11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 15:41

 

   Seules deux oeuvres de Jeff Koons sont exposées en plein air à Versailles: Split-Rocker dans le Parterre de l'Orangerie et Balloon Flower, une énorme fleur de métal, dans la cour d'honneur du château.


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


   Marchant sur les pavés inégaux de la cour vers le château, on aperçoit une belle grille dorée qui ferme la cour d'honneur. Première polémique: cette grille reconstituée à partir de documents anciens contradictoires est un sujet de discorde. Il n'y a pas que l'art contemporain pour enflammer les esprits.
 


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


    Derrière la nouvelle grille royale Balloon Flower (yellow) est sur un piédestal. Cette monumentale fleur imitant un ballon noué est en fait en acier chromé. Cette oeuvre propre et lisse, presque abstraite, a quelque chose de sexuel avec ses formes arrondies et sa tige.
"La sexualité, c'est l'objet principal de l'art. Il s'agit de la préservation de l'espèce. La procréation est une priorité. Mais cela revêt un aspect spirituel pour moi. Cela parle de la manière dont nous pouvons avoir des enfants. " dit Jeff Koons. 1


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


     Opposant ses courbes presque vivantes aux façades classiques rectilignes, Balloon Flower s'harmonise avec la couleur de la grille dorée.


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


    La fleur jaune se détache, d'un côté, devant une bâche de travaux en trompe-l'oeil simulant la façade en réfection, de l'autre, devant la grille. Les ailes du château se reflètent sur la surface parfaitement polie de la fleur. En effet, il est impossible de voir l'oeuvre sans voir son reflet et celui des bâtiments. L'artiste s'efface devant la perception de chaque visiteur et à chaque fois l'oeuvre est différente.



Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles



     Toutes les sculptures monumentales de la série Célébration (Celebration), débutée en 1994, dont Balloon Flower fait partie, ont des surfaces réfléchissantes obtenues par un long travail de polissage dans l'usine Carlson & Compagny à San Fernando en Californie.


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


    Chaque oeuvre, éditée en cinq exemplaires de couleur différente, se réfère à des évènements joyeux de la vie, anniversaire, vacances, Saint Valentin, mariage et aussi à des jouets enfantins. Ironiquement, les ballons réalisés en acier inoxydable chromé donnent une impression de légèreté en dépit de leur poids de plusieurs tonnes.


Balloon flower (yellow) de Jeff Koons
dans la cour d'honneur du château de Versailles


     Balloon Dog, de la même série, est dans le salon d’Hercule, près de la toile de Véronèse.  Moon, une bouée gonflable est dans la Galerie des Glaces. Les surfaces brillantes sont comme des miroirs et participent à la démultiplication des perspectives de la Galerie des Glaces. « Hanging heart », un coeur rouge sang, est accroché près des escaliers de la Reine.



Hanging Heart de Jeff Koons à Versailles
 

     Balloon Flower (yellow), comme Balloon dog et Hanging Heart, appartient à François Pinault. Le 30 juin 2008,  Balloon Flower (magenta), s'est vendu chez Christie's à Londres  $25.8 million ( £12.9),  un record pour un artiste vivant. La fleur bleue est à Berlin (Collection Daimler). La cinquième Balloon Flower (red) appartient à Jeff Koons. Elle est exposée à New-york dans une fontaine du quartier du World Trade Center. La fleur orange est dans une collection privée.


     D'autres oeuvres de la série Celebration ne sont pas là. En ce moment, Tulips (1995-2004), un bouquet de sept tulipes ( 203 x 460 x 520 cm) est exposé sur le toit du Metropolitan à New-York.

     Diamond, le Diamant, est haut de 210 cm. La pierre est sertie sur un anneau par quatre griffes. « Pour moi, les griffes fonctionnent comme du sperme qui attaquerait un ovule. Les facettes du diamant fonctionnent comme un œuf qui serait en train d'être fertilisé." 1


    L'exposition « Jeff Koons Versailles » commence et tous les journaux en parlent. Photos en première page dans les quotidiens, sujets aux journaux télévisés, interviews de touristes éberlués ou appréciateurs, petite manifestation des opposants (moins d'une centaine) déclaration de Jeff Koons, doux et mesuré dans son costume gris. L'artiste le plus controversé de l'art contemporain a un air très sage et il ne cache pas son plaisir d'être à Versailles, dans les appartements de Louis XIV avec qui il dit avoir des affinités.

