5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 17:53

 


    Des installations baroques et des installations minimalistes avec toutes les variantes intermédiaires se partagent l'exposition La Force de l'Art 2 au Grand Palais. D'un côté accumulation et dérision, présentations clownesques, de l'autre d'austères structures.


Détail du M.I.T man, le bonhomme végétal
POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


   Côté bazar, dans la lignée de Ben, on trouve la boutique de POF de Fabrice Hyber, le Circus de Fabien Verschaere, les derricks de Damien Deroubaix et les Agitateurs de Philippe Mayaux.



M.I.T man, le bonhomme végétal
POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


    Fabrice Hyber présente une boutique encombrée d'une voiture rouge, de plantes en pot tournoyantes et d'un bonhomme végétal (M.I.T Man). Sur les étagères sont posé des objets bizarres, des POF, Prototype d’Objets en Fonctionnement. Ils sont réalisés grâce à des modes d'emploi numérotés, absurdes et ironiques qui questionnent l'idée de rationalité.


POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


  

      Le mannequin végétal renvoie aux portraits composés d'Arcimboldo mais le travail ici ne requiert pas la virtuosité picturale illusionniste du peintre maniériste. La composition est réalisée avec des légumes et des fruits bien réels. Pour la tête, des choux-fleurs, des mangues et des poires. Des avocats, des noix, des cacahouètes et des concombres constituent le corps. Des régimes de bananes dessinent une courte jupe exotique comme celle de Joséphine Baker. Les pieds sont faits de branches de cèleri et de dattes. Sous l'accumulation des végétaux, on discerne une armature métallique et des tiges de fer qui tiennent les objets en place.



Les pieds du M.I.T man, le bonhomme végétal
POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


    L'épouvantail hybérien dégage une légère odeur de pourriture. Il faut remplacer chaque jour les végétaux abîmés. Selon les arrivages de légumes et de fruits et la fantaisie des assistants, l'épouvantail évolue. Il n'est jamais le même, c'est une sculpture vivante.

 

Détail du M.I.T man, le bonhomme végétal
POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


     Fabrice Hyber a travaillé aux USA avec des scientifiques, dont le Professeur Robert Langer: « J’avais demandé à des chercheurs du M.I.T. de m’indiquer les produits naturels qu’il fallait ingurgiter pour qu’un homme soit en bonne santé. J’avais ensuite élaboré un mannequin constitué de tous ces éléments. Vous pouvez distinguer sur le mannequin en fil de fer un corps composé de différentes plantes et graines. » 1  M.I.T. Man, homme nourrit, représente les éléments nutritifs nécessaires à la reproduction des cellules.



M.I.T man, le bonhomme végétal
POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


    Ce joyeux bazar proliférant illustre les vues philosophiques du plasticien. « Il y a les personnages curatifs, les pots de plantes qui peuvent signifier l’impossibilité à vivre, les vers de terre qui meurent, les robots qui aboutissent à la guerre, les plantes qui grandissent ou meurent, celles qui sont calcinées. Ici sont présentées et résumées toutes les inquiétudes du quotidien. » 1

Renouvellement du M.I.T man, le bonhomme végétal
POF Shop, Fabrice Hyber, Grand Palais


    L'épouvantail de légumes et de fruits pourrait servir dans un cours sur la nutrition. Les POF sont nettement moins pédagogiques mais tout aussi drôles.

    Fabrice Hyber, né en 1961, a remporté le Lion d’Or de la Biennale de Venise en 1997.
Son oeuvre est protéiforme, il utilise tous les média (dessin, peinture, installations etc). Il expose partout dans le monde.



