16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 00:09

    Arrêtez vous, il n'y a rien à voir! Neuf salles blanches, aux cimaises strictement vides de toute oeuvre d'art exposent l'absence. C'est le rien qui est l'oeuvre. Depuis Yves Klein en 1958, plusieurs artistes conceptuels se sont livrés à ce jeu provocant.



"La spécialisation de la sensibilité à l'état matière première
en sensibilité picturale stabilisée" d'Yves Klein
Vides. Une rétrospective, à Beaubourg

    Ce geste radical pose plein de questions très subtiles expliquées dans  le dossier de presse 1. Cependant, il y a une contradiction entre les oeuvres exposées et la perception du visiteur. A Versailles, certaines sculptures de Jeff Koons étaient protégées par des vitrines. Le décor rococo du château reflété sur le verre était plus visible que les sculptures pop de l'artiste américain. Ici à Beaubourg, aucun reflet gênant ne s'interpose entre l'absence d'oeuvre et le visiteur. Il peut tout à loisir méditer sur le minimalisme extrème, l'art conceptuel, l'interrogation de l'espace, la notion de musée, l'épuisement de l'art contemporain etc ...



Vides. Une rétrospective, à Beaubourg



   Pour ceux qui sont peu portés à la méditation, l'expérience est un peu courte. Plutôt que de faire face au néant, l'oeil du visiteur est attiré par le presque rien.

     Blaise Pascal écrit dans "Les Pensées": "La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement et c'est pourtant la plus grande de nos misères."  Ici, il n'y a pas le moindre divertissement. Le vide, comme le silence prolongé, qui nous renvoie à "nos misères" est difficile à supporter alors le regard s'accroche à n'importe quoi, l'esprit transforme ce vide en plein et cette absence en présence. 



Vides. Une rétrospective, à Beaubourg


     Le vide, les vides, pour être parfaits, devraient être absolus ors ils ne le sont pas.



Vides. Une rétrospective, à Beaubourg
Fenêtre bleue à la tombée du jour



    De nombreux éléments, d'autant plus visibles qu'il n'y a pas de tableaux pour capter le regard, interfèrent  avec une contemplation sereine. Les néons, les tubulures du plafond qu'on aperçoit par les interstices, le vert des panneaux de secours, le bleu des fenêtres ou le rouge des seaux à incendie comblent l'absence de couleurs et de formes.



Vides. Une rétrospective, à Beaubourg
Panneau vert d'issue de secours

    S'il n'y a rien d'accroché au mur, il y a toujours les murs. Comme un prisonnier enfermé dans une cellule au mur nu, le visiteur explore les surfaces aux minuscules variations. L'esprit s'évade.



Un espace vide dans le centre Pompidou, 2009, Stanley Brouwn
Tag noir d'Irmar



    Pour répondre à la provocation des artistes et des commissaires de l'exposition, un visiteur a griffonné au marker un petit tag dans la salle de Stanley Brouwn. Le mur blanc n'est plus immaculé, un petit carré noir signé IRMAR le macule. Le graffeur aura peut-être un jour les honneurs d'un musée ou d'une galerie pour une exposition consacrée au trop plein.




Un espace vide dans le centre Pompidou, 2009, Stanley Brouwn
Tag noir d'Irmar


     Ce tag est un défi, est-ce un délit? Sans doute, mais inutile de dramatiser, l'exposition n'est qu'une reconstitution d'interventions éphémères. La vraie oeuvre est le concept et un graffiti ne peut souiller un concept.



Vides. Une rétrospective, à Beaubourg




      Une salle vide, c'est intéressant, neuf c'est ennuyeux. L'art conceptuel, où seul le texte soutient l'oeuvre, s'apprécie aussi bien en lisant le gros catalogue « Vides. Une rétrospective » confortablement installé dans un fauteuil.



Le musée d'art moderne à Beaubourg



     Après avoir lentement admiré les neufs salles vides et lu les cartels explicatifs, souvent drôles avec leur texte emphatique, le visiteur peut se diriger vers la Donation Cordier qui expose des pièces magnifiques.



Margelles de puits peuls, donation Daniel Cordier

Liste des pièces vides exposées:
1- Yves Klein.
La spécialisation de la sensibilité à l'état matière première en sensibilité picturale stabilisée, Paris 1958
2- Art & Language. The air-conditionning show, 1967
3- Robert Barry.
Some places to which we can come, and for a while "be free to think about what we are going to do." (Marcuse), Turin 1970
4- Robert Irwin. Experimental situation, Los Angeles 1970
5- Laurie Parsons. Sans titre, New-York 1990
6- Bethan Huws. Haus esters piece, Krefeld 1993
7- Maria Eichhorn. Money at the Kunsthalle, Berne 2001
8- Roman Ondak. More silent than ever, Paris 2006
9- Sanley Brouwn. Un espace vide dans le centre Pompidou, 2009



Liens:
Initiation rooms de Tania Mouraud
Palagret
art contemporain

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1 - Dossier de presse:
Manifestation exceptionnelle, « Vides » est une rétrospective des expositions vides depuis celle d'Yves Klein en 1958. Dans une dizaine de salles du Musée national d'art moderne, elle rassemble, de manière inédite, des expositions qui n'ont rigoureusement rien montré, laissant vide l'espace pour lequel elles étaient pensées.

