16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 00:03

Les petits canards, les éléphants et les perroquets du fort de Gwalior


    L'imposant fort de Gwalior en Inde est décoré de frises délicates aux motifs animaliers et floraux. Le bleu, le vert et jaune éclatent sur le grès jaune pâle des murs. Ces beaux carreaux de terre vernissée surprennent sur un ouvrage militaire.


Frise de canards au Fort de Gwalior

    Babur le fondateur de l'empire moghol qui occupa le fort le surnommait "la perle de l'hindoustan".

Fort de Gwalior
Tourelles ajourées et frises polychromes

     Parmi les motifs abstraits, entrelacs et fleurs stylisés de la frise, domine une élégante procession de canards jaunes sur fond bleu turquoise. Représentés dans différentes attitudes, d'un style simple, ils sont tout à fait charmants.

Frise de canards et colonnettes au Fort de Gwalior
Etat du Madhya Pradesh

    Le bestiaire des remparts comprend aussi des paons, des perroquets, des tigres, des éléphants et des crocodiles.


Eléphant et dentelle de pierre
sur le mur d'enceinte du Fort de Gwalior



    Aujourd'hui beaucoup de carreaux polychromes ont disparus, abîmés par les intempéries, détruits ou volés mais ils reste assez de traces pour imaginer la splendeur du fort d'antan.


Deux perroquets verts sur fond turquoise
sur le mur d'enceinte du Fort de Gwalior



   Une route très pentue mène au fort de Gwalior construit sur un promontoire. Les remparts hauts de dix mètres, rythmés de tours, de tourelles et de dentelle de pierre, s'étendent sur  2,4 kilomètres de long et sur 820 mètres de large.





    Fondée au IIIè siècle par les Rajpoutes, la citadelle atteint son apogée sous Mân Mandir (1486-1516) qui y fait construire des palais d'une grande richesse ornementale aux piliers et claustra finement sculptés.

piliers sculptés dans la cour intérieure du palais de Mân Mandir

    Une partie du palais de Mân Mandir est bien préservée. On visite deux cours décorées de frises florales polychromes. Quatre salles s'ouvrent sur chaque cour. Elles servaient de salle de danse ou de musique.


piliers sculptés et frise polychrome
dans la cour intérieure du palais de Mân Mandir


    Des petits escaliers étroits conduisent à des citernes souterraines sur deux niveaux. Pour quelques roupies, un guide éclairent les marches glissantes avec sa lampe torche.


Intérieur délabré du Fort de Gwalior


     Le reste de la citadelle de Gwalior est en mauvais état et même dangereuse par endroit. Des graffiti couvrent les façades délabrées. La végétation pousse entre les pierres, les murs s'écroulent et de belles arcades mogholes ouvrent sur le vide.

Palais en ruine du fort de Gwalior

     Des
kiosques élégants  témoignent du raffinement qui régnait à la cour des souverains moghols. Ces petits édicules perchés en haut des murs permettaient aux princes de se rafraîchir grâce au vent, lors des grosses chaleurs d'avant la mousson. Il faut imaginer ces seigneurs, alanguis sur un somptueux tapis couvert de coussins, contemplant rêveusement la ville à leurs pieds. Une nuée de serviteurs, montant et descendant sans relâche les escaliers abrupts, veillait à leur félicité.

Kiosque du fort de Gwalior

    En partant, le touriste regrette de ne pouvoir faire la sieste dans un de ces kiosques traversés d'une douce brise. Ecrasé de chaleur et de poussière, il salue les joyeux petits canards immobiles dans l'air tremblant.

    La visite se poursuit avec les grottes jaïns du XVème siècle, plus bas sur la route.



Frise de canards au Fort de Gwalior

     A Deogarth, dans les temples jaïns, on voit des canards de bois au pied des Bouddhas.


       La fête de la déesse Saraswati à Varanasi (Bénarès)
       les temples hindous rayés de rouge et blanc
       Aiyanar le dieu protecteur des villages tamouls
       Le sanctuaire d'Aiyanar à Namana Samudram

Palagret
  
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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 10:54

 

    A Mahabalipuram (Mamallapuram), au Tamil Nadu, se trouvent cinq magnifiques rathas (Panch rathas). Ces monolithes ont été creusés dans une petite colline au VIIè siècle, durant la dynastie Pallava. Le plus petit ratha, le Nakula Sahadevest dédié à Indra. Le porche est soutenu par des piliers lions.


