28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 17:44

   On se souvient de la bâche en trompe-l'oeil qui masquait l'immeuble du "39 avenue George V". La façade haussmanienne semblait se tordre sous l'effet d'une intense chaleur. Les fenêtres, les balcons et les corniches, perdant toute horizontalité, ondulaient et dégoulinaient dans un délire joyeux.


Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

    La bâche a été mise aux enchères chez Drouot le lundi 26 janvier 2009. Dans l'immense toile déposée, Pierre Delavie a sélectionné 25 morceaux. Les fenêtres et les balcons convulsés sont devenus de sages tableaux signés par l'artiste. Ainsi un travail de communication visuelle devient oeuvre d'art.

Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

    La bâche de travaux, accrochée sur l'immeuble en réfection, était perturbante, déstabilisante, jouant sur les lois de la perception et de l'illusion.

bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V

bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V

    C'était un trompe-l'oeil de la façade cachée mais un  trompe-l'oeil  irréel  et inventif, déformant l'architecture haussmannienne en clin d'oeil aux montres molles de Dali. La bâche prétendue surréaliste était devenue une attraction touristique.
 
Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

Morceau de la bâche trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie

    Numérotées et situées sur une photo du trompe-l'oeil, les pièces rescapées sont exposées dans la salle des ventes de l'avenue Montaigne.


Situation des morceaux découpés dans la bâche trompe-l'oeil
du 39 avenue George V


     A l'origine, la bâche de travaux était constituée de grandes photos imprimées sur toile, cousues ensemble et accrochées à l'échafaudage qu'elles dissimulaient. Hors contexte, les morceaux d'architecture molle, tendus sur chassis, perdent leur force et leur pouvoir de surprise. Ils ne nous font plus tourner la tête.

Salle d'exposition du trompe-l'oeil du 39 avenue George V
signé Pierre Delavie


    Le dépeçage est à la mode cette saison. Au rond-point des Champs-Elysées, c'est le paquebot France, ou ce qui en reste, qui est mis aux enchères. Le fragment, qu'il provienne d'escaliers vétustes de la Tour Eiffel, du mur de Berlin ou maintenant d'une bâche de travaux, est le témoin de ce qui n'est plus et en devient précieux. Vouée à la destruction ou au recyclage la toile éphémère est soustraite au cours du temps et se transforme en oeuvre pérenne.

Salle d'exposition du trompe-l'oeil du 39 avenue George V

    Construit en 1913 par l'architecte Auguste Perret, le théâtre des Champs-Elysées est le premier théâtre parisien construit en béton, une technique novatrice à l'époque. La façade est recouverte de marbre blanc et décorée de métopes d'Antoine Bourdelle. La salle des ventes Drouot Montaigne occupe le vaste fumoir du théâtre depuis 1988.

Drouot Montaigne à côté du théâtre des Champs-Elysées
Sculpture d'Antoine Bourdelle

    Bleecker, l'agence Athem et Drouot s’associent pour mettre aux enchères la toile « 39 George V » au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. La vente caritative, dirigée par Georges Delettrez, président de Drouot Holding, s’inscrit dans le cadre de la 20ème édition de l’opération « Pièces Jaunes  ».


Le trompe-l'oeil du 39 avenue George V
Photos du démontage du trompe-l'oeil


Texte et photos:
Palagret
janvier 2009

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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 00:15
   On se souvient de la bâche en trompe-l'oeil qui couvrait l'immeuble du "39 avenue George V". La façade haussmannienne semblait se tordre sous l'effet d'une intense chaleur. Les fenêtres, les balcons, les corniches fondaient comme les montres molles de Dali.

Bâche de travaux en trompe-l'oeil au 39 avenue Georges V

   Les passants s'arrêtaient pour prendre des photos et les automobilistes ralentissaient, perturbés par cette façade mouvante. Le bouche à oreille fonctionnait à plein et la bâche de travaux est devenue une attraction touristique.

Bâche de travaux en trompe-l'oeil au 39 avenue Georges V

   Les travaux terminés, la bâche a été démontée. Bleeker, le propriétaire de l'immeuble et l'agence Athem qui a mis en scène le trompe-l'oeil ont décidé de ne pas détruire la toile qui a tant fait parler d'elle.

