Olaf Breuning semble penser qu'il ne lui reste qu'à réinterpréter l'histoire de la peinture car en art, tout a été fait: l'art pompier et le bad painting, le corps déconstruit, l'abstraction ou l'hyperréalisme, la peinture jetée sur la toile, la toile lacérée, le carré noir ou blanc, la reproduction de bandes-dessinées, la peinture automatique, le refus du cadre etc ...
Jeff Koons et Yves Klein, The art freaks,
Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Sur une quinzaine de bannières au kitsch assumé, Olaf Breuning représente les "monstres de l'art moderne et contemporain", tels qu'il les résume avec humour. Les corps nus, bras ballants, sont couverts de peinture, du visage aux doigts de pieds, "montrés" de face, comme des monstres de foire offerts à la fascination du public. Faut-il être un monstre pour être un artiste de grande notoriété?
Tadeshi Murakami, Francis Bacon, Cindy Sherman, Alexander Calder, Louise Bourgeois
The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Il n'y a pas de liste des photos exposées et chacun, comme dans un quizz, essaye de reconnaître les bannières "à la manière de". Si certains modèles sont évidents (le visage de Vincent Van Gogh, le noir de Kasimir Malevitch, le bleu d'Yves Klein, l'araignée de Louise Bourgeois, le drapeau de Jasper Johns, les graffiti de Keith Haring, la date d'On Kawara) d'autres laissent perplexes. Breuning désigne ses photos par un simple prénom (Pablo, Kasimir, Jeff, Maurizio) comme pour désacraliser ces idoles de l'art et les réduire à des images de la culture pop.
Vincent van Gogh, Man Ray, Francis Bacon, Alexander Calder,
Richard Serra, Keith Haring,The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Accrochés au plafond, dos à dos, les photos dominent le visiteur et tournent doucement avec les mouvements de l'air, offrant à chaque fois une vision différente. La lumière venu de la verrière fait briller les fonds noirs et parfois éclipse les contours des corps. Le plafond brut du Palais de Tokyo avec ses canalisations et ses poutres de béton, style après la bombe, se prête bien à la parade des monstres de l'art. Des monstres au corps parfois déformé comme en écho aux saltimbanques de Freaks, le film de Tod Browning.
Piet Mondrian, Joseph Beuys,The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Le body-painting allié aux altérations des membres crée un univers ludique et dérangeant, bizarre. L'effigie d'Edvard Munch a un O sur la bouche symbolisant le cri mais pourquoi ces mains malades?
Edward Munch,The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Les bannières utilisées, proches des bannières commerciales rappellent que l'art aujourd'hui fait bon ménage avec le commerce. Les trois grandes superstars du marché (Jeff Koons, Damien Hirst et Tadeshi Murakami) tiennent dignement leur place à côté des défunts Andy Warhol, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, eux aussi célèbres as du marketing.
Kandinsky, Jasper Johns, Paul McCarthy,The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Les huit photos sont de Palagret, en Creative Commons
Dossier de presse
L’œuvre hétéroclite d’Olaf Breuning puise dans les codes visuels de la culture de masse. Il mixe les origines, confronte les univers pour inventer une esthétique unique dans laquelle l’étrange se mêle à l’humour. Tout son art oscille ainsi entre le trouble et la distance. Ses effets ne sont pas vraiment spéciaux : les perruques, les déguisements, les postiches, le maquillage semblent affirmer leur échec à travestir avec exactitude la réalité.
Frida Kahlo, Kasimir Malevitch, Sol Lewitt,
The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
S’inscrivant dans le cadre des recherches récentes de l’artiste sur son rapport à l’histoire de l’art moderne et contemporain, The Art Freaks se déploie dans l’espace via une quinzaine de bannières suspendues au plafond. Sur chacun de ces étendards est imprimée une photographie nous montrant un personnage dont le corps est peint à la manière d’un artiste emblématique (Francis Bacon, Louise Bourgeois, Damien Hirst, On Kawara, Yves Klein, Jackson Pollock, Vincent Van Gogh, Andy Warhol…). Olaf Breuning reprend ainsi une pratique, celle du body-painting, souvent à la limite du mauvais goût, à laquelle il donne comme une plus value artistique.
Andy Warhol, Richard Serra,The art freaks,Olaf Breuning, Palais de Tokyo
Visant une sorte de paradoxale perfection du faux, ces pavillons questionnent notre rapport à ces images célèbres et l’esthétique engendrée par leur reproductibilité. Si l’on pense d’abord être en présence d’un cliché correspondant à ce que l’on connaît, une série de petits détails – comme bricolés – viennent miner cette impression : on se met alors à douter de notre propre faculté critique.
Olaf Breuning
[1970] Né en Suisse, vit et travaille à New York
The Art Freaks, Olaf Breuning
Palais de Tokyo
13 Avenue du Président Wilson, Paris 16
Du 8 juillet 2011 au 18 septembre 2011.
Du mardi au dimanche de 12h à 21h.
01 47 23 54 01
Le site d'Olaf Breuning
Palagret
art contemporain
juillet 2011