L'idée d'exposer le vide est récurrente dans l'histoire de l'art de ces cinquante dernières années, au point d'être presque devenue un cliché dans la pratique artistique contemporaine. Depuis l'exposition d'Yves Klein La spécialisation de la sensibilité à l'état matière première en sensibilité picturale stabilisée à la galerie Iris Clert, à Paris, en 1958, les expositions entièrement vides affirment différentes conceptions du vide.

S'il est pour Yves Klein un moyen de signaler l'état sensible, il représente en revanche l'apogée de l'art conceptuel et minimal pour Robert Barry avec Some places to which we can come, and for a while "be free to think about what we are going to do." (Marcuse), [« Des lieux où nous pouvons venir, et pour un moment, ' être libre de penser à ce que nous allons faire '. (Marcuse) »], œuvre initiée en 1970. Il peut aussi résulter du désir de brouiller la compréhension des espaces d'expositions, comme dans l'œuvre The Air-Conditioning Show d'Art & Language (1966-1967), ou de vider une institution pour modifier notre expérience comme dans l'oeuvre de Stanley Brouwn.

Il traduit également la volonté de faire l'expérience des qualités d'un lieu d'exposition, comme pour Robert Irwin et son exposition réalisée à la ACE Gallery en 1970, ou pour Maria Nordman lors de son exposition à Krefeld en 1984. Le vide représente aussi une forme de radicalité, comme celui créé par Laurie Parsons en 1990 à la galerie Lorence-Monk, qui annonce son renoncement à toute pratique artistique. Pour Bethan Huws et son œuvre Haus Esters Piece (1993), le vide permet de célébrer l'architecture du musée, signifiant que l'art y est déjà présent et qu'il n'est pas nécessaire d'y ajouter des œuvres d'art. Le vide revêt presque le sens d'une revendication économique pour Maria Eichhorn qui, laissant son exposition vide à la Kunsthalle Bern en 2001, permet d'en consacrer le budget à la rénovation du bâtiment. Avec More Silent than Ever (2006), Roman Ondak, quant à lui, laisse croire au spectateur qu'il y a plus que ce qui est laissé à voir.

Commissaires / organisateurs:
Laurent Le Bon, John Armleder, Mathieu Copeland, Gustav Metzger, Mai-Thu Perret, Clive Phillpot

Catalogue 39€


 
« Vides, une rétrospective »
du 24 février au 24 mars 2009
Musée national d’art moderne - Centre Pompidou -
Place Georges-Pompidou
01 44 78 12 33

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5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 00:16

 

    Le long de la Seine, du Bas-Meudon à Sèvres, court un chemin de halage qui a survécu à la modernité. Sur ce sentier bucolique se trouvent des pierres dressées.

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard face à l'île Seguin rasée
    Mal dégrossies, portant des traces d'entailles, les pierres proviennent de la destruction de l'ancien port de Sèvres. Ce chemin des Mégalithes est l'oeuvre de  Brigitte Sillard, une artiste qui pratique le Land Art.

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard en bordure de Seine, à Sèvres
    Les vingt lourdes pierres été installées avec l'aide  des éco-cantonniers des berges de Seine, au cours de l’hiver 1999/2000. L'oeuvre vit avec le temps qui passe. Les pierres se couvrent de mousse ou éclatent avec le gel. Quelqu'un a sculpté une boule, ou peut-être était-elle là avant. Quelques promeneurs ont barbouillé les mégalithes de tags, les cyclistes y appuient leur vélo.

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard en bordure de Seine, à Sèvres

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard en bordure de Seine, à Sèvres


    A deux pas de la route départementale 7 (RD7), bordée d'un côté par des péniches et de l'autre par les rails du tramway T2, le sentier est un havre de paix. Des cygnes blancs se laissent dériver sur la Seine. Sur l'île Seguin, une grue orange racle les décombres de l'usine de Renault-Billancourt. Le tramway file sans trop de bruit.

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard, Tramway T2


    Les quartiers du Bas-Meudon et de Sèvres sont en lente évolution depuis que l'usine de Renault-Billancourt a fermé ses portes en 1992. L'île n'est encore qu'un tas de gravats mais, rive gauche, de grands ensembles de bureaux rutilants s'accrochent aux côteaux de Meudon.

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard en bordure de Seine, à Sèvres
    L'aménagement de la RD7 est en discussion. Le Conseil Général veut intensifier le trafic avec une route à quatre voies, cinq par endroits, transformant le Bas-Meudon en un dense couloir de voitures s'engouffrant dans Paris. Les associations de riverains et les Verts s'opposent à ce qu'on coupe les riverains du fleuve.

    Le sentier de halage à demi-sauvage va devenir une promenade aménagée. Les mégalithes y survivront-ils? Ce n'est pas sûr.