Bâche de travaux en trompe-l'oeil au 39 avenue Georges V
démontage

    L'oeuvre de Pierre Delavie a été découpée en 25 tableaux de  2,5 m par 1,80 m et signé par l'artiste.

Bâche de travaux en trompe-l'oeil au 39 avenue Georges V

    Ces toiles seront mises aux enchères à Drouot Montaigne le lundi 26 janvier 2009, au profit de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France présidée par Madame Bernadette Chirac.

Bâche de travaux en trompe-l'oeil au 39 avenue Georges V


Les morceaux de trompe-l'oeil exposés à Drouot Montaigne avant la vente
Voir l'article et les photos sur le trompe-l'oeil dit surréaliste


Drouot-Montaigne
15, avenue Montaigne,
75008 Paris
Tél. 01 48 00 20 80

Texte et photos:
Palagret
décembre 2008

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 23:40


Un trompe-l'oeil 100°/° chocolat:
de l'argent à croquer pour LCL


    Une plaque de chocolat haute de huit étages, dominant les toits de Paris, voici le nouveau trompe-l'oeil qui orne la façade de LCL, ex Crédit Lyonnais. Situé au 19 boulevard des Italiens, le siège parisien de la banque est masqué, depuis fin avril, d'une bâche de chantier de 650m2.


Plaque de chocolat en trompe-l'oeil sur la façade de la banque LCL


    L'étroitesse du chantier a déterminé un motif en rectangle. Les publicitaires auraient pu choisir un lingot d'or en résonnance avec ce temple de la richesse mais peut-être était-ce trop voyant. Ils ont préféré un signal plus discret, plus convivial et à la portée de toutes les bourses: une plaque de chocolat. Le chocolat est consensuel, tout le monde l'aime. Il évoque le plaisir et le contentement. De là à aimer la banque!


Plaque de chocolat en trompe-l'oeil sur la façade de la banque LCL


    La tablette de chocolat noir est à demi ouverte, offerte mais non croquée. On distingue quatre carrés incrustés de symboles: une pièce d'un euro (la modernité), un porte-monnaie à l'ancienne (la tradition), une tirelire en forme de cochon (la sécurité). Le quatrième dessin est le logo de la banque. La texture du papier déchiré et de l'aluminium froissé est parfaitement imitée.


Plaque de chocolat en trompe-l'oeil sur la façade de la banque LCL
100% LCL


    Sur l'emballage déchiré est écrit en lettres d'or « 100 % LCL ». LCL semble nous offrir une friandise à croquer. Mordez à pleines dents dans ce délicieux cadeau. En fait, la banque a les dents longues, elle veut croquer 100% de notre argent. Bonne dégustation. Le chocolat noir est plus modeste, il se contente, lui, d'un pourcentage de 70 à 80% de cacao.



Plaque de chocolat en trompe-l'oeil sur la façade de la banque LCL
cochon tirelire ombré


    La bâche de chantier, réalisée par Athem et Paragramme, est une photo de très haute résolution numérique imprimée sur une toile. Comme sur le trompe-l'oeil ondulant de l'avenue George V, des éléments sont collés en relief sur la toile. Ils imitent l'aluminium déchiré.

    La photo du boulevard des Italiens n'est cependant pas un vrai  trompe-l'oeil. Qui a jamais vu une tablette de chocolat haute comme une tour? Les façades en  trompe-l'oeil de l'avenue George V, du boulevard Haussmann ou de la place Vendôme sont à l'échelle des bâtiments qu'ils cachent et pour un instant ils trompent notre oeil, ils nous trompent. Ici, il n'y a pas d'imposture possible, de jeu entre le vrai et le faux; la tablette de chocolat se désigne immédiatement comme factice.


Fausse malle Goyard cachant les travaux en cours


    La tablette de chocolat est comme la malle Vuitton sur les Champs-Elysées, ou la malle Goyard du faubourg Saint-Honoré, une construction en trois dimensions aux proportions monumentales. Comme dans l'art pop, un objet banal, quotidien est démesurément grandi et son changement d'échelle le rend remarquable.


Malle Vuitton géante décorée de cerises. Champs-Elysées, Paris
Photo:
mpozzobon


    Même si elle n'est pas un vrai trompe-l'oeil, la tablette de chocolat bancaire 100% LCL n'en reste pas moins intéressante, s'inscrivant dans ce courant de chantiers événementiels qui cherchent à intriguer et amuser le public tout en assurant la publicité du client. Les bâches de travaux décorées voilent et dévoilent dans le même mouvement. Elles dissimulent des échafaudages disgracieux et s'affichent fièrement. On les aperçoit de loin, on fait un détour pour mieux les voir et on en parle. Objectif atteint pour les communiquants.


