17 août 2008 7 17 /08 /août /2008 00:09



   Juste à côté des colonnes de Buren en si mauvais état, Sphérades, les deux fontaines-sculptures de Pol Bury (1985) sont elles aussi à moitié fonctionnelles. L'eau ruisselle sur les sphères brillantes mais elle ne les anime pas comme elle le devrait. Ne s'agit-il pas d'une oeuvre cinétique?


undefinedLa fontaine-sculpture de Pol Bury
dans la cour du Palais-Royal à Paris


    Les dix sphères d'acier inoxydable poli reflètent et multiplient les colonnades et le ciel, opposant la légèreté chantante de l'eau à la froide densité de l'acier. Manque l'incertitude du lent mouvement d'origine.


La fontaine-sculpture de Pol Bury
dans la cour du Palais-Royal à Paris.

    Les fontaines sont situées dans la cour d'Orléans, entre la cour d'honneur du Palais-Royal qui abrite les colonnes de Buren et le jardin. Elles sont installées dans des bassins carrés préexistants. Les formes arrondies des sphérades et le mouvement de l'eau font la transition entre l'univers minéral et statique de Buren et le jardin vivant où les arbres et les fleurs ne respectent pas toujours le strict alignement d'un jardin à la française.


La fontaine-sculpture de Pol Bury
dans la cour du Palais-Royal à Paris.


La fontaine-sculpture de Pol Bury
dans la cour du Palais-Royal à Paris.


Fontaine de Pol Bury à la fondation Maeght
Photo: Sylvain Gamel


     Pol Bury
est né en Belgique en 1922 et mort en 2005 à Paris. Il a beaucoup travaillé avec l'acier et le mouvement de l'eau, intégrant l'aléatoire dans son oeuvre.  Il a créé de nombreuses fontaines dont:
- Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence (1978)
- Solomon Guggenheim Museum à New York (1980)
- Palais du Gouverneur à Anvers (1981)
- Seoul pour les jeux Olympiques (1988)
- Yamagata (Japon), pour Tohoku University of Art & Design (1994)
- FIAC à Paris,
stand de la galerie Louis Carré & Cie (1999)


Réfection des Shérades, sculptures fontaines de Pol Bury
La place Colette à Paris: Molière, Othoniel, Buren, Pol Bury

Catherine-Alice Palagret
Partager cet article
Repost0
16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 23:49


     D'énormes ballons roses parsemés de pois noirs flottent ou restent ancrés au sol dans la cage de la Grande Halle de La Villette: voici une video de l'installation de l'artiste japonnaise Yayoi Kusama obsédée par les pois: Dots Obsession

 


Partager cet article
Repost0
16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 15:32

Une installation monumentale ludique ou angoissante?


   La halle de La Villette est envahie d'énormes ballons roses à petits pois noirs. Flottant au-dessus des têtes ou ancrés au sol, les ballons forment une environnement onirique et joyeux. Comme dans une volière, les pois roses se balancent doucement au passage des visiteurs, bercés par la voix de Yayoi Kusama, la créatrice de l'installation
« Dots Obsession », l'obsession des pois.



"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette



  
   La chanson de Yayoi Kusama, « Une accro du Manhattan suicide », n'a rien de joyeux cependant:

"Avale des anti-dépresseurs, ça passera
Arrache la porte des hallucinations
Plongé dans l'agonie des fleurs, le présent ne finit jamais ..."1







"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette

    L' installation « Dots Obsession », est à première vue ludique et euphorique avec ses boules rose bonbon. Elle plait aux petits enfants qui la confondent avec une salle de jeu et ne peuvent s'empêcher de toucher aux fragiles ballons. « Dots Obsession » est pourtant née des obsessions enfantines de Yayoi Kusama pour les pois et de leur prolifération menaçante.

