13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 23:09


    Martin Parr aime photographier le quotidien, le banal, le presque rien. Pour lui, photographier des touristes faisant la tournée des sites touristiques mondiaux a autant de valeur qu'un reportage sur la guerre en Irak ou sur un tremblement de terre. L'exceptionnel ne l'attire pas, il préfère traquer, avec ironie, les manies et les comportements de la classe moyenne occidentale.

Le plan, élément essentiel d'une visite réussie
Small world de Martin Parr, Jardin des Tuileries


    La série Small world (1986 - 2005) montre le monde rétréci du tourisme de masse. De la fausse Venise de Las Vegas aux pyramides d'Egypte ou du Mexique, du Grand Canyon aux plages surpeuplées, de l'acropole d'Athènes à la place du Tertre à Montmartre, les humains se comportent tous de la même manière stéréotypée. Et Martin Parr choisit de photographier ces stéréotypes presque caricaturaux et non des images décalées ou surprenantes. Il travaille sur le lieu commun.


Achat de pacotille
Small world de Martin Parr, Jardin des Tuileries


    Les touristes attendent leur tour pour se faire photographier devant les monuments en essayant d'exclure les autres du cadre. Ils achètent des souvenirs fabriqués spécialement pour eux ou se font faire le portrait par des artistes locaux, ils consultent des plans avec angoisse. Ils s'habillent souvent de manière cocasse. Un homme porte un T-shirt où est écrit Bali devant la Sagrada Familia, un autre a USA écrit sur sa chemise alors qu'il pose devant l'Arc de Triomphe, un Arc de pacotille reconstuit à Las Vegas.


Touristes fatigués
Small world de Martin Parr, Jardin des Tuileries


    Parfois les touristes adoptent le même uniforme pour se fondre dans le paysage: short, chemise unie, bob et sac à dos. Ou ils se déguisent avec des imperméables transparents pour se protéger de la pluie qui vient gâcher la fête. Grotesques mais sans doute conscients de l'être, bien décidés à apprécier la visite même si le réel ne ressemble pas toujours aux images idylliques des catalogues de voyage.


Randonneurs
Small world de Martin Parr, Jardin des Tuileries


   Small world est une comédie humaine amère mais amusée sur un monde global où des charters sillonnent la terre, déversant des hordes de touristes avides de connaître des pays exotiques, à leur yeux, au risque de détruire ces cultures différentes en les uniformisant.

    Son oeil est impitoyable, il saisit l'improbable détail, mais il sait bien que lui aussi appartient à ce monde où le voyage se consomme comme n'importe quel bien culturel. Nous sommes tous des touristes.


Imperméables
Small world de Martin Parr, Jardin des Tuileries


    Le jardin des Tuileries est un lieu parfait pour ces quarante photos en couleurs. Les touristes qui "ont fait" le Louvre et la place de la Concorde viennent s'y reposer. Ils contemplent le ballet des voitures autour de l'obélisque, admirent la Tour Eiffel  et, comme dans un miroir, se découvrent en photographie. Juste retour des chose, les photos de Martin Parr sont largement photographiées et filmées et les visiteurs posent devant comme devant les statues du jardin.


Gondolier de Las Vegas
Small world de Martin Parr, Jardin des Tuileries


    A côté de l'exposition en plein air, Le musée du Jeu de Paume expose les objets collectionnés par Martin Parr et sa nouvelle série photographique "Luxury" où l'on voit que les très riches peuvent eux aussi être grotesques.

    Martin Parr est né à Epsom en Angleterre en 1952. Il a étudié la photographie à l’École Polytechnique de Manchester.
A une époque où les grands photographes dédaignaient la couleur, Martin Parr l'adoptait sans réserve, structurant ses clichés autour de couleurs fortes. Dans les années 1980, il s'attache à décrire la vie de ses compatriotes. The Last Resort, 1986, est un reportage sociologique sur une station balnéaire de New Brighton, près de Liverpool. Les vacanciers de la classe ouvrière se baignent joyeusement près de détritus. Ce reportage, très controversé à l'époque, témoigne de la crise sociale de l’ère Thatcher. Certains y voient une brillante satire, d'autres, un voyeurisme condescendant, critiques qui peuvent s'appliquer à Small World. Les séries Bored Couples, 1993, et Common Sense, 1999, traitent de l'ennui et de la platitude de la vie quotidienne.

   Martin Parr rejoint l'agence Magnum en 1994 et apporte un style provocateur au reportage qui n'est alors pas du goût de tous.


Planète Parr

Série "Small World" dans le jardin des Tuileries, accès gratuit
Musée du Jeu de paume, 1, place de la Concorde, Paris-8e.
Mardi, de 12 heures à 21 heures
Du mercredi au vendredi, de 12 heures à 19 heures
Samedi et dimanche de 10 heures à 19 heures.
Du 30 juin au 27 septembre 2009




Palagret
photographie
juillet 2009

Source:
Toutes les photos sont de Palagret
Dossier de presse du Jeu de Paume

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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 18:47

    Dans une atmosphère crépusculaire, Gregory Crewdson met en scène un univers d'une inquiétante banalité. Banlieues tranquilles du rêve américain où rôde la dépression, la solitude et l'attente.

