25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 01:22


    Dans la nuit des images: pendant quatorze nuits, la nef du Grand Palais se transforme en caverne lumineuse. Une profusion d'images, film ou vidéo, est projetée sur des écrans suspendus de toutes tailles, à différentes hauteur dont on peut faire le tour. Des dizaines d'écrans plasma sont accrochés au mur, des images flottent sur le sol. Seule la lumière des images éclaire l'énorme serre créant un monde magique aux limites floues où la technique la plus pointue est au service de l'illusion.

Nef du Grand Palais éclairée par les projections de films et vidéos
Dans la nuit des images
   La première impression de confusion laisse place à une sorte d'euphorie. On se laisse porter par ce bain de sons et d'images, attiré par des oeuvres d'étudiants, ou de plasticiens peu connus, ignorant dans un premier temps des artistes mondialement célèbres. Il faut du temps pour se repérer dans cet océan de signes mouvants. De petits cadres-photo indiquent le nom de l'oeuvre mais parfois ils sont en panne, le plan n'est pas très précis et on cherche en vain le nom de certaines vidéos. Les oeuvres  cohabitent et se superposent. Elles existent en elles-mêmes mais aussi ensemble. Les musiques et les voix, bien que directionnels, se mélangent; les scénettes interagissent entre elles.

Ecran géant, video de Ryoji Ikeda: data.tron
Dans la nuit des images
    Le public aussi interagit avec les projections, principalement avec Data.tron de Ryoji Ikeda. Les gens s'amusent avec leur ombre, gesticulent et sautent devant le grand écran fourmillant de chiffres.

 

Kaiser et Eshkar, pedestrian
Dans la nuit des images

 
   De la plate-forme surélevée, les visiteurs surplombent les vidéos projetées au sol: Arena Quad de Samuel Beckett, la ronde répétitive des moines. Plus loin, Pedestrian de Kaiser et Eshkarde minuscules personnages vus de haut traversent la fenêtre de projection noire et blanche: l'orage gronde et les lilliputiens ouvrent leur parapluie. Plus loin des chiffres blancs tourbillonnent sur le ciment. De nouveau, les visiteurs jouent avec les personnages ou les formes qui s'agitent à leurs pieds.


  
  Les projections au sol deviennent de nouveaux jeux interactifs. Sacrilège ou simple attitude décontractée d'un public peu habitué à l'art contemporain?  En janvier 2006 la nef du Grand Palais accueillait une fête foraine. L'exposition nocturne organisée par Alain Fleischer se veut aussi festive mais avait-il prévu la réaction ludique des visiteurs?

 

    Les grands écrans accrochés très haut échappent aux expériences ludiques du public.


 

 

Liens sur ce blog:

Arena Quad de Samuel Beckett au Grand Palais

Pedestrian de Kaiser et Eshkar

  Data.tron de Ryoji Ikeda et les visiteurs

 
Manifesto, de Charles Sandison projetée sur la façade du Grand Palais
          
Ressac, une oeuvre pirate au Grand Palais



"Dans la nuit, des images"
Grand Palais, avenue Winston Churchill
du 18 au 31 décembre 2008.
de 17h à 1h du matin - jusqu’à 21h le 31 décembre
Entrée libre

Environ 140 oeuvres - installations et projections photographiques, cinématographiques et vidéographiques - produites par de jeunes artistes et des artistes confirmés et internationalement reconnus comme Thierry Kuntzel, Bob Wilson, Bill Viola, Nam June Paik, Mickael Snow, William Kentridge, William Klein, Chris Marker, Manuel de Oliveira

Palagret
décembre 2008

1- Site Le Fresnoy

 


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21 décembre 2008 7 21 /12 /décembre /2008 19:50

    "Trouble manifeste!" s'écrie le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, se prétendant "descendant en droite ligne de Louis XIV". "Profanation et atteinte au respect dû aux morts!" Il était temps de s'en inquiéter. Voilà plus de quatorze semaines que les oeuvres joyeusement provocantes de Jeff Koons sont exposées dans les appartements royaux du château de Versailles.