  L'artiste japonaise raconte qu'un jour, après avoir observé le motif d'une nappe à pois, elle a eu une hallucination: " Quand j'ai levé la tête, j'ai vu le même motif couvrant le plafond, les fenêtres et les murs et finalement toute le pièce, mon corps et l'univers. J'ai eu l'impression de commencer à disparaître, de retourner à l'infinité du temps sans fin et à l'espace absolu et d'être réduite au néant " 2.

    En 1960, Kusama écrit dans son « Manifeste de l'oblitération »:

"Ma vie est un poids perdu parmi des milliers d'autres pois"
L'art lui a permis de plus ou moins dompter son angoisse en exploitant ses hallucinations.



 
"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette



  

 
    Depuis plus de dix ans, la vieille dame (née en 1929) vit, volontairement, dans un établissement psychiatrique privé à Tokyo. Elle se rend régulièrement à son atelier, situé non loin de l'hôpital pour travailler, entourée d'une secrétaire et de plusieurs assistants. Elle en sort pour superviser ses expositions et donner des interviews.

    Connaissant les difficultés mentales de l'artiste, les pois roses ne semblent plus si aériens ni décoratifs. I
ls créent un vertige, un effet d'écrasement et renvoie à la folie et à la souffrance de l'auteure, prisonnière de son obsession. On peut aussi ignorer la folie de l'artiste et ne voir là qu'une oeuvre conceptuelle faite de légers ballons, basée sur la notion de répétition et de multiplication de formes et de motifs. D'autres artistes comme Daniel BurenBridget Riley ou Damien Hirst travaillent sur des formes stictement codifiées sans pour autant être malades.




"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette



  
    Comme des igloos rose bonbon, deux bulles peuvent se visiter. La première ne contient qu'un petit pois lumineux, entourée de pois roses et noires imprimés sur la doublure de la tente.




Visite de la bulle aux miroirs
"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette

    Le deuxième pois-igloo est tapissé de miroirs sur lesquels se reflètent de nombreux lampions suspendus. Comme dans un labyrinthe de glaces, les images se multiplient, se répercutent et se brouillent. Nous n'avons plus de repères.





Intérieur de la bulle aux miroirs
"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette
    Un troisième pois d'environ deux mètres est une boîte optique. En s'approchant de l'ouverture, on aperçoit une multitude de bulles transparentes qui se reflètent à l'infini et au fond le visage du visiteur, ou son appareil photo!




La boîte optique
"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette




Intérieur de la boîte optique
"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette


 
  
     Dots Obsession est une oeuvre que l'on découvre avec son corps. Comme pour beaucoup d'installations d'art contemporain, les deux plateaux de Buren ou Promenade de Richard Serra, il faut circuler entre les ballons roses pour apprécier Dots Obsession.




     De 1957 à 1972, Yayoi Kusama travaille à New-York où elle fréquente Jasper Johns, Claes Oldenurg, Joseph Cornell qui deviendra un ami, Andy Warhol et d'autres artistes de l'avant-garde. Son oeuvre est à la croisée du pop art, du minimalisme et de l'art environnemental. Peintures, sculptures, photographies, happenings, installations foisonnent et elle devient célèbre.


    Dans les années soixante, ses happenings font scandale: devant le New York Stock Exchange à Wall Street, quatre danseurs nus tournoient au son des tambours tandis que Kusama, accompagnée de son avocat, bombe les corps nus de pois bleus. La police interrompt la performance. Une seconde a lieu devant la statue de la Liberté; la troisième devant la statue d'Alice à Central Park où Kusama déclare: "Je suis la moderne Alice au pays des merveilles."






Happening de Yayoi Kusama
sur la 14e Rue, à New-Yotrk,1966

  





         De plus en plus connue dans les années soixante, Kusama recherche avidement la publicité jusqu'à être partout dans les média, ce qui est paradoxal pour quelqu'un qui cherche à s'oblitérer. Quelques années après, moins à la mode,  fragilisée, elle retourne au Japon. A son retour à Tokyo, l'artiste détruit  plus de deux milles de ses oeuvres avant d'entrer à l'hôpital psychiatrique en 1977.