Untitled (Esther terrace) 2006
détail

    Mêlant le style documentaire de William Eggleston et Joel Meyerowitz et la photographie mise en scène de Jeff Wall ou, à l'opposé de David LaChapelle, Gregory Crewdson crée un monde à la limite du rêve et du cauchemar.


Exposition "Sous la surface des roses" de Gregory Crewdson
Galerie Daniel Templon

   « Tout l’enjeu est de créer son propre monde. Le mien est un décor sur lequel je projette mes propres drames psychologiques. » déclare Gregory Crewdson.

       Là où David LaChapelle s'échappe totalement du réel pour construire un univers fantasmatique très kitsch, Gregory Crewdson se sert du réel en photographiant des rues existantes qu'il dé-réalise par l'éclairage ou en construisant des décors d'intérieur hyper-réalistes. Ses personnages sont au milieu d'une histoire dont nous ne connaîtrons ni le début ni la fin. Quelque chose est déjà advenu ou va advenir, nous ne voyons que l'attente ou la déception. Le désir d'une vie différente et l'impossibilité de l'atteindre semblent hanter les personnages.


Exposition "Sous la surface des roses" de Gregory Crewdson
Galerie Daniel Templon

    Dans une chambre au papier peint et à la moquette bleue ternie, une femme se regarde dans un miroir ou se reflète un homme âgé (blind reflection). Dans les intérieurs, les acteurs immobiles se fondent avec les meubles.


Exposition "Sous la surface des roses" de Gregory Crewdson
The father

    Dans un salon sombre, un vieillard en robe de chambre (the father) est assis dans un fauteuil; il regarde une télévision hors champ. La lumière vient d'une lampe derrière lui, de l'écran bleuté et de la cuisine où une femme vue de dos s'active. L'appartement est modeste et vieillot sans être misérable.
    Une femme (the mother) au visage vide est assise dans sa baignoire dans une salle de bain éclairée au néon. Des médicaments sont posés sur le lavabo. Le miroir reflète un lit défait.


Untitled (The Madison) 2006

      Dans les paysages, les personnages sont minuscules. Dans un centre commercial au parking désert, des groupes d'individus attendent. Une femme est au balcon dans une rue (Esther terrace) bordée de maisons blanches en bois comme on en voit dans les tableaux d'Edward Hopper. Qu'est-ce qui se cache sous la passivité de ces êtres fantomatiques? Une violence sourde ou un épuisement émotionnel?

Exposition "Sous la surface des roses" de Gregory Crewdson
Untitled

      Les images fourmillent de détails (téléphone, flacons de médicaments, penderie entr'ouverte, vélo abandonné), autant d'indices auxquels nous nous accrochons pour élucider l'énigme de ce temps figé.


Exposition "Sous la surface des roses" de Gregory Crewdson
Untitled, détail
Galerie Daniel Templon


    
Crewdson ne prend pas de photo, il les fabrique. Ses images léchées ne laissent aucune place au hasard et nécessitent un budget important. Ce sont des mises en scène réalisées d'après un story-board avec des acteurs, un directeur de la photographie (Richard Sands) et de nombreux techniciens (maquilleur, accessoiriste, décorateur, éclairagiste, script). Crewdson ne photographie pas lui-même, il dirige une équipe, comme Jeff Koons ou Damian Hirst. D'après ses croquis, les intérieurs sont complètement créés en studio. En extérieur, après repérage d'un site intéressant, la production bloque la rue pour deux ou trois jours, réorganise le réel et ajoute la pluie, la poussière ou la neige nécessaire.

   Les photos de grand format (145 x 223 cm) sont réalisées avec une chambre. L'image est ensuite retravaillée par ordinateur pour accentuer ou modifier les effets de lumière. Ces appartements sans charme, ces rues et ces parkings presque déserts, captés à la tombée de la nuit dans une lumière bleutée distillent une atmosphère déprimante, bizarre. "C'est un moment magnifique pour moi (quand la photo est enfin ce que je voulais). Tout est aligné, le monde fait sens. Ordre, perfection même." déclare Gregory Crewdson. 1

    Crewdson photographie les petites villes rurales de Nouvelle Angleterre en voie de disparition. L'influence du peintre Edward Hopper, du cinéaste David Lynch et des séries télévisées est complètement assumée. "Les artistes que j'aime le plus sont liés à un territoire, comme Cheever, Edward Hopper ou même Norman Rockwell."


Gregory Crewdson explique son travail sur Ovation Tv


    
Professeur de photographie à l’université de Yale, Gregory Crewdson incarne la nouvelle génération de la «photographie mise en scène» (staged photography). Il est né en 1962 à New York, où il vit et travaille.

    Son père était psychanalyste. Le photographe raconte qu'enfant il collait son oreille au plancher pour essayer d'écouter ce que les patients disaient dans le cabinet en-dessous. "
Tout ce que je savais, c'est que c'était secret et interdit ". Son père lui interdisait de saluer ses patients s'il les rencontrait par hasard dans la rue. Les photographies de Gregory Crewdson illustrent sa vision enfantine du monde: les personnes les plus anodines cachent de lourds secrets et, sous une trompeuse banalité, sous la surface, le monde est plein de mystères dangereux. Le réel n'est pas ce qu'il paraît, il faut le réinventer.