Chemin des Mégalithes de Brigitte Sillard en bordure de Seine, à Sèvres



Brigitte Sillard à ArtSénat 2008  

Palagret
mars 2009

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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 01:41

   Les tags et les graffs sont avant tout sauvages et éphémères. Etalés sur les murs de la ville, les palissades de chantier et les lieux en déshérence, ils peuvent rester en place très longtemps ou être effacés dès le lendemain.

Tag semi-sauvage rue de Thionville

    Leur fragilité et leur semi-clandestinité en font tout le charme ... quand on les apprécie. Les graffeurs les plus talentueux quittent la rue et se retrouvent célébrés dans les galeries comme Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, pour les plus connus. En ce début de printemps les graffeurs urbains sont au Grand Palais.
 
Tag sauvage à Paris

    Pour garder une trace de cet art de la rue, Alain-Dominique Gallizia a commandé des oeuvres spéciales à des artistes-graffeurs. Les toiles ont toutes été réalisées selon un même principe de triple unité : Un même format (une double toile horizontale de 60x 180 cm), un même thème (la signature de l’artiste à gauche et un sujet libre sur l’Amour à droite)  et, si possible, un même lieu ouvert aux artistes: l’atelier d’Alain-Dominique Gallizia à Boulogne-Billancourt.

Tag sauvage sur un rideau de fer à Paris

    Les artistes du T.A.G. (Tag And Graff), Bando, Blade, Ces, Crash, Jay One, Nunca, Psyckose, Quik, Stayhigh149, Taki 183 etc s’exposent sur 700 m2. Non pas sous la prestigieuse nef, comme Promenade de RIchard Serra, mais dans le nouvel espace de la galerie sud-est, au 1er étage du Grand Palais.

Tag sauvage à Paris


     Les photos ci-dessus ne représentent pas les artistes exposés au Grand Palais.
Ces tags sauvages et éphémères, plus modestes, ont été récoltés à Paris, au hasard des rues.


Le Tag au Grand Palais - La collection Gallizia
Du 27 mars au 26 avril 2009.
Prolongé jusqu'au 3 mai
Ouvert tous les jours de 11h à 19h
Plein tarif : 5 €  Tarif réduit : 3 €

Grand Palais des Champs-Élysées
Avenue Winston-Churchill
75008 Paris


Les tags du Grand Palais ne s'effacent pas d'un coup de karcher
Coeurs de tagueurs au Grand Palais
Palagret

Source: dossier de presse

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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 00:05

    A la sortie du passage couvert Verdeau, des curieux, le nez collé à la vitre, semblent bien s'amuser. Ils observent de petits objets alignés dans une vitrine sombre: des petites boîtes vitrées surmontées d'un croix et d'un coeur, des reliquaires donc mais des reliquaires ironiques qui n'auraient guère leur place dans une église.


Reliquaires de François Jauvion
Galerie Virguina, passage Verdeau
 
  François Jauvion a déposé un objet dans chacune de ces minuscules vitrines grises hautes de 12 ou 16 centimètres, décorées de pierres colorées qui luisent doucement dans une pénombre qui sied aux objets de piété. Des objets dérisoires (figurine en plastique, jouets, petite photo) sont soigneusement enchâssés et offerts à notre vénération incrédule. 


JR le texan, Sainte Hausse de l'Essence
Sainte Apocalypse
une marguerite en pot, Saints Quotas Européens

    Chaque faux reliquaire est dédié à un Saint né de l'imagination fertile de François Jauvion. Il symbolise une idée. Ainsi une photo du méchant JR de Dallas devient Sainte Hausse de l'Essence, des pilules deviennent Sainte Hausse de la Sécu, le Géant Vert du maïs incarne Saint José Bové, un panneau de signalisation avec deux écoliers est Sainte Réforme Scolaire.



un soldat de plomb, Saint GW Bush
un masque tibétain, Sainte Flamme Olympique



   Ces nouveaux saints tout à fait sacrilèges font sourire. A la fois blagues de potache, objets de décoration ou créations artistiques, ces objets ne sont pas seulement amusants; ils pointent les désordres de notre société. Chaque reliquaire unique est accompagné d'une citation biblique et d'un commentaire à consulter sur le site de François Jauvion.


Pinocchio au long nez, Saints Politiciens



Mascotte de foot-ball, Saint Jeu à la Con
    Reprenons en coeur la litanie des Saints Fictifs: 
- Saint Cloclo (
prise électrique)
- Saint Bizness (statuette de Notre-Dame de Lourdes)
- Sainte Utopie (pin's décoré d'une faucille et d'un marteau)
- Saint Guantanamo (pince à outils)
- Sainte Amérique (pistolet en plastique rose)
- Sainte Canicule (thermomètre)

- Sainte Bernadette (pièces jaunes)
- Sainte Boniche (pince à linge)

 
    Avec un peu de chance, ces absurdes protecteurs nous aideront dans les épreuves qui nous menacent. L'artiste aurait pu ajouter Saint Parachute Doré et Saint Effondrement de la Bourse!
 