Yayoi Kusama interprétant sa chanson
"Une accro du Manhattan suicide"


 
       Plusieurs video sont projetées à la Halle de la Villette, non à l'intérieur d'une bulle, mais dans une banale salle à coté. Kusama's self obliteration (1967) est une succession de scènes étranges et lentes. Kusama décore un cheval, un chat ou un arbre de pastilles blanches, elle se promène lentement à cheval vêtue d'une cape parsemée de pois phosphorescents puis elle entre dans l'eau et pose des pois blancs sur la surface à coté des nénuphars etc... . Dans cet univers féérique, la nature se plie à l'obsession de l'artiste.  La hantise de Yayoi Kusama tend à anéantir le monde sous les pois.



"Dots obsession", installation de Yayoi Kusama
dans la grande halle de La Villette

 
  Comme Louise Bourgeois ou Tracy Emin deux femmes stars de l'art contemporain, Yayoi Kusama a su utiliser les traumatismes de l'enfance pour créer une oeuvre radicale et multiple.




Dots obsession. Halle de La Villette. Paris
Du 11 juillet au 17 août 2008


 

 
Liens sur ce blog:




 





Textes et photos:
Catherine-Alice Palagret
août 2008


1- in dossier de presse
2- in Art Forum 1997. Dot dot dot, par Andrew Solomon


Partager cet article
Repost0
22 juillet 2008 2 22 /07 /juillet /2008 23:56

 

    Des lettres rouges "Ici/Là" en néon sont suspendues au-dessus du lac et s'y reflètent. L'oeuvre de  Christine O’Loughlin, 5 mètres de long sur 1,5 mètre de hauteur, écrite à l’envers n'est lisible que dans son reflet, vu du pont. 

 

 


"ICI/LA" de Christine O’Loughlin
mots se reflètant dans l'eau
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 


    Presqu'immatériels, les mots n'existent  que sur l'eau que trouble le moindre souffle de vent. Séparés par un slash, les mots « ici » et « là » suggèrent la possibilité illusoire d'un choix, vite effacé par le passage des canards ou la chute d'une feuille.

 




"ICI/LA" de Christine O’Loughlin
mots se reflètant dans l'eau
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 

 

 

 

Liens sur ce blog:



Environnementales à Jouy-en-Josas 1: le bonzaÏ géant de Marie Denis



Environnementales à Jouy-en-Josas 2: Jean-Luc Brisson, mondes minuscules

  

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 4: Michel François

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 5: Dimitri Xenakis

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 3: Isabelle Tournoud

  

 

 

 

 

 

 

 

Palagret

art contemporain

juillet 2008


Partager cet article
Repost0
19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 23:53

 

   Après le bonzaï géant de Marie Denis, nouveau changement d'échelle, comme dans les Aventures de Gulliver ou Alice au pays des Merveilles. Nous passons du jardin des Géants au jardin des Lilliputiens mais cette fois, nous sommes les géants. « La mare dans l'île » de Jean-Luc Brisson est une piscine bricolée, de huit mètres de diamètres, faite d'un cercle de boudins plastiques.




"La mare dans l'île", bassin-monde de Jean-Luc Brisson
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

     A la surface de l'eau flottent des débris de polystyrène entourés de lentilles d'eau à la couleur changeante. Rescapées d'un désastre, tempête, tsunami, tremblement de terre ou fin du monde, les îles sont doucement poussées par le vent.

 



"La mare dans l'île", bassin-monde de Jean-Luc Brisson
Cheval blanc et homme
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 


     De minuscules figurines, modèles réduits de personnages, chevaux et voitures vaquent à leurs occupations. Devant le "bassin monde" trois chaises dépareillées s'offrent au visiteur d'où il peut observer tranquillement cet univers en perdition.