 

 

RathaNakula Sahadev, temple d'Indra et éléphant monolithe

peut-être dédié à Aiyanar, Mahabalipuram


 

 

   A droite, l'éléphant constitué d'un seul bloc de pierre pourrait être dédié à Ayyanar (Aiyanar), le dieu tamoul protecteur des villages. Il chevauche souvent un cheval et parfois un éléphant. A côté des temples finement sculptés, l'éléphant semble simplement ébauché.

 



 

MAHABALIPURAM rathas75
Panch rathas, les cinq rathas de Mahabalipuram, temple monolithes

   Ratha signifie char, char de procession, mais ici les rathas n'ont pas de roue. Ces temples très anciens excavés de la roche sont une transition vers les temples construits en pierre. Délicatement ouvragés, ils sont un bel exemple d'architecture dravidienne. Le site de Mahabalipuram est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984.


 

 

 

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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 10:54

 

A  Mahabalipuram (Mamallapuram), au Tamil Nadu, se trouvent cinq magnifiques rathas (Panch rathas). Ces monolithes ont été creusés dans une petite colline au VIIè siècle, durant la dynastie Pallava. Le plus petit ratha, le Nakula Sahadevest dédié à Indra. Le porche est soutenu par des piliers lions.

 

RathaNakula Sahadev, temple d'Indra

 et éléphant monolithe peut-être dédié à Aiyanar

Mahabalipuram

   A droite, l'éléphant constitué d'un seul bloc de pierre pourrait être dédié à Ayyanar (Aiyanar), le dieu tamoul protecteur des villages. Il chevauche souvent un cheval et parfois un éléphant. A côté des temples finement sculptés, l'éléphant semble simplement ébauché.



 

MAHABALIPURAM rathas75
Panch rathas, les cinq rathas de Mahabalipuram, temple monolithes

   Ratha signifie char, char de procession, mais ici les rathas n'ont pas de roue. Ces temples très anciens excavés de la roche sont une transition vers les temples construits en pierre. Délicatement ouvragés, ils sont un bel exemple d'architecture dravidienne. Le site de Mahabalipuram est inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984,

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 21:22

 

    Chevaux, éléphants, vaches de terres cuites, tout un bestiaire naïf peint de couleurs vives s'aligne des deux côtés d'une allée sablonneuse. Nous sommes à Namana Samudram, le sanctuaire d'Ayyanar. Le sanctuaire du dieu protecteur des communautés rurales est toujours à la lisière du village, souvent dans un bois sacré. 


sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
vache décorée de fleurs



    Beaucoup d'animaux votifs sont décapités ou ont la tête fracassée. On voit que les statues d'argile sont creuses. Ces détériorations ne sont pas dû au vandalisme. Les singes, sacrés eux-aussi, bondissent et se chamaillent au milieu des terres cuites. Ils les cassent et les font tomber.


sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
Tête de cheval cassé



 La sécheresse craquèle la terre cuite et la mousson délave les couleurs; l'argile gris apparaît quand la peinture s'écaille. Les statues trop détériorées sont mises à l'écart où elles se désintègrent lentement. Elles sont éphémères. Leur détérioration fait partie du cycle de la vie.

 

Allée du sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu


     Encadrés d'animaux plus ou moins entiers, l'allée de sable conduit à un cheval plus grand que nature et à des éléphants peints  tenant un lotus dans leur trompe. De petits personnages colorés, Ayyanar et ses 21 déités secondaires, sont modelés  autour du pachyderme. Il n'y a pas ici de grande statue d'Ayyanar mais seulement la représentation des animaux qui lui sont associés.



sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
Eléphant et dieux secondaires


    L'entretien du bois sacré est confié à une famille ou à la collectivité. C'est un droit héréditaire. Un prêtre et quelques mendiants gardent le sanctuaire. Un festival y a lieu chaque année avec chants rituels, danses et statuettes votives. On remplace alors les animaux trop abimés.
 