Beneath the Roses (Sous la surface des roses)
Du 28 février au 25 avril 2009
Du lundi au samedi. 10h-19h
Galerie Daniel Templon
30, rue Beaubourg 75003 Paris
01 42 72 14 10


Liens sur ce blog:
David LaChapelle à la Monnaie de Paris
Controverses, photographies à histoires

Palagret


1- Solitudes et multitudes, l'approche singulière de C. Amy Larocca, New-York Magazine, avril 2008
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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 23:34

 

     Pouvoir de l'image, dilemmes moraux, problèmes juridiques, nudité, la photographie est souvent sujette à controverse. L'affiche de l'exposition  Controverses en est une belle illustration. On y voit un curé en soutane embrassant une nonne sur les lèvres, légèrement.


deux affiches de l'exposition Controverses
"Kissing nun" d'Oliviero Toscani, publicité pour Benetton

   Oliviero Toscani réalisa « kissing nun » en 1992 pour la publicité Benetton et déclencha, intentionnellement, un beau scandale.


deux affiches de l'exposition Controverses
"Kissing nun" d'Oliviero Toscani, publicité pour Benetton
à gauche, le baiser scandaleux a été arraché
   Deux affiches de l'exposition Contoverses sont placardées dans un couloir de métro où les publicités banales ne sont jamais vandalisées. Quelques jours plus tard, l'image est déchirée en haut à gauche, le couple scandaleux de la nonne et du prêtre a disparu. A la fin de la semaine, les deux affiches ne laissent plus rien voir du baiser. Il ne reste que le titre de l'exposition.

deux affiches de l'exposition Controverses
"Kissing nun" d'Oliviero Toscani, publicité pour Benetton
à gauche et à droite, le baiser scandaleux a été arraché

    Il semblerait que, dix-sept ans après sa création, cette image inattendue choque toujours certaines personnes. La controverse perdure.


Controverses à la Bibliothèque Nationale, site Richelieu, Paris

   "En puisant dans le répertoire religieux, Kissing-nun oppose le baiser charnel et profane aux voeux sacrés prononcés par les hommes et femmes entrant en religion. Contraire au précepte du célibat religieux, l’image incite à dépasser les barrières de la tradition, touchant ainsi aux valeurs fondamentales de la religion catholique. Une partie de l’opinion publique se sent inévitablement offensée. En Italie, sous les pressions du pape et du Vatican, les autorités italiennes finissent par interdire la diffusion de l’image. En France, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) demande le retrait des affiches, suite aux nombreuses plaintes émises par les associations religieuses." 1


Exposition Controverses
Bâtiment emballé par Christo. Le plasticien intente des procès à ceux qui publient des photos de ses oeuvres sans autorisation. Il est le seul détenteur des droits photographiques.

Omayra Sánchez symbolise le drame d'Armero (Colombie). En 1985 l'éruption d'un volcan provoqua une coulée de boue qui ensevelit 24 000 personnes. L'enfant, coincée par des barres de métal est morte en direct  après deux jours et trois nuits de calvaire. Frank Fournier photographia son agonie. Il reçut le World Press Photo 1986 et beaucoup de critiques. Fallait-il faire cette photo ?
Dossier de Presse:
CONTROVERSES
photographies à histoires
Depuis son invention, la photographie est au centre de nombreuses controverses et de procès retentissants. Les photographies sont sources de débats et de conflits qui se terminent parfois devant les tribunaux. A-t-on le droit de publier des photographies d’Auschwitz ? Les campagnes de Benetton ont-elles franchi la limite ?


Exposition Controverses


 
  Les lois, les sensibilités, les limites de ce qui est représentable varient selon les pays, les cultures et les époques. Les photographes sont tributaires de règles qui suivent en général avec retard l’évolution des techniques et des moeurs. La question qui se pose est celle de l’interprétation qui est faite des images et du sens qui leur est donné.


Exposition Controverses
Dans un stade anglais, un nudiste est arrêté. Un policier couvre le sexe de l'homme avec son casque.

Aldo Moro, otage des Brigades Rouges


 
   L’exposition permettra de (re)découvrir des cas célèbres ou méconnus, tels le portrait d’Aldo Moro, otage des Brigades Rouges qui pose la question de l’instrumentalisation des médias, les premiers pas de Buzz Aldrin sur la Lune, Noire et Blanche de Man Ray qui s’est retrouvée au coeur de l’une des plus grandes affaires de vente de vintages controversés, Le Baiser de l’Hôtel de Ville de Doisneau qui a coûté plusieurs procès à son auteur, le célèbre Kissing-nun d’Oliviero Toscani, qui bouscule les tabous ou encore le portrait d’Alice Lidell par Lewis Carroll, qui jeta le trouble sur la personnalité de l’écrivain...


Exposition Controverses
En 1992, Jeff Koons s'inspira d'une carte postale en noir et blanc montrant un couple tenant huit chiots dans leurs bras. Koons réalisa "String of puppies" une sculpture en couleur qui était très proche des modèles.

Art Rogers, l
e photographe lui fit un procès et le gagna. 2

 
  Au-delà des débats sur le droit d’auteur et le droit à l’image, pourquoi des photographies sont-elles appréciées, voire adulées, d’autres censurées et poursuivies ? Fruit de plusieurs années de recherches menées par Daniel Girardin et Christian Pirker, l’exposition apporte des éléments de réponse grâce à un choix de photographies qui, confrontées aux lois ou aux problèmes éthiques, illustrent le regard que les sociétésportent sur les images de leur temps.