 

 


"La mare dans l'île", bassin monde de Jean-Luc Brisson,
Jeep et grillage
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 

    C'est l'interprétation des visiteurs car l'artiste, lui, ne voit aucun désastre dans son installation: "ces "souvenirs" de la ville – maquettes de pavillons de banlieue, jardins familiaux, parkings ou pylônes électriques ... – ne sont pas les images d’une catastrophe ou d’une destruction, mais les images flottantes d’un monde dont les éléments pourraient se toucher, aller les uns vers les autres". 1

 


"La mare dans l'île", bassin-monde de Jean-Luc Brisson
parcelles et jardins ouvriers
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 


    Plusieurs "maquettes de maisons audacieuses, maisons de rêve, maisons originales" prévues pour le "bassin-monde" sont exposées dans un bâtiment de l'école.
  "Le Paradis", un ensemble de cases au toit de paille, n'a pas trouvé sa place dans le bassin-monde.

 

 

 

 

Liens sur ce blog:



Environnementales à Jouy-en-Josas 1: le bonzaÏ géant de Marie Denis



Environnementales à Jouy-en-Josas 3: Isabelle Tournoud

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 4: Michel François

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 5: Dimitri Xenakis

 

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 6: Christine O’Loughlin

 

 


 

Palagret

art contemporain

juillet 2008

 

 

 

1- in dossier de presse

    --------------------------------------------------------------------

Artistes exposés à la cinquième Biennale:
1-  Iain Baxter&                                      
Ampers&, (Esperluette)
 

 2-  Serge Bottagisio & Agnés Decoux   
Toupie et cage


3-  Jean-Luc Brisson                              
La mare dans l'île


4-  Gilles Bruni                                    
Conversation par jour de pluie, deux fontaines
 

5-  Marie Denis       
Le Bonzaï II

 

7-  Nils-Udo           
Miroir d'automne
 

8-  Christine O'Loughlin   
Ici/Là

 


10- Dimitri Xenakis       
L'étang, un théorème impossible
La forêt, un fil conducteur



9-  Isabelle Tournoud Le coin des mauvaises graines

 

6-  Michel François  Déjà-vu
 

--------------------------------------------------

Les environnementales
5è biennale 2008
L'art contemporain « dans » et « avec » la nature
Du 13 mai au 11 juillet 2008

JARDIN DU CHÂTEAU DE JOUY
Chemin de l'Orme Rond
L'Ecole de l'Environnement et du Cadre de Vie
JOUY EN JOSAS 78350

 

 



 

Partager cet article
Repost0
17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 23:41

 

Land art, de la terre et de l'herbe


 

     « Déjà Vu » de Michel François se compose de deux buttes de terre similaires plantées d'arbres et creusées d'un chemin. Elles se répondent comme dans un miroir et doivent rester identiques au long des saisons.


 

« Déjà Vu » de Michel François
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas



    « Le principe de créer puis de maintenir dans le temps ce double artifice du dédoublement d'un fragment de paysage demandera un entretien constant de la part des étudiants de Tecomah pour conserver à l’oeuvre sa dimension graphique. »

1



« Déjà Vu » de Michel François
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 



    « Déjà Vu » de Michel François est une commande publique et restera sur le site pendant deux ans.
 

