27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 19:14

   Suite à l'article sur l'exposition Tags et Graffs au Grand Palais.


    L'art de la rue, le street-art sort de la jungle urbaine et s'expose sagement dans la galerie sud-est du Grand Palais.

De haut en bas:Sharp, Ero, West



Galerie Sud-Est du Grand Palais, exposition T.A.G


Duster, road to nowhere



Galerie Sud-Est du Grand Palais, exposition T.A.G


Le Tag au Grand Palais - La collection Gallizia
Du 27 mars au 26 avril 2009.
Prolongé jusqu'au 3 mai
Ouvert tous les jours de 11h à 19h
Plein tarif : 5 €  Tarif réduit : 3 €
Grand Palais des Champs-Élysées
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris


Liens:
Les tags
Des tags colorés sous les toits
Les pochoirs de la rue de l'ourcq
La fresque murale de la rue de Thionville, pochoirs et tags
Les graffiti de Stephen Sprouse sur les sacs Vuitton

coeurs de graffeurs

Palagret
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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 17:35


     En bronze recouvert d'une patine d'or blanc, le triptyque, "La vie du Christ" de Keith Haring, représente la montée de Jésus vers les cieux.


"La vie du Christ", triptyque de Keith Haring
à l'église Saint-Eustache à Paris

offert par la Spirit Foundation



   Le bébé rayonnant, figure iconique de l'oeuvre de Keith Haring, est un symbole d'énergie et d'innocence.  L'enfant incarne le Christ adulte. Sur le panneau central, se tient un ange aux douze bras tentaculaires, surmonté d'une croix. Deux bras enserrent délicatement Jésus, le bébé rayonnant. Un troisième bras offre un anneau de lumière à la foule qui se presse les bras levés vers l'enfant s'élevant vers les cieux. Une pluie miraculeuse, ou des larmes, unissent la terre et le ciel, le divin et le profane.



"La vie du Christ", triptyque de Keith Haring
à l'église Saint-Eustache à Paris



      Sur chaque panneau latéral, deux anges acrobatiques survolent la foule extatique. L'image est simple et dynamique. Le bronze monochrome se détache des sombres peintures classiques qui l'entourent.

      Le triptyque luit doucement dans une chapelle peu éclairée de l'église Saint-Eustache à Paris, la chapelle des Charcutiers. Il en existe 7 exemplaires dans le monde dont trois dans des lieux consacrés: Saint-Eustache à Paris, la Grace Cathedral à San Francisco et la cathédrale Saint-John the Divine, à New York.



"La vie du Christ", triptyque de Keith Haring à l'église Saint-Eustache à Paris



    L'exemplaire de Paris a été offert par par la Spirit Foundation fondée à New-York en 1978 par John Lennon et Yoko Ono.

    La présence d'une oeuvre de Keith Haring dans une église a pu choquer certains, l'artiste n'était pas connu pour sa vie pieuse, en accord avec les canons de l'Église! Aude de Kerros 1compare les multiples bras de la figure centrale à des phallus, les larmes à des gouttes de sperme. Pour elle l’anneau au centre du triptyque, est « « l’image schématique d’un “pied” qui atteint une “cible” en forme de soleil, code habituellement employé par Keith Haring pour évoquer crûment les ébats homosexuels ». C'est une interprétation possible mais qui ne tient pas compte de la complexité humaine.



Panneau gauche
"La vie du Christ"
triptyque de Keith Haring à l'église Saint-Eustache à Paris



    De nombreux artistes ont mené des vies « dissolues » ce qui ne les a pas empêché de recevoir des commandes de l'Église. Leonard de Vinci ou Michel-Ange n'était pas des modèle de vertu mais nul ne conteste la valeur spirituelle de leurs oeuvres! Pour Keith Haring, son triptyque "La Vie du Christ" était un universel symbole d'espoir. Il est mort du sida en 1990, à l'âge de 28 ans, avant de voir son bronze achevé.


Panneau droit
"La vie du Christ"
triptyque de Keith Haring à l'église Saint-Eustache à Paris


    Les multiples bras du personnage central font penser aux dieux et déesses hindous dont les quatre ou huit bras servent à manifester leur nombreux pouvoirs symbolisés par des objets tandis qu'ils gardent une main libre pour bénir la foule des dévots.


     Avec Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, Keith Haring incarne la bad painting new-yorkaise. Au cours de sa courte carrière de street-artist, il travailla dans la rue, les couloirs de métro ou les chantiers abandonnés avant d'exposer dans les plus grandes galeries.



