11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 15:25

 

 
    Jouant sur l'humour, le changement d'échelle ou la simple beauté, les installations artistiques varient avec la lumière et le jeu des nuages. Le lieu devient une forêt enchantée où nous ne serions pas surpris de croiser Alice poursuivant le Lapin Blanc. Nous sommes dans le magnifique parc à l'anglaise de l'Ecole de l'environnement et du cadre de vie, à Jouy-en Josas. Dix artistes adeptes du Land Art  y exposent des oeuvres éphémères pour la cinquième Biennale des Environnementales. En résonance avec le paysage, vues à travers les arbres ou de près, les oeuvres se révèlent au long du parcours fléché ou au hasard de la promenade.



Bonzaï II, Marie Denis
Environnementales 2008
    Le « Bonzaï II » géant de Marie Denis, bel oxymore visuel, se voit de loin. L'énorme pot orange de plastique tressé contient un pin adulte. Le gigantisme du pot, adapté à l'arbre, fait de nous des Lilliputiens.

Bonzaï II, Marie Denis
Environnementales 2008
    Le bonzaï nous domine, sans rien de menaçant. Non sans humour, il est tressé de tuyaux d'arrosage orange fluo, une couleur inhabituelle dans les jardins, associée généralement aux travaux publics. Les étudiants de Tecomah ont participé à la réalisation de l'oeuvre.

Bonzaï II, Marie Denis
Détail du tressage en tuyau d'arrosage orange fluo
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

    --------------------------------------------------------------------

Artistes exposés à la cinquième Biennale:
1-  Iain Baxter&                                      
Ampers&, (Esperluette)
 
 2-  Serge Bottagisio & Agnés Decoux   
Toupie et cage

3-  Jean-Luc Brisson                              
La mare dans l'île
 
4-  Gilles Bruni                                    
Conversation par jour de pluie, deux fontaines

5-  Marie Denis       
Le Bonzaï II
 

7-  Nils-Udo           
Miroir d'automne

8-  Christine O'Loughlin   Ici/Là
10- Dimitri Xenakis       
L'étang, un théorème impossible
La forêt, un fil conducteur

 6-  Michel François  Déjà-vu
--------------------------------------------------

Les environnementales
5è biennale 2008
L'art contemporain « dans » et « avec » la nature
Du 13 mai au 11 juillet 2008

JARDIN DU CHÂTEAU DE JOUY
Chemin de l'Orme Rond
L'Ecole de l'Environnement et du Cadre de Vie
JOUY EN JOSAS 78350



 
Catherine-Alice Palagret
art contemporain
juillet 2008
 
 
  
1- in Dossier de presse

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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 21:12


    Aujoud'hui 30 juin Balloon Flower (magenta), la sculpture de Jeff Koons mise aux enchères chez Christie's à Londres s'est vendu $25.8 million ( £12.9)  ce qui est un record. Elle était estimée à 12 millions de livres sterling.


Balloon Flower (Magenta) exposée à Saint-James square à Londres
photo: crisjohnbeckett



    Balloon Flower imite, à une échelle monumentale, une fleur faite d'un ballon noué comme en fabriquent les petits vendeurs sous les yeux des badauds. L'oeuvre haute d'environ 2,75 mètres est en acier chromé dans lequel tout se reflète, le ciel, l'eau les arbres ou les gratte-ciels et bien sûr les visiteurs.


Cette fleur au brillant si parfait vient de la collection
Howard et Cindy Rachofsky de Dallas 1. La sculpture pèse huit tonnes. Elle a traversé l'atlantique à bord d'un Antonov 124, un avion militaire soviètique utilisé pour transporter des tanks en Afghanistan dans les années 1980. L'Antonov s'ouvre par le nez et c'était le seul avion capable d'accueillir la caisse contenant le fleur. L'avion s'est posé à Genève. De là un camion spécial a transporté la sculpture à une usine allemande pour refaire le polissage parfait qui est la marque des oeuvres de Jeff Koons. Puis elle est repartie pour Londres où une grue l'a installée sur la pelouse de Saint-James square. D'une légèreté illusoire, Balloon Flower semble délicatement posée sur le gazon alors qu'un socle enterré assure sa stabilité.


balloon flower (magenta) de Jeff Koons.
Collection Howard et Cindy Rachofsky en vente chez Christies
Photo Christie's


Balloon flower (magenta) était exposée à Londres, à Saint James square, du 21 au 30 juin 2008.


Fleur ballon bleue de Jeff Koons à Berlin
photo: Holger Dölle


    Il existe cinq fleurs dans le monde. La fleur jaune, comme le chien magenta exposé à Venise au Palazzo Grassi, appartient au collectionneur François Pinault. La fleur orange est dans une collection privée. La fleur bleue est à Berlin (Collection Daimler). La cinquième fleur ballon, la rouge, appartient à Jeff Koons. Elle est exposée à New-york dans une fontaine du quartier du World Trade Center.