   Bouffant joyeusement du curé et avec un anti-américanisme primaire assumé, François Jauvion s'inscrit dans  une tradition de dérision bien française.


Femme enchaînée, Saintes Pratiques Sexuelles


 
   Le passage couvert Verdeau est dans la continuation des passages Jouffroy et des Panoramas. Il date de 1847. On y trouve des boutiques de livres rares, de décoration, des antiquaires mais certaines vitrines sont vides ou fermées par un rideau de fer.


 
Passage Verdeau, Paris IXè

Galerie Virguina
31 bis Passage Verdeau 75009 PARIS
Ouvert du mardi au samedi de 11h00 à 19h30
O1 47 70 10 00


Palagret
archéologie du quotidien
février 2009


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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 00:06
   
    Il y a longtemps que les ferries n'accostent plus à Port Morris dans le Bronx, en face de Rikers Island. Oubliée dans un quartier de friches industrielles, se trouve une monumentale sculpture de tôle rouillée qui est bien l'oeuvre de Richard Serra.

Bellamy de Richard Serra?



   Il s'agirait de Bellamy, une torque spiralée, nommé d'après Richard Bellamy, un des premiers marchands de Serra. Cette large bande d'acier spiralé a été exposée en 2002 à la galerie Gagosian à New-York avec cinq autres sculptures monumentales. Selon M. Curtis Eiser qui entrepose l'oeuvre sur son terrain, le propriétaire lui aurait dit « J'aime la manière dont la sculpture rouille dans l'air marin ». S'agirait-il de Richard Serra lui-même? 1

Bellamy? de Richard Serra


    Sur Google earth (latitude 40°48'0.12"N  longitude  40°48'0.12"N), Bellamy, la spirale stockée en plein air est clairement visible ainsi que six plaques courbes de différentes tailles qui seraient « Blindspot », vue en 2003 chez Gagosian.

Bellamy de Richard Serra?


    Ces oeuvres démontées valent des centaines de milliers de dollars et de nombreux musées seraient heureux de les exposer. Des sculptures de cette taille et de ce poids ne se retrouvent pas là par hasard. Que font-elles là à l'abandon? Des problèmes juridiques sont-ils à l'origine de cette bizarre situation? On se rappelle qu'en 1981 à New-York Titled Arc fut détruit à la demande des riverains qui ne supportait pas que la sculpture leur barre le passage. Richard Serra est mondialement connu maintenant et ses oeuvres sont mieux accueillies. Bellamy attend peut-être d'être transferrée dans un site plus adéquat qui n'est pas encore prêt?

Promenade de Richard Serra au Grand Palais, 2008


    Bien que reculé, le site n'est pas inconnu des jeunes artistes. En août 2006, un collectif a organisé une intervention artistique: « Invisible Graffiti: Magnet Show ». Un dimanche matin, 17 artistes ont discrètement envahi la friche et se sont glissés à l'intérieur des murs d'acier rouillé.

    La spirale, à l'opposé d'un labyrinthe, impose un parcours ou plutôt deux. De l'extérieur vers le coeur et du coeur vers l'extérieur. Les graffeurs ont suivi les intentions de Richard Serra qui veut que ses oeuvres se vivent en marchant. Elles ne se contemplent pas de l'extérieur, elles invitent le promeneur à en faire le tour et à y pénétrer. Seul le mouvement permet de les comprendre.
Clara Clara de Richard Serra aux Tuileries


   
Les graffeurs ont pris au mot l'artiste minimaliste mais ils ont ajouté une petite touche personnelle. Ils ont couvert les murailles d'acier de graffiti invisibles ou plutôt de graffiti magnétiques visibles mais qui n'abîment pas la structure. Facile à poser, facile à enlever, une installation éphémère.

    Une consigne donnée sur le site des invisibles graffeurs disait: « Si on vous questionne, affirmez que vous ne savez pas qui organise tout ça. Les criminels sont ceux qui se font prendre ». L'intervention était illégale puique les graffeurs magnétiques sont entrés sans autorisation sur une propriété privée mais à leur départ les murailles rouillés de Serra ont retrouvé leur sévère minéralité.
Les empreintes de semelles ou de mains que laissent les promeneurs sur Clara Clara aux Tuileries n'ont elles rien d'éphémères.

Empreintes de semelle sur Clara Clara aux Tuileries



    Bellamy dans le Bronx est un hommage involontaire aux 72 ouvriers qui périrent dans l'explosion d'un bateau à vapeur en 1932 au large de Port Morris. Ils avaient payé dix cents pour la traversée. 2 C'est aussi un hommage aux ouvriers mis aux chômage par la désindustrialisation du Bronx. Richard Serra ne serait sans doute pas d'accord avec cette idée.
Palagret
art contemporain
février 2009


1- NY Sun
2- The Bronx: In Bits and Pieces
Par Bill Twomey, Rooftop Publishing, 2007

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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 01:03
    Une visite bien ratée

    Vingt-deux heures devant le Grand Palais, une pluie fine tombe sur les irréductibles visiteurs qui font la queue depuis des heures pour entrer sous la verrière du Grand Palais où se tient l'exposition de la collection d'art d'Yves Saint-Laurent et de Pierre Bergé.