Mur peint à New-York, Keith Haring
Photo superk8nyc



     En 1983 Keith Haring crée le "bébé rayonnant" ("radiant baby"), un tag qui devient sa signature.  Ses silhouettes stylisées, corps dansants innocents ou non, aux couleurs franches, sont inspirées des bandes-dessinées. Simplicité des formes entourées d'un trait noir tracé à main levée,  les oeuvres de Keith Haring sont aisément reconnaissables. Pour lui, l'art devait s'adresser à tous et non à quelques privilégiés, par l'éducation ou la fortune.
Liens sur ce blog:
Palagret
art religieux
juin 2009



Grace cathedral
Le site de Keith Haring




1- Aude de Kerros, in "L’art sacré de la fin du millénaire (III). Nuit de Noël à Saint-Eustache : la vie du Christ de Keith Haring", in Liberté politique, No 19, 2002.


 

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 12:15

 Suite de l'exposition: « 1989-2009, Mur de Berlin- Artistes pour la liberté ».
Quelques oeuvres, ayant pour thème l'emprisonnement et la mort, tracées sur des plaques de béton provenant de la chute du mur de Berlin.
 
    Le Suisse Rolf Knie expose une chaise électrique: "Exécuté comme un condamné à mort sur une chaise électrique, le Mur devient une pierre commémorative. Cette scène spectaculaire, parodique, ne laisse aucun doute: le Mur ne se relèvera jamais." Comme un vampire qu'on veut tuer à jamais, le fragment de béton est transpercé d'un pieu d'acier. 
 

Le mur condamné à mort, 1990
Rolf Knie


   Le Français
Gérard Fromanger peint une silhouette viet-namienne se détachant sur des barbelés. "Mémoire concrète? Mémoire de béton".


A concrete memory, 1998
Gérard Fromanger 

   Pour l'allemand
Peter Klasen "la violence et l'isolement inhérents aux communautés urbaines, poussés à l'extrême à Berlin, sont exprimés avec des pictogrammes universels. Ici un corps se convulse sous la décharge électrique." Le mur est le point de rencontre entre la vie et la mort.


Zone de haute-tension, 1990
Peter Klasen


    Le new-yorkais
Adam Steiner a pulvérisé un fragment du mur de Berlin et l'a enfermé dans une boîte métallique scellée. Malheur à qui l'ouvrira.
  

Boîte de Pandore, 2005
Adam Steiner


    Le mur de Berlin est tombé mais il reste d'autres murs. Pour un mur abattu, un autre s'édifie soit pour empêcher d'entrer (USA, Israel) soit pour empêcher de sortir. Un no man's land partage la Corée entre le Nord communiste et le Sud. Pour la coréenne Su Cheon Jeon "la liberté est en attente". Elle expose une plaque de béton avec deux anneaux scellés en espérant que quelqu'un la soulèvera un jour.

Attente 2003
Su Cheon Jeon 



Autres articles:
Chutes du mur de Berlin au Palais-Royal: Arman, Pagès, Takis, Long, Buren
 Kriki, chutes du mur de Berlin au Palais Royal à Paris


Artistes exposants dans la cour du Palais Royal:
Arman, Erik Boulatov, Grisha Bruskin, Daniel Buren, Louis Cane, Luciano Castelli, Eduardo Chillida, Ludvik Feller, Gérard Fromanger, Jeon Su-cheon, Ilya Kabakov, Peter Klasen, Rolph Knie, Christian Vallée, Sol Lewitt, Richard Long, Robert Longo, David Mach, Olivier Mosset, Thierry Noir, Dennis Oppenheim, Bernard Pagès, Mimmo Paladino, Guy Roussille, Adam Steiner, Tarkis Vassilakis, Peter Unsicker, Vladimir Vélickovic, Thierry Vidé, Boris Zaborov, Yann Kersalé


« 1989-2009, Mur de Berlin- Artistes pour la liberté »
Exposition du 6 mai au 9 juin 2009

Jardins du Palais-Royal
Entrée libre et gratuite
Ouvert tous les jours de 7h à 22h 
75001 Paris (M° Palais Royal et Pyramides)


Lien:
Mur de Berlin à Paris, 9 novembre 2009: "Anvers aux Abbesses" érige un mur symbolique pour mieux le faire tomber


Palagret

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 12:49
    
    Les plaques de béton beige sont attaquées au marteau (Arman, autodestruction, 1990), semées de clous (Takis, Attention danger, 2004), griffées (Bernard Pagès, Fragment rouge, 1990) quant à Rolph Knie, il sangle un morceau de béton sur une chaise électrique (Le Mur condamné à mort, 1990).
 