Balloon dog (magenta) dans le Salon de l'Abondance
Jeff Koons
  Après avoir écrit au Président de la République sans résultat,  Bourbon-Parme porte plainte devant le tribunal administratif de Versailles au nom du "droit immémorial", pour "tout membre de l'espèce humaine", "au respect de ses aïeux".

Ushering in banality, salon de Diane
Jeff Koons 1988

Bois polychrome
  Avec l'exposition Jeff Koons, la fréquentation du château a augmenté et les sans-culotte se sont peu offusqué des fleurs ou des chiens géants reflétant les plafonds peints et les façades du château. Quant à la lune bleue (Moon, blue) dans la Galerie des Glaces, elle participait parfaitement au jeu des reflets voulu par le Roi-Soleil.

Moon (blue) dans la Galerie des Glaces
Jeff Koons
    Les sculptures kitsches de Jeff Koons, inspirées de jouets ou de bibelots de mauvais goût agrandis et réalisés en métal chromé, en porcelaine ou en bois polychrome, surprennent certes dans les salons Grand Siècle mais elles ne font que faire ressortir le délire ornemental et la profusion de dorures de la décoration baroque.

Bear and the policeman, l'ours et le policier
salon de la Guerre, Jeff Koons 1988
Bois polychrome
    Voir l'ours et le policier tendrement enlacés (Bear and the Policeman) dans le salon de la guerre, la truie rose (Ushering in banality) dans le salon de Diane ou la panthère rose (Pink Panther) accrochée à une sirène est assez drôle. Quant au coeur rouge (Hanging heart) suspendu au-dessus de l'escalier de la Reine, il attire les couples qui se font photographier dessous. Art ou attraction touristique? Peu importe la confrontation de Jeff Koons et du château du Roi-Soleil permet de poser un regard différent sur l'un et l'autre.

Pink Panther, Jeff Koons 1988
Porcelaine, dans le salon de la Paix
    Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme  goûte peu cet humour; il entend faire interdire l'exposition et demande le retrait "d'objets constitutifs de cette profanation pornographique sans précédant"! Si Jeff Koons déclare lui-même que toutes ses oeuvres ont un caractère sexuel, il est peut probable que les enfants y soient sensibles. Ils voient avant tout des sculptures amusantes proches de leur univers aux formes lisses et colorées. Quant aux oeuvres pornographiques réalisées en 1990 avec la Cicciolina, son ex-épouse, elles ne sont pas exposées à Versailles. Bourbon-Parme s'offusque de peu de choses. Mais puisqu'il se réfère à ses glorieux ancêtres, précisons qu'ils ne furent pas des modèles de vertu et que Versailles a accueilli bien des turpitudes contraires à la morale dont se réclame Bourbon-Parme. Louis XIV eut de nombreuses maitresses et de nombreux enfants illégitimes. Un autre ancêtre, le Pape Paul III eut quatre enfants, illégitimes bien sûr. L'ennemi princier de Jeff Koons est un vrai Tartuffe!

    Rappelons que depuis le Révolution, le ci-devant Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme n'est qu'un citoyen comme un autre. Primo, Versailles appartient au peuple français et non à un descendant supposé de Louis XIV. Deuzio, toute cette agitation procédurière est un bon moyen de se faire connaître pour quelqu'un dont les manants ignoraient l'existence.
Tertio, c'est aussi un bon moyen de s'affirmer contre la branche rivale des Orléans.
    Tout ce bruit fait un peu plus de publicité à l'exposition « Jeff Koons Versailles » qui se porte déjà très bien avec ses 500 000 visiteurs. A part un groupuscule d'écrivains inconnus et quelques critiques d'art peu convaincus par le travail de l'artiste néo-pop, les protestations sont restées mesurées.

Split-Rocker, installation florale de Jeff Koons
dans le parterre de l'Orangerie à Versailles
    Ignorant du scandale qu'il crée, le beau Split-Rocker se laisse admirer dans le parterre de l'Orangerie. Quant à Jeff Koons il continue sa tournée mondiale, sans doute pas mécontent de cette amusante polémique.