Vraies statues en pierre et faux papier aluminium


    Gardons quand même le pseudo trompe-l'oeil du LCL dans l'inventaire des trompe-l'oeil provisoires à Paris et ailleurs. Inventaire non exhaustif et non chronologique. La bâche de chantier LCL s'ajoute au trompe-l'oeil déformé de l'avenue Georges V (2007 aujourd'hui démonté), au trompe-l'oeil printanier des grands magasins du boulevard Haussmann et aux deux trompe-l'oeil de la place Vendôme.


    LCL innove avec une communication décalée. La banque aimerait que son nouveau nom ait une notoriété de 100% afin de faire oublier son ancien nom « Le Crédit Lyonnais »  et les scandales qui vont avec. Mais vu les problèmes de la Société Générale, autrement plus impressionnants, l'ex-Crédit Lyonnais peut dormir tranquille: un scandale chasse l'autre!

    Le siège parisien de LCL date des années 1870, une époque où les puissantes banques voulaient impressionner leur riche clientèle bourgeoise par le faste de leur établissements. Les travaux de réfection et de rénovation de l'immeuble historique, étanchéité des verrières et toiture, dureront quatre mois derrière le trompe-l'oeil éphèmère.

voir
sur ce blog:

Le trompe-l'oeil du "39 avenue George V" dispersé aux enchères





Palagret
Texte et photos
juin 2008


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1 juin 2008 7 01 /06 /juin /2008 23:02


Un faux air de Printemps

    En avril, les grands magasins du Printemps se sont couverts d'un fil ou plutôt d'une immense bâche en trompe-l'oeil. Longue de 170 mètres et haute de 30 mètres, la toile de 4500m2 reproduit les façades du grand magasin du boulevard Haussmann avec tous leurs détails ornementaux.



Le trompe-l'oeil cachant la façade en travaux
des Magasins du Printemps à Paris


    Le passage entre le magasin 1 et le Magasin 2,
ainsi que la passerelle, sont représentés en perspective, la bâche obstruant la vue entre les deux immeubles.

vraie façade en pierre de taille et trompe-l'oeil
  
    Après le succès du trompe-l'oeil dégoulinant de l'avenue George V, conçu par Pierre Delavie et exécuté par Athem, il fallait trouver autre chose qu'une déformation pour déstabiliser le regard du passant. Ici la façade ne se tord pas sous l'effet d'une chaleur intense ou du délire du copiste, elle reste plane; la représentation minutieuse de l'architecture de fer ornée de statues, de moulures et de balcons lui donne un air tout à fait convaincant.

faux reflet de l'église de la Madeleine dans les fausses vitres du Printemps


    Le glissement, la modification du fac-similé est plus subtile. En y regardant de près, quelque chose nous trouble: les fausses fenêtres du trompe-l'oeil ne reflètent qu'un ciel toujours bleu, effaçant les nuages de ce jour de printemps incertain. Elles ne renvoient pas non plus l'image des immeubles d'en face, comme elles le devraient. Le reflet est erroné, imaginaire ou plutôt recomposé.

faux reflet de l'Obélisque de la Concorde dans les fausses vitres du Printemps

    L'Opéra de Paris, l'Obélisque de la Concorde, l'église de la Madeleine ne se voient pas du boulevard Haussmann. L'Opéra n'est pas loin mais invisible. Pourtant, ces monuments se dédoublent sur les vitres du boulevard.


faux reflet de l'Opéra de Paris dans les fausses vitres du Printemps


    Ces bâtiments symboliques du Paris historique, du premier au second Empire, se retrouvent là par un jeu de miroir très hypothétique, plus intellectuel que topographique. Le trompe-l'oeil crée l'image d'un Paris rêvé, plus romantique, plus apte à plaire aux touristes. Autre détail amusant, des fenêtres de la rotonde reflètent des échafaudages que justement la bâche de travaux a pour but de cacher. Après avoir nié la réalité topographique, la réalité du travail est réintroduite, comme un clin d'oeil. Reflets trompeurs, repères déplacés, limites incertaines, le faux joue avec le faux et nous donne l'illusion du vrai.