Autodestruction, 1990, Arman
Faucilles et marteaux sur béton 120 x 100 

 
    Exposés dans la cour du Palais Royal à Paris, trente artistes célèbrent les vingt ans de la chute du mur de Berlin. Le 9 novembre 1989, le « Mur de la Honte » était éventré, permettant à des milliers d'allemands séparés de se retrouver. C'était le début de la fin du communisme européen mais non la fin de l'Histoire. D'autres antagonismes recréeront vite un monde bipolaire.

 

Exposition « 1989-2009, Mur de Berlin- Artistes pour la liberté »
au Palais-Royal 


     Les oeuvres commandées aux artistes, sont issues de la collection de Sylvestre Verger: «J'ai d'abord racheté une partie de cette collection en 1992 à une association. Puis, je l'ai complété grâce à l'achat d'une partie du mur sécuritaire du no man's land, lorsqu'il a été détruit par l'Allemagne, en 1998». 1

 

Fragment rouge, Bernard Pagès, détail

1990 Huile sur béton (recto/verso) 100 x 120 

 


   De nombreux artistes connus internationalement (Chillida, Oppenheim, Takis, Arman, FromangerKabakov, Klasen…) et d'autres moins connus traitent de la séparation, de l'enfermement et de la liberté.


 

Attention, danger!, Takis, 2004
Aimants et clous sur béton 120 x 100 
 


Attention, danger!, Takis, 2004
Aimants et clous sur béton 120 x 100
détail 

 
   DanieBurenSol LewittRichard Long s'approprient le support de béton découpé sans référence directe à cet événement historique que fut la destruction du Mur.


 River Avon Mud Hand Spiral, Richard Long, 1990
Peinture et boue sur béton, 120 x 100  
 


   Les plaques de béton de 1 m sur 1,20 m sont protégées par du plexiglas et montées sur des structures rivetées en fer conçues par l’artiste américain Adam Steiner dans un esprit « post-Eiffel », hommage à Eiffel qui réalisa l’armature de la Statue de la Liberté. 2

Gravure sur béton, 1990, Daniel Buren
 Gravure et huile sur béton

 

   Le béton est fragile et la mémoire aussi.


    La collection de Sylvestre Verger ira ensuite au Deutsches Historisches Museum de Berlin du 12 juillet au10 août puis au Centre d’art contemporain Winzavod à Moscou du 5 novembre au 6 décembre 2009.

Artistes exposants dans la cour du Palais Royal:
Arman, Erik Boulatov, Grisha Bruskin, Daniel Buren, Louis Cane, Luciano Castelli, Eduardo Chillida, Ludvik Feller, Gérard Fromanger, Jeon Su-cheon, Ilya Kabakov, Peter Klasen, Rolph Knie, Christian Vallée, Sol Lewitt, Richard Long, Robert Longo, David Mach, Olivier Mosset, Thierry Noir, Dennis Oppenheim, Bernard Pagès, Mimmo Paladino, Guy Roussille, Adam Steiner, Tarkis Vassilakis, Peter Unsicker, Vladimir Vélickovic, Thierry Vidé, Boris Zaborov, Yann Kersalé

 

 

« 1989-2009, Mur de Berlin- Artistes pour la liberté »
Exposition du 6 mai au 9 juin 2009

 Entrée libre et gratuite

Ouvert tous les jours de 7h à 22h
Jardins du Palais-Royal, 75001 Paris

Liens sur ce blog:

Signaux Eoliens de Takis au Palais Royal, video

Arman, la Vie à pleine dents et le Massacre des Innocents à Beaubourg

Arman, trois sculptures dans la ville: valises, horloges et Vénus des arts en morceaux

 

 


Palagret

1- in Le Figaro
2- in Dossier de presse

 

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 22:04

    La villa Arpel, décor de Mon Oncle, est un véritable personnage dans le film de Jacques Tati. Source inépuisable de gags, la villa de Mr et Mme Arpel y incarne la modernité, vue en 1956.


La villa Arpel, décor de Mon oncle, de Jacques Tati

    Les années cinquante voient le début de la domotique, de l'automatisme et de la télécommande. Bien sûr tout se détraque dans la villa: le portail refuse de s'ouvrir, la porte du garage retient le couple prisonnier lorsque le chien déclenche la fermeture, la fontaine se dérègle et arrose tout le monde. Le jardin et la maison forment un univers hostile pour l'oncle du petit Gérard. Tout est piège, les placards qui manquent de happer sa main ou les dalles du jardin, véritable parcours d'obstacles.