--------------
    Le mercredi 24 décembre 2008 la justice française a débouté Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme. Le juge des référés du tribunal administratif de Versailles a estimé que "l'existence d'un droit de vivre sans profanation de ses ancêtres et d'un droit à accéder à la connaissance du patrimoine sans contrainte pornographique ne constituent pas des libertés fondamentales". Il a  ajouté que "l'exposition ne portait pas atteinte au respect de la vie privée et familiale des visiteurs de l'exposition et de leurs enfants".
    Par une ordonnance en date du 29 décembre 2008, le Conseil d'Etat, estime "manifeste" que cette requête "n'est pas fondée". Il estime qu'il n'y a pas "atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale" 1


L'exposition continue.
----------------


Lire: Bear and the policeman de Jeff Koons
        Rabbit de Jeff Koons
        Split-rocker de Jeff Koons
        Buste de Louis XIV en inox et buste de Jeff Koons en marbre
        Chainlink, la tortue et l'hippopotame de Jeff Koons
        Jeff Koons en tournée mondiale
        La ménagerie de Jeff Koons

        Code pénal: article 225-17: l'atteinte au respect dû aux morts
       
Palagret
décembre 2008
art contemporain

1-in Nouvelobs

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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 17:41


  A la nuit tombée, la façade du Grand Palais s'anime. Des phrases en lettres blanches défilent sur les murs et les colonnes enveloppant le bâtiment d'un voile lumineux et mouvant. La projection aléatoire et sans fin laisse voir des mots symboliques: droits, communautaire, sécurité, public, vie, accomplissement, municipale etc.


Manifesto, projection vidéo de Charles Sandison
sur la façade du Grand Palais à Paris



   Montant ou descendant, de gauche à droite ou de droite à gauche, en oblique, les lettres se croisent, se superposent, se déforment sur les statues et les colonnes. Parfois, des groupes de mots s'accumulent dans un recoin et en deviennent illisibles. Les mots deviennent images. Ils sont extraits de la Charte des Droits fondamentaux de l'Union européenne. Ainsi un texte austère et peu lu se transforme en une oeuvre d'art lumineuse et éphémère.


Manifesto, projection vidéo de Charles Sandison
sur la façade du Grand Palais à Paris
     Cette projection video « manifesto Proclamacion Solemne » est l'oeuvre de l'écossais Charles Sandison, travaillant en Finlande. Manifesto est une commande publique qui marque la clôture de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.


Manifesto, projection vidéo de Charles Sandison
sur la façade du Grand Palais à Paris


 
  Manifesto est l'introduction à l'exposition nocturne « dans la nuit des images », qui se tient au Grand Palais. Organisé par Alain Fleischer, à l'occasion des dix ans du Fresnoy Studio, un océan d'images et de sons, vidéos, films et photos de toute tailles et de toutes sortes, vibre sous la verrière.


Manifesto, projection vidéo de Charles Sandison
sur la façade du Grand Palais à Paris
"Dans la nuit, des images"
Grand Palais, avenue Winston Churchill
du 18 au 31 décembre 2008.
de 17h à 1h du matin - jusqu’à 21h le 31 décembre
Entrée libre


 
Palagret
art contemporain
décembre 2008

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 22:13



     Exposés dans une armoire vitrée comme dans un cabinet de curiosités médicales, des fragments de corps nus monstrueux, boursoufflés, décapités, sont soudés l'un à l'autre dans une danse macabre. Cette terrible piéta, cette agonie christique est le monde terrifiant que Berlinde De Bruyckere nous donne à voir à l'espace Claude Berri.

Piéta, 2007; cire, époxy, bois, verre. Berlinde De Bruyckere
Collection Claude Berri


 
   Au milieu de la galerie, une grande vitrine de musée, ou d'apothicaire, contient des morceaux d'arbres tourmentés qui semblent souffrir autant que les corps mutilés de la piéta.

019, 2007; vitrine, cire, époxy, couvertures.
Berlind
e De Bruyckere
, collection Claude Berri
    Vitrifiées, les branches pourraient nous faire songer à Philémon et Baucis, l'un changé en chêne et l'autre en tilleul, si l'oeuvre n'était pas si dramatique. Ces arbres morts sont aussi des membres coupés, séparés.


