18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 01:44


    Pendant que les marteaux-piqueurs pulvérisaient ses carreaux blancs dans le hall de Peugeot Neubauer, Jean-Pierre Raynaud préparait sa nouvelle exposition.


undefineddétail de l'affiche de "Raynaud peinture"



Une oeuvre est détruite, une autre naît à la galerie Patrice Trigano sous le titre: “Raynaud peinture”.


undefined  
undefinedRaynaud peinture


     

    Après les pots monochromes géants, les carrelages blancs, Raynaud avec son travail sur les drapeaux a commencé des séries plus colorées. A l'Arsenal de Metz en 2007, il exposait "Objet drapeau" une installation de petits drapeaux de tous les pays tendus sur un chassis. Il y posait cinq ou six petits canards en plastiques aux couleurs acidulées rose, rouge, bleu, vert et jaune qui contrastaient ou se mêlaient aux couleurs franches des emblèmes nationaux.

Canard-Raynaud.jpg Drapeaux et canards en plastique, Jean-Pierre Raynaud
 

« L’enjeu ici c’est la rencontre d’un drapeau objet universel avec un jouet d’enfant autre objet universel » disait Raynaud.

Le contraste entre le drapeau, symbole violent du nationalisme, et d'un jouet de bain associé à l'imaginaire enfantin crée une curieuse impression de dé-réalité. 1

    L'exposition "Raynaud peinture" tourne le dos à l'anecdotique et se recentre sur la couleur pure. Le titre montre bien qu'il s'agit de Raynaud et de rien d'autre. Les pièces exposées sont constituées de pots de peinture d'un kilo, tels qu'on en trouve dans le commerce. Plus besoin d'ouvrir le pot, plus besoin de pinceau!  Accrochés au mur de la galerie comme des tableaux, on est frappé par les ronds de couleurs franches des couvercles qui rythment la composition. Les pots sont blancs, débarrassés de leur étiquette. Sur un présentoir, cinquante pots s'empilent surmontés du mot “Raynaud” qui devient ainsi la marque de la peinture. Au sol, une composition de pots intitulée "hommage à Mondrian". Ces oeuvres sont modulables; les pots de peinture peuvent permuter de même que les carrés lumineux de Buren de la galerie Kamel Mennour pourraient s'exposer selon un motif différent.

       A Beaubourg, dans "container zéro" un cube d'acier, doublé de céramique blanche, Jean-Pierre Raynaud avait déjà utilisé des pots de peinture blancs fermé par un couvercle de couleur. En 2008 les pots reviennent sortis de leur écrin carrelé.

Jean-Pierre Raynaud déclare;
“Chez moi il n'y a pas de style, il n'y a qu'une méthode. La méthode Raynaud, c'est prendre le risque de se trouver avec moins que moins. Aujourd'hui avec le projet peinture, j'ai l'audace de penser que je fais quelque chose d'important. le mot peinture est une oeuvre en soi, je le revendique en tant qu'oeuvre. Ici l'idée de peinture m'apparait plus forte que la peinture elle-même. Je passe avant que celle-ci ne devienne de l'art, avant qu'elle ne devienne un chef-d'oeuvre. Je dépasse la peinture! Pour moi la peinture c'était un fantasme, c'était aussi la noblesse de l'Art. Je pose la peinture avant la peinture, c'est une fraîcheur du regard que j'ai, je peux oser faire cela (.. .) Matisse l'a fait avec des ciseaux, Pollock avec un bâton, Klein avec un rouleau, Jean-Pierre Raynaud fait de la peinture avec des pots'.

 


Galerie PATRICE TRIGANO
4, bis rue des Beaux-Arts 75006 PARIS
Tél: 01 46 34 15 01
Du 15 janvier au 15 mars 2008



Liens sur ce blog:

 
Le monumental pot doré de Jean-Pierre Raynaud à Beaubourg

 

Nuit Blanche 2009: le pot doré de Jean-Pierre Raynaud s'est envolé


Le cube de Jean-Pierre Raynaud détruit au marteau-piqueur

 

Beaubourg: Jean-Pierre Raynaud, container zero, écrin stérile

 

Jean-Pierre Raynaud, Chine, pot-sculpture à Art Paris

Palagret
janvier 2008

 

1- Le canard en plastique, jouet de bain pour les petits, inspire les artistes contemporains tels Florentijn Hofman à la «biennale d'art contemporain de Nantes à Saint-Nazaire" ou Patrick Gofre et Marga Houtman à la recherche des petits canards jaunes disparus dans l'océan.

 


Partager cet article
Repost0

commentaires