Le poisson fontaine
La villa Arpel, décor de Mon oncle, de Jacques Tati
    Imaginée par Jacques Tati et son décorateur Jacques Lagrange, la villa Arpel fut construite en 1956 près de Nice, aux Studios de La Victorine, puis détruite à la fin du tournage. En 2007, elle est reconstituée grandeur nature au Salon Futur Intérieur. La voici au 104 dans la grande nef Curial.

 

La Chevrolet verte au toit rose dans son garage
La villa Arpel, décor de Mon oncle, de Jacques Tati


 
    Au 104, on retrouve le jardin géométrique de gravillons colorés, le bassin aux nénuphars en plastique, le poisson fontaine, le garage abritant la Chevrolet bel Air 1956, le mobilier de jardin etc. La mobylette de Hulot est posée dans le jardin ainsi que le parapluie et le chapeau emblématiques du personnage joué par Tati.

    Malheureusement, on voit mal la belle cuisine moderne, fleuron des arts ménagers, les fauteuils coquetiers du salon ou la chambre immaculée de Gérard car on ne peut que tourner autour de la villa sans y pénétrer. Le décor construit en matériaux légers ne supporterait pas le passage des visiteurs. La nuit, la villa est éclairée, comme au cinéma.


Le jardin de gravillons
La villa Arpel, décor de Mon oncle, de Jacques Tati


     Jacques Tati se moque des architectes qui privilégient la forme et les volumes et oublient les humains qui doivent y vivre. Tati déclarait en 1958: «je ne suis pas contre l’architecture moderne, mais je crois que l’on devrait faire passer non seulement un permis de construire mais également un permis d’habiter».


Le mobilier de jardin
La villa Arpel, décor de Mon oncle, de Jacques Tati
    « Mon Oncle » décrit un monde où les chiffonniers conduisent encore des voitures à cheval et où les soubrettes ont peur de l'électricité. Jouant avec les clichés d'une France traditionnelle, il oppose une société en voie de disparition à l'émergence de la modernité. Les grands immeubles neufs poussent au milieu de vieilles maisons, les voitures américaines sont prises dans les embouteillages et les gadgets technologiques dernier cri envahissent la villa Arpel.


La villa Arpel, décor de Mon oncle, de Jacques Tati
    Plus que de l'architecture moderne,Tati fait la satire de ceux qui habitent ces espaces aseptisés. Avides de nouveauté, fiers de leur réussite sociale et voulant éblouir leurs amis avec leur « bon goût », ne s'occupant que du paraître, les Arpels sont des pantins.

    Oscar du meilleur film étranger en 1959, Mon Oncle est, après Jour de Fête et Les vacances de Mr Hulot, le troisième long métrage de Jacques Tati. Dans Playtime, le cinéaste continuera la satire d'un univers qu'il juge déshumanisé.




LA VILLA  ARPEL DE JACQUES TATI
Du 10 avril au 31 mai 2009
Le 104 (Le Cent Quatre), 104 rue d'Aubervilliers 75019 Paris
01 40 05 51 71

Palagret
décors de cinéma
mai 2009



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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 14:28

    Dans un effort désespéré pour freiner sa chute, un Ptérosaure a furieusement labouré la falaise, laissant trois griffures monumentales. Virginie Yassef intitule son oeuvre: « Il y a 140 millions d’années, un animal glisse sur une plage fangeuse du Massif Central (2008) ».


« Il y a 140 millions d’années, un animal glisse sur une plage fangeuse du Massif Central", Virginie Yassef (2008)


   De cette tragédie, de la mort du reptile volant,
Virginie Yassef a créé une image bien propre sur une plaque crépie de 8 mètres sur 4, adossée à un échafaudage. L'empreinte n'a rien de vraiment inquiétant, elle est amusante. Monolithe de carton-pâte, " Il y a 140 millions d’années" est un lointain écho des monumentales plaques d'acier de Richard Serra exposées sous la verrière du Grand Palais en 2008. Parodie de trace paléontologique, la griffure pourrait aussi bien être une cicatrice monstrueusement grossie, laissée par un simple chat.


« Il y a 140 millions d’années, un animal glisse sur une plage fangeuse du Massif Central", Virginie Yassef (2008)


  Les dinosaures font partie de notre imaginaire, du Monde Perdu de Conan Doyle à Jurassic Park de Steven Spielberg. Oscillant entre le merveilleux et l'effroi, cette nouvelle mythologie nous fascine. Ici, « Il y a 140 millions d’années » est un geste artistique. Ces griffures, en plus déchiquetées, pourraient être une citation de Lucio Fontana.