"Je suis ravi de voir mes œuvres exposées ici et j’espère que lorsque le public les verra, il comprendra la générosité de mon travail et son respect envers Versailles. Il en saisira le sens car c’est la tradition qui continue : Louis XIV était très ouvert à l’art et avait toujours ouvert les portes de Versailles à la culture. Et j’espère qu’on voit le respect que j’ai pour le palais à travers mes œuvres."



"Jeff Koons Versailles"
Du 10 septembre au 14 décembre 2008

Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
à Versailles




Liens sur ce blog:

Catherine-Alice Palagret


Sources:
1- Itw de Jeff Koons par Harry Bellet in Le Monde 30.08.05
2- Jeff Koons in Métro 11.09.2008



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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 00:30


    Dissimulées par des paravents ou des caisses, certaines sculptures de Jeff Koons sont déjà en place au château de Versailles, une semaine avant le vernissage. Les touristes suivent l'enfilade des appartements royaux, éblouis par la profusion décorative. Tentures de velours, miroirs, boiseries dorées, tableaux et sculptures couvrent les murs et les plafonds dans un délire baroque.


plafond de la galerie des Glaces
au
château de Versailles

  Ils remarquent à peine les caisses qui trônent au milieu des salons royaux. Dans ces espaces visuellement saturés, les oeuvres cachées de l'artiste néo-pop ont un petit air minimaliste. Une sobriété toute provisoire.


Antichambre du Grand Couvert à Versailles
New Hoover convertible de Jeff Koons?



Salon des Nobles de la Reine, à Versailles
Socle pour une oeuvre de Jeff Koons


    Une fois les draps et les caisses enlevés, les oeuvres kitsches de l'américain se fondront à merveille dans le décor du Roi-Soleil.
    Le groin d'un cochon, accompagné de trois garçonnets, dépasse déjà d'un paravent de velours rouge.  Il s'agit de "Ushering in Banality" une oeuvre de 1988.


Groin d'un cochon dépassant du paravent
Ushering in Banality, oeuvre de Jeff Koons


    Dans la chambre de la Reine, c'est un bouquet de fleurs qu'on aperçoit, se détachant sur une tapisserie abondamment fleurie.


Bouquet de fleurs de Jeff Koons
Chambre de la Reine, château de Versailles


Chambre de la Reine, château de Versailles


    Dans la galerie des Glaces, les visiteurs contournent sans y penser l'immense cadre de fer qui va accueillir Moon. Hanging heart, le coeur suspendu, est déjà installé à la fin du parcours des appartements royaux. Il a un franc succès auprès des amoureux qui se font photographier dessous.




Hanging Heart, oeuvre de Jeff Koons
château de Versailles


   Pour l'instant, "Lobster" le homard rouge n'est pas encore suspendu dans le salon de Mars et "Rabbit" le lapin d'acier inoxydable est invisible.




Split-rocker, détail, Jeff Koons
Jardin de l'Orangerie du château de Versailles



    Dans le jardin de l'Orangerie Split-rocker, couvert de cent mille fleurs fraîches, frémit doucement dans le vent.


"Balloon flower" la fleur jaune de Jeff Koons
Cour d'honneur du château de Versailles


    A l'entrée du château, 
"Balloon flower" la fleur jaune est en harmonie avec les dorures des grilles neuves de la cour d'honneur.


"Balloon flower"  Jeff Koons
Cour d'honneur du château de Versailles
devant les bâches en trompe-l'oeil


    "Balloon flower", de la série Célébration, est en métal chromé mais se fait passer pour un ballon gonflable à la trompeuse légèreté. Les ailes du château se reflètent sur la surface parfaitement polie de la fleur.


voir:  Split-rocker dans les jardins de l'orangerie à Versailles
         Jeff Koons et l'art rigolo
`           Rabbit, ballon gonflable à la parade de Macy's
        Visite de l'atelier de Jeff Koons aux enchères
        Le projet de locomotive suspendue de Jeff Koons à L.A
        L'art contemporain et Jeff Koons à Versailles
       
Le bestiaire de Jeff Koons à Versailles
        Louis XIV et Jeff Koons en buste à Versailles

            Balloon flower (magenta) vendue aux enchères
            Balloon Flower (yellow) à Versailles



"Jeff Koons Versailles"
Du 10 septembre au 14 décembre 2008

Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
à Versailles

voir le site de Jeff Koons à Versailles



Catherine-Alice Palagret

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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 00:30

   A Versailles, Split-Rocker la sculpture végétale de Jeff Koons est presque prête, une semaine avant le vernissage de l'exposition la plus controversée de la saison.
Haut de douze mètres, ce gentil monstre, mi-dinosaure mi-poney, est une sculpture vivante, changeant de couleurs avec la floraison, comme le Puppy de Bilbao.