Affiche de la vente Yves Saint- Laurent / Pierre Bergé

    La file d'attente est presque aussi longue que samedi après-midi et il ne reste que deux heures avant la fermeture. Inutile d'insister, il est impossible d'atteindre la porte de cette caverne d'Ali Baba avant minuit.


La nef du Grand Palais vue du restaurant


    Repli sur le restaurant Mini Palais dont les fenêtres donnent sur l'intérieur de la nef. Déception, on ne voit rien sinon des murs noirs et une porte par laquelle on devine un meuble occulté par le va-et-vient des bienheureux qui ont eu la patience d'attendre plus de quatre heures. Est-ce le fauteuil aux dragons d'Eileen Gray là? Impossible à dire. Au restaurant, à la table d'à côté, un couple d'antiquaires sirote un Chambord Mimosa en commentant avec enthousiasme les trésors qu'ils ont pu admirer, eux.

La nef du Grand Palais vue du restaurant


    Il faudrait briser la vitre et sauter dans la nef, escalader la verrière ou se faire déposer par un hélicoptère pour avoir une chance d'approcher les chefs d'oeuvre accumulés par le couturier et son compagnon.  Solutions tentantes mais impraticables. La visite de la vente du siècle est complètement ratée. Les Picasso, Braque, Matisse sont hors d'atteinte. Il ne reste plus qu'à repartir bredouille comme des centaines d'autres postulants recalés.

Le grand Palais et le pont Alexandre III

  
La verrière éclairée du Grand Palais attise le regret. Un bateau-mouche glisse lentement sous le pont Alexandre III au milieu des reflets. C'est beau comme une carte postale. Paris est magique la nuit.

Statue du pont Alexandre III et Tour Eiffel


    Un petit salut en passant au Messager de Zadkine dont la silhouette se détache sur le ciel nuageux puis au Zouave de l'Alma. Le contemplant avec perplexité, deux jeunes anglaises cherchent le monument dédié à Lady Di.
-Traversez le pont, c'est juste là. Une grande flamme dorée.
- Oh thank you, thank you so much!
    Elles partent en riant rendre hommage à la princesse morte, ignorantes des magnifiques trésors exposés quelques centaines de mètres plus loin.

   La pluie s'est arrêtée, le faisceau de la Tour Eiffel balaye le ciel, Paris est quand même une fête. Des lueurs bleues clignotent aux fenêtres, il est temps de rentrer. La cérémonie des Oscars commence dans quelques heures. Il doit être encore plus difficile de s'asseoir au Kodak Theater de Los Angeles que de mettre un pied au Grand Palais. Alors autant voir par les yeux des autres et se contenter de la remise des récompenses sur l'écran du téléviseur!


Portrait d'Yves Saint-Laurent par Andy Warhol
Détail photographié sur un kiosque à journaux



L'orfèvrerie d'Yves Saint-Laurent - Pierre Bergé dispersée au Grand Palais
Une attente de plus de quatre heures pour la collection Yves Saint-Laurent - Pierre Bergé


Collection Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé
Entrée gratuite samedi 21 et dimanche 22, de 9h00 à minuit
Lundi 23 de 9h00 à 13h00.
Christie's, en partenariat avec Pierre Bergé et Associés, procèdera à la
vente aux enchères les 23, 24 et 25 février 2009.
Grand Palais, Paris



Photos de la collection


Palagret

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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 00:03

     A Paris, c'est la saison d'Andy Warhol. L'affiche de sa prochaine exposition au Grand Palais s'inspire du portrait d'Ethel Scull, une riche américaine
collectionneuse d'art contemporain.

Affiche de l'exposition Warhol au Grand Palais à Paris
« Le grand monde d'Andy Warhol »
    En 1963, dans un banal photomaton new-yorkais, Andy Warhol fait poser Ethel Scull. « Maintenant commencez à sourire et à parler, ça me coûte de l'argent! » lui dit-il. Sans se faire prier davantage, le modèle fit des mimiques graves, drôles, bêtes, avec ou sans lunettes. Warhol continuait à mettre des pièces dans le photomaton et il obtint une vingtaines de bandes de quatre photos chacune.

Affiche de l'exposition Warhol au Grand Palais à Paris
« Le grand monde d'Andy Warhol »
   A partir de ces photomatons, Warhol peignit « Ethel Scull Thirty-six Times » un portrait composé de 36 cases aux couleurs dominantes différentes avec 36 visages retouchés et sérigraphiés sur toile. Très vite, les riches et les puissants de ce monde voulurent se faire tirer le portrait par Andy Warhol, la coqueluche du tout New-York.