Cheminée emballée sur le toit du Printemps


Reflet d'échafaudages factices dans une fenêtre factice


    Les cheminées de l'immeuble du Printemps sont enveloppées de blanc. Comme une intervention de Christo, elles se détachent sur les nuages et accentuent l'aspect irréel de l'ensemble.

Décor trompeur: la fausse façade du Printemps

    Vu de loin, le trompe-l'oeil se donne pour ce qu'il est, un décor. Un décor de cinéma, simulacre de rue, comme on en voit en visitant les studios de cinéma ou de télévision, là où se fabrique l'illusion de la vraie vie. Sauf que dans les studios de cinéma, quand on contourne les murs factices, on bute sur des structures métalliques qui ouvrent sur le vide; il n'y a rien derrière le mensonge. Ici au contraire, derrière le masque, les magasins sont ouverts, les rayons de vêtements, de maquillage et de parfum fourmillent de monde, la comédie du paraître continue à l'intérieur.

arbre factice sur le trompe-l'oeil cachant la façade en travaux
des Magasins du Printemps à Paris



    Provisoire, la bâche de travaux en trompe-l'oeil de Pierre Delavie soustrait à notre vue les échafaudages sur lesquels les ouvriers rénovent la vraie façade de pierre. Plate comme un miroir, la fausse façade emballe le magasin. Déballage prévu dans un an.

La vraie coupole et la fausse façade


     Construites en 1865 par l'architecte Jules Sédille, remaniées en 1881 après un incendie, les façades et la coupole du Grand Magasin sont classées monuments historiques.



voir sur ce blog:
Texte et photos:
Catherine-Alice Palagret
juin 2008


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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 14:09

 

Les  trompe-l'oeil de la place Vendôme
L'art du faux III


    De plus en plus de bâtiments en réfection arborent une bâche de travaux en trompe-l'oeil pour dissimuler des échafaudages disgracieux. Au printemps 2007, l'avenue George V et son trompe-l'oeil déformé ont attiré beaucoup de promeneurs. Ce printemps, deux immeubles sont en travaux derrière un bâche sur la prestigieuse place Vendôme à Paris.


Bâche de travaux couvrant l'Hôtel d'Evreux.

    Le premier immeuble, jouxtant l'hôtel Ritz, fait partie d'un chantier très complexe 1 de 60 000 m2 qui englobe un îlot délimité par les rues Cambon, des Capucines et la place Vendôme.



       Trompe-l'oeil aquarelle.
Reflet de la statue de Napoléon Ier dans la fenêtre  factice.
                                                                                                                      
    L'ancien hôtel d'Evreux appartient désormais à SNC Galaxie Vendôme. La façade classée du dix-huitième siècle, est caché par une grande bâche en trompe-l'oeil copiant la façade elle-même. Les fenêtres, les colonnes, les balcons et leurs dorures sont reproduits comme un dessin à l'aquarelle. On distingue même les lignes du faux papier. La statue de Napoléon I, qui surmonte la colonne Vendôme, se reflète dans une fenêtre factice.


 


statue de Napoléon Ier, représenté en Caesar Imperator
    en haut de la colonne Vendôme


                   Trompe-l'oeil d'une façade à colonnade, place Vendôme

       
    Un peu plus loin au numéro 14 de la place Vendôme, une autre immeuble appartenant à JP Morgan Chase Bank est aussi en travaux. La bâche de chantier reproduit la façade qu'elle soustrait à la vue. De style photographique, elle montre les colonnes, les fenêtres, les mascarons en forme de faunes, avec des effets de perspective. Détail amusant, les lampadaires noirs qui éclairent la place sont eux-aussi simulés. La fausse façade crée l'illusion mais elle dénonce aussitôt cette illusion puisque le trompe-l'oeil est légèrement rosé alors que la pierre de taille des immeubles attenants est jaune pâle.



   
    Façade en trompe-l'oeil. Vrai et faux réverbères.



      Façade en trompe-l'oeil rosée et vrais pierres de taille jaune pâle.



    Moins inventif que le trompe-l'oeil daliesque de la société Athem, ces bâches jouent aussi avec l'illusion de la perception. L'art du faux nous trompent quelques secondes pour mieux dévoiler son imposture. Le réel s'impose alors à nos yeux.