Split-Rocker, installation de Jeff Koons, côté poney
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles



    La colossale tête fleurie s'intègre parfaitement au Parterre de l'Orangerie de Versailles. Elle est le prolongement des orangers en caisse, des ifs et des buis taillés qui entourent les parterres. Comme dans l'art topiaire, il s'agit de dompter le nature, de la plier à la volonté du Roi, ou de l'artiste.


Split-Rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles
vu de la terrasse face à la pièce d'eau des Suisses


    Les arbustes taillés en formes géométriques sont une transition entre l'architecture de pierre et la forêt. Une armée de jardiniers domestique la végétation, veillant à ce que pas une feuille ne dépasse des cônes et des boules de buis. Le jardin à la française, crée par Le Nôtre pour Louis XIV, est tout de symétrie et d'équilibre. Il exalte la domination du Roi-Soleil sur le royaume de France où doit régner l'ordre.


Split-Rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles



     Split-Rocker, tout en étant dans la continuité de l'art topiaire, introduit la dissymétrie dans le jardin de l'Orangerie si parfaitement dessiné. En effet split veut dire coupé, séparé. D'un côté la tête fleurie est un poney et de l'autre c'est un dinosaure. Les deux poignées de la bascule sont au même niveau mais les visages collés l'un contre l'autre, ne se raccordent pas parfaitement, leur hauteur diffère.



Split-Rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles


    On peut voir des bandes d'aluminium et des creux mystérieux là où les deux têtes ne s'ajustent pas. La dualité de Split-Rocker est soulignée par des couleurs différentes. D'un côté une dominante de fleurs bleues mauves pour le poney, de l'autre une dominante jaune rouge pour le dinosaure.

 


Split-Rocker, installation de Jeff Koons
côté dinosaure

dans le jardin de l'Orangerie à Versailles

   L'aspect doux et joli de la sculpture de Jeff Koons atténue la rupture de l'ordre classique. Il masque aussi le fait que Split-Rocker est un monstre, une chimère née de la fertile invention d'un Docteur Frankenstein de l'âge pop. Cette tête recomposée n'est pas née dans une tour gothique au milieu d'alambiques fumants, d'engrenages inquiétants et d'éclairs électriques, iconographie obligée des films sur les démiurges qui osent reconstituer le corps humain.


Split-rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles


    Split-Rocker est né dans un lumineux loft new-yorkais où le maître conçoit ses projets pendant qu'une foule d'assistants travaillent aux maquettes et aux simulations sur ordinateur.  Prudent, Jeff Koons ne manipule qu'un jouet de bois, une bascule à tête de poney, icône du monde enfantin dont il s'inspire souvent. Partant d'un objet inanimé, il réintroduit le vivant en le recouvrant de fleurs. Bien que Split-Rocker ne bouge pas, son nom (rock) suggère le balancement et les fleurs, frémissant  doucement dans le vent, l'animent.


   Si les deux demi-têtes étaient écartées verrait-on, comme dans les oeuvres de Damien Hirst, deux coupes de cerveau? La schizophrénie de Split-Rocker renvoie-t-elle à celle de l'artiste, homme d'affaire star des salles des ventes, un des plus chers au monde, et créateur?


Split-rocker, installation de Jeff Koons
côté dinosaure
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles


 
          Dominant le jardin de l'Orangerie sans l'écraser, la tête monumentale renouvelle l'art du jardin en y ajoutant la démesure et le déséquilibre. Split-Rocker est une bête fabuleuse venue se reposer dans les jardins de Louis XIV où se trouvent déjà toute une galerie de créatures mythologiques. Même si les jardins de Le Nôtre incarnent la sévérité du jardin à la française, les statues et les jeux d'eau en atténuent la rigueur et rappellent que les jardins sont un lieu de fantaisie et de divertissement. En mai 1664, le jeune roi âgé de 25 ans inaugura les jardins de Versailles par une fête grandiose qui dura une semaine: Les plaisirs de l'île enchantée!


Fontaine à Versailles
 dragon fabuleux à côté de Cupidon sur un cygne
blanc

Photo: Nadia L



     Split-rocker vient peut-être aussi d'une île enchantée et Jeff Koons divertira les visiteurs comme le Roi-Soleil divertissait ses courtisans.