   Les grandes institutions publiques conservant des collections de photographies historiques et contemporaines, aussi attentives soient-elles, peuvent elles-mêmes être confrontées à des difficultés. En témoigne la récente exposition du photographe Zucca, dont le cas sera présenté, qui a suscité au printemps 2008 une polémique que chacun garde en mémoire. Il ne s’agit donc ici ni de juger, ni de trancher mais de faire avancer la réflexion sur le statut et la gestion des oeuvres photographiques.



CONTROVERSES
photographies à histoires
Du 3 mars au 24 mai 2009
BnF - Site Richelieu
58 rue de Richelieu - Paris IIe

Du Mardi au samedi 10h-19h
Dimanche 12h-19h
Fermé lundi et jours fériés
Lien sur ce blog:


Palagret
photographie et censure
avril 2009


1- in dossier de presse
2- Art Rogers v Jeff Koons

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 22:09

    Dans les photos mises en scène de 
David LaChapelle, le Christ, tout droit sorti d'un chromo saint-sulpicien, est entouré de membres de gang, brebis égarées de Los Angeles. La multiplication des pains a lieu devant un fast-food, Marie-Madeleine, jeune femme blonde en sous-vêtements, lave les pieds du Christ dans une cuisine.



Annointment, Meditation 2003, David LaChapelle

    Le Christ nimbé de lumière s'interpose entre une prostituée et des policiers. La série Méditation de David LaChapelle illustre des scènes de l'évangile que chacun peut reconnaître.


Meditation, exposition de David LaChapelle



    Le photographe emprunte à la peinture religieuse classique ses thèmes, ses codes, ses compositions et ses stéréotypes.
Il reproduit les attitudes démonstratives et les visages figés d'un autre temps dans un nouveau média, la photographie mise en scène (staged photography).


Intervention, David LaChapelle

 
   Les personnages sont situés dans des décors modernes d'une grande banalité, ils portent des vêtements à la mode qui contrastent avec la robe bleue et blanche traditionnelle du Christ. Il est vrai que les miracles relatés dans le Nouveau Testament sont supposés avoir lieu dans un monde contemporain. Si Jésus revenait, les pécheurs qu'il vient sauver ne seraient-ils pas habillés à la mode d'aujourd'hui? David LaChapelle joue avec les stéréotypes, gardant la représentation traditionnelle du Christ, ce qui crée un décalage comique entre la modernité d'aujourd'hui et  le temps anciens. Certains y verront la modernité de l'Evangile, d'autre une approche peu respectueuse de la religion.


Sermon, David LaChapelle

    Délaissant l'univers branché des stars, David LaChapelle traite des sujets religieux avec une feinte naïveté. Il s'agirait de la dénonciation de la société de consommation et de ses fausses valeurs.

     Le Nouveau testament est réactualisé dans une Amérique multi-raciale frappée par l'avidité et la destruction. Les maisons sont dévastées (avant même l'ouragan Katrina), un énorme hamburger étouffe une femmme dont on ne voit que les élégantes jambes et une canette de Coca-Cola géante écrase une voiture. Le Caesar Palace sombre dans les eaux du Déluge où surnage un caddy de super-marché. S'inspirant du style de Michel-Ange en y ajoutant des éléments de la culture pop, David LaChapelle fait la chronique d'un désastre annoncé. Un désastre grotesque et dérisoire.

    S'éloignant du porno-chic qui a fait sa réputation, le photographe glorifie toujours les corps d'hommes à demi-nus (le déluge) et les femmes vêtues à la dernière mode. La mise en scène complaisante, même ironique, de cet univers décadent fait qu'il est difficile de prendre au sérieux les intentions moralisatrices de David LaChapelle. Les visiteurs s'amusent de ces chromos  burlesques sans être vraiment choqués.


Le déluge, David LaChapelle

    L'Hôtel de la Monnaie présente une rétrospective d'environ 200 oeuvres de David LaChapelle. Les photos aux couleurs saturées, les nouvelles fresques en pop-up, font du plasticien américain l'un des plus brillants photographes contemporains.

     Les oeuvres sont réparties en séries: Star system, Accumulation, Destruction, Recollections in America (souvenirs d'Amérique), Consommation et consumation,  Heaven to hell (du ciel à l'enfer), Meditation, Auguries of innocence (Présages d'innocence) etc. Les thèmes dessinent un itinéraire des excès trash et glamour des pop stars en passant par la société de consommation jusqu'aux compositions religieuses, dans le même style kitsch. Un chemin de croix parodique et drôle.


Destruction, I buy a big car for shopping, détail
David LaChapelle, 2005

    Comme le château de Versailles avec Jeff Koons, l'Hôtel de la Monnaie essaie d'attirer un nouveau public avec une exposition provocante. Mettre des oeuvres contemporaines, de préférence bouffonnes, sous des plafonds dorés crée toujours un choc visuel qui permet de mieux apprécier les uns et les autres.


Hôtel de la Monnaie, quai Conti, Paris


Rétrospective David LaChapelle
Du 6 février au 31 mai 2009
Monnaie de Paris
11 quai Conti, Paris

Palagret
photographie
mars 2009

Source:
dossier de presse Hôtel de la Monnaie


 

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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 00:10
  
    D
es centaines de jeunes gens se baignent nus. C'était au festival de musique pop de l'île de Whight, en 1970. Ce cliché témoigne de la libéralisation des moeurs, il incarne une époque.

