15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 00:08



     L'archipel de Nova-Esperanza où vivent les "Hommes du Ressac" et les "Hommes des Nuages", a été découvert une première fois en 1606 par le Capitaine portugais Pedro Fernandez de Quiros. Il le baptisa Nova-Espéranza en souvenir de sa soeur Esperanza morte de la peste un mois avant son départ. Quiros mentionne rapidement le culte des ancêtres océanien sans en comprendre l'importance. Il est vrai qu'il cherchait de nouvelles terres pour son roi, Philippe III le Pieux, et non à étudier les peuplades primitives, à ses yeux, qu'il rencontrait.


Idole-offrandes.jpgOffrandes aux Idoles des ancêtres à Nova-Esperanza, Océanie
argile, végétaux et débris de plastique

                                       

               
 
    Il est possible que l'amiral Zheng-Hé, un eunuque au service de l'empereur de Chine Zhu Di, ait découvert ces îles comme peut le laisser croire une carte  recopiée par un cartographe vénitien. On y remarque un groupe d'îles qui ressemble à l'archipel de Nova-Esperanza. Plus surprenant, la côte de Floride et les îles caraïbes y sont représentés, un demi-siècle avant le voyage de Christophe Colomb.


carte-chinoise.jpg carte chinoise de 1424  recopiée par un cartographe vénitien


    Il est certain que Louis-Antoine de Bougainville accoste à Nova-Esperanza en 1768 et le Capitaine James Cook en 1774, bien que l'île ne soit pas décrite sous son nom portugais de Nova-Esperanza. Les petits canards de bois utilisés dans les rituels océaniens accréditent cette thése.

    Peu hospitalières, sans intérêt économique véritable, les îles de Nova-Esperanza sont vite oubliées. Quelques missionnaires s’y aventurent à la fin du dix-neuvième siècle mais ils sont finalement massacrés quand ils veulent imposer une tenue «décente» aux femmes de l’île. Peut-être sont-ils mangés. Le cannibalisme est attesté dans cette région du Pacifique.


anthropophages.jpgReprésentation des sauvages anthropophages des mers du Sud


    De nombreux récits de voyage décrivent ces rituels anthropophages. Le Comte Rodolphe Festetics de Tolna, qui a navigué dans les mers du Sud à la fin du dix-neuvième siècle, écrit " Les chasseurs de tête n'emportent ni cochons ni poulets. Ils ne mangent, avec des fruits et des légumes, que de la chair humaine pendant leurs expéditions." * On ne sait si le récit est véridique ou si le Comte de Tolna cherche seulement à flatter le goût de ses lecteurs européens pour l'exotisme. L'archipel de Nova-Esperanza n'est pas mentionné dans le récit du voyageur; il a dû passer au large des îles sans y débarquer.


oc--anie.jpgGravure présentant les "sauvages" d'Océanie


    En 1963, Alix de la Liquière-Engueyrade redécouvre l'archipel par hasard en consultant des esquisses de cartes attribuées au Capitaine Cook. Elle décide alors de monter une expédition à la recherche de ces îles inconnues. Après trois campagnes infructueuses dans les mers du Sud, elle débarque enfin sur la plage de Kara-nulik où elle est bien accueillie par les autochtones. Voilà maintenant quarante ans que l'ethnologue retourne régulièrement chez "les Hommes du Ressac" et les "Hommes des Nuages" pour comprendre et décrire leurs coutumes. Baptiste Ravenol, le botaniste de l'équipe s'est installé au village de Kara-nulik en 1978 et y a fondé une famille, oubliant sa femme Emilie et son fils Bénédict laissés en France.



Autres articles sur Nova-Esperanza:


II- Le culte des ancêtres en Océanie, les grossières idoles d'argile de Nova-Espéranza


III- Evolution du culte des ancêtres en Océanie, argile et débris de plastique


IV- Le Nouvel An, rituel  des "Hommes des Nuages, à Nova-Esperanza, en Océanie


La disparition de Boncam l'archéologue: le témoignage de Bénédict Ravenol

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Catherine-Alice Palagret
juin 2007

 

 

*  Chez les cannibales: huit ans de croisières dans l'océan pacifique, 1903 par Rodolphe Festetics de Tolna



   

 

 http://www.flickr.com/photos/degre360/259650958/in/set-72157594217360822/

 


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