Sous la verrière, deux massives statues de Baselitz trônent dans la grande pièce aux murs blancs. Leur immobilité impressionne comme celle des colosses égyptiens qui gardent les temples ou les statues de l'île de Pâques. Assises sur un bloc de bois, le visage appuyé sur la main dans la posture traditionnelle de la mélancolie, écho lointain au Penseur de Rodin, les idoles semblent attendre des offrandes qui ne viendront pas.
Sculpture monumentale de Baselitz
Volk Ding Zero, 2009. Bois, huile, papier, clous, 308 x 120 x 125 cm
Les hommes de bois ont le sexe dressé comme une écharde monstrueuse et portent des chaussures à lourds talons haut. Leur visage est simplifié, sans traits marqués, surmonté d'une casquette blanche carrée où est inscrit Zero. Une référence à une fabrique de matériel pour peintres en bâtiment qui fit faillite. La casquette est semblable à celle que porte Baselitz dans son atelier mais aussi au bonnet carré que portaient les bébés allemands pendant la guerre.
Sculptures monumentales de Baselitz à la galerie Thaddaeus Ropac
Refusant le métier, le savoir-faire, le réalisme et toute finition, Baselitz sculpte grossièrement les blocs de bois, dégageant des formes brutalement ébauchées qui renvoient à la sculpture africaine que collectionne Baselitz.
Sculpture monumentale de Baselitz
Dunklung Nachtung Amung Ding, 2009. Bois, huile, papier. 308 x 120 x 125 cm
Les corps sont déchiqueté, tailladés de multiples blessures faites à la scie électrique. Comme dans ses peintures, Bazelitz représente des hommes souffrants. On sent l'énergie, la rage du sculpteur se confrontant à la matière et la martyrisant.
Sculpture monumentale de Baselitz
Volk Ding Zero, 2009. Bois, huile, papier, clous, 308 x 120 x 125 cm
Au sous-sol, sont exposées six peintures aux joyeuses couleurs roses, oranges, bleues, vertes et blanches. Abstrait au premier coup d'oeil, les formes se révèlent. Comme d'habitude, ces corps nus sont inversés, la tête en bas. Baselitz ne peint pas les corps à l'endroit pour ensuite retourner le chassis; il peint directement à l'envers comme le montrent les coulures de peinture.
Sculpture monumentale de Baselitz
Volk Ding Zero, 2009. Bois, huile, papier, clous, 308 x 120 x 125 cm
Au premier étage de la galerie sont exposés des aquarelles.
" Hans Georg Kern est né en 1938 à Deutschbaselitz. Cette ville de Saxe à laquelle il empruntera son nom d’artiste appartient alors à l’Allemagne de l’Est. Dès le début, ses œuvres expriment une réaction viscérale aux tragédies humaines en général et aux traumatismes de l’histoire allemande en particulier. Il est surtout influencé par l’Art brut, par les dessins et les écrits d’Antonin Artaud et par la sculpture africaine." 1
Georg Baselitz
Sculptures monumentales
Du 24 avril au 29 mai 2010
Du mardi au samedi, de 10h à 19h
7, rue Debelleyme - 75003 Paris
01 42 72 99 00
Liens sur ce blog:
Jim Dine et Pinocchio, sculptures sur bois
Palagret
mai 2010
1- Dossier de presse