Liens sur ce blog:
  • Le Mètre carré de rouge à lèvres,FRAC Pays de la Loire, 1981
  • Entreprise UR (Unlimited Responsibility) (1994-2005)
  • Hybertmarché, Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 1995
  • L’Artère, Paris, parc de La Villette, 2006
  • M.I.T. Man, homme nourrit / Exposition Matière à penser / Food for thought, Le Laboratoire, Paris, 2007
        Seed and Grow (Je s’aime) / Watari-Um Museum of Contemporary Art, Tokyo, 2008




La Force de l'Art 2
Du 24 avril au 1er juin 2009
Tous les jours sauf mardi.
Lundi et mercredi 10-19h   Jeudi à dimanche 10-23h
4 et 6€. Gratuit le 16 mai lors de la Nuit des musées.
Grand Palais, Paris




Palagret
art contemporain
mai 2009


Partager cet article
Repost0
24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 01:19
 
   
Robots prodigieux dignes de Gustave Eiffel ou de Jules Verne, deux araignées géantes rôdent sur le port de Yokohama. Cauchemardesques ou féériques, les araignées de 37 tonnes avancent précautionneusement leurs huit pattes articulées.

Araignées mécaniques de La Machine. Parade à Yokohama
photo: chidorian


Déambulation des araignées géantes à Yokohama
   Notre inconscient perçoit les araignées comme répugnantes et dangereuses, les mygales autant que les minuscules insctes rouges. Hautes de vingt mètres, celles de Yokohama pourraient faire fuir les passants. Mais à Yokohama comme à Liverpool l'année dernière, les monstrueux insectes velus attirent les spectateurs.

araignée géante escaladant un immeuble,  Liverpoolphoto: malarkey


     Capables d'enjamber une petite maison, les géantes transforment les spectateurs en lilliputiens. Les japonais de Yokohama, étonnés et faussement terrifiés  les ont suivis dans leur déambulation saccadée. Depuis Godzilla, la créature irradiée par la bombe atomique, les japonais savent que les monstres ne sont pas sans coeur.

Araignées mécaniques de La Machine. Parade à Yokohama
photo yd


    Il faut 18 personnes pour manœuvrer les araignées mécaniques
construites par la Compagnie La Machine à Nantes.  L'abdomen de l'insecte cache les effets spéciaux, jet de vapeur et fumées, vent et lumières. Des musiciens sont perchés dans des nacelles.  Les opérateurs, tels des cornacs, se tiennent au-dessus des yeux et actionnent des vérins hydrauliques.

    Ces araignées, comme l'éléphant mécanique de Nantes, font partie des Mécaniques Savantes, nouvel ordre du vivant imaginé par François Delarozière, un ancien du Royal de Luxe, maintenant directeur artistique de La Machine.

    « Nous aimons l'idée de transformer la ville en un théâtre géant, de transformer un lieu banal et de le montrer sous un jour différent. Ainsi les gens ne regarderont plus la ville de la même façon. Nous voulons faire de la poésie à partir de la vie quotidienne. 1 »
  explique François Delarozière

 « Plus que des robots, ce sont des pantins. Les opérateurs dirigent chaque geste. A la technologie des ordinateurs, je préfère une grande roue. Ainsi nous créons la danse de la machine. 1"

Araignée mécanique de La Machine. Parade dans les rues de Yokohama
photo Chidorian

    "Le mouvement est l'expression de la vie. Le mouvement crée l'émotion. On peut dire que nous sommes une usine à émotions. ... Nous utilisons des matériaux très simples: ni plastique ou résine mais de l'acier, du bois et du cuir. Le soleil brunit le bois et le cuir. Tout est très organique ainsi nos machines vieillissent bien. 1"

    La première araignée, construite par la Compagnie La Machine, a déjà paradé à Liverpool en septembre 2008; les anglais l'avait surnommée The Princess. Après la parade inaugurale du 19 avril à Yokohama, la Princesse est retournée à Nantes, sa ville natale. La deuxième araignée restera au Japon pendant 150 jours, citoyenne de la ville le temps de la commémoration des 150 ans d'ouverture du port au monde occidental.

Araignée mécanique de La Machine. Parade à Yokohama
Photo; shingo


      En 1853, le Commodore américain Matthew Perry entra dans le port d'Edo (Tokyo) avec des canonnières. Cinq ans plus tard, le Japon et les Etats-Unis signèrent des traités ouvrant des ports aux occidentaux, dont celui de Yokohama.
Incarnation du danger, des choses étranges inconnues qui rôdent, les araignées sont un symbole de la fermeture du Japon aux étrangers pendant deux siècles.