   Jeff Koons a déclaré au JDD:
"J'ai toujours été fasciné par Louis XIV. ... En créant une oeuvre comme Split Rocker (mi-cheval à bascule, mi-dinosaure), je me suis imaginé Louis XIV se levant un matin à Versailles et, regardant par la fenêtre, faire le souhait suivant: "Aujourd'hui, j'aimerais voir une sculpture d'une douzaine de mètres de haut, faite de 90 000 fleurs fraîches, et qu'elle soit réalisée avant la tombée du jour." 1


   Installé dans le Parterre de l'Orangerie, Split-Rocker est composé de presque cent mille fleurs, pétunias, pensées et géraniums, en pleine floraison. Il a fallu plus d'un mois pour installer la structure métallique, mettre 10 tonnes de terre dans des bacs et planter les fleurs. Une équipe de jardiniers veillent sur l'oeuvre tous les jours afin de remplacer les fleurs flétries. Il leur faut une nacelle pour atteindre le dessus du crâne. Le temps étant assez humide, il n'est pas nécessaire d'arroser l'oeuvre pour l'instant. A la nuit, la sculpture végétale sera éclairée de l'intérieur pour les nocturnes du Samedi.



Split-Rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versaillescôté dinosaure

      Même si certains trouveront totalement saugrenue la présence de Split-Rocker dans les jardins versaillais, la sculpture fleurie de Jeff Koons provoquera sans doute moins de protestations et de cris que son homard gonflable suspendu au plafond du salon de Mars.

 


Split-Rocker, installation de Jeff Koons, côté dinosaure
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles

    L'artiste néo-pop adore la provocation mais c'est dans les appartements royaux qu'il faudra la chercher. La porcelaine grandeur nature de "Michael Jackson and Bubbles" ou, plus encore, la truie entourée de trois garçonnets (Ushering in Banality 1988), ne manqueront pas d'enrager les détracteurs de l'exposition. Même si ces deux oeuvres totalement kitsches s'accordent parfaitement aux délires dorés de la décoration intérieure du château, elles ne manqueront pas de surprendre les touristes venus admirer le château de Versailles, incarnation de l'art à la française.

  

Split-rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles


     Déjà vu à Avignon en 2000 Split-Rocker, qui appartient à François Pinault, devrait rester à Versailles jusqu'au printemps avant d'être installé dans un lieu permanent.


Split-Rocker, installation de Jeff Koons
dans le jardin de l'Orangerie à Versailles



Voir les différents articles avec photos:




"Jeff Koons Versailles"
Du 10 septembre au 14 décembre 2008

Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
à Versailles


Catherine-Alice Palagret
art contemporain et patrimoine
septembre 2008



1- in JDD 10 septembre 2008


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1 septembre 2008 1 01 /09 /septembre /2008 22:00

    Haut de 9 mètres, le Pinocchio de Jim Dine inauguré à Borås en Suède, a déchaîné les passions. « Que vient faire ici ce symbole de l'impérialisme culturel américain » enrageaient les opposants, feignant d'ignorer que la statue est dédiée à Gustaf Tenggren, un illustrateur suédois qui a dessiné le pantin de bois dans les studios Disney.


Inauguration de Pinocchio
bronze peint de Jim Dine
à Boras, Suède
Photo 1 & 2: Honzamac



    « Pinocchio est italien mais c'est une histoire universelle: elle raconte comment, à travers les épreuves ,un enfant devient un homme. » soutiennent les partisans du pantin.
    Le conseil municipal de Borås a accepté la donation de « Walking to Borås » (en marche vers Borås) par 40 voix contre 28. L'installation d'oeuvres d'art dans l'espace public crée toujours une polémique. Ce n'est pas tant le style de l'artiste pop Jim Dine qui est critiqué que le choix du sujet. Mais même si le sujet était consensuel, le style ne le serait pas!


Inauguration de Pinocchio, bronze peint de Jim Dine
à Boras, Suède


      Jim Dine s'est toujours intéressé à Pinocchio, un garçon faible dont le nez s'allonge quand il ment. Il en a fait de nombreux dessins et sculptures. "Grâce à Carlo Collodi, le vrai créateur de Pinocchio, j'ai pu vivre pendant de nombreuses années à travers le garçon de bois...Sa puissance métaphorique a nourri mes oeuvres .... L'idée d'un morceau de bois qui parle et qui devient un petit garçon est une métaphore de l'art, c'est l'ultime transformation alchimique. » déclarait l'artiste américain lors de l'exposition de ses dessins à New-York 1.