Fleur ballon rouge de Jeff Koons. A New-York.
Photo: wallyg


    La série "Celebration" de Jeff Koons comprend les diamants géants, les chiens ballons, les coeurs suspendus (hanging heart) et les fleurs ballon. Jeff Koons dit en avoir trouvé l'inspiration dans les contes de fées et les livres pour enfant. Ces fleurs géantes sont faites pour être exposées en plein air.



1- in
The Dallas Morning News du 29 mai 2008.



voir:
Jeff Koons bientôt à Versailles en septembre 2008
         La visite de l'atelier de Jeff Koons mise aux enchères
         Rabbit, le lapin de Jeff Koons à la parade de Macy's
         La locomotive de Jeff Koons pour le musée de Los Angeles
      
Video de Jeff Koons présentant Balloon Flower (red) à New-York
      
Split-rocker à Versailles




Catherine-Alice Palagret



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26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 16:24


Jeff Koons, le roi du néo-pop
à la cour du Roi-Soleil



    On sait enfin ce que Jeff Koons va exposer à Versailles en septembre 2008 pour sa première rétrospective en France: seize oeuvres démesurées et / ou ironiques dont l'exubérance devrait s'accorder à la décoration baroque des Grands Appartements royaux.


Rabbit, le lapin de Jeff Koons à Versailles

     Du salon d'Hercule à l'escalier de la Reine, chaque oeuvre occupera une pièce.
Les plafonds ornés de fresques mythologiques ou guerrières, les murs surchargés de tapisserie, tableaux et dorures serviront d'écrin aux créations de l'artiste américain.
 
     S'inspirant d'objets prosaïques de la culture populaire, de banals bibelots kitschs et de jouets d'enfants bon marché, ses sculptures aux reflets métalliques refléchiront joyeusement le décor rococo du château. Clownesques et pleines d'allusions sexuelles, les oeuvres apporteront un peu de dérision à la pompe royale et à l'esprit de sérieux voulus par le Roi-Soleil.



Buste de Louis XIV en acier inoxydable

     Selon Jeff Koons, l'environnement baroque de Versailles est un cadre idéal pour renforcer le caractère philosophique de ses oeuvres, sur le pouvoir, l'amour, le temps. Louis XIV et Versailles sont pour lui un symbole de raffinement et de lumière. L'intérêt de l'artiste pour Versailles n'est pas nouveau. En 1986, non sans dérision, il a réalisé un buste de Louis XIV en acier inoxydable et non en marbre, matière noble et traditionnelle. Le buste sera exposé dans la chambre du Roi.


Balloon Dog (Magenta) de Jeff Koons, à Versailles


     Le parcours versaillais commencera avec Balloon Dog (Magenta), l'énorme chien ballon à la légèreté illusoire. Déjà exposé à Venise devant le Palazzo Grassi, Balloon Dog reproduit un chien fait d'un ballon noué. Haut d'environ trois mètres, il posera devant le « Repas chez Simon » de Véronèse et sous le plafond représentant l'Apothéose d'Hercule peint par François Lemoyne.



Bear and the Policeman, 1988, de Jeff Koons


     Suivront «Bear and the Policeman", l'ours et le policier britannique, faisant partie du Banality show de 1988.  Sculpture en bois peinte de plus de deux mètres de haut, l'ours en peluche à l'air bonasse pose paternellement son bras sur l'épaule d'un policeman et s'apprête à souffler dans son sifflet. C'est une parodie des souvenirs très kitschs que les touristes achètent. Le couple sera dans le salon de la Guerre, ce qui est approprié pour un gardien de l'ordre, peut-être moins pour un ours.



Jeff Koons posant devant Rabbit au MCA de Chicago, en mai


     "Rabbit" (1986) le célèbre lapin argenté est inspiré d'un jouet gonflable. En acier inoxydable poli, le salon d'Abondance se reflètera sur son corps brillant.

« Les objets gonflables, bien sûr, sont une métaphore des gens; pour moi, ils sont une métaphore de la vie et de l'optimisme. L'image la plus morbide que je connaisse est celle d'un objet gonflable qui s'est effondré. » déclare Jeff Koons 1. Pour ne pas affronter la mort des jouets gonflables, l'artiste les pérennise en métal increvable et imputrescible.


`
New Hoover convertible devant le portrait de Marie-Antoinette

   « New Hoover convertible »: les aspirateurs Hoover sont des ready-made (comme l'urinoir de Marcel Duchamp) mais ils sont enchâssés dans une vitrine de plexiglas bordée de néons. Ces aspirateurs destinés à aspirer la poussière resteront propres et neuf à jamais. Les appareils ménagers seront exposés dans l'antichambre du Grand Couvert. Koons écrivait en 1980 qu'il y montrait la sexualité à la fois mâle et femelle: «  Il y a des orifices et des parties phalliques. » 

     «  Lobster » un homard en aluminium polychrome et chaîne d'acier de 145 cm de long, de 2003. Inspirée d'une bouée de plage, elle sera dans le salon de Mars,  « À la place d'un des lustres, je suspendrai ­Lobster comme un acrobate accroché à un trapèze, comme une vision incongrue sortie du Moyen Âge. » 2



Lobster dans le salon de Mars à Versailles


     « Large vase of Flowers », le  vase de fleurs, 1991, collection Dakis Joannou. Jeff Koons écrit à propos de « Large Vase of Flowers »: « Il y a 140 fleurs. Elles sont très sexuelles et fertiles.” Le vase ornera la chambre de la Reine
.