 

Pancarte de « Déjà Vu » de Michel François

Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 


     "Artifice du dédoublement d'un fragment de paysage très construit, parallélisme improbable, jeu sur une nature cultivée, un paysage-kit, paysage-objet standard, reproduit, ligne claire d'une image de BD, paysage archétypal, et la sensation de déjà vu."
1

 

 

 

 

Les environnementales
5è biennale 2008
L'art contemporain « dans » et « avec » la nature
Du 13 mai au 11 juillet 2008

JARDIN DU CHÂTEAU DE JOUY
Chemin de l'Orme Rond
L'Ecole de l'Environnement et du Cadre de Vie
JOUY EN JOSAS 78350

 

 

 

 

 

Liens sur ce blog:



Environnementales à Jouy-en-Josas 1: le bonzaÏ géant de Marie Denis



Environnementales à Jouy-en-Josas 2: Jean-Luc Brisson, mondes minuscules

  

 

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 5: Dimitri Xenakis

 

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 6: Christine O’Loughlin

 

 

 

 

Palagret

art contemporain

juillet 2008

 

 

  

 

1- in dossier de presse

  

   

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 3: Isabelle Tournoud

  

 

Partager cet article
Repost0
17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 13:50


Destruction-compression de l'écrit


    « Un mois de lecture » indique la dimension temporelle de cette oeuvre de César, une tentative de retenir le temps qui passe, de donner un sens à l'éphémère et aussi, avec humour, de dire que toute activité humaine est vouée à la destruction et à l'oubli. Tous ces livres, ces journaux porteurs de réflexions ou de langue de bois, de jugements honnêtes ou perfides, de diatribes et parfois de poésie se retrouvent mélangés à des réclames pour des produits ménagers, des chaînes hi-fi ou du saucisson. Tout est dérisoire, tout se vaut, tout est vanité. La parole s'envole, l'écrit reste, dit le dicton! Ici, l'écrit lui aussi disparaît. Reste l'oeuvre d'art.


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier


    César aimait jouer avec la matière, la transformer, la plier à sa fantaisie.
Il disait: "Je suis le contraire d'un intellectuel. Je suis un tripoteur: je fais de la sculpture comme j'aidais, autrefois, ma mère à écosser les petits pois." 1   Comme les compressions de voitures, les compressions de papier sont obtenues par un processus industriel. Avec une presse, les récupérateurs fabriquent de gros ballots cerclés de fer. 
 


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier


    Répandre  de la mousse en formes douces,  broyer des voitures entre de puissantes machoires métalliques ou  compacter des mots imprimés étaient des processus nouveaux, détournés de leur utilité pratique et mercantile. Ainsi César créait de nouvelles formes et de nouveaux concepts.


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier
4€ 50, détail des prospectus


    « Un mois de lecture des bâlois » est la reconstitution partielle d'une oeuvre éphémère que César présenta à Art Basel (Bâle) en 1996. L'oeuvre monumentale comprenait à l'origine cinq modules. Elle a disparu depuis. Dix ans après la mort de César, Jean Nouvel en propose une variante. Ici, nous n'avons que trois piles, chacune constituée de 80 balles de papier. Chaque pile  mesure 4,4 x 7,2 x 5,5 mètres pour un poids global de 375 tonnes.


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier,
dans le jardin à l'arrière du bâtiment


    Cette nouvelle compression de papier, organisée par Jean Nouvel, est réalisée à partir de papiers parisiens d'aujourd'hui. Les prospectus commerciaux aux couleurs vives se détachent sur les journaux et leurs prix affichés en euros datent l'oeuvre. On ne sait pas si les papiers ont été sélectionnés ou si seul le hasard est responsable du choix des imprimés.


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier.
canyon entre les balles de papier compressés


     Comme pour les oeuvres de Richard Serra, cette compression monumentale s'apprécie en marchant autour et à travers les canyons de papier. Mais c'est aussi une oeuvre conceptuelle dans la lignée des compressions de voiture, des expansions de polyuréthane et des empreintes du corps humain agrandi.


"Un mois de lecture des bâlois" compression de César,
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier.