Croquis de la structure interne
Pinocchio, bronze peint de Jim Dine



     Comme Gepetto donnant vie à un morceaux de bois, l'artiste donne vie à une oeuvre de papier, de pierre ou de bronze.

     Jim Dine a conçu Pinocchio à Seattle, dans la fonderie Walla-Walla. Pendant un an, le plasticien et toute une équipe, ont travaillé sur le pantin. Après des esquisses, des maquettes et des simulations en 3D sur ordinateur, le bronze a été fondu. Transporté par bateau puis camion jusqu'à Boras le pantin est arrivé en pièces détachées pour être monté sur place. « La sculpture est faite de plus de 300 morceaux qui ont été soudés ensemble, sans que personne puisse voir les joints", explique Jim Dine qui a accompagné Pinocchio jusqu'en Suède.


Plaques de cuivre soudées formant la tête de Pinocchio



     Bien qu'inspiré par la marionnette de Disney, le Pinocchio de Jim Dine n'a pas le côté léché, aseptisé de l'univers dysneyien. Il est plus rude, mal dégrossi, comme les Pinocchio de bois exposés à la galerie Daniel Templon, à Paris. L'enfant, mi-marionnette mi-humain, est vêtu d'une culotte courte et d'une chemise à manches courtes qui laissent voir ses bras et ses jambes faits de bois aux arrêtes vives. Ses mains sont cachées par des gants blancs. La statue est un bronze peint qui imite le bois et la texture des vêtements.


Inauguration de Pinocchio, bronze peint
de Jim Dine
à Boras, Suède


     “Une bonne sculpture doit susciter des réactions. Si personne n'a de fortes réactions devant l'oeuvre, ça veut dire que l'oeuvre est si faible que nul ne la remarque", dit Hasse Persson, conservateur du musée d'art de Borås et défenseur de Pinocchio. Il ajoute: "C'est la sculpture la plus importante de Jim Dine et nous sommes très heureux qu'elle soit ici plutôt qu'à New-York ou Paris." 2


Maquette de Pinocchio à Seattle


    “Certaines villes construisent des tours. Ici à Borås nous choisissont la sculpture.", dit Elisabeth Lundgren, directrice de la culture. Cet été la ville organise un festival international de sculpture.
    Hasse Persson et Elisabeth Lundgren espère que Borås, une petite ville à 30 kilomètres de Gothenburg, va devenir un centre pour la sculpture. A la suite de Jim Dine et Tony Cragg, d'autres artistes viendront. Le nom d'Antony Gormley a été cité.


Pinocchio dévoilé à Boras
Bronze peint de Jim Dine
Photo: Stuart Chalmers



    En mai 2008, Jim Dine était à Boras pour l'inauguration de son oeuvre, accueillie par beaucoup d'applaudissements et quelques huées. Dans une dizaine d'année, quand Pinocchio sera devenu un repère célèbre en Suède, il restera bien peu de détracteurs.

     Plusieurs artistes se sont intéressés au mythe de Pinocchio. Annette Messager en France, Paul McCarthy aux Etats-Unis.


Blockhead, le Pinocchio de Paul McCarthy
au bord de la Tamise en 2003
Photo: r1chard



Liens:
Pinocchio de Jim Dine à la galerie Daniel Templon
Göttingen Songs, cinq coeurs de Jim Dine

Catherine-Alice Palagret


Sources:
1- Jim Dine at the New-York Public Library. Press release
2-
Boras stadt Kultur

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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 14:00

    Les défenseurs du bon goût français ont de quoi s'étrangler cette saison. Le château de Fontainebleau va accueillir l'art contemporain venu du Palais de Tokyo et Versailles les facéties de Jeff Koons. Sous les ors des châteaux, à côté des angelots et des nymphes dénudées, on verra un ours, un homard et un poney en fleurs à Versailles.


Angelots à Fontainebleau


A Fontainebleau on verra un éléphant se tenant en équilibre sur sa trompe (Daniel Firman), un chat collé au plafond. (Werner Reiterer). Liste non exhaustive. A Fontainebleau il y aura des oeuvres parfois plus conceptuelles de la jeune génération, peu connue du grand public.


Odd couple, horloges
Jonathan Monk


    Les musées ne se transforment pas en cirque mais les confrontations de l'art contemporain et des palais historiques sont à la mode. Il en naît un choc psychologique autant que visuel qui attire le public et fait hurler les tenants de la tradition. Les oeuvres d'aujourd'hui sont exposées, non sans ironie, dans un décor renaissance, grand siècle ou second empire; un décor surchargé de miroirs, de plafonds peints de scènes mythologiques ou de scènes de bataille.