Façade en trompe-l'oeil: réverbère et mascaron au faune factices

   La place Vendôme est classée monument historique; dessinée par Jules Hardouin-Mansart, sur l'ordre de Louis XIV, elle est seulement achevée en 1810. La colonne de bronze de 44 mètres posée en son centre est un giganteque piédestal pour la statue de l'Empereur Napoléon Ier. Dans son délire de grandeur assumé, il se fait représenter en Caesar Imperator.  Avec ses immeubles strictement alignés, avec ses mansardes et ses colonnes harmonieuses mais répétitives, ses boutiques de joaillerie et ses hôtels de luxe, la place Vendôme incarne la sobriété et l'élégance. Un trompe-l'oeil trop flamboyant aurait détonné dans ce symbole du bon goût français!


    La place Vendôme à Paris et la colonne de bronze.

    Il est étonnant que la place Vendôme ait pu accueillir en 2004 une exposition de vaches! Des photographies de vaches par Thierry des Ouches.


 


voir sur ce blog:



La place Vendôme à Paris
Texte et photos:
Catherine-Alice Palagret

mai 2008
1- chantier


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15 mars 2008 6 15 /03 /mars /2008 20:33

Un trompe-l'oeil en morceaux


undefinedFaçade haussmannienne rénovée et bâche de travaux en trompe-l'oeil


    Les travaux de restauration de la façade du 39 avenue Georges V se terminent. Le trompe-l'oeil de l'immeuble déformé, inspiré des montres molles de Dali et de Gaudi, qui a tant fait parler de lui ne sera bientôt plus là. La bâche de chantier, à moitié démontée, laisse voir une sévère façade haussmannienne. Une façade sans fantaisie qui se fond dans le paysage parisien et ne provoquera pas d'attroupement comme le trompe-l'oeil surréaliste qui la cachait. Maintenant, on peut comparer le balcon en fer forgé réel et sa déformation ondoyante sur la bâche de chantier.
 
    La plupart des bâches de travaux en Pvc une fois démontées vont à la décharge mais depuis peu certaines sont recyclées.


undefinedFaçade haussmannienne rénovée et bâche de travaux en trompe-l'oeil
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  Le 26 janvier 2009 des morceaux du trompe-l'oeil seront vendus aux enchères.
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    Juste en face, au coin de la rue François 1er,
des travaux commence sur un autre bâtiment. Une grande bâche noire suit l'arrondi de l'immeuble des années 70 où Bulgari, le joailler italien, ouvrira bientôt une luxueuse boutique. La bâche est réalisée par Stratus, responsable de l'habillage du chantier Nespresso sur les Champs-Elysées. Mais ici, au contraire des capsules de café en relief collés sur la bâche Nespresso, la bague Bulgari n'est qu'une photographie aggrandie. Les diamants, même factices, ne sont pas en relief!



undefinedBâche de chantier Bulgari face au trompe-l'oeil


Paris--b-che-de-chantier-Bulgari-.jpg



Texte et photos:
Catherine-Alice Palagret

mars 2008

 
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24 juillet 2007 2 24 /07 /juillet /2007 18:44

L'ART DU FAUX I


        En remontant l'avenue George V vers les Champs-élysées, le piéton de Paris a de quoi être surpris. De loin il perçoit une perspective troublée et se demande s'il s'agit d'une illusion d'optique, d'un reflet ou peut-être même d'un mirage. L'immeuble tourmenté qu'il aperçoit serait-il l'oeuvre d'un architecte sous amphétamine ou le nouveau chef-d'oeuvre de Frank Gehry? Une déclinaison de "la maison qui danse" de Prague"? En approchant, s'il ne trébuche pas avant, déstabilisé par la construction bancale qui semble bouger au fond de l'avenue, le piéton identifie un immense trompe-l'oeil.

        Le trompe-l'oeil de l'avenue George V


   
         Le classique immeuble parisien du 39 de l'avenue George V semble se cabrer sous l'effet d'une intense chaleur. Les fenêtres et les balcons coulent et s'affaissent.
La symétrie haussmannienne s'effondre, les lignes de fuite se multiplient, il ne reste pas un seul angle droit. La belle ordonnance de la façade s'est dissoute.