019, 2007; vitrine, cire, époxy, couvertures. Détail.
Berlinde De Bruyckere
, collection Claude Berri
 

   Au-dessous des branches, horizontalement, des couvertures sont soigneusement pliées, une image récurrente dans l'oeuvre de l'artiste flamande. Les couvertures évoquent la sécurité mais aussi la misère et les sans-abri. On peut y voir l'influence de Joseph Beuys comme les branches pétrifiées renvoient au travail de Guiseppe Penone.

019, 2007; vitrine, cire, époxy, couvertures. Détail
Berlinde De Bruyckere
, collection Claude Berri
    Les couvertures usagées ont dû envelopper beaucoup de corps douloureux ou au contraire les soustraire au regard. Dans ses oeuvres précédentes, Berlinde De Bruyckere représente des femmes à la tête couverte d'une couverture, le visage caché. L'artiste ne montre jamais les visages: ils sont dissimulés ou inexistants.

Doorkroon II (Couronne d’épines II), 2008; cire, époxy, métal, verre, bois
 Berlinde De Bruyckere, collection Claude Berri
  Précieusement conservée sous une cloche reliquaire, se trouve une couronne d'épines, un enchevêtrement macabre qui ressemble à des viscères ou des os à la texture translucide.

Pour Manon, 2008; cire, époxy, métal, verre, bois
Berlinde De Bruyckere, collection Claude Berri
    Dans une vitrine posée sur une table, un fagot de branches  est lié de bouts de chiffon rouge effiloché. Une référence au nœud rouge qu’Ugolin cousit sur son cœur dans "Manon des sources", le film de Claude Berri (1986). "Pour Manon" a été crée spécialement pour cette exposition.

Pour Manon, 2008; cire, époxy, métal, verre, bois. détail
Berlinde De Bruyckere, collection Claude Berri
    Ces arbres et ces cadavres en morceaux sont faits de résine époxy et de cire teintée. Plusieurs couches sont nécessaires pour rendre la transparence de la chair avec ses veines bleutées ou le grain du bois. Les meubles présentoirs sont éraflés, fatigués, rafistolés. Ils ont vécus, ils ont une histoire. Berlinde De Bruyckere les trouve chez des brocanteurs ou des antiquaires. Avec les vieilles armoires vitrées, les vitrines et les tables, elle interroge aussi la notion d'exposition.

Piéta, 2007; cire, époxy, bois, verre. Détail.
Berlinde De Bruyckere
, collection Claude Berri
     On éprouve d'abord de l'effroi et du dégoût devant ces formes suppliciées puis de la pitié et le désir de sortir vite de ce lieu mortifère. L'oeuvre de  Berlinde De Bruyckere est troublante; elle parle de la mortalité de la chair, de sa souffrance et de sa déchéance dans des métaphores à la fois profanes et religieuses.

019, 2007; vitrine, cire, époxy, couvertures. Détail
Berlinde De Bruyckere
, collection Claude Berri
  Née en 1964 à Gand, élevée dans une institution catholique, l'artiste flamande connait parfaitement l’iconographie doloriste chrétienne. Les corps torturés racontent le  martyr des saints et la passion du christ sur les murs des musées et églises de Flandre. Berlinde De Bruyckere se souvient aussi des quartiers de viande que son père équarrissait dans sa boucherie.

    La plasticienne est célèbre depuis la Biennale de Venise 2003 où elle exposa "le cheval noir", un cheval sur une table en acier, la tête basse, épuisé, à l'agonie.

Cheval noir, Berlinde De Bruyckere, Biennale de Venise 2003
Espace Claude Berri
4 passage Sainte Avoye (entrée par le 8 rue Rambuteau)
Berlinde De Bruyckere
21 octobre – 20 décembre 2008

Palagret
art contemporain
décembre 2008

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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 12:56

 

 

    Loin des jeux de mots et des slogans politiques des artistes utilisant le néon, Dan Flavin crée une oeuvre minimaliste moins bavarde. Il dispose de simples traits de lumière colorée contre un mur ou dans un angle, un espace d'exposition rarement utilisé. Les néons 1 se reflètent sur toutes les surfaces de la pièce créant un espace poétique proche du rêve. Fragile et mouvante la lumière nous entoure. Parfois la sculpture dissimule des tubes de couleurs différentes dont on ne voit que le mélange avec la couleur frontale.