Un éléphant se tenant sur sa trompe
oeuvre de Daniel Firman
affiche de Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau


Lobster de Jeff Koons au château de Versailles
simulation



   Les meubles de marqueterie finement travaillés, les poufs de velours cramoisi, les fauteuils tapissés saturent l'espace. Toute cette ornementation témoigne d'un grand métier appris pendant de longues années d'apprentissage. Ors les oeuvres contemporaines ne se réfèrent plus au métier ou à la tradition. Entourées d'un art d'un autre temps, elles prennent de la force ou au contraire s'affadissent. Elles peuvent intéresser, faire rire, scandaliser ou ne susciter qu'une indifférence polie. L'exercice est risqué.


Fontaine à Versailles, dragon, Cupidon et cygne
Photo: Nadia L



Michael Jackson et Bubble, porcelaine de Jeff Koons
à Versailles


     D'un autre côté, la présence d'artistes dans ces lieux de pouvoir chargés d'histoire les sacralise.  Les jeunes artistes voient  leur cote monter. Une star des salles des ventes comme Jeff Koons la consolide pour le plus grand plaisir des mécènes qui prêtent leurs oeuvres pour l'exposition.



Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau
Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber...
Du 7 septembre au 17 novembre 2008

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"Jeff Koons Versailles"
Du 10 septembre au 14 décembre 2008

Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
à Versailles

Catherine-Alice Palagret


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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 14:37

 

    « Complex shit » est tombé dans la cour d'un foyer d'enfants qui ont dû être assez perplexes devant ce cadeau tombé du ciel!
 
    Ce n'était pas une nouvelle performance de Paul McCarthy, un artiste américain âgé de 61 ans. Seulement un accident. Pourtant, faire dériver une merde géante au-dessus de la Suisse est une idée qui aurait pu plaire à un homme aussi transgressif. Confronter l'excrément à un pays obsédé par la propreté est déjà assez réjouissant. Le voir s'envoler et s'écraser devait être sidérant. Le gargantuesque étron gonflable était exposé à Berne au Zentrum Paul Klee, sur la pelouse.




Monumentale crotte de chien gonflable
15 X 36 X 30 mètres
Paul McCarthy, Zentrum Paul Klee à Berne



 
   Le ballon, haut de 15 mètres, était solidement ancré dans le sol et un système de sécurité devait le dégonfler en cas d'arrachement. Début juillet, la tempête s'est levée et la crotte de chien s'est envolée. Elle a parcouru 180 mètres, cassant une ligne électrique et des vitres au passage mais ne faisant pas de blessés.


   Membre de plein droit de la catégorie art rigolo, l'américain Paul McCarthy est connu pour ses oeuvres provocantes et scatologiques.  Il joue avec la révulsion et l'attirance que le spectateur éprouve devant des performances ou des vidéos grotesques, violentes et masochistes où le ketchup coule à flot sur les corps en morceaux. Testant ainsi la résistance de son public, et la sienne.
 
 

    Influencé par l'actionniste viennois Hermann Nitsch, Paul McCarthy utilise son propre corps comme outil, s'enduisant de toutes sortes de fluides corporels ou de nourriture: ketchup figurant le sang, mayonnaise, chocolat et excréments. Comme un enfant déchaîné, il souille, barbouille et détruit tout jusqu'à l'écoeurement.


    Succédant aux performances dont il ne reste que des photos et des vidéo, Paul McCarthy crée des installations pérennes qu'il peut vendre. Les sculptures sont souvent animées par un moteur qui crée un mouvement répétitif comme ceux des automates.

    S'inspirant de la culture populaire dominante, il lui fait subir une distortion radicale à la limite du glauque.   Il parodie le monde disneyien, lisse, aseptisé et consensuel dans plusieurs séries de sculptures: des pirates, inspirés de l'attraction la caverne des pirates, l'ours et le lapin (en écho à Jeff Koons) etc.  


    Le bouffon révèle  le mensonge en profanant les icônes enfantines. Le rêve américain tourne au cauchemar.



Performance sur le thème des Pirates, Paul McCarthy



    En 2003 une truie hyperréaliste bouge les pattes et semble soupirer d'aise en rêvant. Alors qu'à Disneyland, le moteur qui anime les personnages et les animaux des attractions est soigneusement dissimulé pour parfaire le simulacre de vie, ici la machinerie est tout à fait visible. L'illusion, à la base de toute représentation, est mise en scène et dénoncée.