Affiche de l'exposition Warhol au Grand Palais à Paris
« Le grand monde d'Andy Warhol »
    Après le photomaton, Warhol se sert d'un Polaroïd Big Shot pour photographier ses riches modèles. Presque à la chaîne dans sa Factory, l'artiste pop fait le portrait de stars du cinéma (Brigitte Bardot, Sylvester Stallone, Jane Fonda), d'artistes (Man Ray, David Hockney, Joseph Beuys, Keith Haring, Mick Jagger), de couturiers (Yves Saint-Laurent, Sonia Rykiel) et de people, comme on ne disait pas encore, de la jet-set (la princesse de Monaco, Gunther Sachs, Gianni Agnelli, Lee Radziwell.
    Répétant inlassablement la même technique (photo, peinture, sérigraphie), Andy Warhol exécuta plus d'un millier de toiles.

    « Tous mes portraits doivent avoir le même format pour qu’ils tiennent tous ensemble et finissent par former un seul grand tableau intitulé Portrait de la société. Bonne idée, non ? Peut-être que le Metropolitan Museum voudra l’acquérir un jour ». Les tableaux sont dispersés et ne formeront jamais un seul tableau mais Andy Warhol a réussi à faire le portrait,
complaisant et ironique à la fois, du Grand Monde.

Affiche de l'exposition Warhol au Grand Palais à Paris
« Le grand monde d'Andy Warhol »
     L'exposition « Le grand monde d'Andy Warhol », présentera deux cent cinquante portraits de commande.

Publicité pour TDK avec Andy Warhol
     En plus de l'exposition au Grand Palais, Andy Warhol  (1928-1987) est  à la Maison Rouge avec "Warhol TV". On y découvre les nombreux programmes vidéo que réalisa Warhol pour la télévision. Confortablement installé dans un fauteuil, le visiteur regarde sur des écrans de différentes tailles une sélection des oeuvres warholiennes. Une sorte de zapping géant! 


Le grand monde d'Andy Warhol
18 mars - 13 juillet 2009
Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 22h. Fermeture le jeudi à 20h.

Galeries nationales du Grand Palais
3, avenue du Général-Eisenhower
75008 Paris


"Warhol TV"
18 février - 3 mai 2009

Du mercredi au dimanche, de 11 heures à 19 heures.
La Maison rouge, 10, bd de la Bastille, 75012 Paris
01-40-01-08-8101-40-01-08-81

 
Liens sur ce blog:
Vol à Los Angeles: le beau monde d'Andy Warhol kidnappé
Le style Warhol partout: affiches et T-shirts
Affiches publicitaires et street-art influencés par le style Warhol

La vente Yves Saint-Laurent / Pierre Bergé au Grand Palais
Dans la nuit des images au Grand Palais
Richard Serra au Grand Palais




Palagret
février 2009
art contemporain

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 00:30

 

    Fragments irréguliers de parasol, tente, fauteuil, Claude Viallat récupère des tissus hétéroclites au hasard de ses collectes. Il les raboute et les peint de son motif obsessionnel. Cette forme abstraite mais organique est une sorte d'osselet. Elle est appliquée au pochoir ou au pinceau en couleurs éclatantes ou assourdies sur un tissu rugueux. Les motifs d'origine sont visibles, tantôt fanés, tantôt très présents.

Claude Viallat à la galerie Daniel Templon
Raboutages

    Dans la grande salle de la galerie Daniel Templon, les tableaux agrafés aux murs ont des formes peu habituelles dictées par les matériaux assemblés. Certains font penser à une cape de corrida.

Claude Viallat à la galerie Daniel Templon
Raboutages


   Au début des années 70, Claude Viallat, avec Jean-Pierre Pincemin et Louis Cane, est l’un des fondateurs du mouvement éphémère Supports/Surfaces. Les jeunes plasticiens remettent en question la peinture traditionnelle sur toile, le cadre et le châssis.

Claude Viallat à la galerie Daniel Templon
Raboutages

    En juin 1969, lors d'une exposition au musée du Havre intitulée « La peinture en question » les peintres déclaraient:
" L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu'à eux-mêmes. Ils ne font point appel à un « ailleurs » (la personnalité de l'artiste, sa biographie, l'histoire de l'art, par exemple). Ils n'offrent point d'échappatoire, car la surface, par les ruptures de formes et de couleurs qui y sont opérées, interdit les projections mentales ou les divagations oniriques du spectateur."

Claude Viallat à la galerie Daniel Templon
Raboutages


    Près de quarante ans plus tard, le travail coloré de Claude Viallat invite pourtant à des divagations oniriques. La contestation du châssis et la déconstruction sont assez banales aujourd'hui. La répétition du motif est toujours là mais jamais monotone ni austère, conjuguée à la richesse des supports, des textures et des couleurs.

Claude Viallat à la galerie Daniel Templon
Raboutages

   Dans la deuxième salle, Claude Viallat revient à des formats rectangulaires. Il présente des hommages en forme de clin d'oeil.  Trois portraits de Claude Monet et les phrases « Monet Argenteuil 1990 » et « 150e Anniversaire de la Naissance de Claude Monet » à moitié effacées et à l'envers transparaissent sous les empreintes. Le mauve et le bleu dominent. Les trois chapeaux du peintre impressionniste font une tache orange.


