eglise Sainte Madeline à Lille en 2004, à la Neue Nationalgalerie à Berlin en 2006 et au National Museum of Art d’Osaka en 2008. Dans le cadre de la dernière Biennale de Venise, l’artiste a investi la Gervasuti Fondation avec « Memory of books ». Chiharu Shiota a également conçu le décor de l’opéra « Matsukaze » mise en scène par Sasha Waltz et montrée à Bruxelles au Théâtre royal de la Monnaie et à Berlin au Staatsoper en 2011.


 



Shiharu Shiota Templon Infinity 7Oeuvre de Chiharu Shiota

 

 

 

 

 

Chiharu Shiota : Infinity

Galerie Daniel Templon

Du 31 janvier au 18 février 2012

Du mardi au Samedi de 10h à 19h

30, rue Beaubourg 75003 Paris


 

 

Dans l'autre galerie Templon:

Néon et art contemporain: He An, enseignes brisées

 

 

Pascal Bernier, la séduction de l'araignée à Art Paris 2012 

 

 

 

Palagret

art contemporain

janvier 2012

 


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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 18:04

 

     Le 18 janvier, The Village Voice de New-York annonçait non sans humour la mort de Damien Hirst, très célèbre peintre de petits pois:

"Damien Hirst, l'artiste le plus riche du monde, est mort le 12 janvier à New-York à la suite de diverticulite aiguë provoquée par une spéculation crapuleuse, grossièrement cynique, dans un effort intellectuellement constipé de produire onze expositions de merde coûteuse et rabâché. Il avait 46 ans." 1


 

 

Damien Hirst spot painting Gagosian Paris 2Zinc Lactate, 1999, détail, spot painting, Damien Hirst

 

 

 

 

   Le Village Voice, souffrant sans doute d'indigestion devant "The Complete Spot Paintings: 1986–2011", les onze expositions de Damien Hirst dans les galeries Gagosianétrille l'artiste trop célèbre et trop prolifique avec une cruelle nécrologie. L'éloge funéraire est une critique acerbe du "Young British Artist" assimilé à un homme d'affaire avisé faisant tourner sa petite entreprise de peinture à la chaîne. Hirst, roi du marketing, avoue avoir lui-même peint seulement cinq spot paintings avant de déléguer le travail à ses nombreux assistants.


 

 

Hirst Gagosian spot painting 3305Cephalosporin C, spot painting, Damien Hirst

 

 

 

   Suite à la nécrologie du Village Voice, des journaux ont relayé l'information, de nombreux admirateurs ont exprimé leur tristesse sur Facebook. La mort annoncée de l'artiste anglais n'était qu'un brillant canular; Damien Hirst est bien vivant et prêt à produire un tableau avec un million de spots. Il lui faudra neuf ans pour finir son grand oeuvre, si le Village Voice et le marché ne l'enterre pas avant.

 


 

 Damien Hirst St Elmo's FireDamien Hirst posant avec le squelette se "St Elmo's fire"

 

 

 

 

   La farce de sa fausse mort est assez drôle pour un artiste dont les oeuvres exploitent l'idée de la mort avec des crânes et des animaux coupés en deux dans du formol ou écorchés. Damien Hirst aime bien poser devant des squelettes en faisant le clown. La mort, même pas peur!


 

 

Damien Hirst spot painting Gagosian Paris 5Spot paintings de Damien Hirst, Galerie Gagosian de Paris

 

 

 

 

   Très bien exposés dans le white cube de la galerie Gagosian à Paris, les spot paintings de Damien Hirst ont un certain charme décoratif et donnent une impression de sérénité. Cependant, il serait sans doute fastidieux de voir les dix autres expositions dans le monde.

 

   Certains amateurs fortunés se prêtent au jeu et font le tour des galeries Gagosian de Rome à Hong-Kong et de New-York à Athènes. Les globe-trotteurs font tamponner une carte attestant de leur visite et quand tous les ronds sont remplis, ils gagnent une oeuvre sur papier de Damien Hirst. Il n'est pas précisé si l'oeuvre est réalisée par l'artiste lui-même ou par un assistant.

 


 

Hirst Gagosian spot painting 3303Zinc Lactate, 1999,  spot painting, Damien Hirst

 

 

 

   Les tableaux qui pourraient être simplement numérotés ou classées par taille portent des noms compliqués de substances chimiques. Ils sont regroupés en série: antibiotics, controlled substances, sedatives, radio chemicals, venoms. Les jolis pois colorés sont ainsi associés à des dénominations anxiogènes. Les pois sont aussi des pilules pharmaceutiques pour nous calmer ... ou nous énerver.



 

 

Damien Hirst spot painting Gagosian Paris 7N-Methylurea, 2005, Household gloss on canvas

120 x 120 inches  (304.8 x 304.8 cm), Damien Hirst

 

 

 

 

DAMIEN HIRST

The Complete Spot Paintings 1986-2011

Du 12 janvier au 18 février 2012
Galeries Gagosian de: Athens - Beverly Hills - Britannia street, Londres - Davies street, Londres - Genève - Hong-Kong - Paris - Rome -  
Madison avenue, West 21st street, West 24st street à New-York
rue de Ponthieu, Paris 75008


 

 

 

Palagret

art contemporain

janvier 2012

 

 

Source:

The Village Voice

1- Damien Steven Hirst, the world's richest artist ($332 million according to Britain's Sunday Times), full-time businessman, part time art-collector, sometime restaurateur, P.T. Barnum imitator, and most famous member of the Young British Artists (or YBAs), a creative covey who came to prominence in the 1990s, died last Thursday, January 12, in New York following complications from acute diverticulitis brought on by a swinishly speculative, grossly cynical, intellectually constipated effort to pinch out 11 concurrent exhibitions of rehashed expensive crap. He was 46.