Mechanical pig, la truie mécanique
2003-2005, Paul McCarthy


 
   Ses structures de vinyle gonflable de la tête de George Bush, de cochon ou de Saint Nicolas,  gigantesques et d'un mauvais goût assumé, trônent devant divers musées du monde et ne manquent pas de susciter la polémique. Plusieurs expositions de Paul McCarthy sont précédées d'un écriteau avertissant les visiteurs: les oeuvres présentées peuvent choquer un public non averti.




Deux cochons roses, Paul McCarthy
Middelheim Parc, Anvers, Belgique, Photo: Djumbo



    Exposées à la Tate Modern en 2002, Blockhead est haute de 35 mètres et s'inspire du personnage de Pinocchio; Daddies bighead, 16 mètres de haut, s'inspire d'une bouteille de ketchup, motif récurrent dans l'oeuvre de McCarthy. Les deux structures, comme toutes les oeuvres gonflables, contiennent des moteurs et des ventilateurs. Elles dodelinent doucement de la tête en surplombant les visiteurs.





Blockhead et Daddies bighead devant la Tate Modern à Londres en 2003
structures gonflables de Paul McCarthy, Photo: ultrahi


    On ne sait pas si « Complex shit », l'étron monumental sera ré-installé à Berne dans le jardin d'Eden. Il est sûr qu'il ne sera pas invité à la prochaine parade de Macy's  où des baudruches géantes illustrant les personnages du monde enfantin survolent la 42ème rue à New-York. L'année dernière le lapin argenté de Jeff Koons, à première vue innocent, a défilé aux côtés de Kitty et Pikachu.



 

« Complex shit » à Berne
Sculptures gonflble de Paul McCarthy avant son envol


   On ne sait pas non plus ce que Paul McCarthy a pensé du court voyage dans les airs de sa création. Ce happening involontaire est plutôt drôle et si l'artiste a de l'humour, il a dû l'apprécier. Le destin d'un ballon n'est-il pas de s'envoler?

   Après Jan Fabre au Louvre et Jeff Koons à Versailles les gardiens du bon goût français vont pouvoir se mobiliser pour défendre le Musée d'orsay contre l'intrusion de l'art contemporain. Le nouveau conservateur du musée, Guy Cogeval, annonce la venue de Paul McCarthy et de Murakami au milieu des oeuvres du dix-neuvième siècle.



 Voir des extraits des performances de Paul McCarthy sur Ubu, âmes sensibles s'abstenir.
Liens sur ce blog:

Paul Mc Carthy, Inflatable, à Hong-Kong

Catherine-Alice Palagret
août 2008
art gonflable

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26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 18:23


   Depuis Marcel Duchamp et son urinoir, l'art n'hésite pas à être drôle et à se payer notre tête, c'est pourquoi il faudrait créer la catégorie de l'Art Rigolo et une sous-catégorie pour l'Art Rigolo Inquiétant. Après Jeff Koons et ses joyeuses sculptures pop voici des plasticiens nettement plus torturés:



   Louise Bourgeois (née en 1911) et ses araignées issues de ses fantasmes enfantins. Autant les araignées exposées à Beaubourg dans des salles sombres suscitent le malaise, autant l'araignée des Tuileries suscite l'amusement.



Reflet de l'araignée de Louise Bourgeois aux Tuileries


   Paul McCarthy (né en 1945), ses performances scatologiques, ses pirates lubriques et ses Mickeys obscènes.  Il réalise des baudruches géantes de cochons ou de Saint Nicolas. En juillet 2008 sa merde de chien gonflable s'est envolée au-dessus du musée de Zurich. Les musées qui exposent l'américain préviennent le public que certaines de ses oeuvres ne sont pas pour les enfants.


Deux cochons roses, Anvers 2007, Paul McCarthy
Photo: Djumbo



   Damien Hirst (né en 1965) et son veau coupé en deux, son requin conservé dans le formol, son crâne incrusté de diamants, ses spin paintings fabriqués à la chaîne etc ...



"For the love of God"
crâne incrusté de diamants de Damien Hirst



    La japonaise Yayoi Kusama (née en 1929) et ses "dots obsession" crée un environnement obsessionnel et ludique.

 

 


Dots Obsession de Yayoi Kusama à La Villette, Paris



    La rétrospective Vides à Beauboug constituée de neuf salles vides, même si elle fait sourire, appartient plus à l'art métaphysique.