 "Large vase of Flowers", de Jeff Koons, s'accorde très bien à la tapisserie

     « Moon » une lune argenté de trois mètres de diamètre en acier inoxydable trônera au bout de la Galerie des Glaces, créant d'étranges perspectives. Les miroirs anciens, récemment rénovés, de la Galerie multiplieront l'image de Moon qui elle-même reflètera sur sa surface brillante les visiteurs, les miroirs et les dorures à l'infini. La symbolique de Versailles est construite sur le mythe du soleil; Moon sera son contrepoint.


Moon de Jeff Koons

     «
Michael Jackson and Bubbles », représente, grandeur nature, le chanteur avec son singe favori. La peau exagéremment blanche du chanteur crée un sentiment de malaise. De la série Banality (1988), la porcelaine peinte, polychrome et dorée à la feuille d'or,  allie le kitsch et l'hyper-réalisme. Fabriquée en Chine sous la supervision de l'artiste, c'est l'une des plus grandes porcelaines au monde.  Elle sera dans le salon de Vénus.



Michael Jackson and Bubbles, son singe favori.
Porcelaine de Jeff Koons

   "Pink Panther" (1988) est une porcelaine de 1 mètre sur 52 cm. C'est la rencontre de deux univers: une femme blonde enlaçe la panthère rose, un personnage de dessin animé. L'oeuvre sera exposée dans le salon de la Paix . « Ces deux pièces renvoient à l'art de la porcelaine et de la dorure célébré partout à Versailles, mais aussi à sa qualité sexuelle et à sa liberté magnifiée. » 2
Pink Panther, Jeff Koons

    Un ironique autoportrait de l'artiste sera  dans le salon d'Apollon. Alors que le buste de Louis XIV est en acier inoxydable, celui de Koons est en marbre!


Autoportrait de Jeff Koons
Buste en marbre


     "Hanging Heart", un coeur rouge brillant enrubanné, apportera "générosité, chaleur et romance" au parcours, dit Jeff Koons.




Hanging Heart, de Jeff Koons


     Une seule sculpture sera installée dans le jardin:  "Split Rocker" déjà vu à Avignon en 2000, dans l'exposition « La beauté in fabula ». Cette tête géante mi-dinosaure mi-poney mesure douze mètres de haut et pèse onze tonnes. Comme beaucoup d'oeuvres de Jeff Koons, elle est inspirée d'un jouet enfantin, un cheval à bascule. Split Rocker sera recouvert de fleurs fraîches, 90 000 pétunias et géraniums arrosés automatiquement par un système interne. Comme le Puppy de Bilbao, ce sera une sculpture vivante, changeant de couleurs avec la floraison. Louis XIV s'intéressait beaucoup à l'art topiaire; il est sûr que Jeff Koons renouvelle radicalement cet art qui remonte à l'antiquité.



Split-rocker dans le parterre de l'Orangerie à Versailles


     Jeff Koons est venu à Versailles le 18 juin pour affiner son projet d'accrochage qu'il a préparé dans son studio de Manhattan à partir d'une documentation fournie par Jean­-Jacques Aillagon et les conservateurs du château de Versailles.


    Provocatrice et ludique, il est certain que l'exposition fera parler d'elle. Les amoureux du Grand Siècle seront sans doute scandalisés de voir le prestigieux château de Versailles envahi par des oeuvres contemporaines clinquantes d'un mauvais goût assumé. Qu'ils se rassurent! Trois mois après, le château retrouvera, sinon la paix, du moins son décor historique intact. L'exposition d'artistes contemporains dans des lieux historiques célèbres est à la mode et suscite toujours des polémiques. Au Louvre Jan Fabre se confronte aux  chefs-d’oeuvre de Van Eyck, Bosch ou Rubens. De la rencontre de styles si dissemblables, du choc visuel, naît un regard nouveau.

     Que Versailles retrouve le joyeux délire des fêtes de Louis XIV! Le Roi-Soleil aimait les divertissements baroques, les décors grandioses et éphémères, les déguisements absurdes. Il aimait éblouir et surprendre la cour. Peut-être aurait-il aimé l'extravagance de Jeff Koons.

     L'exposition réservera peut-être quelques surprises: une pièce inédite?

     L'acheminement et l'installation d'oeuvres aussi monumentales nécessitent des moyens énormes. Il faut un convoi spécial et une immense grue pour les positionner. Comment "Balloon dog", "Hanging Heart" ou "Moon" lourds et surdimensionnés arriveront-ils dans les appartements royaux?


     Une grande retrospective de Jeff Koons a lieu en ce moment au MCA de Chicago jusqu'au 21 septembre 2008. Superstar dans le milieu de l'art, Koons est l'un des artistes contemporains les plus controversés et les plus chers au monde. Son "Hanging Heart" (Magenta/Gold), un cœur rouge de 3 mètres de haut, a été adjugé le 14 novembre 2007 chez Sotheby’s $23.6 millions. Le 30 juin, "Balloon Flower (magenta) a été vendue aux enchères à Londres, chez Christie's pour la somme de $25.8 million.
 