Festival de musique pop
Ile de Wight, 10 août 1970

    De même que le cliché de Daniel Cohn-Bendit souriant aux policiers en mai 68 ou
celui de Yitzhak Rabin et de Yasser Arafat se serrant la main en présence de  Bill Clinton, en 1995. Ces images frappantes, réalisées pour le magazine Paris-Match sont devenues des symboles.

Yitzhak Rabin et Yasser Arafat se serrent la main
en présence de  Bill Clinton, le 28 septembre 1995, à la Maison Blanche

Daniel Cohn-Bendit, leader des "enragés" de Nanterre
à la Sorbonne le 6 mai 1968

    Sur le parvis de la gare de Lyon, 32 photos géantes résument 60 ans d'histoire pour les 60 ans du magazine Paris-Match. Le thème choisi est celui de la rencontre, rencontre de l'homme avec la machine, rencontre des puissants, des célébrités. Mais aussi rencontre des six derniers poilus, honorés pour avoir survécu 87 ans à la boucherie de la Première Guerre.

Ingrid Betancourt retrouve ses enfants à Paris
après six ans de captivité dans la jungle colombienne
6 juillet 2008

Record de vitesse sur rail établi par Alstom et la SNCF
574,8 le 3 avril 2007

    La photo en noir et blanc de la rencontre (1955) du Prince Rainier de Monaco et de Grace Kelly, la star hollywoodienne, illustre l'intérêt du public pour les histoires d'amour glamour. De même les rencontres privées, en présence d'un photographe quand même, font vendre le magazine. François Mitterrand rencontre Paul-Emile Victor à Bora Bora, Giscard  d'Estaing joue aux échecs avec Helmut Schmidt et Jacques Chirac se promèhe avec son petit-fils dans les jardins de l'Elysée.

Paul-Emile Victor reçoit François Mitterrand sur son atoll à Bora-Bora

     Ces images dont beaucoup sont très connues ont fait la une du magazine ou ont illustré des reportages sur la vie politique, culturelle et sur des faits de société.

Marcello Mastroianni et Sophia Loren sur le tournage de "Prêt-à-porter"
de Robert Altman, 27 mars 1994

    
Sur le parvis, les voyageurs déambulent autour des 17 panneaux recto verso (240x150cm et 140x190cm) de l'exposition en plein air. Certains voyageurs attendent un train. D'autres passent très vite, la tête baissée, en retard ou stressés.

Les six derniers Poilus de la Première Guerre mondiale
11 novembre 2005

Barak Obama, candidat à la Maison Blanche
rencontre le Président Nicolas Sarkozy, Elysée, 25 juillet 2008


"Rencontres", exposition de photographies
Paris-Match en partenariat avec la SNCF
Du 6 au 29 mars 2009
Parvis de la Gare de Lyon, Paris

Palagret
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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 21:03

   Dès les premières minutes de leur vie, les bébés sont très différents les uns des autres et surtout très laids, comme en témoignent les cinquante portraits de nouveaux-nés affichés sur les vitrines désormais inutiles de la Samaritaine.

Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, à la Samaritaine, Paris

    Rue de Rivoli, rue de la Monnaie et quai du Louvre, les images du photographe Thierry Bouët traite un sujet peu habituel. Les nouveaux-nés âgés de quelques minutes sont rarement photographiés, sinon par des proches, dans une lumière tamisée pour ne pas les déranger. Les clichés familiaux n'ont pas cette qualité et cette précision froide.



Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, à la Samaritaine, rue de Rivoli à Paris

    Ici la lumière est chirurgicale, l'approche scientifique, entomologique. Les nouveaux-nés sont tous cadrés de la même façon, de face, très serrés, comme pour des photos d'identité criminelle. Les bébés avec leurs traits déformés, leurs yeux aveugles mi-clos, leurs grimaces et leur gestes incertains sont monstrueux et émouvants.

Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, Samaritaine, rue de la Monnaie à Paris

   A peine âgés de quelques minutes, ils sont photographiés directement dans la salle d'accouchement, dans le service du Professeur Frydman, père du premier bébé-éprouvette français. Inconscients d'être
un sujet d'étude,  trop occupés à survivre, les petits humains frippés sont livrés au regard du photographe, et au nôtre. On trouve tout à la Samaritaine!


Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, Samaritaine à Paris

    Alors que la rue de Rivoli est envahie par une foule frénétique en ce premier samedi de soldes, les abords de la Samaritaine sont  très calmes. Le flot des passants ne passe plus par ici depuis la fermeture du magasin, il y a trois ans. Fermé pour sécurité, vétusté du bâtiment oblige, mais surtout pour cause de rentabilité insuffisante.

Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, Samaritaine, rue de la Monnaie à Paris
 
   Face à la Seine, les magasins de la Samaritaine occupent un emplacement de choix. Le Grand Magasin fut fondé par Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jay en 1869. En 1933, l'architecte Henri Sauvage dessina un  magasin de dix étages ornés de décoration art nouveau. Ce magasin est classé monument historique, au moins il ne sera pas rasé.

Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, Samaritaine, rue de Rivoli à Paris

    Les procès avec les syndicats et les divergences entre les actionnaires LVMH et  la Fondation Cognacq-Jay (40,6% du capital) rendent l'avenir du magasin mythique incertain.
En octobre 2008, LVMH a présenté le projet d'un "centre d'affaires et de commerces" prévu pour 2013.


Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, Samaritaine, quai du Louvre à Paris

   En attendant la rénovation, l'exposition de photographies de Thierry Bouët apportent un peu de vie sur les façades du magasin désert, rythmées de rideaux de fer tirés sur des vitrines vides.


Première heure, exposition de photos de nouveaux-nés
Thierry Bouet, à la Samaritaine à Paris


"Première heure"
exposition photographique de 50 portraits
par Thierry Bouët
21 novembre 2008 - 20 janvier 2009
sur les vitrines de La Samaritaine
Quai du Louvre, rue de la monnaie et rue de Rivoli
Paris 1er

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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 19:33
    Réalisées par de grands photographes, les images exposées témoignent du fossé qui sépare les principes généreux de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la réalité de ces droits dans le monde. Chaque photo illustre un des 30 articles de la déclaration.

Article 19
"Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression"
Déclaration universelle des droits de l'Homme
Pékin, place Tiananmen
Photo: Eric Bouvet

Article 25
"Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé ..."
Déclaration universelle des droits de l'Homme
Tanzanie 2006, usine textile
Photo: John Stanmeyer

    Dans de nombreux pays, les libertés fondamentales ne sont pas respectées, quand elles existent. Aller à l'école, vivre dignement, se marier librement, protester, est difficile voire impossible.



Article 9
" Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé."
Déclaration universelle des droits de l'Homme
République de Tchéchénie 2000
Jeune tchéchène dans un centre de détention russe
Photo: Eric Bouvet


Article 16
" L'homme et la femme ... ont des droits égaux au regard du mariage et lors de sa dissolution..."
Déclaration universelle des droits de l'Homme
Népal 2007, mariage d'une jeune fille de quinze ans
Photo: Stéphanie Sinclair

    A Paris, les grilles du ministère des affaires étrangères accueillent l'exposition photo "A l’épreuve du monde" en commémoration du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, adoptée à Paris le 10 décembre 1948.

Exposition photo "A l’épreuve du monde"
sur les grilles du ministère des affaires étrangères


"A l’épreuve du monde"
du 9 octobre au 2 janvier 2009
Quai d'Orsay et rue Robert Esnault-Pelterie
Paris VIIè

Palagret
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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 23:30
   
    Une image vaut mieux que mille mots, c'est ce que prouve Chris Jordan en réalisant ses immenses photo-montages de la série « Running the Numbers, un auto-portrait américain ». Les photos illustrent des statistiques peu compréhensibles dans leur sècheresse. En transformant les nombres en objets, il fait le portrait de la société américaine, de sa violence et de sa course effrénée à la surconsommation.


Barbie Dolls, 2008, photographie de Chris Jordan. Détail


     Ainsi dans « Barbie Dolls » il illustre cette effarante statistique: chaque mois 32000 opérations de chirurgie esthétique ( augmentation des seins) ont lieu aux Etats-Unis. C'est même un cadeau de fin d'études pour les adolescentes. Cris Jordan réunit donc 32000 poupées Barbies qu'il dispose en étoile. De loin on ne voit que le torse d'une femme, en s'approchant on distingue les poupées, image stéréotypée de la jeune fille américaine, duplicable à l'infini.

Barbie Dolls, 2008, photographie de Chris Jordan


     Prison Uniforms montre 2,3 millions d'uniformes pliés correspondant au nombre d'américains emprisonnés en 2005. La photo comprend six panneaux identiques de 3x7 mètres. Vus de loin, les six panneaux sont abstraits, de près ils prennent sens. Les millions, billions ou trillons ne signifient pas grand chose pour nous. Une fois transformées en une accumulation d'objets, les statistiques sont frappantes. La taille monumentale des oeuvres appuie le propos.


Prison uniforms 2007
photographie de Chris Jordan
six panneaux identiques de 3 x 7 mètres



Prison uniforms 2007, détail
photographie de Chris Jordan

    Chaque image est faite d'une accumulation d'objets qui nous aide à comprendre la monstruosité des chiffres. Pour dénoncer le gâchis engendré par les bouteilles en plastique, deux millions toutes les 5 minutes aux USA, Jordan compose une image avec des millions de bouteilles.
   


Plastic Bottles, 2007
18,2 x 36, 5 mètres
photographie de Chris Jordan

     Avec des paquets de cigarettes, des bouteilles et des tasses en plastique, des batteries, des téléphones portables etc, Chris Jordan dénonce notre mode de vie suicidaire. A l'échelle de l'individu, le gaspillage n'est pas grand chose. Quand tous ces actes individuels s'additionnent, c'est une catastrophe. Dès que les éboueurs sont en grève dans nos villes, les rues se transforment en décharge malodorantes. Voir la "tragedia rifiuti", la tragédie des déchets à Naples, où des murs d'ordures bordaient les rues au début de l'année! Une tragédie qui pourrait bien conduire au monde décrit dans le film Wall-E où seul un robot est resté sur la  terre dévastée pour compacter et empiler des monceaux d'ordures.