    Dans le bois sacré il est interdit d'abattre un arbre ou de ramasser du bois. Cela provoquerait la colère du dieu local qui, par représailles, anéantirait les récoltes dont la vie du village dépend.


sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
alignement de terre cuites et éléphant


    Avec la modernisation et l'urbanisation de l'Inde d'aujourd'hui, les bois sacrés sont menacés. L'observation des rites déclinent alors que les croyances coutumières sont considérées comme de simples superstitions. Les bois sont parfois encerclés de maisons et l'enceinte est de moins en moins respectée.


sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
cheval et vache en terre cuite


  
  Le culte d'Ayyanar, par contre, est de plus en plus populaire. Ce dieu local, qui n'appartient pas au grand panthéon hindouiste, se confond parfois avec Aiyappan au Kérala. On le retrouve au Sri Lanka, à la Réunion et partout dans le monde où il y a des communautés tamouls.


sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
offrandes


Liens sur ce blog:

Texte et photos:
Catherine-Alice Palagret
septembre 2008

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Sources:
1-
Ayyanar and Aiyappan in Tamil Nadu :
Change and Continuity in South Indian Hinduism


2- L’ethnographie contre l’idéologie
Le cas de l’hindouisme, Robert Deliège

Mots clés: Ayyanar, Aiyanar, Namana Samudram, Tamil Nadu, terra cotta, velar, potier, sanctuaire, culte, hindou, poterie votive


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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 21:03



   Plus grandes que nature, les statues d'Ayyanar (ou Aiyanar), le dieu tamoul protecteur des villages indiens, étaient souvent fabriquées sur place, dans l'enceinte du temple ou du sanctuaire.  Cinq ou six artisans, sous la direction du prêtre-potier de la caste des velars, travaillaient une vingtaine de jours pour achever une oeuvre en terre cuite de plus de deux mètres de haut.


Statue en terre cuite de l'éléphant d'Ayyanar
sanctuaire de Namana Samudram, Tamil Nadu

     Avant de commencer le travail, la terre doit être consacrée. Le sang d'un coq décapité délimite un cercle. Des demi noix de coco sont placées autour ainsi que des petits pots contenant de l'alcool fait maison. Une fois le dieu honoré par des offrandes, des chants et des prières, le travail peut commencer.



Potier préparant une statue d'Ayyanar

Photo Ron du Bois


     L'argile est soigneusement choisie puis mélangée avec de la terre et de la bouse ou de la paille de riz. Une armature de bois ou de bambou entourés de corde de riz rigidifie le squelette sur lequel la boue est appliquée à la main.



Potier travaillant sur l'armature d'un cheval dédié à Ayyanar
Photo Ron du Bois

    De l'argile plus fine, toujours appliquée à la main, modèle les 21 déités secondaires et les serviteurs d'Aiyanar qui entourent le cheval ou l'éléphant, véhicules du dieu. Les détails de la monture, les harnais et le collier de clochettes ou de grelots sont finement reproduits.




Détail de l'éléphant dans le sanctuaire d'Aiyanar,

Namana Samudram, Tamil Nadu


    Au contraire des potiers occidentaux qui utilise un four déjà prêt et qui font rarement des pièces aussi grandes, les velars indiens construisent le four autour de la statue en montant des murs de briques. Elle est recouverte de paille, de bois, de bouse. Une fois cuite, la statue est peinte de couleurs vives qui rehaussent les détails du visage et du costume.



Deux petits éléphants d'argile peinte
à Narthamalai, Tamil Nadu



     De nos jours, les nouvelles images d'Aiyanar et de sa cohorte de déités sont souvent coulées en béton, plus résistant et plus facile à travailler. Le style, kitsch à nos yeux, et l'iconographie très codifiés, restent les mêmes.