Le trompe-l'oeil de l'avenue George V

     Les concepteurs revendiquent l'influence de Salvador Dali, le peintre surréaliste. Dans son tableau "la persistance de la mémoire" exposé au Moma à New-York, Dali peint des montres molles, liquéfiées comme un camembert trop fait.  Il disait peindre avec "une impérialiste fureur de précision pour systématiser la confusion et ainsi aider à discréditer complètement le monde du réel".

Le trompe-l'oeil de l'avenue George V

        Le trompe-l'oeil de l'avenue George V
reflété sur un capot de voiture


Le trompe-l'oeil de l'avenue George V


   
    Traditionnellement le peintre représente sur une surface plane un monde en trois dimensions. Il crée une illusion d'espace en simulant la perspective. La peinture est d'abord une tromperie. Le peintre de trompe-l'oeil va plus loin.  Par un réalisme minutieux et des jeux d'ombres et de lumières il cherche à duper le spectateur, l'espace d'un instant, en lui faisant prendre la représentation d'un objet ou d'un paysage pour l'objet ou le paysage lui-même.

Le trompe-l'oeil de l'avenue George V


    Cet art du faux manipule l'espace et les sens du spectateur. En décoration murale, le trompe-l'oeil crée une illusion de profondeur comme au Palazzo Spada à Rome. Francesco Borromini y peint une galerie qui semble réelle alors qu'il ne s'agit que d'une image plate en deux dimensions. De nos jours, les murs des villes s'ornent de peintures murales en trompe-l'oeil (1, 2, 3, 4 ) qui bien souvent ne trompent personne et ne sont qu'un clin d'oeil amusant cachant un mur aveugle.




paris--trompe-l--oeil-66-_1_.jpgLe trompe-l'oeil de l'avenue George V


trompe-l-oeil--384.jpgLe trompe-l'oeil de l'avenue George V à la tombée de la nuit


  trompe-l-oeil--395--2-.jpgLe trompe-l'oeil de l'avenue George V à la tombée de la nuit



    Ici, avenue George V, le trompe-l'oeil prend une autre dimension. Il ne s'agit plus de reproduire une perspective objective qui se substituerai au réel mais de pervertir cette perspective en la déformant. Ce n'est pas une copie du monde tel qu'il est mais un rêve hallucinatoire, u
n cauchemar comme l'univers de Salvador Dali.
Ou peut-être une préfiguration de l'effet du réchauffement climatique qui nous menace. Les villes vont-elles fondre sous le soleil?

    trompe-l--oeil-texte.jpgmanifeste du trompe-l'oeil de l'avenue George V

   
Cette aberration visuelle est une manifestation du surréalime urbain. Surréalisme urbain? Il n'y a ici aucune subversion, aucun défi et le bourgeois d'aujourd'hui, loin de s'offusquer, accourt et  approuve cette opération de communication.

    Le groupe Bleeker a demandé à la socièté Athem, connue pour la malle Vuitton des Champs-Elysées, d'imaginer une bâche d'échafaudage pour son immeuble en travaux. Pierre Delavie a photographié l'immeuble existant, déformé l'image par ordinateur puis l'a fait imprimer sur d'immenses toiles.
Pour plus de réalisme, ou de surréalisme, des corbeaux et des corniches en polystyrène, sculptés par Frédéric Beaudoin, sont collés sur le trompe-l'oeil donnant un effet de relief surprenant.

    Cet énorme bâche de 2500 mètres carrés remplit ses objectifs:

1- Elle
cache un chantier disgracieux
2- Elle anime la rue. L
e leurre fonctionne en surprenant les passants et parfois les automobilistes.
3- Elle
fait beaucoup parler d'elle.
En résumé, C'est une excellente opération de marketing.
Même si la démarche est commerciale, le résultat vaut le déplacement.

Ce
trompe-l'oeil, éphémère, devait disparaître en septembre 2007. En mars 2008, il est en cours de démolition.

  Le 26 janvier 2009 des morceaux de la bâche trompe-l'oeil seront vendus aux enchères


trompe-l__oeil_carte.jpg


   Dans le même esprit le trompe-l'oeil du Flatiron building de Toronto crée une réalité improbable en montrant un immeuble neo-classique dont la façade se décolle en révèlant un banal mur de brique.

A deux pas de là, l'hôtel
Fouquet's Barrière réserve une autre surprise.
  
  Texte et photos:
Catherine-Alice Palagret
Juillet 2007

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