          Installations de Dan Flavin
untitled (to the innovator of Wheeling Peachblow) 1966-68
pink out of a corner (to Jasper Johns) 1963


 
      L'oeuvre est faite non seulement des tubes lumineux, apparents et cachés, mais aussi de leur reflet sur les murs et le sol. Elle dépend aussi de notre regard puisque, quittant une oeuvre pour une autre, notre oeil garde l'impression du halo précédent, ce qui ajoute à notre incertitude. Les sculptures de lumière aux contours flous, sont impalpables, presque immatérielles. Les limites de la pièce se dissolvent dans une légère brume colorée, troublant notre perception du réel. Que voyons nous vraiment?



Reflets de tubes fluorescents oranges et jaunes de Dan Flavin

     Dan Flavin ne voit aucune spiritualité dans sa démarche. Il ne s'agit que du jeu de la lumière et de l'espace.  En conséquence, chaque exposition est différente, unique en fonction du lieu où elle se déploie. L'art de Dan Flavin est "situationnel". Les oeuvres de Daniel Buren ou de Richard Serra sont "in situ", elles ne doivent se voir que dans le site où elles ont été crées. même s'il y a des exceptions. Les oeuvres de Dan Flavin voyagent et se renouvellent à chaque exposition.



tubes fluorescents orange vert et blanc de Dan Flavin


 
        Sa première oeuvre de néon date de 1963. Intitulée "the diagonal of May 25,  (to Constantin Brancusi)", c'est un simple tube de lumière jaune posé en diagonale contre le mur. Les tubes fluorescents ont une durée de vie limitée donc celui que nous voyons n'est pas d'origine. En faisant d'un banal tube industriel une oeuvre d'art, Dan Flavin suivait la voie montrée par Marcel Duchamp et ses ready-made. Il rompait avec la tradition mais en même temps il citait Constantin Brancusi, créateur de la colonne sans fin.



the diagonal of May 25, 1963 (to Constantin Brancusi)
Dan Flavin



     Dan Flavin n'utilise que des tubes fluorescents achetés dans le commerce, de tailles et de couleurs standards destinés aux enseignes publicitaires. Dans une grande économie de moyens, avec de simples tubes colorés qu'il combine, Dan Flavin interroge l'espace et la perception. Ses séries de lignes, grilles ou couloirs lumineux constituent une oeuvre émouvante et belle. La beauté n'est pas un concept très souvent utilisé à propos de l'art contemporain, on y parle plus souvent d'ironie, de distance ou de critique. Ici pourtant les mots de beauté ou de séduction s'imposent.




Lumières fluorescentes circulaires
Dan Flavin

    Dan Flavin est un artiste américain (1933-1996) minimaliste proche de Mark Rothko, Carl Andre, Donald Judd et Sol LeWitt.

Dan Flavin, une rétrospective
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris,
11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris.
Du 9 juin au 8 octobre 2006




    Un autre plasticien utilisant le néon de manière moins séduisante et plus intellectuelle: Joseph Kosuth expose "ni apparence ni illusion" au Louvre en 2009.
 



 
Liens sur ce blog:


 Palagret
art contemporain
décembre 2008


1- Dans le langage courant, on utilise abusivement le terme néon pour désigner tous les tubes fluorescents. Seuls les tubes jaunes oranges sont des néons. Voir les néons publicitaires.


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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 13:37

 

    Après le Humpty Dumpty de Tom Otterness en 2005 et le Rabbit de Jeff Koons en 2007, la  "Blue Sky Gallery" accueille Keith Haring. Un danseur brandissant un coeur rouge a descendu Broadway et la 34è rue de New-York pour la 82è parade de Thanksgiving organisée par Macy's.Cette fois les designers ne sont pas parti d'une sculpture comme pour les oeuvres précédentes mais d'un dessin. A partir de "Untitled (Figure with Heart)" en deux dimensions, ils  ont crée le modèle flottant en trois dimensions.