Liens sur ce blog:

 le dieu Ayyanar

le sanctuaire d'Ayyanar à Namana Samudram

Autres maîtres de l'Inde: Ayyanar, statues votives au Quai Branly

 

les rayures rouges et blanches des temples hindouistes
la fête de la déesse Saraswati à Bénares


Catherine-Alice Palagret


Photos couleur: C.A Palagret
Source: Terra Cotta sculptures of India by Ron du Bois

Mots clés: Ayyanar, Aiyanar, Namana Samudram, Tamil Nadu, terra cotta, velar, potier


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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 15:01

Ayyanar combat les esprits maléfiques


     Un féroce cavalier sur un cheval blanc, semble menacer le passant de son sabre ou de son fouet. Il s'agit du dieu Ayyanar (ou Aiyanar, Ayanar, Aiyanaar), le gardien des villages, ou de son second Karuppaswami. Ses traits grimaçants témoignent de sa puissance surnaturelle. Comme un acteur de Kathakali, le dieu surjoue la colère et le courage, roulant des yeux farouches pour repousser les esprits maléfiques qui menacent les paisibles villages du Tamil Nadu en Inde.

Ayyanar ou Karuppaswami, dieu tamoul, gardien des villages


 
   Les statues d'Ayyanar, souvent monumentales, sont soigneusement peintes de couleurs vives comme toutes celles des dieux hindous. Le style appliqué n'est pas sans rappeler l'académique imagerie saint-sulpicienne, en plus exotique. Le doux visage du Christ et ses gestes apaisants laisse la place à des gesticulations guerrières. L'âne, le boeuf et l'agneau sont remplacés par l'éléphant, la vache et le cheval. La mièvrerie européenne et l'expressionisme indien se retrouvent dans la même célébration, involontaire, du kitsch




Aiyanar ou Karuppaswami, dieu tamoul, gardien des villages
enceinte rayée de rouge et blanc
     Le culte d'Ayyanar, très populaire, est partout présent en Inde du Sud, au Tamil Nadu. Bien que né de l'union de Shiva et de Vishnou, sous l'apparence féminine de Mohini, Aiyanar n'appartient pas au panthéon hindou, c'est un dieu local. Aiyanar protège les villageois des esprits mauvais, des inondations et des sècheresses qui menacent les communautés agricoles. Il garde le réservoir, essentiel à la survie du village.

Karuppaswami, armé d'un sabre, combat le mal aux côtés d'Aiyanar
     Ce dieu guerrier est toujours escorté de Karuppaswami son lieutenant armé d'un sabre, de 21 déités de moindre importance et d'une multitude de serviteurs. Il est parfois malaisé d'identifier tous ces dieux et demi-dieux et les indiens rencontrés sur place donnent parfois des informations contradictoires mais tous s'accordent sur la puissance protectrice d'Aiyanar. La nuit, Aiyanar et son armée veillent. Ils galopent tout autour du village et repoussent les esprits du mal dans un combat sans fin. Yallee, celui qui voit dans toute les directions et dans le futur, les guident.

Ayyanar, Karuppaswami et les 21 dieux secondaires
représentés autour du cheval blanc


    Pour résoudre leurs problèmes quotidiens, les villageois consultent un kodangi qui communique avec les dieux. Il ne s'adresse pas directement à Aiyanar, il est trop puissant, mais à son second Karuppaswami. Le kodangi, possédé par ce dieu secondaire entre en transe puis, comme un oracle, transmet aux villageois quelles offrandes ils doivent apporter aux dieux pour obtenir santé, richesse et paix spirituelle.

Eléphants et poupées,
offrandes en terre cuite pour Aiyanar, le dieu des villageois
    Les temples et les sanctuaires d'Aiyanar sont toujours à l'extérieur des villages, près d'un bois sacré. L'enceinte du temple est souvent décoré de rayures rouges et blanches qui signifient la limite entre le sacré et le profane. Les prêtres qui y officient sont de la caste des potiers, Velar, et non des brahmanes. Leur charge est héréditaire. Avec de l'argile, les potiers modèlent les grandes statues de chevaux, d'éléphants et de dieux qu'on voit à l'entrée ou dans l'enceinte du temple. Certaines effigies ont plus de cent ans.

Groupe de statues: Aiyanar, l'éléphant et le cheval

    Le prêtre-potier fabriquent aussi les statuettes votives en forme d'éléphants, de vaches, de chevaux ou de poupées pour le festival d'Aiyainar. Au printemps, une procession de fidèles apportent les offrandes de terre cuite au temple ou au sanctuaire. Honorer un des 21 dieux revient à honorer Ayyainar. lui-même car il est le chef. 

sanctuaire d'Aiyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu
Allée bordée de statues d'animaux en terre cuite
    Les 21 dieux reflètent la hiérarchie sociale du village. Les dieux des castes supérieures sont végétariens et ceux des castes inférieures sont non végétariens. Bien que les sacrifices d'animaux soient interdits il y a parfois des sacrifices de chèvres ou de coq.