"Jeff Koons Versailles"
Du 10 septembre au 14 décembre 2008

Exposition prolongée jusqu'au 4 janvier 2009
à Versailles

 

Liens sur ce blog:
         



Catherine-Alice Palagret
art contemporain
Texte et photos

1-
in Chicago.mag.com
2- in Le Figaro.fr


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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 16:02

 

L'art contemporain descend dans la rue

    Erró s'expose en grand, rue de Rivoli. Une bande-dessinée monumentale, 30 mètres de long sur six de haut, orne la  façade du Bazar de l'hôtel de ville (BHV). Face  aux statues classiques qui ornent les murs de la mairie de Paris, Erro oppose un univers grotesque



Oeuvre d'Erró sur la façade du BHV


    Mêlant les images avec ironie, Erró produit de grandes fresques satiriques où l'agitation des personnages saturent l'image, à plat, avec une perspective simplifiée. Dans cette toile crée spécialement pour l'occasion, il n'y a rien de politique ou d'érotique comme souvent chez le peintre, tout juste une femme nue dans un coin.




Oeuvre d'Erró sur la façade du BHV, Homme baillonné et fer à repasser

   Erró a peint une télévision, une cuisinière, un fer à repasser, des pinceaux, objets qu'on peut acquérir dans ces temples de la consommation que sont les grands magasins. Il y mêle un caméraman, un gourmet, une mère de famille débordée, un singe qui peint etc... 

    Notons que le fresque commence avec un homme baillonné et représente deux caméramen. Quelque chose à voir avec la liberté de l'information ou la sur-médiatisation?


  
Oeuvre d'Erró sur la façade du BHV, Un des deux Caméramen


Oeuvre d'Erró sur la façade du BHV
Le peintre, le dandy et le deuxième cameraman


     Au milieu de la toile, dans un cercle une pin-up. Elle est la seule à se reposer avec le dandy attablé.


Case de bande-dessinée avec pin-up et singe, Erró

 
     Gudmundur Gudmundsson, dit Erró, 76 ans, est un peintre islandais travaillant à Paris. Il appartient au mouvement de la figuration narrative, proche du pop art; il trouve son inspiration dans l'imagerie des dessins animés, des catalogues, des vieux livres illustrés et des journaux. Avant de commencer un tableau, il rassemble une grande documentation.

"Le processus consiste ensuite à sélectionner les images, à les "marier" ensemble pour en faire des collages, puis des tableaux. Avec un bon stock d'images, je peux avoir de quoi travailler pendant un ou deux ans." Erró




Les deux fresques d'Erró sur les façades du BHV
en premier plan, l'Hôtel de ville de Paris

    La farandole des personnages d'Erró est visible la nuit, grâce à un éclairage spécifique et des d’encres réverbérantes.


Deuxième toile sur le pan coupé de l'immeuble, Erró



    La fresque a été  accrochée par des alpinistes le dimanche 25 mai, à la nuit. Elle restera sur la façade du BHV jusqu’au 18 juin. Elle sera alors découpée  en 600 morceaux de 45cm sur 45 et distribuée aux passants en même temps que des estampes numériques signées et numérotées. L'évènement aura lieu rue de La Verrerie.



Deux piliers décorés d'oeuvres d'Erró au rayon livres du BHV


pilier décoré par Erro au rayon livres du BHV Rivoli


    Les piliers du rayon librairie du Bhv sont décorés avec des reproductions d'oeuvres d'Erro. Un jeu à lieu à l’occasion de cette exposition dans la rue

    En plus des « six jours », des soldes ou des opérations spéciales, le BHV crée un nouveau rendez-vous. Le magasin organisera chaque année un évènement « BHV Art » avec une oeuvre crée spécialement. C'est une occasion pour le magasin de valoriser son image en donnant à voir un artiste contemporain.



La fresque d'Erró au BHV Rivoli

L’expo à ciel ouvert - Erró
Du 26 mai au 18 juin 2008
Au BHV Rivoli, 14 rue du Temple, 75004 Paris.



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Catherine-Alice Palagret
figuration libre
juin 2008

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 00:20

La musique des creux et des bosses



    Au festival des arts numériques d'Issy les Moulineaux, une installation de Jens Brand capte les  bruits du monde. Au contraire de Maurice Benayoun qui transcode le bruit de nos émotions avec son "emotion vending machine", Brand s'intéresse plus à la géologie qu'à l'intime.



Installation de Jens Brand: la musique du monde
Les arts numériques réinventent la ville


   Brand prend de la hauteur et écoute le chant du monde. A partir d’un iPod détourné, le G-Player, et d’une maquette tridimensionnelle de la planète Terre, le logiciel choisit un satellite parmi les 1000 disponibles qui tournent autour du globe. 


Recherche d'un satellite


    Telle une aiguille sur le microsillon d’un disque, le satellite balaye la surface de la Terre. Les données topographiques sont interprétées comme des sons. Les mers sont presque silencieuses. Les massifs montagneux sont bruyants et tourmentés, les plaines plus douces, les collines plus mélodiques. La musique générée n'est pas vraiment harmonieuse mais elle intrigue.