Claude Viallat à la galerie Daniel Templon
Raboutages


   Pour l'hommage à Jean-Pierre Pincemin, Claude Viallat utilise les couleurs de son ami: rouge sombre, vert et bleu sur un tissu décoré d'éléphants.

     Une toile couverte de boîtes de soupe Campbell est l'hommage à ?  Warhol !



Claude Viallat est né en 1936 à Nîmes. il a fait ses études aux Beaux-Arts de Montpellier (1955-1959) puis de Paris (1962-1963).


En face de la galerie principale, Ben expose: "Ils se sont tous suicidés"


Claude Viallat - Raboutages
10 janvier - 21 février 2009
Galerie Daniel Templon - 30, rue de Beaubourg - 75003 Paris
Du lundi au samedi de 10h à 19h.


Palagret
art contemporain
février 2009
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14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 00:10
   
    Non loin des cadavres entassés du Radeau de la Méduse, des Pestiférés de Jaffa ou de la Mort de Sardanapale, Yan Pei-Ming organise "Les Funérailles de Monna Lisa" au Louvre.



"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
Salon Denon au Louvre


   Dans le salon Denon aux murs tendus de rouge, Yan Pei-Ming expose un triptyque et deux portraits aux tons gris-blancs. Au centre de l'oeuvre, une copielargement agrandie de la fameuse Joconde de Léonard de Vinci.



"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
Toile centrale
Salon Denon au Louvre


    Comme des larmes, des coulures de peinture brouillent le léger sourire de Lisa Del Giocondo et ses mains  délicatement croisées.



"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
Le fameux regard à travers les coulures de peinture
Salon Denon au Louvre


    Le portrait carré de 2,8 par 2,8 mètres est flanqué de deux immenses paysages rêvés de 2,8 par 5 mètres, prolongeant la campagne florentine. Paysage indistinct ou mer agitée, le champ abstrait est semé de crânes humains, réalisés à partir d'un scanner du crâne de   Yan Pei-Ming lui-même.




"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
crânes en gris et blanc



"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
Salon Denon au Louvre


    La Joconde, même sans couleurs, a l'air bien vivante, ce qui n'est pas le cas des deux gisants peints sur les  tableaux qui l'entourent. A gauche du triptyque, un portrait du père de l'artiste, décédé mais les yeux ouverts, regardant son fils. A droite, un autoportrait prémonitoire de l'artiste mort. Le Louvre n'est-il pas le sanctuaire des artistes morts!  Les deux cadavres ont l'air paisibles sur leur lit de mort, comparés aux corps torturés, transpercés, décomposés des grandes peintures romantiques de Delacroix et de Géricault exposées juste à côté dans la galerie Mollien.

    L'oeuvre de  Yan Pei-Ming est un memento mori, une vanité, thème récurrent de la peinture classique exposée au musée du Louvre.



"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
L'artiste mort, ou faisant semblant
Salon Denon au Louvre


     Réalisées dans son atelier d'Ivry-sur-Seine, les cinq toiles laissent voir des grumeaux et des éclaboussures de peinture à l'huile. A grands coups de pinceau, Yan Pei-Ming crée un paysage brumeux, évanescent comme celui de Léonard de Vinci mais loin de sa technique du sfumato si délicat.




"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
Salon Denon au Louvre


    Avec "Les Funérailles de Monna Lisa", le peintre franco-chinois se confronte à l'icône absolue de la peinture occidentale classique, après les icônes de la culture populaire chinoise (Mao) et les icônes américaines (Obama-McCain). Comme Andy Warhol, il joue avec l'image des célébrités.


Obama-McCain, Yan Pei-Ming, FIAC 2008
Photo Photon


     Comme l'explique Yan Pei-Ming aux visiteurs en ce premier jour d'exposition, la Joconde est la peinture la plus célèbre au monde, une référence absolue. Des générations d'artistes l'ont copié ou caricaturé comme Duchamp et Warhol. En Chine, Yan Pei-Ming et ses amis s'exerçaient à recopier le tableau du maître italien. Peindre les funérailles de Monna Lisa ne veut pas dire qu'elle est morte à l'admiration des foules et ne fait plus sens aujourd'hui. Non, "Les Funérailles de Monna Lisa" sont une manière pour le peintre d'en finir avec cette icône mais non avec la peinture.

    Le polyptyque monumental de Yan Pei-Ming est entouré d'oeuvres classiques de la peinture française comme  "Roger délivrant Angélique" (1819) d'Ingres ou  de "Phèdre et Hippolyte" (1802) de Pierre-Narcisse Guérin. Un grand tableau non identifié présentant une scène romaine domine le triptyque.



"Les Funérailles de Monna Lisa" de Yan Pei-Ming
Salon Denon au Louvre


    Quelques pas plus loin mais invisible du salon Denon, la Joconde de Léonard de Vinci (1506), la vraie, est exposée derrière une vitre blindée. On ne peut pas la voir de près. La distance physique créée par la barrière et la distance psychologique dûe au discours culturel sur cette oeuvre font écran entre le visiteur et le tableau.