Tête de cheval, sanctuaire d'Aiyanar à Namana Samudram au Tamil Nadu

   


Liens sur ce blog:


 Palagret
Textes et photos
octobre 2008


Sources:
1-
Aiyanar and Aiyappan in Tamil Nadu :
Change and Continuity in South Indian Hinduism


2- L’ethnographie contre l’idéologie
Le cas de l’hindouisme    Robert Deliège


3 - Terra Cotta sculptures of India by Ron du Bois




 

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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 18:22
 
La faucille et le marteau, l'éléphant, la vache sacrée etc ...


    Les villes et les villages indiens s'ornent de murs peints publicitaires aux couleurs vives. Aux publicités murales s'ajoutent les campagnes gouvernementales, la propagande politique et les campagnes pédagogiques.


La faucille et le marteau, symboles du Parti Communiste
sur une masure, près de Chettinadu, en Inde du Sud


    Beaucoup d'indiens ne sachant pas lire aussi chaque parti se voit attribuer un symbole par le comité électoral indien. Les symboles sont des animaux ou des objets clairement identifiables et faciles à mémoriser. Certains symboles sont nationaux, d'autres peuvent varier selon les états.

    L'Inde est une démocratie avec quelques partis nationaux et une multitude de partis régionaux. Le parti du Congrès, Indian National Congress INC, est le plus important.

 
mur peint politique au Kerala
la faucille et le marteau symbole du Parti Communiste
  

 La faucille et le marteau sont bien entendu le symbole du Parti Communiste. On y ajoute souvent une petite étoile.


Symboles nationaux des grands partis politiques indiens en 2007 1


    La main dressée désigne Le Congrès National Indien; la bicyclette le Parti Samajwadi; la lampe à pétrole le Rashtriya Janata Dal, l'éléphant le Parti Bahujan Samaj etc.


Eléphant peint sur un mur, symbole du parti Bahujan Sarnaj
     

Vache peinte sur un mur, symbole d'un parti politique local

    Ces symboles politiques sont le plus souvent dessinés d'un simple trait bleu sur un fond coloré.
  

ampoule électrique peinte sur un mur,
symbole du parti Mizoram People’s Conference
et camion (non identifié),
au Tamil Nadu



lampe peinte sur un mur,
symbole d'un parti politique local du
Tamil Nadu


    Les bicyclettes, les éléphants et les ampoules peints sur les murs restent bien après les élections. La mousson les efface peu à peu jusqu'à la prochaine campagne électorale. On recouvre alors l'ancien symbole de badigeon pour en peindre un nouveau.


bicyclette peinte sur un mur,
symbole du parti Samajwadi


    Sur l'île Maurice où vit une importante communauté tamoul, on retrouve des symboles politiques peints sur les murs. Sur cette île, les symboles sont presque toujours représentés par trois (trois cloches, trois fleurs, trois poissons etc ...).


Trois avions peints sur un mur, symbole d'un parti politique local,
au Tamil Nadu
 
   
  Quant aux visages des candidats des nombreux partis politiques, ils s'affichent sur de grandes toiles peintes plantées le long des grandes artères.



Liens:
Les candidats indiens s'affichent sur des toiles peintes
les murs peints publicitaires en Inde

La guerre des affiches présidentielles en France

les murs peints politiques à l'effigie de Barak Obama


1- Political parties & elections symbols, Election Commission of India.



Catherine-Alice Palagret
archéologie du quotidien
Texte et photos

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25 avril 2008 5 25 /04 /avril /2008 23:21


Processions au bord du Gange

 

    En Inde, le culte de la déesse Saraswati, épouse de Brahma et soeur de Ganesh, donne lieu à une grande fête annuelle. Au début du printemps, les écoliers et les étudiants hindous célèbrent la déesse de la sagesse, de la connaissance, de la musique et des arts.


Un autel dans la rue de la déesse hindou Saraswati.
A ses pieds, un cygne blanc.


