28 juillet 2008
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Suite de la minuscule saga des affiches publicitaires, IV
On a vu apparaître au détour des rues des affiches noires, bleues, blanches, vierges de toute publicité. Il ne s'agit pas d'une action commando des mouvements anti-pub mais seulement de la diminution des budgets publicitaires liée à une économie morose et au ralentissement estivale.

dégradation progressive
On voit maintenant des panneaux déroulants mal entretenus où les affiches se coincent dans le mécanisme et se replient sur elle-même.

Sur une affiche de boisson, le jeune visage au maquillage multicolore se retrouve pris au piège; la main aux ongles rouges, prisonnière du cadre, se crispe sur le papier déchiqueté. Fin du rêve. Le message de jeunesse et d'insouciance ne passe plus.

L'envers du décor laisse voir les néons blancs et le moteur du caisson lumineux.

Inutile d'accuser les anti-pub de tels forfaits. Les affiches sont placées trop haut, il faudrait une grande échelle ou un camion-grue pour les atteindre! Il s'agit juste d'oubli, de négligence, négligence criminelle pourraient dire les annonceurs dont les réclames sont si mal traitées.


On voit des affiches se décoller, laissant voir leur envers monochrome. On voit la pub disparaître, laissant voir ... son absence.

Ces petits ilôts de non-communication dans un océan de communications publicitaires omniprésentes sont peu de choses. Quelques rectangles monochromes par-ci par-là, quelques plages de silence que bien peu remarque.

Pourtant, si c'était là l'amorce d'une tendance durable, le paysage urbain changerait radicalement. La prolifération des espaces publicitaires est telle que si seulement un dixième était abandonné, nos villes auraient un air désolé. Jusqu'à ce qu'on se décide à abattre les grands panneaux publicitaires délabrés, devenus inutiles.

Pour l'instant, les « sucettes », ces panneaux sur pied qui envahissent les trottoirs, ne manquent pas de publicité. Mais peut-être un jour, ce "mobilier urbain" encombrant pourrait lui aussi rejoindre le cimetière du marketing flamboyant. On garderait juste quelques "sucettes" que les annonceurs s'arracheraient. Quelques affiches suffiraient alors à nous tenir informé des nouveautés merveilleuses qui illumineront notre vie. Et les anti-pub continueraient à coller leurs affichettes de protestation.

"la pub c'est là qu'elle attaque"
voir les affiches noires
les affiches bleues
les affiches blanches
vie et mort d'une affiche vierge de publicité
L'affiche verte
Catherine-Alice Palagret