Les bruits du monde



Ici le satellite survole la cordillère des Andes,
le G-Player produit des sons engendrés
par les différences de reliefs.



    "We play the world" conçoit les données numériques comme une réalité tactile et analogique captée métaphoriquement par un tourne-disque dont l’aiguille se fraie, elle aussi, un chemin à travers les réseaux.


Matériel de  l'installation "We play the world"


    Le dispositif asez sobre est présenté au milieu de meubles, lampes et tapis d'Ikea. Les étiquettes sont mises en évidence. Il s'agirait d'une dénonciation du mode de vie uniformisé des terriens.


    Né en 1968, Jens BRAND travaille en tant que compositeur, musicien et artiste multimédia.


Dans le cadre du festival numérique voir:

    La collecte des regrets





Le Cube Festival :

Les arts numériques réinventent la ville
Issy-les-Moulineaux
M° Mairie d’Issy

www.cubefestival.com


Du mardi 3
au dimanche 8 juin 2008

















Catherine-Alice Palagret

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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 23:02


ECOUTEZ LES BRUITS DU MONDE


   
A Issy-les-Moulineaux, les bruits du monde sont captés par deux oeuvres numériques interactives. Le Cube festival présente une installation de Maurice Benayoun et une autre de Jens Brand:

    Le dispositif conçu par
Maurice Benayoun ressemble à un distributeur de boissons mais c'est un distributeur d'émotions.


Emotion vending machine / Distributeur d'émotions


                                                                                               

Vous sélectionnez
trois émotions
parmi neuf:
peur
solitude
optimisme
joie
enchantement
terreur
dépression
nervosité,
extase.



Liste des émotions proposées


    A partir de votre sélection, le logiciel explore la toile en temps réel, repère les mots choisis et les affiche sur une carte du monde, par nuages de tag ou mots-clé.


Nuages de mot générés par internet


     Des sons composés par Jean-Baptiste Barrière crée une ambiance sonore en accord avec les émotions. Il ne reste plus qu'à reporter sur une clé USB l'image du monde et le son unique qui correspond à vos états d'âme.




Emotion vending machine
envoyé par Palagret
La musique des émotions




Premier cocktail d'émotions



Deuxième cocktail d'émotions



    Né en 1957,
Maurice Benayoun est agrégé d’arts plastiques et enseigne depuis 1984 à l’Université Paris I. Lauréat de la Villa Medicis hors les murs en 1993 pour son projet « AME » (Après Musée Explorable), il est aussi directeur artistique et co-fondateur du CITU (Création Interactive Transdisciplinaire Universitaire).

Alors que Maurice Benayoun s'intéresse aux émotions humaines, Jens Brand écoute la planète et ses reliefs grâce aux satellites.


Dans le cadre du festival numérique voir:
La collecte des regrets



".... alors que pour les justes les bruits du monde ne s'arrêtent jamais. "

Samuel Beckett





Le Cube Festival :
Les arts numériques
réinventent la ville.

Issy-les-Moulineaux


www.cubefestival.com


Du mardi 3 au dimanche 8 juin 2008








Catherine-Alice Palagret

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 22:50


Regrets, une oeuvre conceptuelle interactive de Jane Mulfinger et Graham Budgett


    Confiez vos regrets à la toile numérique: dans le cyber-espace, quelqu'un vous entendra soupirer. A Issy-les-Moulineaux, des Collecteurs de Regrets portent un ordinateur sur le dos, tels des sherpas à l'assaut de notre amertume. Ils proposent aux passants d'écrire leurs regrets et de les envoyer sur internet.


Confiez vos regrets à l'ordinateur
Les arts numériques réinventent la ville

    Seuls les poètes sèment leurs regrets à tous vents. La plupart des gens gardent leurs états d'âme pour eux. Les regrets sont au secret, enfouis dans la mémoire ou dans un journal intime. Pourtant le sentiment d'inaccomplissement ou de ratage, qu'il soit discret ou envahissant existe chez la plupart des humains, même chez ceux qui proclament haut et fort qu'ils n'ont aucun regret. Le confessionnal numérique à dos d'homme interroge notre capacité à énoncer ce qui nous peine.

Regrets d'Aragon et de Brassens


    Place de la mairie, un homme jovial fanfaronne: "Je vis dans le bonheur". Des passants se détournent craintivement, d'autres sont offusqués par cette indiscrétion tant le mot regret a une forte charge affective, intime. Il scelle une séparation ou un abandon: sans regret? Avec précautions, le mot regret annonce un échec ou un bouleversemnt radical: j'ai le regret de vous annoncer que... . Il peut aussi constater un changement définitif: « regrets éternels », formule classique et mensongère inscrite sur les couronnes mortuaires et les pierres tombales. Le mot peut aussi s'employer de manière anodine: Ah, je regrette, je ne suis pas du quartier ... .