« Il y a 140 millions d’années, un animal glisse sur une plage fangeuse du Massif Central", Virginie Yassef (2008)


   Influence croisée entre l'art et la publicité,
ou simple effet de mode, une boisson énergisante reprend le motif préhistorique des griffures. Dans la publicité, les trois griffes signifient la force pure, l'énergie des bêtes monstrueuses, tyrannosaure, loup-garou ou yéti!

Griffes monstrueuses, affiche publicitaire pour une boisson énergisante
Palagret



La Force de l'Art 2
Du 24 avril au 1er juin 2009
Tous les jours sauf mardi.
Lundi et mercredi 10-19h   Jeudi à dimanche 10-23h
4 et 6€.
Grand Palais, Paris


Cliquez sur les images pour les agrandir

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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 23:06

    En 1910 une toile abstraite « Coucher de soleil sur l'Adriatique » fit grand scandale au Salon des Indépendants lorsqu'on apprit qu'elle était l'oeuvre d'Aliboron, un âne. Tous ceux qui s'étaient enthousiasmés pour le tableau se sentir bien bêtes et les opposants à l'art « moderne » triomphèrent. 

« Coucher de soleil sur l'Adriatique », toile peinte par un âne
Le miracle familier, Boussiron et  Labelle-Rojoux


    Boussiron et Labelle-Rojoux reprennent ce célèbre canular dans leur installation  « Le miracle familier ».  L'âne assis contemple le chef d'oeuvre, qu'il a réalisé avec un pinceau attaché à sa queue. Devant lui, une scène de théâtre ou se joue une pièce sans acteur. Un mannequin est entouré de tout un bric-à-brac de tableaux figuratifs et abstraits, de sculptures, d'objets. Sur le devant de la scène trône la  photo d'Antonin Artaud dont la voie résonne.


Le miracle familier, Boussiron et Labelle-Rojoux


    « Or, je le répète, le Bardo c'est la mort, et la mort n'est qu'un état de magie noire qui n'existait pas il n'y a pas si longtemps. » 1

    Quand Artaud parle de Bardo, il se réfère au Bardo Thodol, le Livre des Morts Thibétain et non à un bardot, un animal né du croisement d'un cheval et d'une ânesse. Ironique décalage.





    "Les asiles d’aliénés sont des réceptacles de magie noire, conscients et prémédités. Et ce n’est pas seulement que les médecins favorisent la magie par leur thérapeutique qu’ils raffinent, c’est qu’ils en font. S’il n’y avait pas de médecins, il n’y aurait pas de malades, car c’est par les médecins, et non par les malades, que la société a commencé. Ceux qui vivent, vivent des morts, et il faut aussi que la mort vive... Il n’y a rien comme un asile d’aliénés pour couver doucement la mort, et tenir en couveuse les morts." 1


Le miracle familier, Boussiron et Labelle-Rojoux


     Ce texte qui parle de douleur et de folie est dit par un Antonin Artaud halluciné. La mise en scène de Boussiron et Labelle-Rojoux désacralise le théâtre, la peinture mais aussi Artaud dont les élucubrations semblent aussi grotesques et dérisoires qu'un tableau peint par une âne. La tragédie que vécut Artaud est ainsi réduite à un aimable canular pour amuser la galerie.


Le miracle familier, Boussiron et  Labelle-Rojoux


    Artaud n'est qu'un des éléments de la scénographie de Boussiron et  Labelle-Rojoux qui change de temps en temps.



La scène de théâtre
Le miracle familier, Boussiron et  Labelle-Rojoux



     La sculpture de l'âne est l'oeuvre de Daniel Mestanza. A la Force de l'Art 2, beaucoup de plasticiens travaillent en équipe.


Autres notes sur la Force de l'Art 2009:
Fabrice Hyber, l'homme arcimboldesque, La Force de l'Art 2
Daniel Buren le vitrail, La Force de l'Art 2


La Force de l'Art 2
Du 24 avril au 1er juin 2009
Tous les jours sauf mardi.
Lundi et mercredi 10-19h   Jeudi à dimanche 10-23h
4 et 6€. Gratuit le 16 mai lors de la Nuit des musées.
Grand Palais, Paris




