6 décembre 2009
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Pour continuer les listes d'Umberto Eco, voici la liste des phrases écrites au néon sur les murailles du Louvre médiéval par Joseph Kosuth:

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
I. Je me tiens devant un mur de pierre du XIIe siècle, le mur de fondation du premier palais du Louvre. Je commence avec le matériau de construction cher à Nietzsche. 1

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
II. Le mur est la surface de sa propre histoire enfouie. Tant que les objets restent dessus, le spectateur cache la vue à l’archéologue.
III. Tant l’archéologue que le bibliothécaire y retrouvent leur propre trace. (1. Un iceberg inversé. 2. La plus longue conversation du monde).
III. Tant l’archéologue que le bibliothécaire y retrouvent leur propre trace. (1. Un iceberg inversé. 2. La plus longue conversation du monde).

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
IV. Nous suivons le passage le long du mur. Il y a du monde, chacun est porteur du terme manquant d’une équation destinée à rester sans solution.
V. À chaque coin, le mur offre des suggestions et des options, mais aussi confusion et désorientation. Le mur derrière nous n’est porteur d’aucune anticipation.
V. À chaque coin, le mur offre des suggestions et des options, mais aussi confusion et désorientation. Le mur derrière nous n’est porteur d’aucune anticipation.

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
VI. Le donjon est quelque part en avant, et le puits sur son chemin. La crypte est à la fin. Le mur est un support et me sert de tabula rasa.
VII. Le mur entre dans le champ du visible juste à l’endroit où une maquette d’ensemble du palais est posée. Une première réflexion, puis un détail se dilate.
VII. Le mur entre dans le champ du visible juste à l’endroit où une maquette d’ensemble du palais est posée. Une première réflexion, puis un détail se dilate.

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
VIII. J’imagine des lignes sur le point d’apparaître, une étincelle est presque visible, le bruit de fond du pouvoir écrit, mais pas son propre nom. Le mur se prépare.
IX. On ne peut voir le mur que par parties, la totalité est dans l’esprit. Le texte ne devient complet que lorsque vous arrivez à la crypte.
IX. On ne peut voir le mur que par parties, la totalité est dans l’esprit. Le texte ne devient complet que lorsque vous arrivez à la crypte.

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
X. Les pierres du mur sont signées, et pourtant chacune reste anonyme. Qui écrit ici ? C’est moi, dit l’archéologue, avec ma pelle.
XI. Certains murs vous incitent à demander : qu’y a-t-il de l’autre côté ? Ces murs-ci ne décrivent que leur propre limite. Ils vous saisissent, mais ne vous demandent rien.
XII. Des lignes éclatantes forment des mots, à mesure qu’elles s’illuminent d'abord elles mêmes, puis le mur. Les pierres et les mots s’assemblent pour produire à la fois un mur et un texte.
XI. Certains murs vous incitent à demander : qu’y a-t-il de l’autre côté ? Ces murs-ci ne décrivent que leur propre limite. Ils vous saisissent, mais ne vous demandent rien.
XII. Des lignes éclatantes forment des mots, à mesure qu’elles s’illuminent d'abord elles mêmes, puis le mur. Les pierres et les mots s’assemblent pour produire à la fois un mur et un texte.

"ni apparence ni illusion" néons de Joseph Kosuth au Louvre
XIII. Le souci des apparences ne vous inspire que méfiance, et le mur affiche son indifférence. L’histoire proposée est à la fois profonde et muette.
XIV. La lumière nous conduit plus profondément dans son autoréflexion, comme une récompense. Mais c’est vous qui apportez le sens, qu’il faudra y retrouver.
XV. Quinze pierres en place, toutes sorties de l’ombre, ces mots lumineux rendent visibles à la fois celui qui voit et celui qui est vu. Le mur, le passage.
XIV. La lumière nous conduit plus profondément dans son autoréflexion, comme une récompense. Mais c’est vous qui apportez le sens, qu’il faudra y retrouver.
XV. Quinze pierres en place, toutes sorties de l’ombre, ces mots lumineux rendent visibles à la fois celui qui voit et celui qui est vu. Le mur, le passage.
Joseph Kosuth
‘ni apparence ni illusion’
du 22 octobre 2009 au 21 juin 2010
Musée du Louvre, Paris
Aile Sully, Louvre médiéval
Liens sur ce blog:
Ruines et reconstructions, Makom de Michal Rovner, d'Israël au Louvre
1- Néon et art contemporain, lumière vibrante: écritures
1- Néon et art contemporain, lumière vibrante: écritures
Palagret
art contemporain au Louvre
décembre 2009
décembre 2009
1- « Le génie ne fait rien que d'apprendre d'abord à poser des pierres ». Humain, trop humain, Nietzsche
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Communiqué de presse:
Des phrases en français écrites en néons blancs sont suspendues le long des remparts médiévaux. Joseph Kosuth, artiste majeur de la scène contemporaine internationale, investit les espaces historiques du Louvre pour offrir au regard du visiteur une oeuvre dense et lumineuse.
Figure incontournable de la scène américaine, Joseph Kosuth est un pionnier de l’art conceptuel, mouvement créé dans les années 1960 à New York. Son travail considère l’art comme une production de sens. Aussi l’idée ou le concept devient l’essence de l’oeuvre d’art, au détriment souvent de la matérialité. Il travaille depuis le milieu des années 60 sur les relations entre les mots et les choses, entre le langage et la représentation. La prévalence allant au concept, les supports utilisés par l’artiste sont divers : photos avec des objets usuels, tubes de néon (collection du Centre Pompidou), textes gravés dans la pierre (musée Champollion, Figeac).
Kosuth réalise de monumentales installations de textes, critiques, philosophiques ou littéraires, sur les monuments anciens. Son oeuvre est conservée dans la plupart des collections publiques et privées en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.
Récemment, Joseph Kosuth est intervenu sur l’île San Lazzaro lors de la Biennale de Venise en 2007, ou encore à La Casa Encendida à Madrid en 2008. L’artiste a, cette fois, choisi de travailler dans les fossés du Louvre médiéval et d’écrire sur les vieux murs des remparts, incitant le spectateur à redécouvrir ce lieu mystérieux et souterrain.
Kosuth réalise de monumentales installations de textes, critiques, philosophiques ou littéraires, sur les monuments anciens. Son oeuvre est conservée dans la plupart des collections publiques et privées en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.
Récemment, Joseph Kosuth est intervenu sur l’île San Lazzaro lors de la Biennale de Venise en 2007, ou encore à La Casa Encendida à Madrid en 2008. L’artiste a, cette fois, choisi de travailler dans les fossés du Louvre médiéval et d’écrire sur les vieux murs des remparts, incitant le spectateur à redécouvrir ce lieu mystérieux et souterrain.
'ni apparence ni illusion' est une citation de Nietzsche. Les quinze phrases, réparties de façon minimale sur le parcours, proposent une quête à la fois physique et introspective. Elles évoquent les relations complexes entre l’histoire, l’archéologie et la sensibilité du spectateur. L’artiste, qui d’ordinaire recourt à la citation, a, pour la première fois depuis 1979, choisi de rédiger lui-même le texte de cette exposition.