Plastic Bottles, détail, 2007
photographie de Chris Jordan


    En 2005, Jordan commence la série Intolerable Beauty au titre très parlant, "Beauté Intolérable". Un titre qui renvoie au film de Sam Mendes "American Beauty" (1999): dans un cadre propret et lisse la famille américaine s'effondre sur elle même. Le couple parfait implose tandis que les adolescents déboussolés contemplent la vidéo d'un sac plastique. "La chose la plus belle que j'ai jamais filmé", dit le garçon. Un déchet indestructible
virevoltant dans le vent au milieu des feuilles mortes.


Plastic bags, détail
photographie de Chris Jordan


    Le sous-tire de la série de Chris Jordan est
"portrait de la consommation de masse américaine". Il s'agit des portraits des américains car photographier les traces que laissent l'homme revient à le décrire. Parcourant les décharges, les usines et les sites de recyclage avec une chambre photographique, Chris Jordan enregistre l'amoncellement de tous ces produits jetables dont nous nous débarrassons sans y penser. « Il y a un contraste entre la beauté des images et le grotesque sous-jacent des sujets. C'est quelque chose que j'utilise intentionnellement. Si les photos étaient laides, personne ne s'y intéresserait » dit Jordan. 1

    Les voitures compactées, les fûts rouillés et les détritus empilés sont très photogéniques.  La poétique des ordures est fascinante mais, comme la poétique des ruines, elle parle de destruction et de civilisations mortelles. La séduction picturale  des déchets ne masque pas la triste réalité du désastre écologique qui nous menace.


Plastic bags, photographie de Chris Jordan


    "L'étrange mélange de la beauté et de l'horreur est une puissante métaphore de notre  consumérisme. De loin, le consumérisme peut être très attrayant, toutes ces belles voitures brillantes, ces maisons, ces écrans plasma etc .... Mais de près, nos familles en crise, nos déchets, la dégradation de l'environnement, les métaux toxiques dans le lait des femmes eskimos, les malformations chez les enfants dont les mères assemblent les produits électroniques en Chine, tout cela nous fait voir que notre mode de vie n'est pas si joli.. J'essaie de créer cet effet dans mes photos, de loin c'est quelque chose et de près c'est différent." 2


shipping containers, 2007
18,5 x 36,6 mètres


shipping containers, 2007
détail



        Chris Jordan était avocat d'affaire et photographe amateur. A l'âge de 38 ans, après dix ans de carrière, il a tout abandonné pour devenir photographe. Sa démarche est militante, politique et artistique. Il reconnait l'influence du photographe Andreas Gursky avec ses grands formats et la répétition des motifs. Ses premières photos étaient documentaires, réalisées avec un appareil photo analogique. Les dernières photographies  de la série « Running the Numbers" utilisent beaucoup la retouche numérique.
 
    On lui a reproché d'arranger les objets. Chris Jordan répond que "
la photographie aujourd'hui est plus proche de la peinture  que la photo traditionnelle que les gens croyaient représenter la réalité. C'est un problème intéressant parce qu'en fait la photographie n'a jamais représenté la réalité; elle a toujours été une illusion complexe bâtie sur des préjugés à partir d'un point de vue. Mais l'illusion d'objectivité était plus convaincante. Avec l'arrivée de la manipulation numérique invisible, maintenant même les photos les brutes peuvent être suspectes." 2



Open drums, Seattle 2003
photographie de Chris Jordan

   Ses images deviennent conceptuelles et s'éloignent de la photographie brute. Il copie et colle la même photo de nombreuses fois pour arriver aux nombres vertigineux des statistiques. Ainsi Plastic cups montre un million de tasses plastiques, le nombre utilisé sur les lignes aériennes intérieures en six heures. Il crée ainsi des images abstraites ou pointillistes vues de loin et très concrètes vues de près. Photographie objective ou travail conceptuel, le but reste le même, tirez la sonnette d'alarme.



Plastic Cups, 2008
détail


     Chris Jordan donne de nombreuses conférences pour expliquer son travail et éveiller les consommateurs à la conscience écologique. « Je veux que les gens réalisent qu'ils comptent. Quand vous vous approchez de l'image vous pouvez voir que l'ensemble n'est fait que d'une multitude d'individus. »




Conférence de Chris Jordan



    Chris Jordan est sélectionné pour le prix Pictet, un concours international de photographie de developpement durable.  Le prix sera décerné en Octobre 2008 au Palais de Tokyo à Paris.



Mise à jour du 31.10.2008
Le prix Pictet a été remporté par Benoît Aquin,un photographe de Montréal pour la série intitulée le «Dust Bowl» chinois, un reportage sur la désertification en Chine. «Mes images montrent la désertification en Chine à cause de mauvaises pratiques agricoles, a expliqué hier à La Presse Benoît Aquin. Elle montrent la tragédie engendrée par le manque d'eau.»





Catherine-Alice Palagret
septembre 2008
photographie

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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 16:36
Au pont des arts à Paris.   
`
    Pas de combat, pas de blessés ou de foule en pleurs comme le montrent les journaux télévisés quand ils parlent de la Palestine. L'exposition de photographies organisée sur le pont des Arts à Paris présente une autre image d'un pays déchiré.

"En tournant les pages", Scènes de la vie quotidienne à Betléem,
Rula Halawani
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris




Il ne s'agit pas d'occulter la difficulté de vivre là-bas ou de présenter des images idylliques mais de donner à voir la vie quotidienne, la vie simple qui continue avec ses baignades en bord de mer, ses boutiques, ses cérémonies, ses rituels.