Les sherpas de l'amertume collectent les regrets


    Regrets et remords sont des sentiments assez proches et ce qui n'est qu'un jeu pourrait déboucher sur des aveux étonnants. A Issy-les-Moulineaux, les collecteurs de regrets accueillent toutes les confidences. Un jeune homme tape quelque chose qui semble lui tenir à coeur, en vérifiant que personne ne lit par dessus son épaule. Le médiateur regarde discrètement de l'autre côté. L'anonymat est essentiel. Un groupe d'amis s'amuse à inventer n'importe quoi. Chaque phrase commence par « Je regrette » et la suite est banale, farfelue, surréaliste ou sincère.

      Envoi d'un message de regret, Issy-les-Moulineaux.
Les arts numériques réinventent la ville




    Je regrette ... qu'il pleuve           
    Je regrette ... d'avoir oublié mon parapluie
    Je regrette les terrifiantes merveilles de Pallas 21
    Je regrette ... d'avoir menti
    Je regrette ... Non, rien de rien, non, je ne regrette rien
    Je regrette ... que pour que vous aimiez quelque chose il faut que vous     l'ayez vu
    Je regrette ...  .....

    Les regrets collectés iront rejoindre une vaste banque de données constituée par deux américains: Jane Mulfinger et Graham Budgett, de l'Université de Californie à Santa-Barbara. Leur projet relève de l'art conceptuel et de la sociologie, c'est un jeu entre la sphère privée et la sphère publique. Les créateurs ont déjà archivé des milliers de regrets à Santa Barbara en Californie, à Cambridge en Angleterre et à Linz en Autriche. L'étude des archives permettra peut-être de dégager des tendances en fonction des pays ou des lieux (université, marché, rue etc ...). Pendant le festival, les messages sont visibles sur un écran dans la tente du village numérique, en temps réel. On peut aussi les consulter sur le site www.regrets.org.uk/

Jane Mulfinger et Graham Budgett
les créateurs de "Regrets" 
collectent les messages



  En envoyant notre regret dans le vaste espace digital nous recevons cinq autres messages qu'un logiciel a sélectionné: nous ne sommes pas seuls, d'autres ont des regrets similaires. Le dispositif est une métaphore: nous enlevons le fardeau de nos épaules pour le mettre sur le dos de quelqu'un d'autre.




Hésitation sur le clavier avant d'envoyer le regret dans le cyber-espace



    Un assistant porte un grand parapluie blanc. Il protège le sherpa collecteur de regret, l'ordinateur et les participants ... du regret? Sur le parapluie on peut lire:
I regret not telling my father what I thought of him
Je regrette de ne pas avoir dit à mon père ce que je pensais de lui
I regret the passing of time and wind
Je regrette le passage du temps et du vent
etc ...


Envoi d'un message de regret, Issy-les-Moulineaux.

Les arts numériques réinventent la ville



    Les évolutions technologiques, wi-fi, mobiles, internet, modifient l’espace, le temps et notre relation aux autres. Nous pouvons être en contact permanent avec nos amis ou des inconnus dans le vaste espace électrique et ignorer ceux qui nous entourent dans l'espace réel. Aujourd'hui Du Bellay publierait ses « Regrets » sur Internet, il tiendrait un blog pour partager ses désillusions et ses colères avec ses amis restés au pays et avec des milliers d'inconnus.


Graham Budgett et un homme de regret



    Cette intervention conceptuelle de Jane Mulfinger et Graham Budgett est une des vingt et une oeuvres du troisième Cube festival, une déambulation numérique et poétique dans la ville. Les promeneurs curieux s'initient à l'art numérique interactif, les gamins sautent d'une oeuvre à l'autre en répondant à leur questionnaire. Les gens sérieux se hâtent vers le marché ou le bureau de tabac. Les habitués du jardin papotent sans rien remarquer de bizarre; à côté, des jeunes gens branchés commentent les oeuvres savamment.


Regrets projetés sur une façade à Cambridge


      A Cambridge les regrets collectés par Jane Mulfinger et Graham Budgett étaient projetés sur le mur de la mairie à la nuit tombée. Voir ses regrets les plus intimes livrés à la vue de tous doit être une expérience troublante. L'expérience n'a pas été possible à Issy-les-Moulineaux. Début juin, l'obscurité vient trop tard. Il serait intéressant que les regrets apparaissent de manière aléatoire sur les panneaux d'affichage électroniques de la ville. Le passant, surpris, serait déstabilisé quelques secondes par des phrases énigmatiques mêlées aux horaires d'ouverture de la piscine et à l'annonce du prochain conseil municipal.



Regrets projetés sur la façade de la mairie à Cambridge


 
    En décembre dernier, les new-yorkais ont participé au
"Good Riddance Day". Il s'agissait de se débarrasser des mauvais souvenirs de l'année en écrivant ses galères sur un papier avant de le jeter dans une déchiqueteuse. L'évènement n'était pas artistique, seulement thérapeutique.


     Certains plantent leurs soucis en terre ou crient dans le désert, d'autres s'en remettent à un confesseur ou un psychanalyste, d'autres encore préfèrent le non-dit. Dire ses regrets a une vertu thérapeutique et ces nouveau rites païens, où l'aveu est nécessaire mais non la punition, proposent des solutions ludiques et gratuites.