La Joconde de Léonard de Vinci derrière sa vitre blindée


    Voir la Joconde est plus un acte d'allégeance à la culture occidentale qu'une expérience esthétique. Qui oserait dire que ce n'est pas la plus beau tableau du monde? Pourtant, dans la Grande Galerie, la Vierge au rocher (1486) de Vinci est tout aussi magnifique.



La Joconde, une icône de l'art occidental, mille fois photographiée


    Avec ces "funérailles de la Joconde", Yan Pei-Ming nous fait regarder Monna Lisa autrement et tisse un lien ironique entre la Renaissance italienne et la peinture contemporaine. C'est la première fois qu'il y a deux Jocondes exposées au Louvre.

    

Yan Pei-Ming devant son oeuvre

 
  Depuis plusieurs années, le Louvre accueille des oeuvres contemporaines. Succédant à Picasso dans le salon Denon, la Joconde décolorée suscitera-t-elle autant de scandale que Jan Fabre face à la peinture flamande au Louvre ou que Jeff Koons au château de Versailles?


    Yan Pei-Ming, 48 ans, a quitté la Chine à l'âge de 19 ans où il peignait des affiches officielles de Mao le Grand Timonier, dans le style réaliste-socialiste. Il travaille aujourd'hui à Dijon.



Expositions récentes de Yan Pei-Ming
2006: Exécution, Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne
2007/08:Portraits d’artistes, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence
2008: FIAC Paris
2008: Life souvenir, Des Moines Art Center, Iowa, USA
2009: San Francisco Art Institute, Californie, USA



Yan Pei-Ming
"Les Funérailles de Monna Lisa"
Salon Denon, Musée du Louvre, Paris
du 12 février au 18 mai 2009
Tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi.
Nocturnes, mercredi et vendredi jusqu’à 22h.

Palagret
art contemporain au Louvre
février 2009


 

 

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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 00:01

    Clara Clara, la sculpture monumentale de Richard Serra est toujours là, dans le fer à cheval des Tuileries. Avec le froid, les bassins ont gelé et les mouettes viennent se poser sur la glace, près de l'eau encore vive. Les poissons sont peut-être plus faciles à attraper quand l'eau est glacée.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Mouettes perchées sur le mur d'acier

Mouettes sur le bassin gelé des Tuileries

    La sculpture de Richard Serra attire le oiseaux et ils se posent en haut des murailles d'acier rouillé. Sur ce perchoir idéal, les mouettes se tiennent là, en alerte, prêtes à s'envoler au moindre danger.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Mouettes perchées sur le mur d'acier

Un bruit soudain et elles tournoient autour de la parenthèse incurvée, rasent le bassin gelé et se posent de nouveau sur la tête d'une statue. Puis elles reviennent sur Clara Clara, en un jeu incessant. Les oiseaux malheureusement souillent la sculpture. Des déjections blanches s'accrochent aux murs.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Mouettes perchées sur le mur d'acier et bassin gelé

    En plus des fientes d'oiseau, Clara Clara est maintenant couverte par endroit d'empreintes de semelles. Quelques acrobates ont réussi à mettre leur marque à plus de deux mètres de haut. Pour l'instant, il n'y a pas de main.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Empreintes de semelles

    On déchiffre quelques slogans effacés sur l'acier rouillé. « C'est de la merde » est encore visible malgré les efforts de l'équipe de nettoyage.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Empreintes de semelles

   Dans l'espace public, les oeuvres d'art contemporain subissent bien des outrages. Graffiti, tags, salissures témoignent de l'incompréhension du public. Quand ils ne les abiment pas les visiteurs jouent avec les oeuvres pour se les approprier.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries

    Au Palais-Royal, les colonnes de Daniel Buren amusent beaucoup les touristes qui jouent à chat perché dessus. Au Louvre en 2007 « les Contemporains » de Gloria Friedmann, un groupe de statues blanches, ont fait un tabac. Les visiteurs se photographiaient à côté en riant. A l'exposition « Dans la nuit des images » 1, ils jouaient avec les projections, courant après les moines de Samuel Beckett, les parapluies de  Kaiser et Eshkar et les chiffres de Ryoji Ikeda.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries

    C'est sans doute une manière pour les visiteurs d'apprivoiser les oeuvres qu'ils ne comprennent pas, de conjurer leur angoisse devant l'art contemporain. Ou plus simplement de s'amuser un dimanche après-midi!  Les graffiti existent depuis toujours sur les statues, les monuments et les maisons. On en trouve même à Pompeï.

Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
mouettes haut perchées



Installation de Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Clara Clara de Richard Serra, aux Tuileries
Promenade de Richard Serra, au Grand Palais
La sculpture monumentale de Richard Serra perdue à Madrid
Une oeuvre de Richard Serra abandonnée dans le Bronx?



Palagret, février 2009


1- dans la nuit des images 
 
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