7 janvier 2009 3 07 /01 /janvier /2009 15:17

 

    Les murs ne vibrent plus à l'envol des cloches de bronze, immobiles, abandonnées sur le sol de la sacristie. Quoi de plus mélancolique que des cloches au rebut qui ne sonneront plus. Les cloches ont l'air entassées au hasard, comme dans un dépôt, mais elles sont soigneusement arrangées par Claudio Parmiggiani.

 


 

Parmiggiani au Collège des Bernardins
Cloches

 

 

  Claudio Parmiggiani joue avec leurs différentes textures, leur couleur, leur usure. Très simples ou ornées, couvertes de vert de gris avec des traces de rouille, encore attachées à une corde ou à une poutre de bois rongée par les vers, les cloches ne se ressemblent pas. Elles viennent de riches églises ou de pauvres chapelles, unies dans le même silence et la même désaffection.


 


Parmiggiani au Collège des Bernardins
Cloches

 

 

 « (Une cloche) avait été jetée près d'une église avec des meubles, des chaises, comme si le curé avait décidé de se débarrasser de tout ce qui était vieux. Trouver une cloche ainsi, dans la terre, c'était en soi quelque chose d'extraordinaire. Et puis, c'était un objet ancien, assez raffiné, avec son manche en buis et son corps en bronze épais orné de deux médaillons, l'un de sainte Anne et l'autre de saint Antoine de Padoue. Je l'ai gardée toujours près de moi, comme une amulette. Une matière à rêver... » Il hésite: « Peut-on dire cela en français: un réveil à rêves ? »


    « Il y a une (autre) cloche, que j'ai découverte, beaucoup plus tard, à Prague, au début des années 1990. Elle était sculptée dans la pierre, à l'angle d'un bâtiment très ancien, reconverti en une galerie d'art où j'avais été invité à exposer. Elle était emprisonnée dans le mur, incapable de sonner. Et j'ai eu envie, soudain, de visualiser cette voix muette, en convoquant d'autres cloches autour d'elle. C'est ainsi qu'elles sont arrivées dans mon œuvre. » déclare Claudio Parmiggiani en janvier 2009.1


 

 

 

 

Parmiggiani au Collège des Bernardins
Cloches

 

 

   Comme les livres brûlés ou les vitres brisées, les cloches sont le souvenir d'un désastre, une remémoration. Parmiggiani travaille sur la mémoire et le temps avec des oeuvres presque immatérielles.

 
L’immatériel est le matériau essentiel à la vie d’une œuvre. Immatériel signifie pensée et pensée signifie infini. La modernité – comme nous le rappelle Baudelaire – est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable." 2


 


      

Parmiggiani au Collège des Bernardins
Cloches
    L'empreinte des livres brûlés, le labyrinthe de vitres brisées et les cloches réduites au silence sont trois installations éphémères. Elle n'existent que dans ce lieu et pour ce lieu. Parmiggiani y voit une métaphore de la renaissance. On pourrait aussi y voir l'état de l'Eglise catholique actuelle. Il y a de moins en moins de vocations, les églises ferment et les cloches ne rythment plus depuis bien longtemps la vie des campagnes et des villes.



Parmiggiani au Collège des Bernardins
Cloche et corde


   

   La troisième oeuvre de Claudio Parmiggiani dans l'ancienne sacristie du Collège des Bernardins est seulement éclairée par la lumière du jour. En fin d'après-midi on distingue à peine les cloches posées sur les dalles


 


Parmiggiani au Collège des Bernardins

 




     Le collège des Bernardins, ancien monastère, est l’un des plus grands édifices médiévaux de Paris. Il vient d'être restauré par les Monuments Historiques et l’architecte Jean-Michel Wilmotte.

 

 



Claudio Parmiggiani
Du 22 novembre 2008 au 31 janvier 2009
Une création pour le Collège des Bernardins
du lundi au samedi de 10h à 18h

dimanche de 14h à 18h
entrée libre


Collège des Bernardins
20 rue de Poissy- 75005 Paris

 

 

 

 

Liens sur ce blog:

Claudio Parmiggiani au collège des Bernardins: après le fracas, le silence

Claudio Parmiggiani au collège des Bernardins: le labyrinthe brisé

Evariste Richer: Cumulonimbus Capillatus Incus, au hasard des dés au Collège des Bernardins 

 

 


 

Palagret

art contemporain

janvier 2009

 

 

Source:

1- in La Croix

2- in Journal des Arts, janvier 2009

 


 

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