Il y a beaucoup de portraits à Photoquai 2011 et curieusement beaucoup de visages masqués, voilés, cachés dans des photos mises en scènes, staged photography, une manière conceptuelle de rendre compte du réel.
Taekwondo, Indonesian uniforms, Jim Allen Abel
Photoquai 2011, quai Branly
Dans la série Indonesian uniforms, l'indonésien Jim Allen Abel réalise des auto-portraits. Debout, de face, vêtu d'un uniforme, son visage porte un masque pour souligner la perte d'identité.
Indonesian uniforms, Jim Allen Abel
Photoquai 2011, quai Branly
"Face à un policier, et même si son nom est inscrit sur son uniforme, on s'adresse à "Monsieur l'Agent", comme si l'individu n'existait plus." 1
Dans Taekwondo, Jim Allen Abel porte un masque faite de ceintures de couleur pour se moquer du culte de la performance.
Un militaire armé porte un masque fait de plumes oranges. Les guerriers aborigènes se parent souvent de plumes multicolores mais ici le contraste entre la légéreté des plumes et le métal du fusil est ironique.
Un homme en combinaison orange (un prisonnier?) a le visage couvert de mégots de cigarettes et un autre de nouilles dégoulinantes.
Soldat nouilles, Indonesian uniforms, Jim Allen Abel
"Jim Allen Abel est né en 1975 dans l’île des Célèbes. En 2002, avec des condisciples étudiants à l’Institut indonésien des arts de Yogyakarta, à Java, il fonde le collectif Mes 56, du nom de l’ancienne caserne de l’armée de l’air où ils s’installent. Ses membres entendent bousculer les conventions du genre photographique qui, en Indonésie, réduisent le photographe à un tukang tout juste bon à aligner les commandes. Dès 2005, diplôme en poche, Jim dépoussière le portrait académique en suivant les groupes de rock qui tournent à travers l’archipel."
Spring summer collection 2018, Hassan Hajjaj
Photoquai 2011
Les photographies de Hassan Hajjaj, né en 1961 au Maroc, témoigne de sa fascination pour les cultures urbaines, les produits de grande consommation, l’imagerie populaire et le pop art américain. Toutes de noir voilées, les femmes assises en terrasse porte des djellabas bariolées très kitschs et des lunettes en forme de coeur, des accessoires de mode incongrues, qui rendent le portrait ironique, sans aller aussi loin toutefois qu'Hussein Chalayan.
Spring summer collection 2018, Hassan Hajjaj
au fond photo de Kosuke Okahara
Photoquai 2011
D'autres photos montrent des femmes voilées de niquabs siglés Nike, Adidas ou Puma. «Les marques sont rassurantes. Elles attirent l’œil de suite, on les reconnaît. Elle créent un sentiment amical sur un objet qui, souvent, suscite le rejet, déclare Hassan Hajjaj .» 2
NIquab siglés, Hassan Hajjaj, Photoquai 2011
"Hassan Hajjaj crée des séries photographiques dont les mises en scène soigneusement élaborées témoignent de son admiration pour Samuel Fosso, Malik Sidibé et David La Chapelle. Dans ces images réalisées à Marrakech, il exploite les codes sophistiqués des milieux de la mode ou ceux des vidéoclips. Il parvient ainsi à transformer des jeunes femmes voilées et vêtues de djellabas en icônes de magazines et en stars du hip hop. Ces photographies qui passent au premier regard pour des fantaisies orientalistes, exploitent avec humour et dérision les effets de contresens et d’ambiguïté véhiculés par le voile et l’habit traditionnel. Les accessoires, ponctués ici ou là de logos haute couture ou sportwear, dépassent le plaidoyer de la condition féminine ou celui de l’orientalisme, pour révéler, par un effet de renversement, les lieux communs du modèle occidental et de sa société de consommation."
NIquab siglé Puma, Hassan Hajjaj, Photoquai 2011
Jamal Penjweny dissimule le visage de ses personnages derrière une photo de Saddam Hussein. Du temps du règne du tyran, pas une boutique, pas un bureau sans la photo de Saddam. On voyait son effigie partout, sur des affiches, de grandes fresques murales, des posters. Après la chute de Saddam, ses portraits ont disparu mais selon Jamal Penjweny, le tyran hante toujours la mémoire de son peuple.
"Saddam is here, Jamal Penjweny, Photoquai 2011
"Je ne photographie pas sur le vif. Ayant depuis 2003 beaucoup travaillé pour la presse, j'en suis arrivé à différencier le photojournalisme de la photographie. Mes premières images de Bagdad reflétaient des fragments de réalité; j'ai préféré ensuite rassembler ces fragments dans des scènes plus conceptuelles. D'où le projet "Saddam is here": pour explorer le rapport des irakiens à la figure du dictateur après la chute du régime."
"Saddam is here", Jamal Penjweny, Photoquai 2011
Liens sur ce blog:
Photoquai 2009, le monde en bord de Seine: Bittencourt, Naji, Jimènez, Sher
Photoquai sur les quais du métro l'Assemblée Nationale, photos du monde
Palagret
photographie
octobre 2011