 

coeur rouge et bonhomme blanc

Ballon d'après un dessin de Keith Haring

Thanksgiving parade 2008, source

 

 

    La baudruche, haute de 14,5 mètres a défilé à côté de Kermit la grenouille, Shrek le géant vert, le Lapin Rose battant du tambour (energizer bunny) et Bob l'éponge qui ressemble à une  tranche de gruyère.  Comme le lapin argenté de Koons l'année dernière, le danseur de Keith Haring n'a peut-être pas été reconnu par la foule massée le long des trottoirs. Le public connait mieux les personnages de dessins animés que les figures de l'art contemporain.

    Déjà en 1980, Keith Haring avait essayé de fabriquer un ballon flottant mais il avait abandonné son projet.

 

 

Dessin de Keith Haring


 

   Proche de la street-culture (culture urbaine), Keith Haring a commencé à couvrir les murs de New-York de graffiti  à la craie: des silhouettes de bonshommes dansants, de bébés (radiant baby), de chiens et de crocodiles. tracées d'un seul trait. Plus tard, artiste reconnu, il a exposé dans les plus grandes galeries. Il est mort du sida en 1990; il aurait cinquante ans aujourd'hui.


 

 

Schtroumpf, baudruche
Thanksgiving parade 2008

 

     
    La célèbre parade de Macy's est un évènement important à Manhattan. Elle attire de nombreux visiteurs et est une excellente affaire pour les grands magasins Macy's et la ville de New-York. Les ballons géants qui survolent les orchestres et les chars s'inspirent de la culture populaire enfantine, des dessins animés mais aussi de marques commerciales comme le clown de Mac Donald, Energizer Bunny ou l'abeille de Cheerio.


Buzz l'éclair à la Thanksgiving parade 2008, source

 

   Comme chaque année, il y a de nouveaux ballons géants: Buzz l'éclair, Horton l'éléphant et un beau schtroumpf bleu (smurf en anglais).


 

 

Char à la Thanksgiving parade 2008

source


 

 

Liens sur ce blog:

Keith Haring et LA II (Angel Ortiz): vases décorés de tags au MAM

Keith Haring: Jésus, l'enfant rayonnant, à Saint-Eustache

Parade Macy's 2007 avec Rabbit de Jeff Koons

Rabbit de Jeff Koons, à Versailles


 

le site de Macy's

 

 

Catherine-Alice Palagret

art populaire

novembre 2008

 

 

1- in: Newsday

 

 

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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 18:40

 

 
    Une construction fragile de 5000 cagettes de légumes et de fruits forment une caverne de bois. Cette architecture ludique et éphémère est l'oeuvre du plasticien japonais Tadashi Kawamata qui ....
 
 
 
 
 
 
Gandamaison, installation de Tadashi Kawamata à Versailles

 
 
 
 
Kawamata, Gandamaison
La Maréchalerie - centre d’art contemporain
École nationale supérieure d’architecture de Versailles
5 avenue de Sceaux, 78000 Versailles  01.39.07.40.94
Exposition du 19 septembre au 13 décembre 2008
Construction extérieure du 18 septembre au 6 octobre 2008

 
 
Palagret
art contemporain
novembre 2008
 
 
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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 18:28


   Devant une cheminée de marbre surmontée de quatre vases  délicatement décorés se tient une machine élévatrice jaune tenant au bout de son bras métallique un lustre ancien. Oh la belle installation, se dit le visiteur de "Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau", une exposition d'art contemporain au château de Fontainebleau.



Vases décorés et machine élévatrice au château de Fontainebleau



     L'oeuvre est située dans les appartements du Pape, une suite meublée en style Second Empire pour la venue de Pie VII en France lors du couronnement de Napoléon en 1804.  Après avoir vu, dans la cour d'honneur, les faux travaux de "Entrée pour le centre de la terre" accompagnée d'un bande-son de marteau-piqueur, le visiteur s'étonne de ne rien entendre. Cette oeuvre là est muette.



"Entrée pour le centre de la terre"

au château de Fontainebleau



     Il n'y a pas de pancarte non plus près du lustre décroché. L'oeuvre serait-elle une intervention des "Anonymes de passage"? La gardienne des appartements nous détrompe: non, à sa connaissance, ces objets ne font pas partie de l'exposition d'art contemporain. Il s'agit seulement de travaux, des travaux réels cette fois. Dommage, l'idée était belle et plus parlante que les austères paravents de Fabrice Gygi qui "protègent et dissimulent la dimension politique de ce lieu de pouvoir". 1



Paravents de Fabrice Gygi, 1999

au château de Fontainebleau



    On aurait pu proposer d'écrire dans le catalogue que le lustre décroché est "une métaphore de l'obscurité ou de la recherche d'un équilibre précaire dans un monde à la dérive". Mais non, c'est juste une photo prise pendant la pause déjeuner des ouvriers.