Araignée mécanique de La Machine, jet de vapeur. Parade à Yokohama
photo: yd
   Terrifiantes, venues d'un monde obscur, les araignées tissent une toile pour capturer leur proie, la dévorer et en nourrir leurs petits. La toile, web en anglais, est devenu le symbole de la communication, du rapport à l'autre. Comme l'araignée géante de Louise Bourgeois, l'insecte est à la fois maléfique et bénéfique.

Pattes de l'araignée géante à Liverpoolphoto renaissancechambara
    L'araignée de La Machine est logée à l'entrepôt Red Brick sur le front de mer. Du lundi au vendredi, le gentil monstre déambulera dans la ville de Yokohama avant de retouner se cacher à Nantes.


Voir video de la parade des araignées géantes de Yokohama



Expo Y150, 150è anniversaire de l'ouverture du port
Du 19 avril au 27 septembre 2009
Yokohama, Japon





Liens:
L'araignée géante de Louise Bourgeois aux Tuileries

Palagret
avril 2009



 1- The Japan Times

Partager cet article
Repost0
23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 11:15

   
   Voilà des tags et des graffs bien éloignés de la colère de la rue. Rien de subversif dans ces coeurs éclatés, coeurs transpercés, coeurs sanglants! Des coeurs de tous styles en bellles couleurs éclatantes se répètent sur les cimaises du Grand Palais exposant la collection Gallizia.

Coeur et dripping, Meak 06


   Alain-Dominique Gallizia a demandé à des graffeurs et des tagueurs de travailler sur le thème de l'amour.  Sur des doubles toiles horizontales de 60x 180 cm, les artistes ont tagué leur signature ou un graphisme libre à gauche. A droite, une variation sur le thème de l'amour.

    La plupart des artistes  ont dessiné un coeur (Meak 06, Kea, Yaya, Wen, Ero, Kase 2, Askew, Dealyt, Cyde, Amazen, Zeky, Stayhigh, Blake, Popay), des mains formant un coeur (Nov). Swen écrase un coeur d'un poing. Butch 2 enchaîne un coeur rouge que vise un Cupidon.

Coeur éclaté, Kea
     
     D'autres tagueurs ont écrit le mot "love" ou dessiné un crocodile (Yaya).

   
Tag sur le thème de l'amour: Coeur sanglant et barbelés, Wen

 
      A l'origine, le mouvement des tags est une protestation avant de devenir une compétition entre "writers". Ici le thème imposé en fait un exercice de style loin de la transgression originale du mouvement des tags.


Tag sur le thème de l'amour:  Duro, T Kid, Butch 2

Liens:
Les tags et graffs s'exposent au Grand Palais
Grand Palais: un coup de karcher jamais n'abolira les tags et graffs
Grand Palais: le mot "love" en tag et graff
Grand Palais: tags et graffs, ourson et crocodile

Les tags
Des tags colorés sous les toits
Les pochoirs de la rue de l'ourcq
La fresque murale de la rue de Thionville, pochoirs et tags
Les graffiti de Stephen Sprouse sur les sacs Vuitton



Tag sur le thème de l'amour: variation de Kelfirst, Crash, Kase 2, Mace



Le Tag au Grand Palais - La collection Gallizia
Du 27 mars au 26 avril 2009. Prolongé jusqu'au 3 mai
Ouvert tous les jours de 11h à 19h
Plein tarif : 5 €  Tarif réduit : 3 €
Grand Palais des Champs-Élysées
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris




Palagret
Partager cet article
Repost0
10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 19:02

 

 

    Si Andy Warhol a fait de la publicité un art, la publicité en retour se nourrit de ses idées et imite son style.


 


Affiche publicitaire style Warhol


    A Paris, c'est la saison Warhol. Profitant de l'exposition "Le grand monde d'Andy Warhol" au Grand Palais, les publicitaires se réfèrent au pop artiste.


 


Affiche publicitaire style Warhol

 

 

    L'image est simplifiée, les traits du visage sont atténués avec des aplats de couleurs. La toile est divisée en cases et les arrières plans sont saturés de couleurs violentes. Aujourd'hui photoshop fait des miracles.