    Après le festival de Durga en octobre à Calcutta (Kolkata), de nombreux artisans sculpteurs de Kumartuli voyagent dans toute l'Inde pour fabriquer des statues de Saraswati en paille et en argile. Saraswati, le visage et les mains peintes, est richement parée de tissus brillants, de joyaux, de perles et de colliers de fleurs oranges. Les statues sont exposées plusieurs jours sur des autels provisoires dans la rue avant d'être immergées dans la mer, une rivière ou un fleuve. Comme Ganesh à Bombay ou Durga à Calcutta, les effigies de Saraswati ne durent que le temps de la fête.


La déesse Saraswati portée par un étudiant à Varanasi


    Au sein de l'école, les jeunes gens se cotisent pour acheter une statue de leur protectrice ou ils la fabriquent eux-mêmes. Des plus modestes portées par deux écoliers aux plus ambitieuses trônant sur des chariots, les idoles font le tour du quartier sous l'oeil approbateur des hindous.



Un autel portatif de la déesse hindou Saraswati


    A Bénarès (Varanasi), fin février, des  processions d'écoliers et d'écolières en uniforme, descendent les marches des ghats vers le Gange, portant de petites idoles à deux ou quatre bras. Escorté de professeurs et de parents, le groupe monte dans une barque et s'éloigne de la rive.


Ecoliers portant une statue de la déesse hindou Saraswati.
Ghat de Bénares.


    Les enfants psalmodient des mantras en l'honneur de la déesse Saraswati.

« O déesse Saraswati
à la peau aussi claire que la lune couleur de jasmin
à la blanche guirlande de gouttes de rosée
au radieux et pur manteau blanc
aux bras magnifiques tenant le veena
au trône de lotus blanc
entourée et respectée des dieux, O déesse Saraswati, protège moi
Puisse tu me délivrer de ma paresse et de mon ignorance » 1


 
la déesse hindou Saraswati avec des écoliers
sur le Gange à Bénares.


    Une fois les mantras et les prières récités, les enfants immergent la statue dans le fleuve sacré et la regardent s'éloigner avec espoir. Qu'elle puisse leur apporter la réussite aux examens! En Inde, où de nombreux enfants ne vont pas à l'école, l'éducation, souvent payante, est très valorisée par les parents. L'aide de Saraswati, déesse de la connaissance est essentielle pour assurer un meilleur avenir à leur progéniture.



Statue de la déesse hindou Saraswati dérivant dans le Gange à Bénarès.

    A la nuit tombée, les lycéens et les étudiants commencent leurs processions alors que les jeunes filles restent sagement à la maison, les adolescents étant beaucoup moins recueillis que les écoliers. Traditionnellement la célébration de Saraswati est une fête religieuse d'une grande ferveur. Des chants sacrés devraient accompagner la procession et c'est sans doute le cas dans beaucoup de village.

   Ici à Bénarès, les chants religieux sont noyés dans une musique profane tonitruante. Les jeunes gens dansent sur les tubes disco des derniers films à la mode. Le visage et les cheveux saupoudrés de rouge, le front ceint d'un bandeau rouge ou orange, ils se déhanchent avec enthousiasme, s'inspirant des chorégraphies de Bollywood. L'alcool circule un peu, il y a des bagarres et les policiers armés de bâton isolent les plus énervés. Un groupe de femmes âgées regarde ce déchaînement avec désapprobation: « Ce n'était pas comme ça autrefois, » disent-elles, comme chaque année sans doute.


Char de la déesse hindou Saraswati, accompagnée de Shiva, Vishnou et Brahma.
Procession de nuit à Bénarès.



    Posée sur un chariot, parfois un camion, la déesse Saraswati est assise sur un lotus blanc, symbole de pureté. Un cygne est à ses cotés et ses quatre bras semblent bénir la foule. Elle tient un livre dans une main et joue de la vina, un instrument à cordes, de l'autre. Un deuxième chariot suit, trimbalant une sono assourdissante faite d'un empilement de haut-parleurs hétéroclites. Un troisième charriot porte le groupe électrogène, le tout relié par un grand enchevêtrement de câbles.