Dossier de presse:
« Il y a plusieurs hypothèses, mais aucune, bien évidemment, n’est satisfaisante : pas plus l’évocation d’une petite scène de théâtre rustique attendant ses acteurs que l’improbable scénographie d’oeuvres (principalement issues des collections du département du Fonds national d’art contemporain français) envisagée comme une critique des accrochages muséaux ou de leur contemplation intimidée.
Non, il s’agit de tout autre chose, ou disons que Le miracle familier, pièce au statut instable, que Xavier Boussiron et Arnaud Labelle-Rojoux proposent à La Force de l’Art 02, s’inscrit hors des logiques de l’analyse formelle. Nous sommes en présence d’un manifeste, ou plutôt d’une de ses variations proposées depuis 2005 par leurs auteurs, le Manifeste de « la Passion Triste ».
Tout a commencé par une chanson, Mister Pégase. La chanson parlait du Pétomane. Spinoza était en coulisse. Suivirent deux épisodes quasi-simultanés : Les Choses à leur place, une première présentation scénique d’oeuvres aux affinités apparemment contre-nature, et Les Géants de l’Angoisse une soirée de « music-hall» branquignolesque au « Centre Culturel et Récréatif espagnol » de Bayonne. Puis un livre gratuit, Le Coeur du Mystère, pot-pourri d’images et de textes à l’hermétisme impénétrable agissant comme autant de stimulants psychiques.
Les éléments appareillés par Le miracle familier, apparaissent cette fois encore comme des antidotes nécessaires aux certitudes et aux calibrages esthétiques : oeuvres singulières audacieusement panachées d’un côté, l’infréquentable Boronali de l’autre, l’âne peintre tenant son unique chef d’oeuvre — mais quel chef d’oeuvre ! — Coucher de soleil sur l’Adriatique, spectateur perplexe de leur authentique présence renouvelée. »




1- Aliénation et magie noire, in Artaud le Momo
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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 23:27

 

      Au seuil du Grand Palais, le  visiteur découvre "Sur le seuil, dans la couleur", un vitrail coloré derrière lequel se découpent les nervures de la nef. Sur la paroi vitrée d'environ 38 mètres sur 8 mètres, Daniel Buren a collé  des feuilles adhésives transparentes aux diverses couleurs.



Sur le seuil, dans la couleur, travail in situ, Daniel Buren au Grand Palais


     Le soleil traverse le verre et projette des reflets dans la grande nef ou à l'extérieur du Palais. L'architecture se reflètent dans les pans colorés et l'oeuvre évolue selon les déplacements des visiteurs.



Sur le seuil, dans la couleur, travail in situ, Daniel Buren au Grand Palais


     Les formes géométriques de "Sur le seuil, dans la couleurse mêlent aux arabesques métalliques de la verrière, la couleur varie avec la lumière, l'espace se teinte d'incertitude, l'oeuvre devient organique.




Sur le seuil, dans la couleur, travail in situ, Daniel Buren au Grand Palais



Sur le seuil, dans la couleur, travail in situ, Daniel Buren au Grand Palais
    Oeuvre "in situ", Sur le seuil dans la couleur n'existe que dans ce lieu. Si on la démonte, elle n'existe plus.

   

Sur le seuil, dans la couleur, travail in situ, Daniel Buren au Grand Palais
     Né en 1938 à Boulogne-Billancourt, le plasticien travaille in situ. Ses oeuvres n'existent que par rapport à un lieu précis. « Les deux plateaux », colonnes du Palais-Royal, est son travail le plus connu. Au musée Picasso, on peut voir La Coupure, lame géante coupant l'Hôtel Salé en deux.

Vitrail vu de l'intérieur de la nef, Daniel Buren au Grand Palais
    Daniel Buren est un des Visiteurs invités par La Force de l'Art 2 à investir  le Grand Palais, un des lieux symboliques de Paris.


Daniel Buren au Grand Palais


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Rectification: le vitrail éphémère devient pérenne.
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Buren, la Pergola colore les pavés de l'Hôtel de la Monnaie



Palagret
mai 2009
art contemporain


La Force de l'Art 2
Du 24 avril au 1er juin 2009
Tous les jours sauf mardi.
Lundi et mercredi 10-19h   Jeudi à dimanche 10-23h
4 et 6€. Gratuit le 16 mai lors de la Nuit des musées.


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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 13:12

 

   Des peintures flamboyantes simplement belles. Voilà qui n'est pas dans l'air du temps. Les cinq coeurs de Jim Dine exposés à la galerie Daniel Templon illuminent la salle de leurs couleurs.

 

  Göttingen songs, coeur de Jim Dine


   On est loin des installations de La Force de l'art 2 où un âne contemple un tableau qu'il a peint (Boussiron et Labelle Rojoux) non loin d'un crâne perché sur un derrick (Damien Deroubaix) et d'un bonhomme fait de fruits et de légumes (Fabrice Hyber).