 


Affiche publicitaire style Warhol

 

   Même les affiches non-publicitaires, les papier collés au coin des rues, imitent le style Warhol.

 


      Papier collé dans la rue, galerie de portraits style Warhol

 

Papier collé dans la rue, galerie de portraits style Warhol



    Depuis longtemps, les ordinateurs Apple permettent grâce à Photobooth de prendre des photos style pop-art et il existe sur internet de nombreux sites qui vous proposent de faire votre portrait en style Warhol.



Affiche de l'exposition "Le grand monde d'Andy Warhol"
au Grand Palais à Paris



Le grand monde d'Andy Warhol
18 mars - 13 juillet 2009
Galeries nationales du Grand Palais
3, avenue du Général-Eisenhower
75008 Paris

"Warhol TV"
18 février - 3 mai 2009
La Maison rouge, 10 bv de la Bastille, 75012 Paris

 

Palagret
archéologie du quotidien
avril 2009


Partager cet article
Repost0
5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 23:25

    La place du général-Catroux retrouve enfin le troisième Alexandre Dumas et pourrait de nouveau s'appeler la place des trois Dumas. Encadré par la statue d'Alexandre Dumas, son fils et auteur des Trois Mousquetaires et par  Alexandre Dumas fils, son petit-fils, auteur de La Dame aux Camélias, le Général métisse a de nouveau son monument à Paris.



Fers, hommage au Général Thomas Alexandre Dumas
Musée Khômbol, 2009, Haut de 4 mètres, chaque fer pèse 2,6 tonnes

    En 1913, le sculpteur Alphonse Emmanuel de Perrin de Moncel érige un monument à la gloire du premier général d’armée afro-antillais. Anatole France déclarait : « Le plus grand des Dumas, c'est le fils de la négresse. Il a risqué soixante fois sa vie pour la France et est mort pauvre. Une pareille existence est un chef-d'œuvre auprès duquel rien n'est à comparer. »




Fers, hommage au Général Thomas-Alexandre Dumas, Musée Khômbol, 2009


   Sous l’Occupation nazie, le bronze du Général Dumas est fondu en vertu d’un décret du Gouvernement de Vichy. Il s'agit de soutenir l'effort de guerre en récupérant les métaux non ferreux mais aussi de se débarrasser des héros statufiés peu appréciés par le régime raciste de Vichy. Le Général métisse devait être un des premiers sur la liste d'épuration. De nombreuses statues disparaissent dont celle de Charles Fourier, le père de l'Utopie socialiste et d'Arago.



Portrait du  Général Thomas Alexandre Dumas


    « L'association des Amis du général Dumas » et Claude Ribbe réclamaient depuis longtemps le retour d'un hommage au Général révolutionnaire. Il avait été question d'une oeuvre d'Ousmane Sow représentant le Général domptant un cheval.



Projet de sculpture monumentale d'Ousmane Sow
pour le Général Thomas-Alexandre Dumas, Source

    Le projet du sculpteur africain n'a pas été retenu. Driss Sans-Arcidet dit Musée Khômbol a été choisi parmi cinq candidats. Il a conçu une œuvre symbolique: deux bracelets d'esclaves brisés auxquels sont encore attachées des chaînes. C'est un monument au Général mais aussi à l'abolition de l'esclavage.



Fers, hommage au Général Thomas-Alexandre Dumas
Musée Khômbol, 2009


     « Le premier fer, c’est l’enfance, l’esclavage. Le bracelet est presque fermé, le nom donné est celui du propriétaire de l’enfant. Le second fer est presque ouvert, c’est l’âge de la gloire et de l’humain, le nom choisi est celui de notre homme. » déclare Musée Khômbol.

   Thomas-Alexandre Davy de La Pailleterie (1762-1806) qui allait devenir le Général Thomas Alexandre Dumas est né dans les fers dans la partie française de l’île de Saint-Domingue, aujourd’hui République d’Haïti. Fils naturel d’un aristocrate français et d’une esclave d’origine africaine, il est lui même esclave, comme l'exige le code noir de l'époque. 1

   D’abord vendu par son père, le jeune Thomas-Alexandre est racheté par celui-ci et s’installe avec lui en métropole. Il eut une brillante carrière militaire sous la Révolution, passant de simple soldat à général en sept ans, sous le pseudonyme d'Alexandre Dumas. On le surnomme Monsieur de l'Humanité à cause de son respect des prisonniers et des populations civiles, ce qui est peu courant à l'époque. Il commande plusieurs armées puis sert sous les ordres de Bonaparte en Italie. Durant la campagne d'Egypte, le général Dumas se brouille avec le futur empereur.