    Les compressions de papier sont exposées dans le jardin, derrière le bâtiment transparent conçu par Jean Nouvel pour la Fondation Cartier. Très intéressés par les murs de papier, les enfants y cachent des objets ou y cherchent des trésors. Des visiteurs s'attardent à lire les mots rescapés du broyeur,  tâche impossible tant la compression est immense. D'autre arrachent des petits fragments au passage. Le collectionneur Aristide Sauveterre a été tenté mais il a su résister à la tentation. Tant pis, son cabinet de curiosités n'aura pas un petit morceau de César!

expo-Cartier-Cesar-compression-journaux-enfant-2.jpg
 "Un mois de lecture des bâlois" compression de César
revisité par Jean Nouvel à la Fondation Cartier.
Les enfants cherchent un trésor dans les interstices du mur de papier.


        La compression "Un mois de lecture des bâlois" est fragile mais peut importe puisqu'elle est éphémère. Si elle survit quand même, les archéologues du futur pourront y déchiffrer un fragment de l'histoire du XXIè siècle. Les strates de papier, bien qu'abîmées et collées les unes sur les autres, pourraient devenir des archives inestimables.


voir les expansions rouillées de César 

Catherine-Alice Palagret



César
, Anthologie par Jean Nouvel
Du 8 juillet au 26 octobre 2008
Fondation Cartier pour l’art contemporain

Tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h. - Nocturne le mardi jusqu’à 22h.

Partager cet article
Repost0
16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 14:41


Le monde doucement inquiétant de Jorg Lözek
Im zimmer, dans la chambre


    Les douze toiles de Jorg Lözek sont comme une succession de petites boîtes dont on voit les cinq parois, la sixième étant la place du spectateur. Comme sur une scène de théâtre sans parole, un théâtre de chambre, un personnage amorphe semble prisonnier de son espace encombré de meubles.


Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek


    Le jeune homme, ou l'enfant on ne sait trop, vêtu de blanc s'appuie au mur, se traîne sur son lit défait, se heurte au plafond dans cette chambre trop petite.  Dans cet espèce de squat, il n'y a pas de fenêtre, ou elles sont masquées,  pas d'ouverture sur un ailleurs; tout se joue dans ce décor sinistre qu'habite le personnage.


Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek
Ort, huile sur toile 150 x 190 cm



    Jorg Lözek déclare: "il doit accomplir des actes simples qui ne suscitent pas de questions supplémentaires. Son attention est tournée vers l’intérieur. Il est totalement concentré sur lui-même." Ses attitudes donnent leurs titres aux tableaux: attente (Warten), recherche (Forschung).1



Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek
Der Schlafende, détail


    Sommes nous à la veille d'un drame ou juste après? Sans doute il ne s'est rien passé et il ne se passera rien sinon une longue dérive mentale dans un monde figé, sans espérance. Ce foyer qui devrait être un refuge, un "home, sweet home", n'est qu'un enfermement.



Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek
détails  des fissures



Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek
détails  du papier décollé



  Mansarde décrépite au plafond rongé d'humidité, papiers peint pelé, taches, lézardes: tous ces détails sont peints avec une minutie obsessionnelle. Ils constituent un univers désolé qui renvoie à l'image que nous avons de l'ancienne RDA bien que le peintre se soit inspiré de photographies d’archives de la première guerre mondiale.


 Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek


    Jorg Lözek mêle le dessin et l'huile avec une palette aux couleurs sourdes. Souvent un aplat de forme géométrique, d'un rouge éclatant éclaire les tons sombres de la scène. Figuratifs et même hyper-réalistes, ces tableaux créent une impression d'étrangeté et de malaise. Comme ce personnage dépressif, nous attendons sans trop savoir quoi.



Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek



Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek
détails



    Le thème de la chambre est très présent dans la peinture. L'artiste a le motif sous les yeux, pas besoin de sortir ou d'engager un modèle. Van Gogh à Arles peint une de ses toiles la plus célèbre avec sa chambre d'hôtel mais la peinture n'a rien de misérabiliste comme celles de Jorg Lözek.




Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek
Galerie Daniel Templon



    Jorg Lözek, né en 1971 en ex RDA, est un peintre allemand de l'école de Leipzig qui opère un retour à la peinture figurative. Il expose pour la première fois en France, chez Daniel Templon. Ses tableaux précédents étaient nettement plus colorés.

Malen (2003) de Jorg Lözek



    Jörg Lozek a exposé à la galerie LIGA de Berlin (2002, 2003), lieu mythique fondé en 2002 par un groupe d’artistes de Leipzig et point de départ du mouvement. Il a également exposé à la galerie Sandroni Rey de Los Angeles (2005). Il a participé à de nombreuses expositions de groupe dont "Paraisos artificiales", à la Pilar Parra et Romero Galleria de arte de Madrid (2006) et à "Brave New World" à la Galerie Binz & Krämer de Cologne (2007).1


Im zimmer, dans la chambre, exposition de Jorg Lözek


Jorg Lözek. Im zimmer.
31 mai - 19 juillet 2008

Galerie Daniel Templon
30, rue Beaubourg
75003 Paris
T. 33 1 42 72 14 10
F. 33 1 42 77 45 36

info@danieltemplon.com
www.danieltemplon.com

Catherine-Alice Palagret
peinture contemporaine



1- in dossier de presse

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 23:33

 

Land art: avec des graines et des coquelicots


    « Le coin des mauvaises graines » d'Isabelle Tournoud est une serre contenant cinq gamins jouant au milieu de coquelicots, ou plutôt cinq enveloppes vides de gamins puisqu'on ne voit que leurs vêtements faits de graines de pavot.

 


 

« Le coin des mauvaises graines » d'Isabelle Tournoud
une enveloppe de petite fille  dans un champ de coquelicots

Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 

    Les garnements se sont-ils envolés comme Joël, Nöel et Citroen, les enfants de « l'Arrache-coeur », pour échapper à l'amour étouffant d'une mère? Ces mauvaises graines ont-elles grandi et laissé là leur enveloppe devenue trop petite?

 

 


« Le coin des mauvaises graines » d'Isabelle Tournoud
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas
"cinq petits monstres figés dans le temps et l'espace"
dans un champ de coquelicots

 

 

 

    Les enfants, comme la nature sont domestiqués, enfermés dans une serre virtuelle dont les limites sont tracées par l'éducation et les attentes de la société. Les parents sont des jardiniers attentifs ou négligents et les graines, bonnes ou mauvaises, s'épanouissent dans une cage vitrée.



« Le coin des mauvaises graines » d'Isabelle Tournoud
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 

 

     L'oeuvre vit avec la chaleur de l'été. Les coquelicots croissent, se flétrissent et meurent en dégageant une bonne odeur d'herbes séchées. Isabelle Tournoud a réalisée cette installation en collaboration avec les étudiants de 2e année du bac pro horticulture.


 




« Le coin des mauvaises graines » d'Isabelle Tournoud
une enveloppe vide dans un champ de coquelicots
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

 

 


     L'installation d'Isabelle Tournoud est éphémère mais pas les sculptures. Réalisées dans un matériau pauvre, elles sont solides. Les graines de pavot collées à l'intérieur et à l'extérieur des vêtements vides résistent au temps. Isabelle Tournoud expose ses garnements dans différentes mises en scènes comme au Temple de Pentemont en mars 2010, dans "Instants dérobés, Dame Nature".

 

 

 

Environnementales à Jouy-en-Josas 2008:


Artistes exposés à la Biennale 2008:
1-  Iain Baxter & Ampers&, (Esperluette)
 2-  Serge Bottagisio & Agnés Decoux  
Toupie et cage
3-  Jean-Luc Brisson    La mare dans l'île
4-  Gilles Bruni                                   
Conversation par jour de pluie, deux fontaines
5-  Marie Denis   Le Bonzaï II
6-  Michel François  Déjà-vu
7-  Nils-Udo     Miroir d'automne
8-  Christine O'Loughlin   Ici/Là
9-  Isabelle Tournoud  Le coin des mauvaises graines
10- Dimitri Xenakis      
L'étang, un théorème impossible
La forêt, un fil conducteur