Une jeune mère nourrit son bébé sur le parvis de l'église de la Nativité à Bethléem.
Rula Halawani







    L’exposition est une commande passée à deux photographes palestiniens, reconnus sur la scène internationale, Rula Halawani et Taysir Batniji.

Pères. de Taysir Batniji
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris



Taysir Batniji, dans « Sous le ciel de Gaza » photographie sa ville natale en quatre séries: la mer, la frontière, la ville et les pères (si importants dans une culture patriarcale).








Taysir Batniji: " En travaillant sur ces images, qui sont essentiellement des archives personnelles, j’ai senti que mes choix ne se conformaient pas forcément à des critères objectifs mais étaient de plus en plus conditionnés par un sentiment de manque. Plus le temps passe, plus la perspective d’un retour chez moi semble s’éloigner -au vu de la dégradation de la situation- et plus chacune de mes photos, même ratée, prend à mes yeux une valeur considérable. Comme si je n’allais plus jamais revoir ce et ceux qu’elles représentent.

La mer de Taysir Batniji
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris



Ces images constituent ma mémoire. La détérioration ou la perte des originaux et des négatifs seraient une perte de ce qu’il me reste de ce monde, de cette partie de moi, qui m’est tellement familière et proche.



Ces images n’ont pas non plus été faites selon « une approche artistique ». Je ne pensais d’ailleurs pas en les prenant qu’elles seraient un jour exposées. Elles sont le témoignage de moments de retrou- vailles, d’attente, de flânerie, de joie et de tristesse, de «temps faibles» où je me sentais à la fois auteur et sujet de mes photographies." 1

La frontière, série de Taysir Batniji
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris


La frontière, série de Taysir Batniji
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris

    Taysir Batniji est né à Gaza en 1966. Après sa première exposition personnelle "Dessine-moi une patrie" à Paris en 2002, il a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives parmi lesquels Les rencontres d'Arles en 2002, C'est pas du Cinéma! au Fresnoy en 2002, La Biennale de Venise en 2003, Représentations ArabesContemporaines, Heterotopias (Biennale de Thessalonique) en Grèce et la Biennale de Sharjah (EAU) en 2007... .Il vit entre l'Europe et le Palestine. Il est aujourd'hui représenté par la galerie La Bank à Paris.


Maison décorée à Jérusalem pour accueillir
les pèlerins de retour de La Mecque

Rula Halawani
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris


Rula Halawani photographie Jérusalem Est (Ramallah, Bethléem, Qualandia), où elle vit. La série intitulée "en tournant les pages" se réfèrre à un album de photos familiales.









"En tournant les pages",
Scènes de la vie quotidienne, Rula Halawani
exposition de photos sur le Pont des Arts à Paris

    Les écolières qui font leur devoir, la récolte des olives, des femmes dans la neige devant le Dôme du Rocher, une maison décorée pour accueillir les pélerins revenant de la Mecque, toutes ces images témoignent que la vie continue malgré la frontière et les difficultés quotidiennes.

 « Mon Jérusalem est plein de célébrations et de rituels et tout comme dans la ville, chaque famille y célèbre, selon ses traditions, la vie. » Rula Halawani 1

Sur le pont des arts


    Rula Halawani est Palestinienne, née à Jérusalem en 1964, elle fait des Etudes supérieures en Mathématique au Canada. En 1994, elle commence sa carrière de photographe de Presse pour l'Agence Sygma et sera Reuters. En 2000 elle va à Londres suivre un Master en Arts plastiques. Ses photos sont largement exposées dans le monde : Aux Etats Unis, au Japon, en Allemagne, en France et dans de nombreux festivals et biennales d'art.

Exposition de photographies sur le pont des Arts.
Vers
l'Institut de France

Exposition de photographies sur le pont des Arts.
Vers la cour carrée du Louvre


Du 3 au 30 juin 2008
Exposition photographique
"Palestine, la vie tout simplement"
Pont des Arts, Paris
Entre le Louvre et l'Institut.


Catherine-Alice Palagret

1- in dossier de presse
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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 12:47

 

     En mettre plein la vue, c'est être un gentleman, devenir quelqu'un sous les projecteurs, un samedi soir dans les taudis de Johannesburg. Du temps de l'apartheid, les travailleurs migrants participaient à des concours d'élégance. Ils portaient une « zoot suit », avec un mouchoir plié dépassant de la poche de poitrine.



Photoquai-nov-07--2052.jpg Zoot suit. TJ Lemon, Afrique du Sud sur le quai Branly

 
    Les ouvriers n'avaient pas grand-chose à dépenser, surtout pour s'offrir des vêtements coûteux, mais cette compétition leur donnait la possibilité de regagner une dignité perdue du fait de conditions de vie et de travail dégradantes. Les zoot suiters posent ici pour TJ Lemon qui réalise un reportage en noir et blanc.

    Photoquai 2007 est une biennale organisée par le musée du quai Branly. Tout au long de la Seine, des photographes venus du monde entier s'exposent. Ils sont peu ou pas connus en Europe. Pour une fois il s'agit d'un regard intérieur, l'indien photographie l'Inde, le Sud-Africain photographie Johannesburg. Ici pas de folklore, pas de regard extérieur de photographes occidentaux en voyage dans des pays "pittoresques".



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