    A l’époque du Consulat, en 1802, lors du rétablissement de l'esclavage,  au moment de l'insurrection de Saint-Domingue il s'oppose à Bonaparte. Le Général Dumas aurait répondu au consul qui lui demandait de combattre les mutins: « Comment pourrais-je vous obéir ? Je suis d'origine nègre » 2. Il est alors victime de l'épuration raciale de l'armée. Bonaparte le met à la retraite et lui refuse toute pension. Après cette disgrâce, il ne reçut jamais aucun honneur ni reconnaissance.



Statue d'Alexandre Dumas Père, Gustave Doré (1833)

      Le premier général d’armée afro-antillais meurt oublié en 1806. Sa veuve ne touchera aucune pension. Son fils, le futur romancier du Comte de Monte-Christo, n'a pas encore quatre ans. Le romancier gardera le pseudonyme du père qu'il a à peine connu et s'inspirera de ses exploits et de sa bravoure pour écrire les Trois Mousquetaires.

    Avec ses trois monuments, deux de style classique et le troisième contemporain, la place du général-Catroux est donc dédièe à l'invention, invention d'un destin avec le général métisse, invention romanesque et théâtrale avec les Dumas père et fils. Une dynastie remarquable.



Statue d'Alexandre Dumas fils, René de Saint-Marceaux, 1906


    Le monument sculpté par Gustave Doré (1833) représente Alexandre Dumas père assis dans un fauteuil, en haut d'un piédestal. A ses pieds, trois de ses héros lisent un livre; au dos on reconnaît d'Artagnan.

   Alexandre Dumas fils est entouré d'une ronde de jeunes femmes levant un regard admiratif vers le génie (René de Saint-Marceaux, 1906).
 



Fers
, de Driss Sans-Arcidet dit Musée Khômbol

Place du général Catroux, Paris 17e

Liens sur ce blog:




Palagret
statuaire
avril 2009



1- Le Diable noir, biographie du Général Dumas, Claude Ribbe, 2008, éditions Alphée-Jean-Paul Bertrand
2- Félix-Hilaire Fortuné, Les Îles françaises d'Amérique, L'Harmattan, 2000


Partager cet article
Repost0
4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 00:17
    
    En entrant dans la galerie, on a l'impression de voir une oeuvre unique tant les toiles sont rapprochées. Empilées quatre par quatre, les tags et graffs ont tous le même format (une double toile horizontale de 60x 180 cm). Il faut un peu de temps pour s'orienter dans cette explosion de couleurs.

Galerie Sud-Est du Grand Palais, exposition T.A.G

Galerie Sud-Est du Grand Palais, exposition T.A.G

     Tout débute en 1971, quand un curieux graffiti "Taki 183"  laisse les passants perplexes. Peu de temps après, le New York Times du 21 juillet 1971, révèle que l'auteur est un adolescent de 17 ans qui habite la 183 ème rue à Washington Heights. Taki est le diminutif grec de Demetrius.

 Taki 183, le pionnier

    Taki est le premier à griffer les murs et les métros de New-York, il y a quarante ans. Apposer son nom sur des rames de métro est une manière de dire « j'existe ». Une revendication et un défi dangereux.

De haut en bas:
Kelfirst, Crash, Kase 2, Mace 139

    Ce street-art est d'abord le fait d'adolescents assez agiles pour se faufiler entre les rames, grimper sur les toits et courir vite pour échapper à la police. Les premiers tags sont d'abord faits au marker. Plus tard, la bombe aérosol de peinture acrylique permet des compositions ambitieuses.