   

   Quand à Daniel Buren qui n'a rien de rigolo ni d'inquiétant, ses stricts alignements de colonnes déchaînent les visiteurs. Son oeuvre est austère mais les gens la détournent en une sorte de terrain de jeux, ne sachant pas trop quoi en penser, pour conjurer leur angoisse.


Les deux plateaux, colonnes de Buren au Palais Royal à Paris



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Palagret
art contemporain
Août 2008

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23 août 2008 6 23 /08 /août /2008 18:01


   A côté des expansions au fini brillant, César réalise en 1991 des expansions à la surface en fonte de fer. La mollesse de la forme est contredite par la rugosité de la matière: irrégulière, mal polie, on remarque des arrachements. La fonte se couvre de rouille et prend un aspect tellurique. On pourrait y voir des coulures de lave si elles ne sortaient pas d'un seau. Le seau renversé, ou la poubelle, contredit l'idée de nature sauvage et rattache l'oeuvre au nouveau réalisme.


Expansion, fonte de fer. 1991.
César à la fondation Cartier


    Parfois César laisse la poubelle de côté et ne garde que la coulure libre. Libre ou presque libre puisque César se réserve le droit d'intervenir et de diriger le flot aléatoire de l'expansion. Il se sert des surprises qu'apporte la matière synthétique en mouvement mais il la domestique. Il module l'épaisseur et la rigidité des coulures en contrôlant le temps de solidification.




Expansion, fonte de fer. 1991.
César à la fondation Cartier



Expansion, fonte de fer. 1991.
César à la fondation Cartier


     Les expansions de mousse polyuréthane demandaient un long travail de finition pour les pérenniser: nappage au moyen de résine de polyester, ponçage puis application de couches de laques acryliques de plus en plus transparentes ou bien de fonte.
     Expérimentant et innovant avec des technologies et des matières nouvelles, « César s’est posé la question de savoir si ce qu’il produisait sans faire usage de son savoir-faire de sculpteur était encore de l’art. » 1
    Aujourd'hui la question ne se pose plus. Le plasticien n'a plus besoin de créer l'oeuvre de ses propres mains pour en être le créateur.
Il lui suffit d'en être le concepteur et de superviser le travail.


Expansion, fonte de fer. 1991.
César à la fondation Cartier



Expansion, fonte de fer. 1991.
César à la fondation Cartier


    Dans les compressions, César contraint la matière, dans les expansions il lui donne vie avant de la figer. Par leur forme, les rouilles sont tout aussi douces et sensuelles que les formes lisses et colorées qui les précèdent. Cependant, elles gardent encore des traces de leur fabrication comme les jouets moulés où il reste des attaches.


Expansion, fonte de fer. 1991.
César à la fondation Cartier


        Les expansions rouillées sont exposées dans le jardin, face aux expansions colorées dans le bâtiment vitré de Jean Nouvel.


Expansion n° 37, polyester armé de fibres de verre, 1972
César à la fondation Cartier


    La fondation Cartier rend hommage à César, dix ans après sa disparition, à travers le regard de son ami l'architecte Jean Nouvel. En 1984, l’exposition Les Fers de César célèbrait l’ouverture de la Fondation Cartier.
 

voir: Un mois de lecture des Bâlois, une compression de papier de César.



Expansion, polyester armé de fibres de verre
César à la fondation Cartier



César, Anthologie par Jean Nouvel
8 juillet - 26 octobre 2008
 Fondation Cartier pour l’art contemporain

- L’exposition est ouverte au public tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h. - Nocturne le mardi jusqu’à 22h.


Catherine-Alice Palagret

Sources: 1: in “César : la main et la tête”  catalogue de l’exposition
Entretien entre Jean Nouvel et Catherine Millet, Paris,  avril 2008

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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 23:02

 

    Voir un homard géant suspendu au plafond doré du salon de Mars ne manquera pas de faire rire ceux qui apprécie l'initiative de confronter le baroque du Roi-Soleil au baroque du roi du néo-pop
 
 
 

Lobster  de Jeff Koons à Versailles

 

    Il faudrait créer une nouvelle catégorie pour l'art contemporain: l'Art Rigolo. L'art qui amuse ...
 
 
 
 
Catherine-Alice Palagret
art contemporain
août 2008
 
 
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17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 09:29

 

       D'insolites guirlandes de boules multicolores attirent le regard à la sortie de la station de métro "Palais-Royal". Le Kiosque des Noctambules, clinquant comme un manège forain immobile, est ...

 

 

   à suivre ici, texte et photos

 



Le kiosque des noctambules de Jean-Michel Othoniel
bouche du métro Palais-Royal
 
 


 
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