 


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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 21:03

 

   Dans l'obscurité de la nuit, He An vole des lettres en néon aux enseignes lumineuses de Wuhan, sa ville natale, comme il l'explique dans son interview:

           " Je suis né à Wuhan, j’ai grandi dans cette ville et à la fin, elle m’a rejetée. C’est avec des moyens un peu puérils que j’essaie de me ré-approprier l’amour de cette ville."

 


 

He An néon expo Templon 1916He An, néons à la galerie Daniel Templon

 

 

 

 

   "Tout ce que j’ai appris, je l’ai appris dans cette ville. Mais aujourd’hui, c’est comme si j’avais vécu un rêve et que je me réveillais. Tout a changé. On a du mal à distinguer ses rêves de la réalité." ...  "C’est probablement un sentiment commun à toute ma génération, car l’urbanisme chinois s’est tellement développé, la ville a tellement changé, que tout le monde a cette sensation de se faire rejeter dans le vide dans le néant "

 


 

He An néon expo Templon 1He An, néons à la galerie Daniel Templon

 

 

 

 

    L'enseigne publicitaire est détournée de son utilité commerciale, elle ne propose plus des biens à acheter mais diffuse des message intimes.

« Chaque idéogramme volé est une parcelle de l’âme de ma ville que je me ré-approprie. Je transforme l’âme de ma ville et ma propre âme »

 


 

 

He An néon Yoshioka Miho Templon 2He An, néon Yoshioka Miho

 

 

 

 

      Etudiant, He An était fasciné par  Yoshioka Miho, une actrice porno japonaise, dont il regardait les cassettes clandestinement, le porno étant interdit en Chine à l'époque. En hommage à l'égérie érotique de son adolescence, il épelle son nom en idéogrammes, un écho aux chambres du Red Light District, le quartier de la prostitution. "C’est un peu comme voler le sous-vêtement d’une fille. ... Il ne s’agit pas de le dérober, mais de voler un fantasme à son sujet, un morceau d’elle. C’est une assimilation psychologique et imaginaire".


 

 

He An néon expo Templon 1918He Taoyuan, néon de He An en hommage à son père

 

 

 

 

     Eparpillés sur le sol de la galerie des idéogrammes en mauvais état forment le nom du père de He An, « He Taoyuan »un ouvrier  brisé par le système communiste selon lui. Après la mort de son père, He An est parti à la recherche de signes composant le nom de celui-ci.


 

 

He An néon expo Templon 9He Taoyuan, néon de He An en hommage à son père


 

 

   "A Wuhan, certains de mes amis font maintenant partie de bandes criminelles. D’autres occupent des postes importants dans la police. L’un de mes amis en est. Pour créer mes œuvres, j’ai négocié avec lui : tous les jours il met à ma disposition quatre ou cinq malfrats qui se procurent une voiture et viennent m’accompagner à la recherche des idéogrammes. Il les repèrent et les font tomber des immeubles, puis s’enfuient avec. Pour moi, c’était le moment le plus romantique, le plus beau de toute ma vie. Pendant l’hiver, la nuit, personne dans les rues, je me sens vraiment le roi de la ville ».

 


 

He An néon expo Templon 7Let's see whether brother can help her, He An

 

 

 

 

 

Interview de He An

 

 

 

   En 2000 à Shenzhen, He An installe dans la rue un néon rouge long de douze mètres disant en chinois: "Tu me manques, s'il te plait appelle moi" suivi de son numéro de portable. Des centaines de gens l'ont appelé, la plupart ignorant sans doute qu'il s'agissait d'une oeuvre d'art.

 

 

   En 2008 à Birmingham, sur le toit du parking Digbeth sur Moat Lane, He An proclamait en néon blanc: "I talked to Ah Chang on the way to work. After work I ended the relationship. I stood in Paradise Circus and cried for hours…" , "J’ai parlé avec Ah Chang en allant au travail. Après le travail, j’ai mis fin à notre relation. Je suis resté des heures à pleurer à Paradise Circus." Les lettres latines et les idéogrammes chinois formant un extrait de l'histoire intime de He An sont restés plus d'un an sur le toit du garage, laissant perplexes les passants.


 

 

He-An-Birmingham-by-bounder.jpgEnseigne de néon blanc de He An à Birmingham, 2008

Photo de Bounder

 

 

 

    En collectant ou dérobant des enseignes de néon usées par le temps, He An lutte contre la perte de sens, faisant un travail subversif non dénué de sentiments, entre journal intime et détournement ironique.

 

 


 


 

He An néon expo Templon 0La galerie Daniel Templon, impasse Beaubourg

 

 



   He An, artiste conceptuel chinois est né en 1972, après la Révolution Culturelle. Il explore les interdits et les évolutions de sa culture. En Chine, les villes sont détruites et reconstruites si vite que les habitants se sentent perdus dans cet univers éphémère. 

 

 

 

 

He An

Du 05 novembre au 24 décembre 2011

du mardi au samedi de 10h à 19h

Galerie Daniel Templon, Impasse Beaubourg, 75003 Paris. 

 

 

 

 

 










Palagret
janvier 2012
art contemporain

 

 



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