    Les jeunes gens, aidés de gamins et d'hommes qui se mêlent à la fête, poussent et tirent les charriots. Ils avancent difficilement sur le sol inégal. Les cahots font vaciller la statue et le mur de haut-parleurs. Cris de panique, rires, ordres contradictoires, c'est une grande pagaille. La statue retrouve enfin son assise et la procession continue jusqu'au prochain obstacle. Armés de fourche, des lycéens soulèvent les nombreux fils électriques qui relient les maisons. Les convois passent juste dessous. Les torchères encadrant une statue risquent de mettre le feu aux banderoles de la rue et les spectateurs retiennent leur souffle. Quand une vache passe, insensible au bruit et à l'agitation, la procession s'arrête. Si la vache reste au milieu du chemin, on la pousse doucement, et la déesse peut continuer son voyage.


Jeune hindou au visage poudré de rouge
s'occupant de la musique à la fête de
Saraswati,
la déesse de la connaissance.


    Dans la nuit mal éclairée, des dizaines de statues de Saraswati se succèdent pendant des heures, en direction du fleuve sacré. Parfois Saraswati n'a que deux bras, parfois le cygne est absent. Les attributs de la déesse, comme tous ceux des dieux du panthéon hindou, sont très codifiés mais le manque de moyen et l'imagination populaire aboutissent à des représentations plus ou moins fidèles. Les chars les plus ambitieux entourent Saraswati d'autre dieux: Brahma son époux, ou Ganesh son frère le plus souvent mais aussi Vishnou et Shiva.


la déesse Saraswati portée par les lycéens et les étudiants hindous


    Les jeunes hommes et leurs chariots, convergent vers le Gange. Ils soulèvent la statue et descendent les marches jusqu'au fleuve. Au milieu des cris de crainte et d'encouragement, Saraswati, qui peut mesurer deux mètres de haut, arrive enfin près d'une barque. Quelques lycéens embarquent avec l'idole. Ceux restés sur la rive dansent toujours sur la musique obsédante. Dans l'obscurité, le rameur s'éloigne peu à peu du ghat et les adolescents déposent Saraswati dans le fleuve. La déesse flotte sur l'eau entourée de dizaines de petites bougies. Laissant la place à un autre groupe, les garçons débarquent, un peu dégrisés, heureux d'avoir accompli le rite qui leur assurera le succès dans leurs études.


Sonorisation de la fête de la déesse Saraswati à Varanasi




    Les processions s'étalent sur au moins trois jours, trois jours de vacarme et de joie. Les projecteurs aveuglants qui trouent l'obscurité, la pulsation de la musique, les cris et les danses, la bousculade de la foule: tout cela crée un climat magique qui ravit les participants.
    Le lendemain on retrouve des idoles disloquées sous la proue des bateaux ou échouées sur les marches des ghats. Ephémères, une fois leur fonction remplie, les statuettes se délitent dans le fleuve sans que personne, à part les touristes, n'y prête attention.


Colliers de fleurs de la déesse Saraswati
échoués sur les marches d'un ghat à Bénarès.



    Basant Panchami est dédié à la déesse. Ce jour là, de jeunes enfants commencent l'apprentissage de la lecture et du calcul dans une cérémonie appelée  "Khalli Chuai" . Les parents aident leurs enfants à écrire « om » le diphtongue sacré qui symbolise Brahma. Ce jour est favorable pour commencer l'étude des trois R: reading (lecture), writing (écriture) et arithmetics. La croyance populaire hindou veut que les enfants qui commencent à étudier ce jour là recevront de la déesse des dons spéciaux. (2)
 

    Les grands dieux du panthéon hindouiste comme Shiva, Vishnou, Kali ou Ganesh ont de nombreux temples où les fidèles vont prier. Saraswati, au contraire, est peu présente dans les temples mais un culte lui est rendu dans les maisons particulières hindous. Son icône est posée sur un petit autel, entourée de modestes offrandes.


Petite statue de la déesse Saraswati porté par un écolier

    Le style exhubérant des idoles indiennes est très kitsch pour un regard européen. La profusion de bijoux, dorures et fleurs n'est pas sans rappeler cependant certaines saintes espagnoles ou mexicaines que les catholiques adorent avec autant de ferveur que les hindous adorent leurs déesses à quatre ou dix bras.


Catherine-Alice Palagret
avril 2008
archéologie du quotidien



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