    Avec le temps, le lettrage se complexifie jusqu'à l'abstraction. Aussi ornées que les lettrines des manuscrits médiévaux, les signatures sont volontairement indéchiffrables. Une calligraphie inventive, aux lettres tantôt aigues, tantôt rondes (bubbles), couvre les murs de la ville. Des dessins, des figures des phrases apparaissent au milieu des paraphes. Le maniement de la bombe aérosol demande une grande dextérité et beaucoup de travail. Les artistes s'entraînent à parfaire leur geste.

De haut en bas: L'Atlas, Jace, Faust, Swiz

     Aujourd'hui trois générations de graffeurs coexistent au Grand Palais.  Presque tous les styles sont représentés ici, de l'expressionnisme à la BD. Des formes nettes et claires et de grands fouillis. De nombreux adeptes continuent à signer avec un nom suivi d'un numéro: Stayhigh149, Mace 139, Tate 5 etc ... . Zedz dessine à la règle des formes géométriques, Utah One l'américain écrit en lettres style BD, Fridricks l'Islandais enchevêtre des formes complexes, le français Mark 93 colle un vieux blue jean sur sa toile, Mammelzee découpe des titres de journaux, Oneo fait du dripping, Meak s'inspire de Jim Dine etc.

    Le tag né aux Etats-Unis est vite devenu international. Toujours illégal, certains graffeurs (writers) s'exposent aujourd'hui dans les galeries. Un embourgeoisement diront certains, une alternative au côté éphémère des tags et des graffs diront d'autres. Le musée à ciel ouvert est changeant, les tags sont vite recouverts, bombés, par d'autres tags ou effacés par les autorités municipales.

     Pour garder une trace de cet « art sauvage », Alain-Dominique Gallizia a commandé des oeuvres spéciales à des artistes-graffeurs. Les 300 toiles réalisées par 150 artistes se plient au même protocole: la signature de l’artiste à gauche et une évocation de l'amour à droite. La plupart ont joué le jeu même si l'amour se réduit souvent à des coeurs et des mots.

De haut en bas: Reso, Rosy, Oneo

    On retrouve les pionniers américains ( Taki 183, Cornbread, Stayhigh 149, Rammelzee Seen, Quik, Blade, Toxic, Joneone), des vedettes mondiales ( le Néerlandais Shoe, le Brésilien Nunca, l’Islandais Fridrick,…) et de nombreux Français dont Bando, l'importateur du tag en France en 1983.

De haut en bas: Utah one, Askew, Tate 5, Nov

    En s'institutionnalisant, les tags et graffs perdent leur côté provocateur. Les délinquants d'hier deviennent les maîtres établis de l'aérosol. A l'abri dans un atelier, les artistes réalisent des oeuvres d'une indéniable maitrise technique mais ils n'ont plus rien de sulfureux. Le formatage imposé par Alain-Dominique Gallizia est tout le contraire du mouvement hip-hop fait de spontanéité et de liberté.

     Au Grand Palais, les oeuvres sont accrochées à des murs de parpaings gris, dans la galerie Sud-Est éclairée par une belle verrière qui projette des raies d'ombre sur les toiles. Cette galerie servait de salle de cours aux étudiants en langues de Paris IV jusqu'en 1999. Elle va être rénovée et s'ouvrira sur la nef actuellement masquée.

  
Voir d'autres photos de l'exposition Tags et Graffs


Le Tag au Grand Palais - La collection Gallizia
Du 27 mars au 26 avril 2009.
Prolongé jusqu'au 3 mai
Ouvert tous les jours de 11h à 19h
Plein tarif : 5 €  Tarif réduit : 3 €
Grand Palais des Champs-Élysées
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris


Liens:
Les tags
Des tags colorés sous les toits
Les pochoirs de la rue de l'ourcq
La fresque murale de la rue de Thionville, pochoirs et tags
Les graffiti de Stephen Sprouse sur les sacs Vuitton

coeurs de graffeurs

Palagret
Partager cet article
Repost0
1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 11:46

 

   Une installation de palettes de bois, probablement inspirée des travaux du plasticien Tadashi Kawamata, se trouve dans la cour de l'école des Beaux-arts, à Paris.


Installation de palettes, inspirée de Kawamata


    Un travail d'élèves qui reprend le principe des cagettes attachées les unes aux autres pour former une architecture légère et éphémère.