Des regrets à tout âge


                                                          

Le Cube Festival :
Les arts numériques réinventent la ville
Issy-les-Moulineaux,
www.cubefestival.com


Du mardi 3 au dimanche 8 juin 2008
Exposition d’art numérique dans la ville :
Village Festival (Esplanade de l’Hôtel de Ville)











Catherine-Alice Palagret
art numérique

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 11:56

 

   Dans "l'igloo de Giap", le plasticien italien écrit en lettres blanches de néon une citations politique du Général Vo Nguyen Giap: 

 

"Se il nemico si concentra perde terreno, se si disperde perde forza"

 "Si l'ennemi concentre ses forces, il perd du terrain. S'il les éparpille il perd de la force." 

 


 "Igloo di Giap". 1968 Mario Merz
Armature de fer, sacs de plastique remplis de terre, tubes de néon,
batteries, accumulateurs, 120 x 200 cm (diamètre)

   "L’inscription de cette formule s’appuie sur la forme symbolique de la spirale, figure dynamique qui résout le dilemme entre la force et l’expansion exprimé par le général vietnamien. Mais la spirale se construit aussi grâce à la suite logarithmique de Fibonacci, où chaque nombre est la somme des deux précédents et où le rapport de deux termes consécutifs tend vers le nombre d'or. Elle rappelle ainsi l’harmonie recherchée par les artistes de la Renaissance italienne, en même temps qu’un rapport de proportion inscrit dans la nature. Par cette figure géométrique qu’est la spirale, l’art, la vie et la stratégie de résistance du général Giap sont posés en adéquation. Cette œuvre, contemporaine de la guerre du Vietnam, est marquée par l’idéologie contestataire des années 60." 1



" Si l'ennemi concentre ses forces, il perd du terrain.
S'il les éparpille il perd de la force"
   "Igloo de Giap". 1968 Mario Merz

    Comme les lettres fluorescentes tournent autour de l'igloo, le spectateur lui aussi suit le mouvement de la spirale pour déchiffrer le texte. 
 
   L'igloo incarne le refuge, un abri provisoire toujours reconstruit. Fait de terre et non de glace, l'igloo de Giap perd toute poésie, il devient le support d'une revendication politique et artistique. 

   Les premiers igloos de Mario Merz, formes organiques par excellence ", datent de 1968. Appartenant au mouvement arte povera, Merz utilise des matériaux pauvres et informes comme la glaise. Le néon est un matériau plus technique mais à la différences des nombreux plasticiens qui travaillent le néon, Mario Merz refuse la séduction de la couleur qui pourrait nous détourner de son propos contestataire.


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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 00:09
   
    Les néons utilisés dans l'affichage publicitaire ont très tôt attiré les artistes contemporains.
Ils y ont vu un nouveau média et ont détourné ces tubes colorés à la lumière vibrante qui se travaillent facilement. Au lieu de reproduire la lumière avec leur pinceau, au lieu de l'imiter, ils l'intègrent directement au centre de leur oeuvre.


Neon electrical light english glass letters green eight
installation au néon de Joseph Kosuth


   La pulsation de la lumière devient sculpture. Les installations au néon, comme les oeuvres cinétiques ou les vidéo ont besoin d'électricité pour fonctionner. Les oeuvres sont liées à la technique et elles en dépendent. 



Alberola-neon-expo-Bernardins-.jpgsérie Alertes
 installation de néons d'Alberola, collège des Bernardins


   
   Citons quelques plasticiens français travaillant le néon: Alberola, Martial Raysse, François Morellet, Claude Lévêque, Pierre Huygue, Pierre Bismuth, Daniel Buren. Quelques anglo-saxons: Dan Flavin, Bruce Nauman, Joseph Kosuth, Tracy Emin, Cerith Wyn Evans,  Jeff Koons, Alfredo Jaar. L'italien Mario Merz, le belge Carsten Höller etc ...



néon irréel Lévêque
En finir avec ce monde irréel, néon de Claude Lévêque, 2006



neon-Pierre-Huygue.jpg"Je ne possède pas le musée d'art moderne" néon de Pierre Huygues


 
  Certains plasticiens du néon jouent avec des chiffres et des nombres, d'autres composent des mots et des phrases avec les lettres lumineuses de la publicité mais le message est perverti: l'injonction, philosophique, absurde, obscure ou politique, n'incite plus à consommer mais à réfléchir ou à sourire.





Nauman-1972-run-from-fear.jpg"run from fear
fun from rear"

néon de Bruce Nauman, 1972


    Dans une approche coloré, Bruce Nauman écrit "RUN FROM FEAR - FUN FOR REAR" en inversant les lettres comme dans une contrepétrie. Ou il oppose les mots NEED-DESIRE, HUMAN-DREAM, HOPE-HUMAN en diverses couleurs.