Vases décorés, lustre et machine élévatrice au château de Fontainebleau



    Un peu plus loin, une autre installation non autorisée attire le regard dans le salon de François Ier. A côté des "noces de Venus et d'Adonis", la fresque du Primatice, des pans de plastique gris et bleus créent une installation tout à fait intéressante où l'exhubérance des sphinx, des nymphes et des satyres de stuc blanc et le plafond à caissons dorés dialoguent  avec la froideur des matériaux modernes.



Travaux dans le salon de François Ier au château de Fontainebleau


 

    Hélas, une fois de plus, il ne s'agit que de travaux bien concrets. Le rythme crée par le lettrage des bâches opposé à la surcharge ornementale du salon est le fruit du hasard et non un inventif trompe-l'oeil. Ici point de méditation romantique sur la fragilité des chose ou d'ironique contrepoint. Juste de nécessaires travaux de restauration.   

   


Voir l'éléphant de Daniel Firman à Fontainebleau




Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber...
Du 7 septembre au 17 novembre 2008



Catherine-Alice Palagret



1- in dossier de presse
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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 20:12

ART CONTEMPORAIN ET PATRIMOINE

   A Fontainebleau, l'oeuvre la plus frappante est l'éléphanteau de Daniel Firman intitulé "Würsa" (à 18000 km de la terre). Présenté la première fois au Palais de Tokyo dans un grand espace blanc, il est aujourd'hui présenté dans le décor somptueusement surchargé de dorures de la galerie de Diane, au château de Fontainebleau.

"Würsa" de Daniel Firman dans la galerie de Diane
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau

   Les visiteurs, bloqués par une barrière, ne peuvent tourner autour de la bête, ils n'ont donc qu'un seul point de vue du pachyderme empaillé se tenant sur sa trompe, comme figé dans une acrobatie périlleuse. Jouant sur la notion de gravité et le détournement, cet improbable pied de nez (ou plutôt pied de trompe) surprend et amuse.
L'animal de cirque est une femelle de 3 tonnes, Würsa, morte à 23 ans. Hyperréaliste, l'éléphant semble, à première vue, naturalisé. En réalité c'est une sculpture en polyester de 350 kilos crée par Daniel Firman et enveloppée d'une vraie peau préparée par le taxidermiste belge Jean-Pierre Gérard.

Würsa de Daniel Firman dans la galerie de Diane
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau


    L'éléphantesque silhouette se détache sur les boiseries et les plafonds peints de thèmes mythologiques.
Il introduit un peu de déséquilibre dans la bibliothèque si bien ordonnée de Napoléon III. Daniel Firman fait sans conteste partie de l'art rigolo. Il est facile de trouver des raisons à la présence de l'éléphanteau dans ce lieu chargé d'histoire. L'éléphant est un des symboles de François 1er, incarnant la sagesse et la royauté. Il est représenté sur une des fresques de la galerie de François 1er, au milieu des scènes mythologiques qui se réfèrent au règne du roi sans qu'il soit vraiment possible aujourd'hui de les comprendre.


L'éléphant, symbole de François I
Château de Fontainebleau


    Daniel Firman dialogue ainsi avec les artistes italiens de la Renaissance auquel le roi fit appel pour décorer cette aile dans un goût nouveau.
En dépit de ces justifications, l'éléphanteau, aussi d'un goût nouveau, surprend nombre de visiteurs peu familiers des facéties de l'art contemporain. 