 

 


Le bateau échoué en cours de construction, installation de palettes, inspirée de Kawamata


     Des palettes neuves ou usagées s'empilent et quelques planches peintes en rouge ou bleu rompent l'austérité du bois blanc. Art de la récupération! Des sacs poubelle noirs lestent l'ensemble. L'installation n'est peut-être pas finie ou en cours de démolition!


Installation de palettes, inspirée de Kawamata
---------------------------
   Marcos Alvila me signale qu'il s'agit d'une oeuvre du collectif «La Pieuvre », un bateau échoué de 4m de hauteur sur 14, présenté par trois artistes, Marcos Alvila, Anastasia Benay et Adrien Schindler. Le bateau a d'abord été testé dans la cour des Beaux-arts. Puis il a été reconstruit avec des palettes de bois, des chambres à air et des cordes et exposé dans le hall de la mairie du 10è à Paris.
---------------------

    Le bateau échoué est ouvert, comme une scène, un réceptacle, un refuge. Un refuge bien précaire puisque l'embarcation est échouée et ses passagers probablement noyés, comme les boat-people qui tente de rejoindre un pays plus riche et n'atteignent jamais le rivage. 



Video du bateau sur citenzide

 

 

Lien sur ce blog:
Tadashi Kawamata à Versailles

Palagret
éphémère
avril 2009

Partager cet article
Repost0
30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 23:04

    La prochaine exposition aux Ecuries du château de Sceaux est consacrée au sculpteur figuratif René Letourneur (1898-1990). Depuis 2007, deux sculptures de Letourneur se trouvent dans le parc, près du pavillon de l'Aurore.


Le crépuscule, femme à la chevelure défaite
Sculpture de René Letourneur, Parc de Sceaux

    Letourneur sculpte deux femmes assises, au corps ramassé, replié sur lui même. Le bras s'appuie sur la jambe pour former des statues compactes, sans vide. Ici, le sculpteur ne recherche pas l'élan mais le repos et crée des formes massives et puissantes. La première "l'Aurore", ou l'aube, date de 1949-1950. La deuxième "le crépuscule" date de 1951-1953. Les deux sculptures sont réalisées en taille directe en pierre d'Euville pour le parc de Sceaux.


Le crépuscule, femme à la chevelure défaite
Sculpture de René Letourneur, Parc de Sceaux


Letourneur travaille la pierre, le marbre de Naxos ou de Paros, le ciment-pierre et le bronze.
    "La sculpture de René Letourneur transcende les références néoclassiques pour atteindre à une humanité profonde dont la sensualité est soulignée par une exceptionnel maîtrise du traitement du marbre, son matériau de prédilection. Charnelle et solennelle, la femme incarne chez Letourneur les virtualités d'une iconographie sacrée réinterprétée dans le langage de notre "spiritualité laïque" contemporaine." 1

Le crépuscule, femme à la chevelure défaite
Sculpture de René Letourneur, Parc de Sceaux


     L'artiste connut tôt le succès. En 1929, un jury présidé par Maillol le choisit pour réaliser un monument à Simon Bolivar. La gigantesque fresque de bronze, de 12 mètres de haut sur 10 mètres de long, est installée à Quito en Equateur. Bolivar le libérateur, porté par des victoires ailées, entraîne ses combattants vers la victoire. 

L'aurore, ou l'aube,
Sculpture de René Letourneur, Parc de Sceaux

    
Dans les années trente, Letourneur s'affirme comme le protagoniste de l'intégration de l'art à l'architecture. Il réalise de nombreux bas-relief sur des immeubles privés et publics. Le sculpteur exerce un rôle prépondérant dans le domaine de la commande publique en France, le 1%,  jusqu'en 1972. A partir de cette date, la sculpture néo-classique n'est plus dans l'air du temps.
 

L'aurore, ou l'aube,
Sculpture de René Letourneur, Parc de Sceaux

    "Dès lors, le sculpteur se consacrera, dans le silence de l'atelier de Fontenay-aux-Roses, à l'approfondissement de sa réflexion sur son système esthétique, basé sur l'exaltation d'une typologie formelle spécifique du corps de la femme." 2

L'aurore, ou l'aube,
Sculpture de René Letourneur, Parc de Sceaux


Monument à Bolivar de René Letourneur
Quito, Equateur
Photo: jdklub


    En 2005, trois bronzes figuratifs de René Letourneur sont exposés à Union Square à New-York.