Human desire
néon de Bruce Nauman
Photo: Bright_Star


 
    L'artiste conceptuel Joseph Kosuth aligne les expressions: "modus operandi", "self described and self defined". Il écrit, non sans humour: "No one could see it" (Personne peut le voir) ou "I'am only explaining language, I'm not explaining anything" (J'explique le language, je n'explique rien). Il répète les mêmes phrases en différentes couleurs. A la biennale de Venise 2007, il a couvert les murs de l'église de l'Isola di San Lazzaro degli Armeni de néons jaunes formant des phrases en lettres cursives.





Texte sur les murs de l'église à la biennale de Venise 2007
Installation au néon de Joseph Kosuth


 
   En 2006, Cerith Wyn Evans expose une couronne de néon épelant en lettres blanches "In Girum Imus Nocte et Consumimur Igni". La citation latine est un bel exemple de palindrome: la phrase peut se lire de gauche à droite ou de droite à gauche. Cerith Wyn Evans dispose ses lettres en cercle suspendu au plafond comme un lustre, au-dessus de nos têtes. Peu importe le sens de lecture, il n'y a plus de direction, tout fait sens et rien ne fait sens. "Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu!"



neon-Cerith-Evans.jpg"In girum imus nocte et consimimur igni", néon de Cerith Wyn Evans 

 
 Plus le message de néon est long, moins on le lit. Seul reste l'impact visuel des lettres en cursive ou en majuscules. Fatigué de devoir lire des textes hermétiques ou ennuyeux, notre regard ne perçoit plus que des formes et des couleurs souvent poétiques et picore un mot par ci, un mot par là.

 

 

à suivre: 2- Néon et art contemporain, lumière vibrante: formes


    
   Stricto sensu, les néons n'émettent qu'une seule couleur: le rouge orangé. Dans le langage commun cependant, tous les tubes fluorescents sont appelés néons, même s'ils fonctionnent avec d'autres gaz inertes comme l'argon ou l'hélium.









Catherine-Alice Palagret
mai 2008
art contemporain


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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 21:30

Veaux, vaches, cochons:
le monde rural de Thierry des Ouches



    Croiser des vaches sur la prestigieuse place Vendôme à Paris n'est pas banal. Heureusement ces vaches ne broutent pas le sol stérile de la place, elles ne sont que des photographies géantes de Thierry des Ouches.


exposition de photographies de Thierry des Ouches, place Vendôme à Paris.
en 2004.


    En choisissant d'exposer place Vendôme, une place aussi symbolique de l'urbanisme classique à la française, le photographe joue avec les notions de nature et d'artificialité. La confrontation du monde rural et d'un espace urbain strictement ordonné étonne et séduit.


exposition de photographies de Thierry des Ouches,
place Vendôme à Paris.
Une poule


une vache dans un enclos de bronze


    La sévérité minérale de la place Vendôme où pas un brin d'herbe ne pousse et la nonchalance des animaux dans leur habitat naturel se répondent. Les portraits de ces animaux de ferme, que Thierry des Ouches avoue ne pas trop approcher, sont pris au téléobjectif, en cadrage serré; la longue focale écrase la perspective. Les lumières douces de fin d'après-midi donnent une atmosphère paisible à ces scènes champêtres. Sous le soleil, les nuages ou la pluie, l'herbe des prairies et le pelage des bêtes photographiées changent subtilement de couleurs.
     Les tirages de 5 mètres sur trois, montés sur des triptyques éclairés par des spots, arrivent à s'imposer dans l'espace intimidant de la place Vendôme.                                        
    Attention passage de bovins.
exposition de photographies de Thierry des Ouches,
place Vendôme à Paris.
       robe fleurie et robe brune
   

    Les ruminants et les visiteurs se contemplent les uns les autres avec curiosité et la banalité de la campagne française en devient exotique.
Envahie par ce troupeau immobile, la place elle aussi en devient exotique. Un exotisme qui ne doit pas être du goût de la riche clientèle, venue en limousine, qui se hâte doucement vers Boucheron, Bulgari, Cartier, Chaumet ou Van Cleef & Arpels, les prestigieux joailliers, ou vers l'hôtel Ritz. Heureusement, après cet accès de populisme,  la place Vendôme retrouve son calme patricien.


Touristes sur la place Vendôme.


Affiche de l'exposition "Vaches"
photographies de Thierry des Ouches,
place Vendôme
du17 juin au 3 septembre 2004.


vue aérienne de la place Vendôme.
sans les vaches.


    En 2006, Thierry des Ouches conduit son troupeau sur l'esplanade des Invalides: L'exposition « Les animaux de la ferme » rencontre le même succès public . Du 15 février au 15 avril 2007 il expose 52 grandes photographies sur les grilles de l'hôtel du Département à Rouen. Du 18/09/2007 au  06/01/2008, il expose à Lyon au parc de la Tête d'Or. La plupart de ses expositions sont en plein air et gratuite.

    Thierry des Ouches se dit photographe autodidacte. Il a publié plusieurs livres dont « Vaches » et « Les animaux de la ferme ».


Exposition de Thierry des Ouches
sur l'esplanade des Invalides, à Paris.

Photo de vincent.m



Autres expositions de photographies en plein air:

    Photoquai, passerelle Debilly
    Un autre regard sur la Palestine, pont des Arts

   


Texte et photos non attribuées: Catherine-Alice Palagret


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