Jardinage, Etienne Bossut 1984
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau


 
L'exposition Tokyo-Fontainebleau au château de Fontainebleau présente aussi:
- Jardinage d'Etienne Bossut, un trou en trompe-l'oeil sur la pelouse.
- un faux chantier avec une bande-son de bruits de travaux.
- Odd couple de Jonathan Monk, deux horloges se faisant face.
- Beginnings of space travel
de Werner Reiterer, un cadavre de chat collé au plafond de l'escalier de la Reine.
- Heaven
de Jeremy Deller, une video de thé dansant dans l'anti-chambre de l'Impératrice.
- To lower the mountains d
e Lucas Francesconi, des pierres dans la chapelle Saint-Saturnin.
- Mason massacre de Dewar et Gicquel, une voiture en marbre, cassée en plusieurs blocs, symbole de la violence routière
etc ...



Mason massacre, Dewar et Gicquel 2008
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau



     Après le Louvre et le ver géant de Jan Fabre, après le château de Versailles et le homard suspendu de Jeff Koons, après les écuries de Louis XIV et les cagettes de bois de Tadashi Kawamata, l'éléphant de Daniel Firman et le chat collé au plafond de Werner Reiterer nous semblent presque évidents.

    L'année 2008 aura été riche en surprises. Désormais, l'art contemporain se confronte aux lieux historiques. C'est une manière d'attirer le public et de donner à voir ces lieux solennels d'une manière différente. Les puristes peuvent gémir, ces expositions provocantes sont provisoires et ne nuisent en rien aux ors des châteaux. Elles apportent un peu d'humour à des lieux figés dans le passé.

On attend avec impatience Paul McCarthy, le maître de la provocation trash, au musée d'Orsay!



Würsa
envoyé par Palaisdetokyo
Vidéo de l'installation de l'éléphanteau au château de Fontainebleau

Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber...
Du 7 septembre au 17 novembre 2008




voir le bestiaire de Jeff Koons
         
          
Soulages au Louvre: outrenoir et maîtres italiens de la Renaissance



Catherine-Alice Palagret

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 17:44

 


    Dans sa série "accidents de chasse", Pascal Bernier présente des animaux empaillés pansés de bande velpeau. Le plasticien joue avec l'absurde puisque ces animaux sont morts même s'ils cherchent à donner l'illusion de la vie, la taxidermie n'étant qu'un trompe-l'oeil. Les bandages du canard, de l'éléphanteau, du lionceau ou de Bambi, en cachant les blessures, ne font que révéler la violence d'un monde désenchanté où les animaux sont les victimes collatérales. Le résultat  est comique, morbide  et inquiétant. 
 


Accident de chasse, (flying duck), Pascal Bernier 2008
Canard naturalisé, bandage, acrylique
Vente aux enchères au profit des "Amis de Deyrolle"



     Un canard, la tête enveloppé d'une bande velpeau, participait le jeudi 13 novembre au soir à la vente aux enchères d'oeuvres contemporaines organisée pour aider la maison Deyrolle. Ravagée par un incendie en février dernier la galerie de taxidermie et d'entomologie a besoin d'aide.


Accident de chasse, Pascal Bernier 1998
Faon naturalisé, bandage



    Exposé au Musée de la Chasse et de la Nature, le canard blessé est en parfait accord avec les photos d'animaux carbonisés de Nan Goldin, l'oie blanche crucifiée de Stéphane Pencreac'h, le crâne recouvert d'élytres de scarabées de Jan Fabre ou celui orné de papillons de Philippe Pasqua. Ces oeuvres, en écho aux animaux naturalisés détruits par le feu, sont une deuxième fois des vanités, des memento mori, qui nous parle de la fragilité des choses et de la mort.


Vanité ornithoptère, crâne humain, papillons et acrylique
Philippe Pasqua, 2008

 

 

 

    Le canard blessé de Pascal Bernier est un écho au révolver blessé de Maurice Henry, une arme enveloppée de bande velpeau d'où suinte le sang. Deux beaux oxymores, une arme de mort traitée comme une victime et un canard empaillé traité comme un blessé.


 

 

Art-Paris-Henry-arme-bandage.jpgRévolver entouré de bandages, 1966-1975, Maurice Henry

ArtParis 2010

 

 

 

Nature fragile, le cabinet Deyrolle

Vente aux enchères le jeudi 13 novembre 2008 à 19 heures
Musée de la Chasse et de la Nature, 62 rue des Archives, Paris 3è.

 

Catherine-Alice Palagret


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