Göttingen songs, coeur de Jim Dine

 

 

 

   Ici, il s'agit de peinture, d'abstraction semi-figurative, de couleurs, de pâte, de traits de pinceau. Jim Dine peint ses tableaux lui-même, ce qui n'est plus si courant. Sur un chassis normal! C'est de la provocation.

 



Göttingen songs, coeurs de Jim Dine



   Les coeurs, symboles simples et universels, touchent presque les bords du cadre. La toile est balayée de coulures (drippings), de griffures et d'éclaboussures. On voit le grain de l'huile, du sable et de l'acrylique mêlés. La couleur vibre et chante une chanson énergique.



Göttingen songs, coeur de Jim Dine
Acrylique et technique mixte sur toile, 166 x 150 cm



   Les tableaux de "Göttingen songs" se réfèrent à l'atelier de peinture de Jim Dine à Göttingen où il était étudiant et à ses souvenirs musicaux.



Göttingen songs, détail, coeur de Jim Dine



Göttingen songs, coeur de Jim Dine
Acrylique et technique mixte sur toile, 166 x 150 cm


   Une peinture lyrique, joyeuse et insouciante où se glisse une touche de mélancolie. Une oeuvre poétique.



Göttingen songs, détail, coeur de Jim Dine

   Né en 1935 aux USA, Jim Dine est un des pionniers du pop art américain. Le coeur, symbole pour lui de la féminité, est un de ses thèmes de prédilection. Il travaille avec tous les média, bois, métal, pierre, photographie.



   L'année dernière, le peintre américain exposait une série de sculptures sur bois de Pinocchio à la galerie Daniel Templon.


Göttingen songs, coeur de Jim Dine
Acrylique et technique mixte sur toile, 166 x 150 cm





Liens:
Jim Dine, Pinocchio à la galerie Templon
Jim Dine, la statue de Pinocchio à Borås en Suède


Coeurs de tagueurs, la collection Gallizia



Göttingen songs, Jim Dine
Du 18 avril au 13 juin 2009.
Du lundi au samedi, 10h -19h
Galerie Daniel Templon, impasse Beaubourg, 75003 Paris.
Tel : 33 (0) 1 42 72 14 10



Palagret
art contemporain

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6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 19:26


     "Nous remercions le coeur sacré car il nous a donné l'opportunité de nous connaître et de trouver le bonheur en couple." Carlos et Felipe

    Sous le pinceau d'Alfredo Vilchis Roque, malchanceux et chanceux, amoureux, adultères, femmes battues, ivrognes, paysans frappés par la foudre, tous remercient Dieu, Saint Jude, Saint Juan Diego et surtout la Vierge de Guadalupe, protectrice du Mexique.


Carlos et Felipe et les flammes de l'enfer
Ex-voto, Alfredo Vilchis
Roque

     Chroniqueur des bonheurs et des malheurs des petites gens, Alfredo Vilchis Roque est un peintre d'ex-voto d'aujourd'hui, un écrivain public des désastres et des miracles quotidiens.

    « Avec cet amour interdit j'ai ressenti ce que j'avais toujours désiré. Je sais que c'est un péché mais personne ne me l'enlèvera et je ne me repentirai pas car jamais je ne l'oublierai. Paloma »

"Je ne me repentirai pas car jamais je ne l'oublierai." Mexico 2006"
ex-voto, Alfredo Vilchis Roque


   Les mexicains racontent au peintre leurs malheurs et l'issue heureuse que la Vierge ou un saint leur a accordé. Tous ces gens menacés d'un terrible destin ne pouvaient être sauvés que par une intercession divine. Alors ils ont prié et ils ont été exaucés. En remerciement, ils ont commandé un ex-voto pour le placer à l'église à côté de leur protecteur.


Sauvé de la noyade par la Vierge de Guadalupe
ex-voto, Alfredo Vilchis Roque

 
    Des petites scènes naïves décrivent les prodiges et les miracles qui illuminent la vie de ses compatriotes. Elles fixent le moment merveilleux ou le monde profane et le monde divin se rencontrent.  Le miraculé tend les bras vers son sauveur. En dessous, un texte souvent dicté par le client raconte l'histoire, petit fait divers banal ou tragédie.