 

 

 

Les environnementales
5è biennale 2008
L'art contemporain « dans » et « avec » la nature
Du 13 mai au 11 juillet 2008

JARDIN DU CHÂTEAU DE JOUY
Chemin de l'Orme Rond
L'Ecole de l'Environnement et du Cadre de Vie
JOUY EN JOSAS 78350

 

 

 

Palagret


Partager cet article
Repost0
11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 18:00

Land art: avec de la terre, 
de l'eau et du vent


    Dans le clair-obscur du sous-bois, Dimitri Xenakis tend d'arbres en arbres de simples lanières qui bruissent au moindre souffle d'air et renvoient des éclats de lumière. Minimaliste et chatoyante, « La forêt, un fil conducteur » ne conduit à rien sinon à un moment de poésie.
 


La forêt, un fil conducteur (2008), Dimitri Xenakis
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas


La forêt, un fil conducteur (2008), Dimitri Xenakis
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas

     La lumière qui perce le sous-bois se diffracte dans les lanières translucides et crée des reflets colorés sur le sol tapissé de feuilles.
 


La forêt, un fil conducteur (2008), Dimitri Xenakis
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas


     Nous sommes dans le magnifique parc de l'Ecole de l'environnement et du cadre de vie, à Jouy-en Josas. Dix artistes adeptes du Land Art  y exposent des oeuvres éphémères pour la cinquième Biennale des Environnementales.
    Ils travaillent sur la nature en tant que matériau, utilisant la terre, l'eau et la lumière, et sur la nature en tant que cadre. Les artistes créent des oeuvres éphèmères que leur fragilité rend émouvantes.


La forêt, un fil conducteur (2008), Dimitri Xenakis
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas


     La deuxième pièce de Dimitri Xenakis, « L'étang, un théorème impossible » est difficile à apprécier. Selon la position du soleil, les deux triangles (20x40 mètres) posés sur l'eau, « tentative de délimiter des aires sur un élément fuyant »1 se voient plus ou moins bien. Un ponton branlant, interdit d'accès, permet de les voir un peu mieux.



L'étang, un théorème impossible (2008), Dimitri Xenakis
Environnementales 2008 à Jouy-en Josas



     Pour la 5e édition des Environnementales 2008, à Jouy-en Josas, dix plasticiens ont concu  des oeuvres inédites, réalisés en étroite collaboration avec des élèves et étudiants de TECOMAH.  Le parc de 120 hectares de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris à Jouy-en-Josas est exceptionnellement accessible pendant deux mois.


Artistes exposés à la Biennale 2008:
1-  Iain Baxter&                                     
Ampers&, (Esperluette)
 2-  Serge Bottagisio & Agnés Decoux  
Toupie et cage
3-  Jean-Luc Brisson
La mare dans l'île

4-  Gilles Bruni                                   
Conversation par jour de pluie, deux fontaines
5-  Marie Denis
Le Bonzaï II

6-  Michel François      
Déjà-vu
7-  Nils-Udo          
Miroir d'automne
8-  Christine O'Loughlin
Ici/Là

9-  Isabelle Tournoud      
Le coin des mauvaises graines
10- Dimitri Xenakis      
L'étang, un théorème impossible
La forêt, un fil conducteur

--------------------------------------------------
Les environnementales
 
5è biennale 2008
L'art contemporain « dans » et « avec » la nature
Du 13 mai au 11 juillet 2008

JARDIN DU CHÂTEAU DE JOUY
Chemin de l'Orme Rond
L'Ecole de l'Environnement et du Cadre de Vie
JOUY EN JOSAS 78350




1- in dossier de presse

Catherine-Alice Palagret
land art
juillet 2008

 

 

Partager cet article
Repost0