Vidéos du sculpteur René Letourneur



L’Atelier du sculpteur René Letourneur
Du 7 mai au 3 novembre 2009
Tous les jours sauf mardi, de 10h à 18 h
Ecuries, Musée de l’Île-de-France
Château de Sceaux - 92330 Sceaux
Tél. 01 41 87 29 50
www.chateau-sceaux.fr
 

Liens sur ce blog:


Palagret
sculpture
mars 2009


Sources:

Toutes les photos sont de Palagret

1- Dossier de presse
2- Pierre Restany, René Letourneur, Edition Cercle d'art 1999

 
Partager cet article
Repost0
28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 13:45

      Les rayures rouges et blanches des temples hindous ressemblent au motif obsessionnel de Daniel Buren.

Rayures rouges et blanches sur l'enceinte d'un temple
Kedar Ghat à Varanasi (Bénarès)

     Daniel Buren s'est inspiré, en 1987, d'une toile de store rayée, vendue au marché Saint-Pierre à Paris. L'étoffe comprenait des bandes alternées rouges et blanches de 8,7 cm de largeur. Depuis, Buren utilise ce nombre fétiche dans beaucoup de ses compositions. On le retrouve bien sûr sur les colonnes rayées en noir et blanc du Palais Royal.

Manifestation III, peinture de Daniel Buren exposée à Beaubourg


     Daniel Buren aurait-il vu les rayures rouges et blanches des temples hindouistes? En Inde, la structure rayée est plus large et varie selon les lieux mais le rythme hypnotique est le même.


Partager cet article
Repost0
20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 12:18


    Le vide attire le plein. Au centre Pompidou, l'exposition Vides ne l'est pas restée longtemps.

 

 


Un espace vide dans le centre Pompidou, 2009, Stanley Brouwn
Tag noir d'Irmar


   Un graffiti noir est apparu sur un mur immaculé. C'est un petit carré noir griffonné au marker. Au-dessous, on lit IRMAR.


    De quoi IRMAR est-il le nom?

    S'agit-il du sigle de l'Institut de Recherche Mathématique de Rennes? Les chercheurs ne sont pas vraiment des joyeux farceurs bien que les mathématiciens aiment l'idée de l'infini et de la perfection. Cependant, un étudiant des "anneaux d'endomorphisme de courbes elliptiques en cryptographie" fréquente sans doute peu le musée d'art moderne de Beaubourg.

Un espace vide dans le centre Pompidou, 2009, Stanley Brouwn
Tag noir d'Irmar

    Est-ce le nom d'une divinité nordique échappée du Crépuscule des Dieux? Une publicité pour une compagnie de camion de Richmond (Irmar Trucking Compagy) en Indiana? Un outil d'analyse complexe du management et du reporting (?) de JSC Global Solutions?


Un espace vide dans le centre Pompidou, 2009, Stanley Brouwn
Tag noir d'Irmar


    Il s'agit peut-être d'IRMAR, l'Institut de Recherche menant à Rien qui cite un texte de John Cage:
« Mais comme tout change, l’art va maintenant vers l’intérieur et il est de la plus haute importance non de faire une chose mais plutôt de ne faire rien. Comment s’y prend-on ? En faisant quelque chose qui ensuite entre et ne nous rappelle rien. » Discours sur rien, John Cage, 1959.

Exposition "Vides" à Beaubourg


    Le rien et le vide sont deux notions proches. Cependant en griffonnant sur un mur vide, l'auteur annule le rien. La photo du vide maculé a été prise le 11 mars. Le tag d'IRMAR est-il toujours là?



Lien:
L'exposition Vides à Beaubourg



« Vides, une rétrospective »
du 24 février au 24 mars 2009
Musée national d’art moderne - Centre Pompidou -
Place Georges-Pompidou
01 44 78 12 33



Palagret
Partager cet article
Repost0