" Je réparai mon silo quand l'échelle s'est cassée. En tombant, j'ai imploré la Très Sainte Vierge de Guadalupe et me suis rendu compte que j'avais atterri sur mon cochon qui m'a sauvé d'une chute mortelle. C'est pourquoi, je la remercie de nous avoir sauvés, mon petit cochon et moi, en ce moment béni."  Macario Torres 1948"




La marranita (le petit cochon)
ex-voto, Alfredo Vilchis Roque

   "Mon travail c’est de faire le lien entre, ça a l’air d’un mensonge, entre le terrestre et le divin… et c’est quelque chose qui me comble de satisfaction. Aider les gens, coopérer en quelque sorte en apportant mon petit grain de sable, leur donner la satisfaction de rendre grâce, de rendre la faveur reçue. Pour moi, c’est ça un ex-voto. Avant, on parlait beaucoup de la terre, des champs, de l’abus de pouvoir, des caciques, on parlait de tout ça dans les ex-voto, des maladies, des épidémies… et aujourd’hui dans l’actualité, des agressions, des vols, des assassinats, des amours clandestines…"  déclarait Alfredo Vilchis Roque dans Metropolis sur Arte en décembre 2004.

 
   Le peintre réalise ses retables à la peinture à l'huile sur des plaques de métal (lamina). Le style est traditionnel avec des traits simplifiés et des couleurs vives. Les scénettes sont pleines de détails charmants: le chapeau suspendu de l'homme qui tombe, le noyé retenu par les cheveux, l'ivrogne tenant d'une main une rose et de l'autre la bouteille à laquelle il renonce, le paysan mordu par son cochon, le trapéziste tombant dans le vide, "el inferno" l'enseigne de la cantina  etc....

    Si les thèmes abordés sont contemporains, ils ne sont pas vraiment en accord avec les enseignements de l'Eglise:

- Une prostituée remercie de ne pas avoir le sida:
" Je remercie la Vierge de Guadalupe car mes analyses de SIDA sont négatives. Je peux continuer à travailler comme prostituée pour payer la chirurgie de la colonne vertébrale de mon mari et entretenir ma famille. Que puis-je faire d'autre, tel est mon destin;. Magdelena Rubio."


La guera de la esquina (la guerre du coin)
ex-voto, Alfredo Vilchis Roque


- Un adolescent remercie Saint Juan Diego pour le préservatif:
" C'est ma première fois que je n'oublierai jamais, à l'âge de 17 ans, j'ai appris à utiliser des préservatifs pour me protéger d'une infection et passer un bon moment avec une prostituée. Quand je l'ai vue si belle je n'ai pas résister à l'envie de l'emmener à l'hôtel. C'est arrivé à Sulivan, Mexico, vendredi 16 août 2002."

- Un vieil homme remercie le Viagra ( et non un saint).

- Xavier et Tony, un couple d'hommes, remercient Saint Sébastien:
Nous sommes reconnaissants à Saint Sébastien de la chance de nous avoir unis comme un couple marié, se confrontant à la société sans censure à notre amour et sans devoir nous cacher. C'est grâce à la loi des sociétés qui nous donne droit à la liberté en tant qu'êtres humains qui s'aiment. 15 mars 2007.

Xavier et Tony
ex-voto, Alfredo Vilchis Roque


     La société  mexicaine est encore très catholique, est-il possible que des ex-voto remerciant la Vierge ou les saints pour des amours coupables, selon le dogme, soient acceptés dans l'église par le prêtre de la paroisse?


      Parfois le texte fait mention de l'artiste et le remercie « d'avoir peint tel que cela lui a été raconté ». Les retables commandés pour un miracle précis devraient se trouver dans une église ou sur un autel domestique. Vilchis les peint-il en double? Certains retables sont peut-être fictionnels, d'autres sont peints d'après des faits divers trouvés dans les journaux. Les petits tableaux sont alors vendus au marché.
 
    Alfredo Vilchis Roque est un artisan travaillant sur commande et un peintre contemporain puisant son inspiration dans la tradition. Il est né à Mexico, son père était un paysan devenu ouvrier d'usine. Il a exercé de nombreux petits métiers avant de peindre des miniatures et de les vendre à ses voisins, aux touristes. Un jour, il trouva un ex-voto qui le fit souvenir des ex-voto du sanctuaire de la Guadalupe. S'en inspirant, il peignit alors un retable pour une famille ayant échappé à la mort dans un accident de voiture à Mexico. 

Autodidacte, il a étudié les oeuvres de deux peintres mexicains Frida Khalo et Diego Rivera.

 
Ex-voto Contemporains du Mexique
Galerie Frédéric Moisan
72 rue Mazarine, Paris VI
Du 3 au 29 mars 2009
Festival de l'Imaginaire



Palagret
archéologie du quotidien
mai 2009



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